Article I. Armand de Boisbeleau de La Chapelle Moralische Wochenschriften Klaus-Dieter Ertler Herausgeber Michaela Fischer Herausgeber Michael Hammer Mitarbeiter Elisabeth Hobisch Mitarbeiter Katharina Jechsmayr Mitarbeiter Pia Mayer Mitarbeiter Sarah Lang Gerlinde Schneider Martina Scholger Johannes Stigler Gunter Vasold Datenmodellierung Applikationsentwicklung Institut für Romanistik, Universität Graz Zentrum für Informationsmodellierung, Universität Graz Graz 30.07.2019

o:mws.7907

Armand de Boisbeleau de La Chapelle: Le Philosophe Nouvelliste, traduit de l’Anglois de Mr. Steele par A.D.L.C. Tome Second. Amsterdam: François Changuion 1735, 1-9, Le Philosophe nouvelliste 2 001 1735 Frankreich
Ebene 1 Ebene 2 Ebene 3 Ebene 4 Ebene 5 Ebene 6 Allgemeine Erzählung Selbstportrait Fremdportrait Dialog Allegorisches Erzählen Traumerzählung Fabelerzählung Satirisches Erzählen Exemplarisches Erzählen Utopische Erzählung Metatextualität Zitat/Motto Leserbrief Graz, Austria French Familie Famiglia Family Familia Famille Família Frauenbild Immagine di Donne Image of Women Imagen de Mujeres Image de la femme Imagem feminina France 2.0,46.0

Article I. Par Mlle. Distaff, sœur uterine du Ch. Bickerstaff.

Du Jeudi 30. Juin, au Samedi 2. Juillet 1709.

De mon Cabinet, le 30. Juin.

Mon Frere, que diverses affaires ont appellé hors de Ville, m’y laissé le soin de ses Correspondances. On doit donc compter, qu’en attendant son retour, ce Papier ne roulera guére que sur des sujets, qui sont proprement & naturellement de ma competence. Il est tout à fait dans l’ordre, qu’une personne de mon Sexe, qui écrit l’Histoire de son temps, y rapporte tout à l’amour, & qu’elle y produise cette Passion, sous toutes ses formes, tant par rapport au pouvoir qu’elle exerce. Quant aux Talens, qui sont nécessaires, pour écrire une Histoire semblable, on m’avouera qu’il y faut moins rechercher le stile & les ornemens, que la Vérité, & la simplicité ; & cela posé, personne n’ignore que c’est, sur-tout, par ces deux endroits, que nous l’emportons sur les hommes.

Je donne cet avis, afin de préparer mes Lecteurs à ce qu’ils doivent attendre de ma part. Je les entretiendrai des infidélités en galanterie qui viendront à ma connoissance ; des mauvaises raisons qui y auront servi de prétexte ; des méchantes Femmes qui tiennent leurs Maris sous le joug ; des Hommes qui affectent les plaisirs ou les manieres qui ne conviennent qu’au Beau Sexe ; & des Femmes qui se mêlent des affaires qui ne conviennent qu’aux Hommes.

Il ne me reste plus qu’un autre avertissement à donner. C’est que comme je ne puis me transporter moi-même sur les lieux, où les choses se passent, je serai obligée de faire quelque petite falsification dans les Dates, je n’en ferai pourtant point sans nécessité. La Lettre suivante m’a été écrite Epsom est un lieu à 10. milles de Londres. Des eaux Minerales y attirent, dans la belle saison, beaucoup de monde, & toujours plus de gens sains que de malades.d’Epsom.

A Epsom, 28. Juin.

Ma Chere,

« Il y a environ trois semaines que se passa l’avanture dont vous me parliez dans votre derniere. La querelle des deux Amies n’alla pas tout-à-fait si loin qu’on vous l’a mandé. Voici la vérité toute pure. Ces Dames se nomment l’une Automne, & l’autre Printanniere. La premiere est d’une grande Politesse, mais de cette Politesse Formaliste & gênante qui fut à la mode dans le temps de nos Bisayeules. La seconde au contraire est une de ces rejouïes qui se familiarisent avec tout le monde. L’une fait toujours, à un cheveu près, la place qu’elle doit occuper, dans les Visites, & dans les Assemblées ; & l’autre se trouve bien par-tout, pourvû qu’elle y soit à son aise. Celle-ci est perpetuellement sur le qui-vive, & celle-là ne s’embarrasse que de ce qui l’accommode. Elles ont épousé les deux Freres. En vertu de son droit d’aînesse, le Mari de Printanniere, est né Chevalier Baronnet, & le Cadet n’est parvenu à ce rang que par le moyen de sa femme, Veuve très-riche, qui, en l’épousant, l’a mis en état d’acheter la Noblesse. Cette derniere, obligée de céder le pas à sa Belle-Sœur, ne laissoit point de le prendre sur elle, parce que celle-ci n’y regarde avec qui que ce soit. L’ambitieuse façonniere ne jouïssoit pas neanmoins si tranquillement de cet avantage, qu’elle n’eût un dépit secret de ne le devoir qu’à la surprise. Elle couvoit donc, dans son cœur, une envie rongeante, à la-quelle il ne manquoit qu’une occasion pour éclater. Cette occasion s’est enfin presentée, & vous allez savoir de quelle maniere. »

On avoit annoncé par un cri public fait dans toute la Ville, que le 9. de ce Mois, il y auroit une Course de jeunes Filles, à l’endroit que l’on appelle, la vieille Fontaine. Automne offrit place, dans son Carrosse, à sa Belle-Sœur pour aller ensemble au spectacle. Arrivées á l’endroit où le C’est-à-dire, le Maire d’Epsom.Gouverneur de la Ville tenoit sa Cour au milieu de tous les Bourgeois, elles mirent pied à terre pour entrer dans une grande Sale, où tout ce beau monde étoit assemblé. La foule étoit si grande, qu’elles ne pouvoient percer. Un jeune Monsieur qui les vit dans cet embarras, présenta la main à Printanniere, & lui fit faire passage, à la faveur de son nom & de sa qualité. L’autre Dame demeura dans la Cohuë, & ne put s’en tirer qu’en regagnant le Carrosse. Ce ne fut pas même sans beaucoup de peine, qu’elle put se dégager ainsi de la presse. Ceci ajoûtoit à la mortification. Les Chevaux en souffrirent ; car ces pauvres Animaux se ressentent toujours de la mauvaise humeur de leurs Maîtres. Le Cocher eut ordre de reprendre le chemin de la Maison, & de fouetter de toute sa force. Automne arrive chez elle, se jette dans un fauteuil ; ôte ses Coësses ; & se fait tout haut mille reproches de la sottise qu’elle avoit euë d’entrer dans une Famille où l’on avoit pour elle si peu de consideration. Si je l’avois prévu ! A ce mot elle s’arrête, se leve, frappe du pied, & se rassied. Le bon Mari, qui ne comprend rien à la chose, s’approche d’elle d’un air suppliant, & lui dit : mais ma Chere, qu’avez-vous, & que vous est-il arrivé ? Allez vous promener, avec votre Chere, lui répondit-elle. Quoi ! sous les yeux du Gouverneur & de toute la Ville ! Que peut-on penser de moi, qui ai eu la folie de jetter mon bien je ne sai où ? L’Epoux sort sans demander davantage l’explication de l’énigme ; il fait bien qu’il ne tardera pas d’être instruit à fond de l’affaire, & n’est point encore à apprendre qu’un Homme, de qui la Femme a fait la fortune est responsable à son Epouse, des chagrins que les autres lui donnent, comme de ceux qu’il lui donne lui-même.

Au bout de deux heures Printanniere revient, & trouve toute la Famille à Table. Elle prend un siege. Il se fait un profond silence. L’état étoit violent. Il ne fut pas de durée. Automne ne put longtemps se contraindre, & selon le stile ordinaire des querelles d’Allemand, qui commencent toujours par des expressions indirectes, Il y a, dit-elle en regardant sa Belle-Sœur, des gens qui s’imaginent que les gens... Oui vraiment, reprend la premiere, il y a des gens qui se donnent des airs ; mais d’autres gens, peut-être, qui ne font pas tant de bruit, pourroient bien peut-être être aussi agréables que les gens qui se fourrent en Paradis malgré les Saints. Tous les gens, qui étoient à Table, demeurerent interdits, pendant que ces deux gens-là continuerent à se picoter sur le même ton. Ce fut toujours des gens par-ci, & des gens par-là, tant qu’enfin la Bombe creva. Hé bien ! dit Automne, rouge comme l’écarlate, Il y a des gens qui vont en Ville dans le Carrosse des gens, & qui vous plantent là les gens qui les ont menés, sans s’embarrasser de quelle sorte ils se tireront d’affaire, & quoi qu’on n’ait épousé que le Cadet, il peut élire pourtant qu’on ait l’obligation à ces gens-là de ce que ce Cadet est quelque chose. Madame, repliqua vertement Printanniere, il y a des gens, qui apportent tant de mauvaise humeur dans une Famille, que les gens payent bien chez l’argent qu’ils en ont reçu. Mais, ajoûta-t-elle, il y a des gens que je n’estime pas assez, pour me choquer de ce qu’ils disent. Ces dernieres paroles acheverent de démonter la ci-devant Roturiere. Elle se leve, & feignant de se contraindre, elle s’approche de sa Belle-Sœur, & lui dit, Madame, puisque vous m’estimez si peu, je vous prie de sortir de ma maison, & de n’y remettre jamais le pied. Mais donnez-moi un baiser, & demeurons amies. Moi ! dit l’autre, que je vous baise, & que je sorte ! Je ne serai ni l’un ni l’autre. La replique à cela fut un grand Souflet bien & durement appliqué. On y repart par un autre de la même façon, & voila les deux Dames aux prises. Les Maris courent entre deux. La fureur des combatantes tomba sur les Auteurs innocens du combat. On les prend à la Perruque, & à la Cravate que l’on met en mille morceaux. Les Domestiques se jettent à la traverse ; pauvres gens ! qui ne savent pas qu’entre le Tronc & l’Ecorce il ne fait pas bon mettre le doigt. Les Maris & les Femmes se separent, & se réunissent contre cette Canaille qui gagne au plus vite la porte pour n’être pas assommée. Nos gens demeurés maîtres du Champ de bataille, font enfin les reflexions qu’ils auroient du faire plutôt. Ils sentent tout le ridicule de cette Scene, & pour éviter les railleries, ils prennent le parti de sortir de la Ville dès le lendemain à la pointe du jour… Ils l’ont fait, mais on dit que le Gouverneur, pour les faire revenir, leur a envoyé en present plusieurs Le Mouton d’Epsom est très-estimé.Membres de Mouton, & l’on espère beaucoup de son Ce Maire est supposé un Aubergiste, parce que dans la plupart des petites Villes du Royaume, les Maitres ne sont presque jamais que des gens de cet ordre.savoir en fait de Cuisine. Le succès en est pourtant encore incertain. Je suis tout à vous &c.

Article I. Par Mlle. Distaff, sœur uterine du Ch. Bickerstaff. Du Jeudi 30. Juin, au Samedi 2. Juillet 1709. De mon Cabinet, le 30. Juin. Mon Frere, que diverses affaires ont appellé hors de Ville, m’y laissé le soin de ses Correspondances. On doit donc compter, qu’en attendant son retour, ce Papier ne roulera guére que sur des sujets, qui sont proprement & naturellement de ma competence. Il est tout à fait dans l’ordre, qu’une personne de mon Sexe, qui écrit l’Histoire de son temps, y rapporte tout à l’amour, & qu’elle y produise cette Passion, sous toutes ses formes, tant par rapport au pouvoir qu’elle exerce. Quant aux Talens, qui sont nécessaires, pour écrire une Histoire semblable, on m’avouera qu’il y faut moins rechercher le stile & les ornemens, que la Vérité, & la simplicité ; & cela posé, personne n’ignore que c’est, sur-tout, par ces deux endroits, que nous l’emportons sur les hommes. Je donne cet avis, afin de préparer mes Lecteurs à ce qu’ils doivent attendre de ma part. Je les entretiendrai des infidélités en galanterie qui viendront à ma connoissance ; des mauvaises raisons qui y auront servi de prétexte ; des méchantes Femmes qui tiennent leurs Maris sous le joug ; des Hommes qui affectent les plaisirs ou les manieres qui ne conviennent qu’au Beau Sexe ; & des Femmes qui se mêlent des affaires qui ne conviennent qu’aux Hommes. Il ne me reste plus qu’un autre avertissement à donner. C’est que comme je ne puis me transporter moi-même sur les lieux, où les choses se passent, je serai obligée de faire quelque petite falsification dans les Dates, je n’en ferai pourtant point sans nécessité. La Lettre suivante m’a été écrite Epsom est un lieu à 10. milles de Londres. Des eaux Minerales y attirent, dans la belle saison, beaucoup de monde, & toujours plus de gens sains que de malades.d’Epsom. A Epsom, 28. Juin. Ma Chere, « Il y a environ trois semaines que se passa l’avanture dont vous me parliez dans votre derniere. La querelle des deux Amies n’alla pas tout-à-fait si loin qu’on vous l’a mandé. Voici la vérité toute pure. Ces Dames se nomment l’une Automne, & l’autre Printanniere. La premiere est d’une grande Politesse, mais de cette Politesse Formaliste & gênante qui fut à la mode dans le temps de nos Bisayeules. La seconde au contraire est une de ces rejouïes qui se familiarisent avec tout le monde. L’une fait toujours, à un cheveu près, la place qu’elle doit occuper, dans les Visites, & dans les Assemblées ; & l’autre se trouve bien par-tout, pourvû qu’elle y soit à son aise. Celle-ci est perpetuellement sur le qui-vive, & celle-là ne s’embarrasse que de ce qui l’accommode. Elles ont épousé les deux Freres. En vertu de son droit d’aînesse, le Mari de Printanniere, est né Chevalier Baronnet, & le Cadet n’est parvenu à ce rang que par le moyen de sa femme, Veuve très-riche, qui, en l’épousant, l’a mis en état d’acheter la Noblesse. Cette derniere, obligée de céder le pas à sa Belle-Sœur, ne laissoit point de le prendre sur elle, parce que celle-ci n’y regarde avec qui que ce soit. L’ambitieuse façonniere ne jouïssoit pas neanmoins si tranquillement de cet avantage, qu’elle n’eût un dépit secret de ne le devoir qu’à la surprise. Elle couvoit donc, dans son cœur, une envie rongeante, à la-quelle il ne manquoit qu’une occasion pour éclater. Cette occasion s’est enfin presentée, & vous allez savoir de quelle maniere. » On avoit annoncé par un cri public fait dans toute la Ville, que le 9. de ce Mois, il y auroit une Course de jeunes Filles, à l’endroit que l’on appelle, la vieille Fontaine. Automne offrit place, dans son Carrosse, à sa Belle-Sœur pour aller ensemble au spectacle. Arrivées á l’endroit où le C’est-à-dire, le Maire d’Epsom.Gouverneur de la Ville tenoit sa Cour au milieu de tous les Bourgeois, elles mirent pied à terre pour entrer dans une grande Sale, où tout ce beau monde étoit assemblé. La foule étoit si grande, qu’elles ne pouvoient percer. Un jeune Monsieur qui les vit dans cet embarras, présenta la main à Printanniere, & lui fit faire passage, à la faveur de son nom & de sa qualité. L’autre Dame demeura dans la Cohuë, & ne put s’en tirer qu’en regagnant le Carrosse. Ce ne fut pas même sans beaucoup de peine, qu’elle put se dégager ainsi de la presse. Ceci ajoûtoit à la mortification. Les Chevaux en souffrirent ; car ces pauvres Animaux se ressentent toujours de la mauvaise humeur de leurs Maîtres. Le Cocher eut ordre de reprendre le chemin de la Maison, & de fouetter de toute sa force. Automne arrive chez elle, se jette dans un fauteuil ; ôte ses Coësses ; & se fait tout haut mille reproches de la sottise qu’elle avoit euë d’entrer dans une Famille où l’on avoit pour elle si peu de consideration. Si je l’avois prévu ! A ce mot elle s’arrête, se leve, frappe du pied, & se rassied. Le bon Mari, qui ne comprend rien à la chose, s’approche d’elle d’un air suppliant, & lui dit : mais ma Chere, qu’avez-vous, & que vous est-il arrivé ? Allez vous promener, avec votre Chere, lui répondit-elle. Quoi ! sous les yeux du Gouverneur & de toute la Ville ! Que peut-on penser de moi, qui ai eu la folie de jetter mon bien je ne sai où ? L’Epoux sort sans demander davantage l’explication de l’énigme ; il fait bien qu’il ne tardera pas d’être instruit à fond de l’affaire, & n’est point encore à apprendre qu’un Homme, de qui la Femme a fait la fortune est responsable à son Epouse, des chagrins que les autres lui donnent, comme de ceux qu’il lui donne lui-même. Au bout de deux heures Printanniere revient, & trouve toute la Famille à Table. Elle prend un siege. Il se fait un profond silence. L’état étoit violent. Il ne fut pas de durée. Automne ne put longtemps se contraindre, & selon le stile ordinaire des querelles d’Allemand, qui commencent toujours par des expressions indirectes, Il y a, dit-elle en regardant sa Belle-Sœur, des gens qui s’imaginent que les gens... Oui vraiment, reprend la premiere, il y a des gens qui se donnent des airs ; mais d’autres gens, peut-être, qui ne font pas tant de bruit, pourroient bien peut-être être aussi agréables que les gens qui se fourrent en Paradis malgré les Saints. Tous les gens, qui étoient à Table, demeurerent interdits, pendant que ces deux gens-là continuerent à se picoter sur le même ton. Ce fut toujours des gens par-ci, & des gens par-là, tant qu’enfin la Bombe creva. Hé bien ! dit Automne, rouge comme l’écarlate, Il y a des gens qui vont en Ville dans le Carrosse des gens, & qui vous plantent là les gens qui les ont menés, sans s’embarrasser de quelle sorte ils se tireront d’affaire, & quoi qu’on n’ait épousé que le Cadet, il peut élire pourtant qu’on ait l’obligation à ces gens-là de ce que ce Cadet est quelque chose. Madame, repliqua vertement Printanniere, il y a des gens, qui apportent tant de mauvaise humeur dans une Famille, que les gens payent bien chez l’argent qu’ils en ont reçu. Mais, ajoûta-t-elle, il y a des gens que je n’estime pas assez, pour me choquer de ce qu’ils disent. Ces dernieres paroles acheverent de démonter la ci-devant Roturiere. Elle se leve, & feignant de se contraindre, elle s’approche de sa Belle-Sœur, & lui dit, Madame, puisque vous m’estimez si peu, je vous prie de sortir de ma maison, & de n’y remettre jamais le pied. Mais donnez-moi un baiser, & demeurons amies. Moi ! dit l’autre, que je vous baise, & que je sorte ! Je ne serai ni l’un ni l’autre. La replique à cela fut un grand Souflet bien & durement appliqué. On y repart par un autre de la même façon, & voila les deux Dames aux prises. Les Maris courent entre deux. La fureur des combatantes tomba sur les Auteurs innocens du combat. On les prend à la Perruque, & à la Cravate que l’on met en mille morceaux. Les Domestiques se jettent à la traverse ; pauvres gens ! qui ne savent pas qu’entre le Tronc & l’Ecorce il ne fait pas bon mettre le doigt. Les Maris & les Femmes se separent, & se réunissent contre cette Canaille qui gagne au plus vite la porte pour n’être pas assommée. Nos gens demeurés maîtres du Champ de bataille, font enfin les reflexions qu’ils auroient du faire plutôt. Ils sentent tout le ridicule de cette Scene, & pour éviter les railleries, ils prennent le parti de sortir de la Ville dès le lendemain à la pointe du jour… Ils l’ont fait, mais on dit que le Gouverneur, pour les faire revenir, leur a envoyé en present plusieurs Le Mouton d’Epsom est très-estimé.Membres de Mouton, & l’on espère beaucoup de son Ce Maire est supposé un Aubergiste, parce que dans la plupart des petites Villes du Royaume, les Maitres ne sont presque jamais que des gens de cet ordre.savoir en fait de Cuisine. Le succès en est pourtant encore incertain. Je suis tout à vous &c.