Zitiervorschlag: Anonyme (Charles de Fieux de Mouhy) (Hrsg.): "No. 4.", in: La Bigarure, Vol.1\004 (1749), S. 33-40, ediert in: Ertler, Klaus-Dieter / Hobisch, Elisabeth (Hrsg.): Die "Spectators" im internationalen Kontext. Digitale Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.4887 [aufgerufen am: ].


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No. 4.

Lettre

A une jeune Dame nouvellement Marièe.

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Madame,

Fremdportrait► Si vous étiez née à Paris, l’éducation vous auroit sauvé bien des ridicules que vous avez apportés de Londres. N’en eussiez vous qu’un, on riroit : & il est humiliant de faire rire. Moi qui n’en ris pas, j’ose vous en parler. Après cela me conserverez-vous votre amitié ? Vous seriez encore Angloise, & mon but est de vous rendre Françoise. Ce n’est pas assez de l’être par le nœud conjugal, il faut le devenir par principes. Connoissez l’aimable Nation qui vous adopte. Elle vous passera des Vices, jamais des Ridicules. Vous en montrez chez vous. Vous en portez dans les Cercles. Vous en promenez dans le Public.

Vous en montrez chez vous : il y a six mois que le Sacrement vous lie, & vous aimez encore votre Mari ! Votre Marchande de Modes a le même foible pour le sien ; mais vous êtes Marquise.

Garderez-vous long-tems cet air de réserve si déplacé dans le mariage, & qu’on ne pardonne qu’aux Aspirantes. Un Cavalier vous trouve belle, vous rougissez. Ouvrez les yeux. Ici les Dames ne rougissent qu’au pinceau.

Pourquoi cet oubli de vous-même lorsque vo-[34]tre Mari est absent ? Revient-il, vous vous parez. Je vous croyois bien jeune & vous êtes bien vieille. Vous remontez au tems des Patriarches. Empruntez le code de la parure moderne, vous y lirez qu’on se pare pour un Amant, pour le Public ou pour soi-même.

Si je voulois, Madame, je vous perdrois de réputation sur votre vie du matin. On vous trouve levée à huit heures ; si vous sortiez du Bal vous seriez dans la régle. Et que faites-vous ? Vous êtes en conférence avec votre Cuisinier & votre Maître d’Hôtel. Aprenez que c’est au Mari à compter, à payer quoique ce soit toujours chez Madame qu’on soupe. Que faites-vous encore ? Vous écrivez à des Amis aussi froids que leur Patrie qui n’ont que des Mœurs, de la Liberté & du Bon Sens. Que sçais-je ! Vous lisez la Morale & l’Histoire, tandis que les plumes Françoises enfantent chaque jour des volumes d’esprit. Que de bonnes plaisanteries si on sçavoit tout cela ?

Enfin il vous souvient que vous avez une Toilette à faire, mais que vous en connoissez peu l’importance, l’ordre & les devoirs ! Vous n’avez que 18 ans, & vous y êtes sans hommes ! On y voit deux Femmes que vous ne grondez jamais. La premiere garniture qu’on vous présente est précisément celle qui vous convient. La Robe que vous avez demandée, vous la prenez effectivement. Vos Femmes sont étonnées d’employer plus de tems à s’ajuster elles-mêmes, qu’à parer leur Maîtresse. Je vous avertis qu’elles soupçonnent votre condition. Mais qui croiroit que l’une des deux vous la tenez de la main de votre Mari, après avoir renvoyé cette miraculeuse qui fut fermée à la Cour.

Le dîner sonne, & vous voilà dans la Salle de compagnie lorsque la cloche parle encore. N’y avoit-il plus de rubans à placer pour vous faire attendre ? Mais qu’elle est notre surprise ? Votre Maître d’Hôtel vient annoncer à Monsieur qu’il est servi, & je sçais que c’est vous qui lui avez prescrit ce mauvais ton. Ailleurs c’est toujours Madame qui est servie : on se met à table. (j’en ris encore, mais c’est d’un rire amer) vous bénissez les mêts ! Nous nous crûmes chez le Cure de [35] la Paroisse, qui peut-être nous auroit quitté des graces, ce que vous ne fîtes pas.

Après la table vous voulûtes pousser la conversation. Songez que vous êtes à Paris. L’ennui appella bientôt le jeu : je vous vis bâiller, & c’étoit la Comète ! un jeu de la Cour ! A propos, il m’est revenu qu’on la jouoit depuis quatre jours lorsque vous demandâtes ce que c’étoit. Une Bourgeoise du Marais fit la même question le même jour.

La premiere partie en demandoit d’autres : on ne vit qu’au jeu. On étala pour interméde les Sacs à ouvrage. Qu’est-ce qui sortit du vôtre ? des manchettes pour votre Mari ! Sera-ce donc en vain que la France aura inventé les nœuds pour distinguer les mains de condition des mains roturiéres ?

La belle occasion que vous êutes en ce moment d’enrichir votre parure ! Ces diamans qui se trouverent au fonds de votre sac : mais de quelle eau ? & bien supérieurs à ceux que vous avez ! C’étoit un tour de votre Mari. Qu’il fut mal placé ! Vous admirez sa magnificence, & plus sensible à son attention qu’aux pierreries, vous les lui rendez, vous voulez qu’il en destine le prix à payer un Marchand à qui il faisoit l’honneur de devoir, c’est être bien peuple de s’inquiéter sur ses dettes, elles annonçent, elles confirment la grandeur. Il y a à parier qu’un Débiteur de deux millions est plus grand Seigneur d’une moitié en fus que celui qui n’en doit qu’un.

En vérité, Madame, un ami ne peut plus mettre le pied chez vous. Il faut rougir pour vous dès le premier pas ; on voit votre Cocher confondu avec des Palfreniers panser vos Chevaux. Votre Antichambre fait pitié ; Des Laquais qui s’occupent en attendant vos ordres, qui se croyent à Monsieur comme à Madame, qui imaginent qu’ils ne sont en maison que pour travailler, qui ont un air respectueux pour un honnête-homme qui arrive à pied, qui tirent une montre d’argent si on demande l’heure, des Laquais sans figure & qui sont de trois grands pouces au-dessous de la taille requise. Madame, des gens de cette trempe ne sont bons qu’à [36] la Charruë ou chez un Commis. Aussi sont-ils le jouet éternel des gens de Monsieur. Mais plût au Ciel vos ridicules fussent-ils bornés aux murs de votre Hôtel !

Vous en portez dans les Cercles. Vous y entrez avec les couleurs de la nature sur le visage. Ainsi se présente la femme du Suisse qui vous a ouvert la porte : repassez la mer si vous voulez paroître telle que vous êtes.

Il y a six Dames dans le Cercle, vous n’en baisez qu’une ! & pourquoi ? Parce que vous n’êtes liée qu’avec une. Mais vous connoissez les autres, puisque vous les voyez pour la seconde fois. Cela ne suffit-il pas pour être toute à elles & mettre votre cœur sur leurs lévres ?

Vous vous placez sans avoir dit aux glaces que vous êtes à faire peur, que vous êtes faite comme une folle. Ce sera pourtant le début de la premiere Duchesse qui entrera, tâchez de vous former sur les grands modéles. Défaites-vous de cette maxime Gothique, qu’on ne doit parler de soi, ni en bien ni en mal. Il y a un art à se mettre sur le tapis.

Il y en a encore plus à converser légérement. Que de jolies choses, que de réflexions utiles n’entendez-vous pas sur les Robes de la Saison, les Rubans, les Chignons, & la façon de se mettre ? Comment ce flux d’éloquence ne donne-t-il pas du ressort à votre langue ? Vous êtes muette ! Vous ne savez pas même rire. Cet Homme à la mode qui voltigeoit d’une beauté à l’autre, qui semoit la belle humeur par cent propos délicieux, qu’on applaudissoit même avant qu’il eût parlé, pût-il vous arracher un signe de joye ? Quelle létargie !

Vous ne vous éveillâtes qu’à la nouvelle que debita ce vieux Militaire pour payer son entrée. Vous la saisites, vous citâtes un trait d’Histoire tout semblable. Vous parlâtes Politique & Gouvernement. Savez-vous ce qui fut dit lorsque vous eûtes levé le siége ? qu’il falloit vous faire Ministre ou Historiographe du Roi. Vous voulez penser dans un Païs où il n’est question que de parler.

[37] J’entendis hier une Duchesse de Finance qui louoit beaucoup votre simplicité. Vous aviez soupé chez elle : on servit un plat de légumes dans la primeur, qui ne coutoit que cent francs. Vous crûtes qu’on parloit du plat, non du légume. Elle rioit encore en me demandant par quel carrosse de voiture vous aviez débarqué, & si vous souhaitiez qu’elle vous envoyât son Orfévre.

La bonne figure que vous fîtes derniérement chez la petite Comtesse ! On y proposa une partie au bois de Boulogne. Vous demandâtes à votre mari s’il en seroit ? Il sçait son monde, il refusa : c’étoit une raison de plus pour aller, vous rompîtes. Le singulier dans votre procédé, c’est que vous comptiés lui plaire. Et c’est là votre but du matin au soir : entre nous, Madame, n’êtes-vous point une Pamela qu’un coup de fortune a élevée ? Il est de régle qu’en certaines conditions un Mari doit se répentir du moins une fois le jour, d’avoir une Femme. Le vôtre ne se plaint que d’être trop aimé. Ses Amis craignent fort qu’enfin vous ne le gâtiez. Il commence à trouver moins belle cette Danseuse qui lui a donné la préférence sur vingt rivaux dont la bourse étoit pleine. On sçait, quoiqu’il n’en convienne pas, qu’il vous a menée en tête à tête à sa Campagne. Sa derniere voiture ne lui coute que dix mille francs, & il est presque résolu à se détacher de son Coureur. Pour Dieu, Madame, ne lui donnez pas vos ridicules qui se multiplient sous ma plume, j’en oublierai.

N’est-ce pas assez d’en montrer chez vous ? N’est-ce pas trop d’en porter dans les Cercles ? Faut-il encore les exposer au grand jour, en les promenant dans le Public ?

Vous allez au Thuilleries les jours d’Opera, & au Palais Royal les autres jours. Vous faites pis. On vous y voit le matin. Mais quelles figures y voyez-vous ? Des Femmes sans prétentions, des Politiques à qui tout lieu est égal pour humilier nos ennemis, des Philosophes qui veulent respirer. Ne sentez-vous que vous êtes déplacée ? On croiroit que vous ne cherchez [38] la Promenade que pour vous bien porter ! Mais lorsque vous y paroissez aux jours marqués & aux heures décentes, comment êtes vous mise ? Vous n’étalez que pour cent mille francs de pierreries, & l’aune de vos dentelles est à cinquante écus. Abjurez cette maxime d’outre mer, qu’en fait d’habillement on doit-être d’un dégré au-dessous de son état. Je vous l’ai déja dit. Vous voulez toujours penser, c’est un vice de terroir. Si on bornoit le luxe, les maisons & les empires subsisteroient trop longtems. On s’ennuye à voir toujours les mêmes choses.

Dans quel travers alliez vous donner l’autre jour ? les chevaux étoient mis pour vous mener au Spectacle. Vous comptiez sur votre mari, un mari François ! Vouliez-vous donner la comedie à la Comedie même. Il s’étoit dérobé pour sa petite maison, où vous avez enfin apris qu’il ne falloit pas le troubler. Quelle peine n’a-t-on pas eue à vous faire comprendre qu’une femme qui veut prendre l’air dans une petite maison, ne doit pas choisir celle de son mari ?

Vous devriez du moins ne pas apprêter à rire où l’on ne rit jamais. Que faisiez-vous Dimanche dernier dans votre Paroisse à dix heures du matin ? Déja habillée ! Et, qui le croira ? Sans sac ! Et ce ainsi ? est-ce à dix heures ? Est-ce dans sa Paroisse qu’une femme de condition entend la Messe ? Est-il bien vrai que vous assistez aux Vêpres ? le Marquis de * * * vous en accuse, en disant que vous faites ridiculement votre salut. On pourroit vous passer quelques Sermons, mais jamais ceux qui convertissent : une jolie femme est faite pour les jolis Sermons, ils s’annoncent assez par l’affluence des équipages, & le prix des chaises. Il est ignoble de s’édifier pour deux sols. Au premier Carême pensez à la dévotion de la derniere Semaine. C’est dans une calèche peinte aux Gobelins, c’est sur la route de Lonchamps que vous devez nourir votre piété.

Il ne suffit pas, Madame, d’éviter les ridicules : il faut des graces. Celles que la nature vous a données, ne valent pas celles de l’art. Il y a des graces d’ajustement. Vos Robes sont de goût ; mais les garnitures [39] ne sont pas de la Duchapt. Votre panier dans son diamétre est tronqué d’un pié, & il n’est pas de la bonne Faiseuse. Vos diamans sont beaux, mais ils ne sont pas montés par l’Empereur. Tout cela faute aux yeux. D’ailleurs il s’en faut deux pouces que vos girandoles ne descendent assez bas : si vous pouviez suspendre un lustre à chaque oreille, vous seriez au parfait. On vous a vuë à l’Opera coëffée en Comète, lorsque depuis deux jours ou <sic> étoit en Rhinoceros.

Il y a des graces qui par un heureux artifice s’incorporent avec la personne. Les unes se voyent, les autres se sentent. Il est établi que votre sexe doit prendre au nez, comme aux yeux. Il y a plus : les odeurs assûrent votre rang. Qu’on me mene dans un Cercle les yeux fermés, suis-je en bonne compagnie ! le nez me l’annonce. Aux odeurs ajoutez le vernis. Oui, Madame travaillez enfin sur votre teint. Vous avez crû que ce vernis étoit fait pour cacher des rides ou des difformités désabusés-vous. Quand l’âge vous aura enlaidie, on vous permettra de vous montrer au naturel.

Il y a des graces de langage. Vous avez fait des progrès dans notre langue, & vous les suivez en lisant la Bruyere, Racine, Montesquieu, & Fontenelle. Ils vous aprendront bien à rendre vos idées avec ordre, clarté & justesse : mais ils ne vous donneront pas ces expressions brillantes qui distinguent le grand monde. Par exemple, d’une chose qui a une bonté commune, vous dîtes simplement qu’elle est bonne, une importante diroit, c’est miraculeux ! c’est divin ! Estes vous un peu fatiguée ? Il faut être excedée, anéantie. Un coup de vent a-t-il dérangé une boucle de vos cheveux ? ne vous fâchez pas, soyez furieuse, vous manquez jusques dans l’alphabet : au sortir du dernier Opera, vous dîtes à la maison, tandis qu’à vos côtés la femme d’un Traitant crioit à l’Hôtel. N’attendez pas que je vous fasse uu <sic> Dictionnaire dans une Lettre. Etudiez les Femmes qui ont les plus belles aigrettes, & les Hommes à talons rouges.

Il y a des graces de caprice. Vous avez demandé vos chevaux pour les six heures, & à six heures on vous voit en carosse. Le jeu que vous avez proposé vous le jouez effectivement. La personne que vous reçûtes si bien hier, vous l’accueillez encore aujourd’hui. Vous êtes toujours vous-même. Cela est du dernier ani.

Il y a des graces à se plaindre du mal que l’on sent. Vous deviendrez Mère. N’allez pas imiter en portant le fruit de votre mariage, cette Comtesse singuliere que vous louez tant, qui marche, qui agit, qui est de tout. Il est vrai que cette pitoyable conduite lui réussit, que son derniere enfant est le sixiéme qu’elle a mené à bien. Mais on rit de la mere, & la Faculté la condamne. Voulez-vous bien être ? Soyez sur la chaise longue dès le premier soupçon jusqu’au terme, & toujours en vous plaignant.

Il y a même des graces à se plaindre du mal qu’on ne sent pas. Vous passez vos jours sans migraine. On peut vous le pardonner. Mais sans vapeurs ! C’est abuser, en femme de la Hale, de la permission de se bien porter.

[40] Il y a des graces à s’effrayer : mais ce n’est pas de la façon dont vous vous y prîtes l’autre jour. On vient vous parler à l’oreille ; l’inquiétude est dans vos yeux, vous quittez brusquement le Cercle. On crût que votre chien s’étoit cassé la jambe. On vous plaignoit, on s’effrayoit pour vous. Point du tout, c’étoit votre Cocher qui étoit moulu d’une chûte. Ne sçavez-vous pas jetter un cri au moindre cahos qui menace votre voiture : devez-vous être aussi tranquille qu’une de vos femmes ? Ce taureau qui venoit à vous dans votre campagne, vous passâtes à côté de lui avec l’assurance d’une Concierge. Il ne faut pas même attendre les grandes occasions pour s’effrayer. Choisissez quelque bête d’aversion qui puisse vous servir en tout tems & en tout lieu, une souris, une araignée, une mouche : si on ne les voit pas, ou peut les soupçonner. L’aventure du bateau que le hasard nous offrit sur ce beau canal, montra encore votre mauvaise éducation. De toutes les Dames, pas une qui ne disputât l’embarquement, qui ne criât en cédant ; & vous ! vous les encouragiez. La Bateliere demanda si vous n’êtiez pas quelque bonne Bourgeoise des environs ? Le tonnerre qui gronda l’après midi, acheva de vous peindre. La Présidente chercha un azile entre quatre rideaux, la Marquise avec ses cris faisoit paroli aux éclairs, le Chevalier raprenoit à faire des signes de Croix. Il n’y eut que vous & votre Jardiniére que le sang froid n’abandonna pas.

Enfin, Madame (car je me lasse de vous détailler), vous trouvez le secret d’être sans graces au milieu d’une Ville qui est faite pour en donner. Et avec du Bon Sens, des Sentiments, des Principes vous êtes chargée de Ridicules.

Je prévois vos objections. La meilleure ici, est de n’en point faire. Ne convenez-vous pas d’un principe, que la France est le modéle des autres Pays ? Si vous en doutiez, la Nation en corps vous le diroit ; & sans être assemblée, ne vous le dit-elle pas tous les jours ? Qui peut mieux nous connoitre que nous mêmes ? mais n’avons nous pas aussi le suffrage des Etrangers que nous enrichissons de nos modes, de nos révérences & de notre cuisine, qui ont fêté nos Pantins, qui adoptent nos équipages, nos pompons & nos perruques. Et ne voyez-vous pas qu’ils viennent en foule se former chez-nous ; allons-nous chez eux ? Partez de ce principe, & corrigez-vous. ◀Fremdportrait

A Paris le 2 Octobre 1749.

◀Brief/Leserbrief ◀Ebene 2

Jeudi le 9 Octobre 1749.

◀Ebene 1