Le but qu’on se propose dans cet Ouvrage est de donner l’exemple du véritable esprit philosophique. On espere y parvenir par des maximes & des avantures, dont les unes instruisent sans paroître trop séveres, & les autres amusent sans être trop frivoles. On est très-éloigné de vouloir censurer toujours.
On n’aspire point ici à l’honneur d’être généralement utile, on espere encore moins d’être généralement applaudi ; on fait que les grands projets trouvent de grands obstacles ; on fait d’ailleurs qu’il y a des obstacles réels qu’on n’est point en droit d’imputer à l’envie. On fera cependant tous ses efforts pour contenter les esprits les plus difficiles, & l’on sera encore plus rigide qu’eux. La critique excitera le zele, & l’indulgence ne sera pas prise pour la louange. Si l’on parvient à plaire au plus grand nombre, un succès si flateur sera tous les jours justifié par de nouveaux efforts. La critique produira le bien, la louange produira le mieux, la satyre seule ne produira rien ; on se sent capable de la mépriser.