Hor. L. I. Ode III. 38
Insensez que nous sommes ! nous attaquons même les Cieux.
Voïez Tome I. p. 17 le Théologien, qui me dit avoir lû avec plaisir le Discours précedent, sur-tout les deux derniers Articles, & me prie d’y joindre celui qui suit, qu’il a composé lui-même de ses reflexions, ou de celles des autres, qu’il a mise dans un plus beau jour. Je vais l’inserer ici mot pour mot, & je ne doute pas que le Public ne m’en ait quelque obligation.
L’esperance d’une Vie à venir est ce qui console & réjouït mon Ame ; c’est ce qui rend toute la Nature riante autour de moi ; c’est ce qui redouble tous
Je ne vois pas d’ailleurs que je puisse me confier à un Homme qui ne croit pas qu’il y ait un Ciel à esperer ou un Enfer à craindre, des Récompenses ou des Peines à venir. Non seulement l’Amour propre, mais aussi la Raison, nous dicte que nous devons préferer nos intérêts à toute autre chose. Un Chrétien ne peut jamais avoir intérêt à me faire du mal, persuadé qu’il doit un jour rendre compte de ses actions, & qu’il en souffriroit lui-même. Bien loin de là, s’il veut travailler à son Bonheur, il tâchera de me rendre toute sorte de bons offices. Mais un Athée
Il y a quelques années que nos habiles Écrivains ont poursuivi l’Athéïsme avec tant de succès, qu’ils l’ont chassé de tous ses retranchemens, & que l’Athée, forcé à quitter son Poste, a pris son refuge dans le Déisme, & s’est réduit à nier la Révélation. Mais il est certain que la plupart de ces Impies, soit faute d’une bonne Education, ou d’un examen serieux de nos principes, entendent si peu de quoi il s’agit, que leur Incrédulité, n’est qu’un autre terme pour marquer leur Ignorance.
Si la Folie & l’Inattention sont les fondemens de l’Incrédulité, on peut dire que ses Colomnes & ses grands Appuis sont ou la Vanité de paroître plus habiles que le reste du Genre Humain, ou d’avoir le courage de mepriser les terreurs d’un autre Monde, qui ont tant
Les Articles essentiels du Christianisme ont été si bien prouvez par l’autorite de cette divine Revelation où ils se trouvent, qu’il est impossible que ceux qui ont des oreilles pour entendre & des yeux pour voir, n’en soient convaincus. Mais supposé qu’il y eût quelque erreur dans la Foi Chrétienne, je ne vois pas qu’il en pût revenir aucun mal à celui qui la croiroit. Les grands Points de l’Incarnation & des Soufrances de notre Sauveur produisent naturellement, dans l’Esprit de l’Homme, de si heureuses dispositions à la Vertu, que, malgre toute l’Erreur qu’il y pourroit avoir, si l’on veut, il faut que l’incredule avouë du moins qu’on ne sauroit trouver aucun autre Systême de Religion, qui contribuât avec tant d’efficace, à établir les bonnes mœurs & la tranquillité du Public. Ces Articles nous donnent une haute idée de la dignité de la Nature Humaine, & de l’amour que Dieu porte à ses Créatures, & nous engagent par conséquent à nous acquiter de tous nos devoirs envers lui, notre Prochain & nous-mêmes. Saint & du Juste, aussi bien que de ce Corps mystique, dont il est le Chef ? Mais ce n’est là qu’un petit Echantillon des nobles encouragemens à la Vertu que S.
Si nos Incredules modernes examinoient ces choses avec l’attention & la bonne foi qu’elles meritent, nous ne les verrions pas disputer avec tant d’aigreur, d’arrogance & de malice : ils n’avanceroient pas tant de chicanes, de doutes & de scrupules absurdes, qu’on peut alleguer contre tout ce qui n’est pas capable d’une Démonstration Mathematique, pour embarrasser l’esprit des Ignorans, troubler le repos de l’Etat , ruïner les bonnes mœurs, & jetter le à honorer les Dieux, de la manière qu’il étoit ordonné par les Loix. Esculape, pour se conformer sans doute au Culte Religieux établi dans son Païs. suivant la coûtume des Persans ; car c’est ainsi que l’Historien s’exprime. Que dis-je ? Les Epicuriens & les Philosophes Atomistes marquoient beaucoup de discretion à cet égard, puis-
L.