Zitiervorschlag: Justus Van Effen (Hrsg.): "No. 2", in: Le Nouveau Spectateur français, Vol.1\002 (1723-1725), S. 17-31, ediert in: Ertler, Klaus-Dieter / Fischer-Pernkopf, Michaela (Hrsg.): Die "Spectators" im internationalen Kontext. Digitale Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1756 [aufgerufen am: ].


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No. 2

Zitat/Motto► Ut populo placeas, & declamation fias.

Hor.

N’écrivez-vous que pour plaire au peuple & pour être le sujet de ses éloges ? ◀Zitat/Motto

Ebene 2► Quand on écrit dans le dessein de réformer les hommes, il me semble qu’on fait bien de commencer par les Auteurs qui travaillent, ou devroient travailler du moins à nous conduire vers la felicité par la route da la lumière & de la vertu. Je l’ai déja dit, ces Messieurs pèchent par une vanité excessive qui ôte à leurs ma-[18]ximes les plus salutaires l’autorité dont leur exemple eut pû les soutenir. Cet amour propre outré paroit évidemment dans la sensibilité vetilleuse qu’ils ont pour leur réputation. Un seul sufrage, qui leur manque, paroit leur donner plus de chagrin, que l’approbation de tout un peuple, ne leur procure de satisfaction. Ce n’est pas là seulement la foiblesse des petits esprits. Elle défigure même le mérite des gens les plus dévouez au bon sens. Quelle pitié qu’un être raisonnable, qui déploïe la justesse d’esprit la plus scrupuleuse sur tout ce qui est hors de lui, agisse de travers dans son propre sein, & qu’il s’égare lors qu’il s’éxerce sur les objets, qui lui sont les plus chers, & qui méritent son attention la plus vive & la mieux soutenuë. Vous avez donné au public quelques ouvrages à qui des gens éclairez suivis par la foule ont accordé dès éloges ; là dessus vous vous êtes formé la douce habitude de vous croire quelque chose, & jusqu’ici personne ne vous a troublé dans la paisible possession de la haute idée que vous avez de voire mérite. Qu’arrive-t-il ? Un Ecrivain parle incidemment de vos Productions, & sans peut-être le moindre dessein de vous mortifier, il ose mépriser ces objèts de vôtre tendre estime.

Il exprime son sentiment par une décision vagué ; il ne prouve rien. Il a tort peut-être, mais que vous importe ? Pourquoi vous déscendre, pourquoi repousser des traits qui, [19] selon vous même, ne font que frapper l’air ? La réputation est un bien réel, & il est permis de le défendre, quand on se l’est acquis d’une manière légitime. J’en conviens, mais vôtre réputation reste ici dans son entier, elle ne court pas le moindre risque ; ce n’est qu’une ombre qui vous allarme ; vôtre imagination frappée par vôtre amour-propre vous seduit & vous fait prendre cette ombre pour une réalité. Je veux bien avouër encore, que vôtre défense est sage, sensée, destituée de cette fougue guerriere qui anime la pluspart des écrits polemiques, & de ces ruses malignes, qui les font triompher en dépit de l’Equité & du bon-sens ; Vôtre apologie n’a qu’un défaut, c’est qu’elle existe. Vous faites sentir que vous possédez l’art de raisonner ; daignez l’exercer pendant quelques momens sur votre conduite ; je suppose qu’il y ait dans vos écrits des beautez & des beautez utiles ; mais ne sont-elles dévoilées que devant vos propres yeux, une obscurité impénétrable les cache-t’elle à tous les autres esprits ? Certainement vous ne les avez pas produites dans cette intention. Vôtre but a été de les faire sentir & goûter, à tous ceux qui savent péser une réflexion, & suivre un raisonnement ; si vous n’aviez pas été sûr de quelques Lecteurs de ce caractère, vous n’auriez pas écrit : rien ne me paroit de plus certain : mais pourez-vous vous mettre dans l’esprit qu’une simple décision puisse [20] duper des personnes raisonnables, & causer un renversement total dans les idées qu’elles ont formées du bon & du beau. Aïez meilleure opinion des hommes, & rendez à vos Lecteurs sensés une Justice, qu’ils ne sauroient vour refuser sans vous donner une cruelle mortification. Quand vous estimez un ouvrage, êtes vous accoutumé à vous laisser arracher cette estime, par le premier Ecrivain, qui voudra l’ébranler dans l’esprit du public, d’un seul trait de plume ? par qu’elle raison supposez-vous à des personnes éclairées une imbécillité dont vous vous sentez incapable vous-même ? Encore un coup vous defendez l’ombre de vôtre réputation ; vôtre réputation réelle n’est pas exposée au moindre péril. Je sçai bien qu’une cabale tyrannique accable assez souvent un Livre estimable, & qu’il est juste de s’y opposer de toutes ses forces ; c’est un droit qu’on disputeroit à tort à l’Auteur opprimé, & que même tout homme de bien devroit exercer par un motif d’amour pour la vérité & pour la justice. Mais la cabale ne déploïe guères son injustice, que sur des ouvrages qui ne font que naitre ; elle ne maitrise d’ordinaire que les imaginations, qui n’ont pas encore pris leur parti, & qui sont dans un équilibre que le moindre poids emporte avec facilité ; il arrive rarement qu’elle n’échouë contre des opinions fixées, & contre des idées, qui ont eu le tems de se fortifier dans l’esprit ; D’ailleurs s’il y a de la [21] justice & de la générosité à s’opposer à une cabale, qui est dans toute sa force, on ne sauroit l’entreprendre sans la plus haute imprudence, & sans pecher contre la sagesse, qui menagère de ses efforts, sait les suspendre quand elle prévoit qu’ils ne sauroient qu’être infructueux, quelle barrière, quelle digue le bon-sens & l’équité opposeront-ils à une cabale fougueuse. C’est un torrent impétueux, dont les obstacles ne font qu’augmenter la fureur ; c’est l’affoiblir que de lui donner un libre cours, bien-tôt il se tartit par sa propre impétuosité, & les desordres causez par sa violence passagère, ne sont pas difficiles à réparer.

Certains Chefs de parti fameux pour la supériorité de leur genie semblent imposer à la multitude la Loy de trouver un ouvrage mauvais, sous peine d’être déchu de toute prétention à l’esprit & au bon gout. Chacun se donne un air de lumière, par la hardiesse de ses decisions soutenuës par les termes les plus forts, & par les cris les plus perçans ; que fera la raison contre cette impérieuse extravagance ; elle s’écarte du chemin ; elle laisse passer à côté d’elle l’impétuosité de cette opinion populaire ; elle attend que les cerveaux se refroidissent, & qu’accessibles au sens commun, ils lui permettent que les cerveaux se refroidissent, & qu’accessibles au sens commun, ils lui permettent de faire rentrer dans tous ses droits, un ouvrage distingué par une bonté réelle.

J’ai supposé que la réputation est un bien réel. Il ne seroit pas difficile dé le prou-[22]ver. Il est permis par conséquent à un Auteur de défendre ses productions, quand elles sont attaquées effectivement, & qu’on se sert du raisonnement, pour leur arracher l’estime du public. C’est un droit dont on peut se prévaloir, sur tout quand un critique a sû ménager à ce raisonnement un air de vraisemblance, qui pourroit séduire des Lecteurs médiocrement éclairez, mais trop peu Philosophes, ou trop peu attentifs, pour approfondir une preuve éblouissante.

Si des apologies de cette nature ne sauroient être censurées, à moins quelles ne pêchent du coté de la modestie, & de la politesse ; on peut dire qu’il n’est pas seulement legitime, mais encore d’un devoir indispensable de défendre ses ouvrages, quand on croit y avoir renfermé des véritez importantes & salutaires. Le Sophisme ramasse toute sa finesse pour les représenter comme fausses, & comme pernicieuses ; faut-il lui permettre l’audace d’usurper l’empire de la raison, & de répandre un air ridicule sur les maximes les plus relevées ? Non, il faut s’animer d’une noble ardeur pour soutenir avec force des intérêts si chers & si grands ; le moindre motif doit être ici de revendiquer l’honneur qu’on veut nous arracher injustement ; il s’agit de rétablir la Société dans la possession d’un bien dont elle peut tirer des avantages considérables.

Si l’amour propre des Auteurs, si promt à s’allarmer, est souverainement bas & ridi-[23]cule ; s’il énerve pour ainsi dire la force des plus sages préceptes, qu’ils offrent à la réflexion du public, n’y a-t’il rien à dire sur la conduite de la pluspart des Critiques ? Le bon-sens, l’équité, l’amour du genre humain, sont-ils les seuls motifs, qui les animent à fouiller dans un ouvrage pour y déterrer tout ce qu’il y a de défectueux ? Il me semble que la charité la plus étenduë s’efforceroit en vain à nous le mettre dans l’esprit. Je sai que la Critique produit un grand nombre de bons effets, si elle est judicieuse & éclairée. Elle tient l’imagination des Auteurs en bride, elle les force à faire présider l’atention la plus vive sur tout ce que leur génie produit ; elle les empêche de se livrer inconsidérément au feu le plus beau, elle les fait veiller même sur un excès d’esprit & d’invention que leur verve leur prodigue. Ce n’est pas tout, s’il y a quelque chose de propre à rectifier les idées du public, & à inspirer aux hommes une salutaire défiance des premières impressions qu’un ouvrage fait sur leur esprit, c’est sans doute la Critique que je viens de caractériser. Elle distingue le beau apparent d’avec le beau réèl, la raison d’avec le gout ; Elle puisse dans le sein de la nature des règles aussi simples que certaines, dont on ne sauroit s’éloigner sans tomber dans l’égarement. Mais suffit-il, pour bien critiquer, de suivre toujours les lumières les plus sûres, & de ne censurer jamais que ce qui s’écarte réèllement des rè-[24]les invariables du beau ? Une telle Critique fait du bien, mais elle ne produit pas tous les heureux effets, qu’elle pourroit produire, & bien souvent elle se rend coupable d’injustice, pour ne pas dire de malignité. Pourquoi occuper uniquement la justesse de son esprit à déveloper les défauts d’un ouvrage ? pourquoi ne pas prêter quelque attention à ce qu’il y a de digne d’estime. Ne peut-on pas épurer les lumières du public, en développant avec exactitude ce qui rend un passage touchant ou sublime, en dèmêlant ce que le genie y jette de force, & ce que l’art y répand de délicatesse.

Enfin en instruisant un Lecteur qui sent une admiration mal éclaircie ; un sentiment confus de plaisir, des raisons pourquoi ce passage frappe son esprit, on trouble agréablement son ame.

Negliger une méthode d’instruire si digne d’un cœur bien placé, c’est se rendre suspect d’une basse complaisance pour le peuple qui saisit les Critiques avec une avidité maligne, dans le temps que les louanges lui causent un ennuy criminel ; il est difficile même de ne pas soupçonner de malignité ceux dont le seul but paroit être de donner une nourriture pareille à la malignité-publique. Ce ne sont là que des soupçons, je l’avouë ; mais il est certain que dans ce procédé il y a une injustice réelle. Ne découvrir que les fautes d’un ouvrage, & en cacher toutes les beautez, c’est en donner [25] une fausse idée ; c’est représenter comme absolument mauvais, ce qui peut être très bon, en dépit d’un assez grand nombre de fautes ; cette défectuosité marque plutôt les bornes de l’esprit humain, qu’elle ne prouve la foiblesse d’un genie particulier ; est-il permis d’inspirer au public un dégout mal fondé, pour des productions, qui auroient pû lui procurer un agréable amusement, ou une utilité considérable ?

L’on me dira peut-être qu’il y a des productions de l’esprit si généralement mauvaises, qu’elles ôtent absolument au cœur le plus généreux, la noble satisfaction de louër. Mais une ame un peu sûre de son excellence & de sa dignité s’amusera-t-elle à s’embourser dans la Critique d’un ouvrage si méprisable ? Abandonnons un tel Auteur & son propre sort, & laissons à la pesanteur de son genie le soin de l’entrainer dans l’obscurité & dans l’oubli.

Il n’en est pas de même d’un livre, qui est essentiellement mauvais ; mais dont les fautes sont cachées sous un air d’esprit, & sous un dehors éblouïssant capable d’en imposer à la pluspart des Lecteurs, d’introduire dans leur raison des maximes pernicieuses, ou de donner la vogue à un mauvais gout. Dans cette occasion il est digne d’un Critique éclairé d’employer toute la force de sa pénétration, & toute la délicatesse de son discernement, à démêler le mauvais sens d’avec les apparences brillantes, qui le dé-[26]roboient aux yeux vulgaires. Encore voudrois-je qu’on rendit justice à cette vivacité d’imagination, qui fait ménager un air si plausible à des Sophismes pitoïables, & un tour si frappant à des pensées qui n’ont point de fondement dans la nature ; une pareille louange pourroit gagner l’Auteur censuré, & le porter à des efforts pour redresser son raisonnement & pour rectifier ses idées.

Ceux qui se distinguent le plus parmi les Censeurs des Ouvrages, sont les Journalistes. La Critique paroit faire une partie essentielle de leur Profession. Elle en feroit la partie la plus utile si elle étoit ménagée avec justesse d’esprit, avec prudence, avec équité & avec politesse ; mais en général ces Messieurs sont prodigieusement décififs ; à les entendre parler, on diroit que leur emploi a été déféré par la pluralité des suffrages à l’étenduë de leurs lumières & à la supériorité de leur génie. Il semble que leurs jugemens soient sans appel, qu’ils soient fondez sur l’opinion de tout ce que le public à d’habiles gens & qu’ils en ayent reçu un plein-pouvoir dans les formes, pour instruire un Ecrivain, qui leur déplait, de la petitesse de son esprit, & de l’ennuy dans lequel il plonge ses Lecteurs. Ces grands hommes ne parlent point, c’est le Public qui s’exprime par leur bouche. Le Public ferme seducteur, s’il en fut jamais, le Public donne dans les ames foibles un passe-port [27] à leurs décisions les plus vagues & les plus destituées de preuves. Mais qu’est-ce dans le fond que ce public, avec lequel le journaliste vit dans une si parfaite harmonie ; & qui s’est engagé par un contract formel à être toujours de son opinion ? Ce sont quelquefois trois ou quatre amis, qui par leur complaisance pour ses idées & pour ses expressions, réussissent à se faire considérer de lui comme des esprits du premier ordre ; je croi pouvoir soupçonner même que quelquefois le public est le Journaliste lui seul, qui est tellement sur de la supériorité de sa raison, & de la justesse de son goût, qu’il se persuade que tous les objets doivent de nécessité s’offrir aux honnêtes-gens dans le même jour, dans lequel il les considère lui-même.

Dans la suite de ces discours, je tâcherai de ne jamais perdre de vuë les maximes, que j’ay établies ici sur la maniere de soutenir la critique, & sur celle de la manier. Je sçai qu’il est impossible d’éviter la censure, je croi même qu’il est impossible de ne la pas meriter ; je n’ai garde de marquer un dédain prématuré pour mes futurs Censeurs, je respecte d’avance ceux qui me releveront avec justice : mais j’espere que j’aurai la fermeté de leur répondre rarement. Si l’on fait sur mon stile des reflexions qui me paroitront fausses, j’épargnerai au public l’ennui de mes plaintes, persuadé que, parmi mes Lecteurs, il y a assez de juges éclairez du [28] langage, pour n’être pas les dupes des remarques, qui tombent à faux. Et si mes expressions s’attirent des censures judicieuses, je ferai tous mes efforts pour en profiter dans le silence. Je me flatte encore que j’aurai la fermeté de ne jamais répondre directement aux critiques qui attaqueront mes raisonnemens & mes maximes ; je prendrai plutôt le parti de revenir aux mêmes matières, ou pour les eclaircir mieux, ou pour me retracter. J’ose croire même que c’est ici le dernier de mes discours, où j’occuperai quelque place. On ne parle jamais avec plus de vivacité, que lorsqu’on parle de soi-même ; mais en récompense jamais on ne fait plus languir ses Lecteurs.

Je ne renonce pas au droit commun à tous les hommes de dire mon sentiment sur des livres nouveaux, ni même au droit de badiner sur un Auteur, quand je m’imaginerai qu’un tour railleur fera plus d’effet qu’une censure grave & serieuse ; mais je ne négligerai rien pour prouver en plaisantant, & pour ne pas faire l’agreable aux dépens de la raison & de la politesse ; je m’efforcerai à rendre mes éloges aussi peu vagues, que mes censures. Je ne promets pas une sobrieté excessive à cet égard, j’aimerois mieux me rendre suspect d’adulation, que de ne pas païer au merite tous les hommages, qui lui sont dûs. Heureusement ce soupçon n’est pas trop à craindre pour un Ecrivain, [29] qui a résolu de se cacher même à ses meilleurs amis.

J’ai remarqué dans le Mercure que plusieurs Beaux-esprits en France ne sont pas fort scrupuleux observateurs de la pluspart des règles que j’ai taché d’établir. Mon confrere, le Spectateur de Paris, est inondé dans cette piece d’un déluge de décisions injurieuses ; je ne sai pas les raisons, qui peuvent lui avoir attiré des ennemis si impétueux, mais-je sai bien que leur conduite me paroitroit extrêmement méprisable, quand cet auteur n’auroit pas un fort grand mérite. Je soupçonne toujours que des gens qui décident ne savent pas raisonner. Quel effort de génie faut-il pour traiter un homme de petit esprit & d’écrivain à la douzaine ? Un crocheteur s’en acquiteroit aussi bien qu’un Bel-esprit, & ce stile lui conviendront beaucoup mieux. On peut accabler à ces termes méprisans le génie du premier ordre, comme l’auteur du rang le plus bas. Pour les emploïer seulement avec une légère apparence de justice, il faudroit du moins les appuïer sur la citatation <sic> de quatre ou cinq passages d’une impertinence distinguée & propre à caractériser une raison foible ou un cerveau déréglé ; mais quelquefois on auroit bien de la peine à les trouver dans l’auteur, dont on parle avec le plus grand dédain ; quelquefois on croiroit les saisir & l’on se trompe-[30]roit. En voulant prouver que ces passages marquent un petit génie, un Critique pouroit prouver demonstrativement la petitesse de son propre esprit. Il vaut mieux décider ; c’est le plus court ; c’est se mettre à l’abri de la réfutation ; c’est le moyen le plus sûr de s’emparer de l’imagination du vulgaire, qui ne comprend pas une preuve, & qui ne sauroit se mettre dans l’Esprit, qu’un ouvrage puisse être bon ; quand d’habiles gens assurent positivement qu’il ne vaut pas le Diable. Je voudrois de toute mon ame pouvoir porter les hommes les plus simples à ouvrir les yeux sur l’extravagance & sur l’injustice de la décision. Je voudrois réveiller dans toutes les ames une généreuse sensibilité pour leur propre excellence. Je voudrois leur faire concevoir une noble indignation contre ces esprits décisifs, qui font à leurs Lecteurs l’affront de les prendre pour les dupes les plus imbecilles, & pour les plus vifs esclaves d’une autorité usurpée. Enfin je voudrois faire comprendre à tout le monde, que la decision quelque courte & quelque vive qu’elle soit n’est qu’une méthode longue & offensante de ne rien dire sur un ouvrage. On pourra me reprocher d’avoir décidé moi-même sur le caractere du Spectateur François ; Mais j’espere que les remarques que j’ajouterai à ceux d’entre ses discours dont je ferai usage, me justifieront plein-[31]ement à cet égard. Je n’ai pas négligé de prouver ce que j’avançois, je l’ai renvoïé seulement à une occassion plus naturelle. ◀Ebene 2

Avertissement.

Jean Neaume, Libraire à la Haye, qui Imprime & débite cette feuille, avertit qu’il en donnera une semblable régulièrement tous les 15 jours ; & qu’on la trouvera aussi à Amsterdam, chez Messieurs l’Honoré & Chatelain, & chez les autres Libraires, comme aussi dans les principales Villes de ces Provinces. Le prix de chaque feuille est de deux sols.

P.S. ceux qui souhaiteront faire part au Public de quelques Nouvelles de Littérature, ou de quelque piece qui ait du rapport au plan de l’auteur, pourront s’adresser au sus-dit Libraire, en lui envoïant leurs lettres Franco. ◀Ebene 1