Petr. Sat. c. 104.
L’Esprit dégagé en quelque maniere du poids
du Corps a plus d’activité.
&c. & qu’il s’est exposé lui-même à
toute sorte de dangers pour l’amour d’elle & pour lui sauver la
vie. Il ajoute dans une Apostille, qu’il voudroit bien savoir si,
après l’heureux succès qu’il a eu dans toutes ces facheuses
rencontres, il ne peut pas se flater d’obtenir à la fin l’estime de
sa Belle.
Indes. Ensuite il s’imagina qu’après y avoir demeuré un ou
deux ans, un Tourbillon qui fit ouvrir sa Fénètre
nouvelle Riviere, il n’eût volé
par-dessus, & n’eût heureusement éteint les flammes avant
qu’elle eussent gagné trop loin. Il voudroit savoir à cette
occasion, s’il n’est pas fondé en Droit à demander une Recompense au
Lord Maire & aux Echevins de la Ville.
Une Lettre datée du 9. de ce Mois m’avertit, que l’Ecrivain resolu de
tenter for-
J’ai reçu des plaintes sans nombre d’une infinité de Rêveurs oisifs
& delicats, qui me prient de chercher quelques moïens d’imposer
silence à ces Ames venales, qui s’occupent tous les jours de grand
matin à faire leurs Rondes autour de cette Ville, où ils causent
beaucoup de trouble & y mettent en desordre les affaires de ses
Hatans. Plusieurs Monarques m’ont fait l’honneur de m’écrire qu’ils
ont été souvent renversez de leurs Trônes par le bruit d’un Carosse,
ou par celui d’une Brouette. Je trouve aussi que divers
Gentilshommes ont été depouillez de vastes Domaines par la voix
enrouée de certains Miserables qui n’ont pas cinq sols de revenu.
Une
D’un autre côté plusieurs Malheureux m’ont envoïé de longues Epîtres, où ils témoignent une grande reconnoissance pour ces Crieurs publics, qui les ont souvent delivrez de leurs infortunes. Un Crieur de petit Charbon de bois éveilla si à propos un de ces pauvres Gentilshommes, qu’il le garantit d’une Prison de dix années. Un honnête Homme du Guet souhaita le bon jour à un autre d’un ton si haut, qu’il le delivra de ses puissans Ennemis, & qu’il ruina tous leurs pernicieux desseins. Un Valetudinaire avouë qu’il a été souvent guéri d’une inflammation du Gosier par la voix rauque d’un Chartier, & soulagé dans un accès de Goute par un Crieur de vieux Souliers. Un Causeur impitoïable qui tourmentoit un galant Homme toute la nuit par son impertinent babil fut reduit au silence par un seul mot d’une de ces Femmes du Commun qui ramassent du fraisi.
Au lieu donc de suprimer cet Ordre de Gens, je voudrois proposer à
mes Lecteurs de faire le meilleur usage qui se peut des Salutations
dont ils nous écorchent les oreilles de grand matin. Un fameux
Prin-
On peut rêver aussi long-tems que l’on voudra ; mais je n’ai pas
dessein de publieur aucune de ces avantures chimeriques qui
n’arrivent qu’après que le Soleil a quitté notre Horison. C’est pour
cela que je n’omettrai pas la Rêve que C’est par ces traits que les un pié
fourchu, & une odeur excessive de souphre ; mais il se trouva
que ce dernier n’étoit autre chose qu’une bouteille d’esprits,
qu’une bonne vieille Dame lui avoit apliquée au nés, pour la mettre
en état d’écouter la troisiéme Partie du Sermon, qui regardoit la
rapidité avec laquelle le Tems s’envole & l’usage qu’on en doit
faire.
Si quelqu’un n’a pas envie de passer brusquement de son état
imaginaire à celui qui est réel, il peut emploïer quelque tems à
cette nouvelle espece d’Observations que mon Ami, le Critique des
Songes, lui a insinuées. La poursuite de l’Imagination à travers
toutes ses extravagances, soit qu’on dorme ou qu’on veille, ne
seroit pas un mauvais moïen pour la rectifier & l’amener à
n’agir que dépendamment de la Raison, en sorte qu’elle ne se plût à
s’entretenir que d’Objets agréables & utiles, quelque calme
& posée qu’elle fût.