Et torquere mero, quem perspexisse laborent,
An sit amicitiâ dignus.
Hor. A. P. v. 434.
On dit que certains Rois donnent une question plaisante & rare à ceux qu’ils veulent mettre au nombre de leurs favoris ; ils les font enivrer pour éprouver leur discretion, & jugent par là s’ils méritent leur confidence.
dit-il, lors qu’on court dans la Lice, celui qui arrive le premier au but a droit d’éxiger la Récompense. » Saxons Occidentaux, qui supputoit Octobre, à quatre Tonneaux de Vin de Champagne ; sans compter quatre cens grandes Jattes de Punch, dont il avoit bû sa bonne part, & une infinité de petits coups d’Eau de vie, ou de Liqueurs fortes, qu’il avoit pris en passant à toutes les heures du jour.
Nos Philosophes modernes observent qu’il y a un défaut général d’Humidité dans le Globe terrestre, & ils l’attribuent sur tout à la production des Vegetaux, qui tournent en leur propre substance quantité de Corps fluides qui ne reviennent plus dans leur premier état. Mais, avec la permission de ces vénérables Docteurs, ils devroient mettre en ligne de compte ce nombre infini d’Etres raisonnables qui tirent leur principale nourriture des Liqueurs,
Cependant, quelque haute idée que ces Buveurs ayent d’eux-mêmes, un Homme Yvre est un Monstre plus affreux qu’aucun autre de tout l’Univers, & il n’y a point de Caractére plus digne de mépris ni plus difforme, aux yeux de toutes les Personnes raisonnables, que celui d’un Yvrogne. Environ l’an 280. de N. S.Anglois s’est un peu trop fié ici à sa mémoire ; puis qu’il rapporte ce fait tout autrement.Bouteille penduë.
On peut dire que ce Vice est d’une influence maligne sur l’Esprit, sur le Corps & sur la Fortune ou les Biens de celui qui en est entaché.
A l’égard de l’Esprit, il découvre jusques au moindre défaut qu’il y a. Un Homme sobre & vertueux peut tenir en bride & surmonter tous les Vices & les Mon ami, lui répondit le Philosophe, mettez moins d’eau dans votre Vin, & vous la rendrez bientôt agréable.
Il ne se borne pas là, il porte souvent un Homme à des excès, ausquels il n’étoit point sujet. Qui ebrium ludificat ladit absentem.Celui, dit-il, qui se moque d’un Homme saoûl offense une Personne absente.
C’est ainsi que l’Yvrognerie agit d’une maniere directement opposée à la Raison, qui doit travailler à bannir de l’esprit tous les Vices qui s’en sont déja emparez, & le garantir contre les aproches de tous ceux qui voudroient s’y glisser. Mais outre ces mauvais effets que l’Yvrognerie produit dans la Personne qui en est dominée, elle a d’ailleurs une maligne influence sur l’Esprit lors même qu’il est sobre ; en ce qu’elle affoiblit peu à peu l’Entendement, qu’elle ruine la Memoire, & que par ses excès réiterez ; elle tourne tous les Défauts en Habitude.
Discours.