V. Feuille Pierre Carlet de Marivaux Moralische Wochenschriften Klaus-Dieter Ertler Herausgeber Michaela Fischer Mitarbeiter Katharina Tez Mitarbeiter Sarah Lang Gerlinde Schneider Martina Scholger Johannes Stigler Gunter Vasold Datenmodellierung Applikationsentwicklung Institut für Romanistik, Universität Graz Zentrum für Informationsmodellierung, Universität Graz Graz 24.07.2019 o :mws-123-1376 Marivaux: L’Indigent Philosophe. Paris: Prault jeune, 1752, 195-210 L'Indigent philosophe ou l'homme sans souci 1 005 1752 Frankreich Ebene 1 Ebene 2 Ebene 3 Ebene 4 Ebene 5 Ebene 6 Allgemeine Erzählung Selbstportrait Fremdportrait Dialog Allegorisches Erzählen Traumerzählung Fabelerzählung Satirisches Erzählen Exemplarisches Erzählen Utopische Erzählung Metatextualität Zitat/Motto Leserbrief Graz, Austria French Frankreich Francia France Francia France França Menschenbild Immagine dell'Umanità Idea of Man Imagen de los Hombres Image de l’humanité Imagem humana Theater Literatur Kunst Teatro Letteratura Arte Theatre Literature Arts Teatro Literatura Arte Théâtre Littérature Art Teatro Literatura Arte France 2.0,46.0

Cinquième feuille.

J’allois l’autre jour dire de belles choses sur l’homme, si la nuit n’étoit pas venue m’en empêcher ; mais quand la nuit vient, mon luminaire finit ; & puis, bon soir à tout le monde.

Or sus, continuons mes rapsodies, j’y prends goût; elles ne sont peut-être pas si mauvaises : mais je les ai gâtées en disant que j’étois François, & si jamais mes compatriotes les voyent, je les connois, ils ne manqueront pas de les trouver pitoyables. Car c’est une plaisante Nation que la nôtre; sa vanité n’est pas faite comme celle des autres Peuples : ceux-ci sont vains tout naturellement, ils n’y cherchent point de subtilité, ils estiment tout ce qui se fait chez eux cent fois plus que tout ce qui se fait partout ailleurs ; ils n’ont point de bagatelles qui ne soient au-dessus de ce que nous avons de plus beau ; ils en parlent avec un respect qu’ils n’osent exprimer, de peur de le gâter ; & ils croyent avoir raison : ou si quelquefois ils ne le croyent point, ils n’ont garde de le dire ; car où seroit l’honneur de la Patrie ? & voilà ce qu’on appelle une vanité franche ; voilà comme la nature nous la donne de la première main, & même comme le bon sens seroit vain, si jamais le bon sens pouvoit l’être.

Mais nous autres François, il faut que nous touchions à tout, & nous avons changé tout cela ; vraiment nous y entendons bien plus de finesse, nous sommes bien autrement déliés sur l’amour-propre : estimer ce qui se fait chez nous : eh ! où en seroit-on, s’il falloit louer ses compatriotes ? ils seraient trop glorieux, & nous trop humiliés ; non, non, il ne faut pas donner cet avantage-là à ceux avec qui nous vivons tous les jours, & qu’on peut rencontrer partout. Louons les Etrangers, à la bonne heure, ils ne sont pas là pour en devenir vains ; & au surplus nous ne les estimons pas plus pour cela, nous sçaurons bien les mépriser quand nous serons chez eux : mais pour ceux de notre pays, mirmidons que tout cela.

Voilà votre portrait, Messieurs les François. On ne sçauroit croire le plai-sir qu’un François sent à dédaigner nos meilleurs ouvrages, & à leur préferer des fariboles venues de loin. Ces gens-là pensent plus que nous, dit-il, en parlant des Etrangers : & dans le fond, il ne le croit pas ; & s’il s’imagine qu’il le croit, je l’assure qu’il se trompe : eh ! que croit-il donc ? rien ; mais c’est qu’il faut que l’amour propre de tout le monde vive. Primò, il parle des habiles gens de son païs, & tout habiles qu’ils sont, il les juge ; cela est hardi, cela lui fait passer un petit moment assez flatteur : il les humilie ; autre irrévérence qui lui tourne en profondeur de jugement : qu’ils viennent alors, qu’ils paroissent, ils ne l’étonneront point, il les verra comme d’autres hommes, ils ne subjugueront point Monsieur : ce sera puissance contre puissance ; & quand il met les Etrangers au-dessus de son païs, Monsieur n’est plus du païs au moins : c’est l’homme de toute Nation, de tout caractere d’esprit, & somme totale, il en sçait plus que les Etrangers même.

Ce n’étoit peut-être pas la peine de vous dire cela, Lecteur François ; car je m’imagine que vous ne vous souciez gueres de quelle humeur vous êtes : ni moi non plus, je n’y prends nul intérêt ; & si vous lisez mes paperasses, souvenez-vous que c’est l’Homme sans Souci qui les a faites.

Je gagerois pourtant bien que vous croyez que je suis à Paris, quoique je vous aye dit que j’en étois à plus de quatre cent lieues. Eh bien : si j’y suis, tant mieux pour moi, car j’aime à rire ; & Paris est de tous les Théâtres du monde celui où il y a la meilleure Comédie, ou bien la meilleure Farce, si vous le voulez : Farce en haut, Farce en bas ; & plût-à-Dieu que ce fut toujours Farce, & que ce ne fût que cela ; plût-à-Dieu qu’on en fut quitte pour rire de ce qu’on voit faire aux hommes : je les trouverois bien aimables, s’ils n’étaient que ridicules : mais quand ils sont méchants, il n’y a plus moyen de les voir, & on voudroit pouvoir oublier qu’on les a vus : ah ! l’horreur !

Je demandois l’autre jour ce que c’étoit qu’un homme, j’en cherchois un ; mais je ne mettois pas le méchant au nombre de ces créatures appelées hommes, & parmi lesquelles on peut trouver ce que je cherche. Je ne sçais où mettre le méchant : il ne seroit bon qu’au néant, mais il ne mérite pas d’y être : oui, le néant seroit une faveur pour ce monstre qui est d’une espece si singuliere, qui sçait le mal qu’il fait, qui goute avec réflexion le plaisir de le faire, & qui, sentant les peines qui l’affligeroient le plus, apprend par là à vous frapper des coups qui vous seront les plus sensibles ; enfin qui ne voit le mal qu’il peut vous faire, que parce qu’il voit le bien qu’il vous faut : lumiere affreuse ! si elle ne doit lui servir qu’à cela, ou bien l’emploi qu’il en fait est bien criminel ; c’est à lui à vider la question, cela le regarde de plus près qu’un autre.

Il n’y a que le méchant dans le monde qui ait à prendre garde à son systême, il n’y a que lui qui soit obligé d’être si sûr de son fait, qu’il ne se trompe point ; & remarquez que la plûpart du temps les méchants sont les plus ignorans de tous les hommes : & si par hazard il y en à <sic> quelqu’un qui raisonne, qu’il examine un peu si ce ne seroit pas pour se mettre en pleine liberté d’être méchant, qu’il s’est ima-giné qu’il n’y avoit point de mal à l’être ; cela se pourroit fort bien : car qu’il regarde les honnêtes gens, les gens de bien qui sont en petit nombre à la vérité, mais qui malgré cela soutiennent la société ici-bas, & la sauvent du désordre affreux que lui méchant & ses semblables y mettroient ; car que deviendroit la terre, si le peu qui y reste de vertu ne servoit de contrepoids à l’énorme corruption qui s’y trouve ? bien nous en prend que cela soit ainsi, que toujours un peu de bon conservé sur cette terre y maintienne un ordre que l’extrême quantité du mauvais emporteroit sans une Providence : mais c’est que Dieu est plus fort que l’homme ; il faut que l’homme puisse toujours voir clair, & que le bien soit toujours là pour juger le mal, & le mal le respecte.

Revenons à notre méchant qui croit pouvoir l’être impunément ; je disois qu’il regardât les gens de bien, & assurément il y en a parmi eux qui ont autant ou plus d’esprit que lui : être homme de bien n’est pas être un sot, & de toutes les bêtises, la plus grande seroit de le penser. L’homme d’esprit vertueux peut voir tout ce que voit le méchant, peut se dire tout ce que celui-ci se dit, & peut-être plus ; car le vertueux a plus de dignité dans l’ame, il porte plus haut le sentiment de son excellence que nous avons tous : car c’est même l’abus de ce sentiment qui fait que nous sommes tous orgueilleux ; en un mot, ce sentiment nous est naturel, & celui qui le consulte le plus peut en apprendre bien des choses inconnues à celui qui le néglige ; il peut en tirer bien des pressentiments d’une haute destinée ; ces pressentiments, il est vrai, c’est toute ame, cela n’a point d’expression, & l’esprit alors apperçoit ce qu’il ne sçauroit dire, il n’apperçoit que pour lui : mais aussi ne serions-nous pas plus divins dans ce que nous voyons comme cela, que dans ce que nous pouvons exprimer & que nous faisons nous-mêmes ?

Quoi qu’il en soit, pourquoi l’homme vertueux, avec tout l’esprit qu’il a, trouve-t-il les raisonnements du méchant absurdes ? pourquoi cette différence dans leurs sentiments ? car enfin l’homme vertueux seroit quelquefois tenté d’être méchant : pourquoi y ré-siste-t-il, puisqu’il en sçait autant que ce méchant qui n’y résiste pas, & qui croit que cela est sans conséquence ? Oh ! mais, dira ce dernier, c’est qu’il est retenu par une crainte que je n’ai point : eh bien, pensez-vous qu’il y ait moins de bon sens dans sa crainte sublime, que dans votre désir avide et brutal de vous prouver qu’il n’y a point de risque à être ce que vous êtes ? est-on moins aveugle dans votre cas que dans le sien ? Et moi, je vous dis que c’est tout le contraire.

Un homme qui souhaite un bien avec ardeur, & qui brûle de l’envie de voir qu’il n’y a point de danger à y courir, a bientôt fait son affaire ; cette extrême envie de jouir expedie bien vite les discussions : on n’est pas délicat sur les raisons légitimes de faire une chose, quand on veut absolument la faire : mais l’homme qui, malgré le penchant qu’il auroit à la faire, craint en même temps le péril qu’il peut y avoir à s’y livrer ; oh ! c’est lui qui y regarde de près : & assurément s’il faut de la finesse dans l’examen, ce sera lui qui l’aura, & dans toutes les affaires de la vie, vous vous en fierez tou-jours bien plus à lui qu’à l’autre. Tenez, ôtez la peine qu’il y a à être bon & vertueux, nous le serons tous ; il n’y a que cette peine qui a fait de si sottes Philosophies : les Systêmes hardis, les erreurs les plus raisonnées, tout vient de là. On ne sçauroit croire ce que cette peine-là fait devenir notre pauvre esprit, ni jusqu’où elle le dupe ; & malheureusement pour nous encore, la nature prête, quand nous voulons nous égarer dans nos considérations : elle a de quoi tromper celui qui la veut voir mal, comme elle a de quoi éclairer celui qui la veut voir bien.

Mais à propos de considérations, je m’avise de voir que je ne m’en suis pas mal donné ; je ne sçais point comment cela s’est fait ; mais si elles ne sont pas bonnes pour vous, elles ont tout ce qui leur faut pour moi : c’est qu’elles me rendent meilleur : & au surplus si le Japon me venoit en pensée, je parlerois du Japon : eh ! pourquoi non ? me suivre qui voudra. Au reste, quand on a mangé son bien, qu’on n’a plus de commerce avec la vanité de ce monde, & qu’on est vêtu de gue-nilles, enfin quand on ne jouit plus de rien, on raisonne de tout.

Les choses vont, & je les regarde aller : autrefois j’allois avec elles, & je n’en valois pas mieux ; parlez-moi, pour bien juger de tout, de n’avoir plus d’intérêt à rien. Autrefois, par exemple, je n’aurois pas pensé si juste sur une chose qui me frappe actuellement.

C’est que je vois de ma fenêtre un homme qui passe dans la rue, & dont l’habit, si on le vendoit, pourroit marier une demi-douzaine d’orphelines ; voilà un vrai gibier pour un chasseur de mon espèce : ah ! que j’aurai de plaisir à tirer dessus du grenier où je suis. Voyons, voici un pauvre homme comme moi qui lui tend la main pour avoir quelque chose, & il ne lui donne rien : apparemment qu’il lui dit: Dieu vous bénisse ; & c’est toujours quelque chose que de renvoyer à Dieu une charité qu’on ne veut point faire : parlons à notre homme. Ah ! Monsieur, que vous avez bonne mine ! que vous êtes brillant ! Je cherche un homme, c’est-à-dire, quelqu’un qui mérite ce nom ; par ha-zard ne seriez-vous pas mon fait ? car vous avez grande apparence. Attendez un moment que ma raison vous regarde ; c’est une excellente lunette pour connoître la valeur des choses. Ah ! il me semble que votre habit n’a plus tant d’éclat, votre or se ternit, je le trouve ridicule, qu’est-ce que vous faites de cela sur un vêtement ? on vous prendroit pour une mine du Perou. Eh ! morbleu, n’êtes-vous pas honteux de mettre sur vous tant de lingots en pure perte, pendant que vous pourriez les distribuer en monnoye à tant de malheureux que voici, & qui meurent de faim ? Ne leur donnez rien, si vous voulez, gardez tout pour vous ; mais ne leur prouvez pas qu’il ne tient qu’à vous de leur racheter la vie : n’en voyent-ils pas la preuve sur votre habit ? Eh ! du moins, cachez-leur votre cœur, ôtez cet habit qui le découvre, & qui en montre la dureté ; ôtez cet habit qui insulte à leur misere, & qui n’a ni faim ni soif. Ne sçavez-vous pas bien qu’il seroit barbare de jetter votre argent dans la riviere, pendant que vous pourriez en secourir des affamés qui n’auroient pas de quoi vivre ? Eh bien ! n’est-ce pas le jetter dans la riviere, que de le jetter sur un vêtement qui n’en a que faire, qui n’en devient ni plus chaud pour l’hyver, ni plus frais pour l’été ? Eh ! pour qui le galonnez-vous, ou le brodez-vous tant ? Est-ce pour moi ? Est-ce afin de m’inspirer plus de considération pour vous ? Je ne donne plus dans ce piége-là ; j’ai vécu plus d’un jour : le Marchand ni le Tailleur ne rendent point un homme respectable ; & d’ailleurs je ne sçaurois vous regarder dans cet état-là, sans que les larmes m’en viennent aux yeux. Retirez-vous ; je ne suis point un barbare : je vois des gens qui souffrent, je vois le bien que vous pourriez leur faire, & votre vue m’afflige. Allez, vous dis-je, vous n’êtes point un homme, & j’en cherche un. Si je voulois un tygre, je vous donnerois la préference sur tous les tigres à quatre pattes ; car ils ne sont pas si tygres que vous, puisqu’ils ne sçavent point qu’ils le sont, & qu’il ne tient qu’à vous de connoître que vous l’êtes.

Voyons ailleurs. Je vois là-bas bien des hommes, n’y en aura-t-il pas un tel qu’il me le faut ? Attendez; j’en vois un devant qui tout le monde se courbe. Qui est-il ? C’est un homme titré, les conventions l’ont fait un Grand ; c’est-à-dire qu’elles lui ont donné le privilége d’être encore plus petit que les autres. S’en sert-il ? je n’en sçais rien : mais c’est une terrible chose que de n’avoir pas besoin de mérite pour être respecté ; & ceux qui le saluent voudroient bien n’en avoir pas plus besoin que lui : ce n’est pas lui qu’ils saluent, c’est son privilége. Quand ces gens-là se plaignent d’un Grand, quand ils disent qu’il est dur, qu’il est ingrat, qu’il les méprise, laissons-les dire : en vérité, ils ne le méritent pas meilleur ; car ils haïssent moins ses mauvaises qualités, qu’ils ne lui envient la liberté qu’il a de les produire.

J’ai connu dans ma vie un homme qui ne pouvoit souffrir l’orgueil des grands Seigneurs ; il n’y avoit rien de plus beau que la morale qu’il débitoit là-dessus : s’il faisoit jamais fortune, ce seroit le plus raisonnable de tous les hommes, disoit-on. Cette fortune lui vint, il fut mis en place : je n’ai ja-mais rien vu de si sot & de si superbe que lui alors ; & d’où vient qu’il avoit paru si different ? c’est que quand un homme est dans une condition médiocre, il n’ose pas donner l’essor à son orgueil : il faut qu’il lui retienne la bride, il faut que notre homme file doux en bon François ; car s’il s’émancipe, on l’humilie, & cela est mortifiant : de sorte que par orgueil prudent il s’humilie lui-même, afin que personne ne s’en mêle. Après cela vous le voyez bon, simple, accommodant, ne pouvant comprendre les grands airs de certaines gens, n’imaginant point comment on peut être orgueilleux, levant les épaules sur tous ceux qui le sont. Ah ! le bon Apôtre : tenez, voici ce qu’il pense : puisque je ne sçaurois montrer mon orgueil, il faut que je m’en venge sur ceux qui ont la liberté de montrer le leur, & qui le montrent. Il faut que je dise qu’ils me font pitié, cela les rendra plus petits aux yeux des autres, & empêchera qu’on ne les voye si fort au-dessus de moi ; car ces gens-là, je ne sçaurois les souffrir, on ne paroît rien auprès d’eux, & je me soulage en les abis-sant. Outre cela, c’est qu’en faisant profession de regarder l’orgueil comme une sottise, on croira que je n’en ai point, & que ce seroit peine perdue d’en avoir avec moi, parce que je le mépriserois sans en être piqué, ou bien que je n’y prendrois pas garde.

Hem ! l’entend-il bien notre hypocrite ? Soyez bien sûr qu’il pense tout ce que je lui fais dire, & partout où vous trouverez de ces esprits raisonnables, qui ont tant de pitié de l’orgueil des autres, ayez en toute sûreté pitié du leur : c’est un prisonnier qui voudroit être libre, & qui cherche querelle à tout orgueil qui a ses coudées franches, comptez là-dessus.

Mais je m’admire moi, de tout ce que j’ai dit depuis une heure ; je n’en voulois pas dire un mot, j’ai toujours été entraîné, je ne sçais comment. Quand j’ai mis la plume à la main, j’ai cru que j’allois continuer la suite de mon discours de l’autre jour, où il s’agissoit de savoir ce que c’étoit qu’un homme, & de le définir. Point du tout, je l’ai oublié. Oh bien ! que cela vienne à propos ou non, je veux pourtant dire ce que c’est que cet hom-me. Ce n’est ni la naissance ni les richesses qui le font, ce n’est pas non plus celui qui a de l’esprit, ce n’est pas la créature qui pense ; car la pensée & le sentiment & tout ce que vous avez enfin, appartient bien à l’homme : mais cela ne fait pas l’homme: je n’appellerois cela que les outils avec lesquels on doit le devenir. Or qu’est-ce donc encore une fois qu’un homme ? Hélas ! je ne le dirai, j’en suis sûr, que d’après vous-même, & d’après tout le monde qui en iroit bien mieux, si nous en avions quantité, d’hommes.

Un homme, c’est cette créature avec qui vous voudriez toujours avoir affaire, que vous voudriez trouver partout, quoique vous ne vouliez jamais lui ressembler. Voilà ce que c’est : vous n’avez qu’à étendre ce que je dis là ; tous les hommes la cherchent cette créature, & par là tous les hommes se font leur procès, s’ils ne sont pas comme elle. Adieu, l’homme sans souci n’y voit plus goute.

Cinquième feuille. J’allois l’autre jour dire de belles choses sur l’homme, si la nuit n’étoit pas venue m’en empêcher ; mais quand la nuit vient, mon luminaire finit ; & puis, bon soir à tout le monde. Or sus, continuons mes rapsodies, j’y prends goût; elles ne sont peut-être pas si mauvaises : mais je les ai gâtées en disant que j’étois François, & si jamais mes compatriotes les voyent, je les connois, ils ne manqueront pas de les trouver pitoyables. Car c’est une plaisante Nation que la nôtre; sa vanité n’est pas faite comme celle des autres Peuples : ceux-ci sont vains tout naturellement, ils n’y cherchent point de subtilité, ils estiment tout ce qui se fait chez eux cent fois plus que tout ce qui se fait partout ailleurs ; ils n’ont point de bagatelles qui ne soient au-dessus de ce que nous avons de plus beau ; ils en parlent avec un respect qu’ils n’osent exprimer, de peur de le gâter ; & ils croyent avoir raison : ou si quelquefois ils ne le croyent point, ils n’ont garde de le dire ; car où seroit l’honneur de la Patrie ? & voilà ce qu’on appelle une vanité franche ; voilà comme la nature nous la donne de la première main, & même comme le bon sens seroit vain, si jamais le bon sens pouvoit l’être. Mais nous autres François, il faut que nous touchions à tout, & nous avons changé tout cela ; vraiment nous y entendons bien plus de finesse, nous sommes bien autrement déliés sur l’amour-propre : estimer ce qui se fait chez nous : eh ! où en seroit-on, s’il falloit louer ses compatriotes ? ils seraient trop glorieux, & nous trop humiliés ; non, non, il ne faut pas donner cet avantage-là à ceux avec qui nous vivons tous les jours, & qu’on peut rencontrer partout. Louons les Etrangers, à la bonne heure, ils ne sont pas là pour en devenir vains ; & au surplus nous ne les estimons pas plus pour cela, nous sçaurons bien les mépriser quand nous serons chez eux : mais pour ceux de notre pays, mirmidons que tout cela. Voilà votre portrait, Messieurs les François. On ne sçauroit croire le plai-sir qu’un François sent à dédaigner nos meilleurs ouvrages, & à leur préferer des fariboles venues de loin. Ces gens-là pensent plus que nous, dit-il, en parlant des Etrangers : & dans le fond, il ne le croit pas ; & s’il s’imagine qu’il le croit, je l’assure qu’il se trompe : eh ! que croit-il donc ? rien ; mais c’est qu’il faut que l’amour propre de tout le monde vive. Primò, il parle des habiles gens de son païs, & tout habiles qu’ils sont, il les juge ; cela est hardi, cela lui fait passer un petit moment assez flatteur : il les humilie ; autre irrévérence qui lui tourne en profondeur de jugement : qu’ils viennent alors, qu’ils paroissent, ils ne l’étonneront point, il les verra comme d’autres hommes, ils ne subjugueront point Monsieur : ce sera puissance contre puissance ; & quand il met les Etrangers au-dessus de son païs, Monsieur n’est plus du païs au moins : c’est l’homme de toute Nation, de tout caractere d’esprit, & somme totale, il en sçait plus que les Etrangers même. Ce n’étoit peut-être pas la peine de vous dire cela, Lecteur François ; car je m’imagine que vous ne vous souciez gueres de quelle humeur vous êtes : ni moi non plus, je n’y prends nul intérêt ; & si vous lisez mes paperasses, souvenez-vous que c’est l’Homme sans Souci qui les a faites. Je gagerois pourtant bien que vous croyez que je suis à Paris, quoique je vous aye dit que j’en étois à plus de quatre cent lieues. Eh bien : si j’y suis, tant mieux pour moi, car j’aime à rire ; & Paris est de tous les Théâtres du monde celui où il y a la meilleure Comédie, ou bien la meilleure Farce, si vous le voulez : Farce en haut, Farce en bas ; & plût-à-Dieu que ce fut toujours Farce, & que ce ne fût que cela ; plût-à-Dieu qu’on en fut quitte pour rire de ce qu’on voit faire aux hommes : je les trouverois bien aimables, s’ils n’étaient que ridicules : mais quand ils sont méchants, il n’y a plus moyen de les voir, & on voudroit pouvoir oublier qu’on les a vus : ah ! l’horreur ! Je demandois l’autre jour ce que c’étoit qu’un homme, j’en cherchois un ; mais je ne mettois pas le méchant au nombre de ces créatures appelées hommes, & parmi lesquelles on peut trouver ce que je cherche. Je ne sçais où mettre le méchant : il ne seroit bon qu’au néant, mais il ne mérite pas d’y être : oui, le néant seroit une faveur pour ce monstre qui est d’une espece si singuliere, qui sçait le mal qu’il fait, qui goute avec réflexion le plaisir de le faire, & qui, sentant les peines qui l’affligeroient le plus, apprend par là à vous frapper des coups qui vous seront les plus sensibles ; enfin qui ne voit le mal qu’il peut vous faire, que parce qu’il voit le bien qu’il vous faut : lumiere affreuse ! si elle ne doit lui servir qu’à cela, ou bien l’emploi qu’il en fait est bien criminel ; c’est à lui à vider la question, cela le regarde de plus près qu’un autre. Il n’y a que le méchant dans le monde qui ait à prendre garde à son systême, il n’y a que lui qui soit obligé d’être si sûr de son fait, qu’il ne se trompe point ; & remarquez que la plûpart du temps les méchants sont les plus ignorans de tous les hommes : & si par hazard il y en à <sic> quelqu’un qui raisonne, qu’il examine un peu si ce ne seroit pas pour se mettre en pleine liberté d’être méchant, qu’il s’est ima-giné qu’il n’y avoit point de mal à l’être ; cela se pourroit fort bien : car qu’il regarde les honnêtes gens, les gens de bien qui sont en petit nombre à la vérité, mais qui malgré cela soutiennent la société ici-bas, & la sauvent du désordre affreux que lui méchant & ses semblables y mettroient ; car que deviendroit la terre, si le peu qui y reste de vertu ne servoit de contrepoids à l’énorme corruption qui s’y trouve ? bien nous en prend que cela soit ainsi, que toujours un peu de bon conservé sur cette terre y maintienne un ordre que l’extrême quantité du mauvais emporteroit sans une Providence : mais c’est que Dieu est plus fort que l’homme ; il faut que l’homme puisse toujours voir clair, & que le bien soit toujours là pour juger le mal, & le mal le respecte. Revenons à notre méchant qui croit pouvoir l’être impunément ; je disois qu’il regardât les gens de bien, & assurément il y en a parmi eux qui ont autant ou plus d’esprit que lui : être homme de bien n’est pas être un sot, & de toutes les bêtises, la plus grande seroit de le penser. L’homme d’esprit vertueux peut voir tout ce que voit le méchant, peut se dire tout ce que celui-ci se dit, & peut-être plus ; car le vertueux a plus de dignité dans l’ame, il porte plus haut le sentiment de son excellence que nous avons tous : car c’est même l’abus de ce sentiment qui fait que nous sommes tous orgueilleux ; en un mot, ce sentiment nous est naturel, & celui qui le consulte le plus peut en apprendre bien des choses inconnues à celui qui le néglige ; il peut en tirer bien des pressentiments d’une haute destinée ; ces pressentiments, il est vrai, c’est toute ame, cela n’a point d’expression, & l’esprit alors apperçoit ce qu’il ne sçauroit dire, il n’apperçoit que pour lui : mais aussi ne serions-nous pas plus divins dans ce que nous voyons comme cela, que dans ce que nous pouvons exprimer & que nous faisons nous-mêmes ? Quoi qu’il en soit, pourquoi l’homme vertueux, avec tout l’esprit qu’il a, trouve-t-il les raisonnements du méchant absurdes ? pourquoi cette différence dans leurs sentiments ? car enfin l’homme vertueux seroit quelquefois tenté d’être méchant : pourquoi y ré-siste-t-il, puisqu’il en sçait autant que ce méchant qui n’y résiste pas, & qui croit que cela est sans conséquence ? Oh ! mais, dira ce dernier, c’est qu’il est retenu par une crainte que je n’ai point : eh bien, pensez-vous qu’il y ait moins de bon sens dans sa crainte sublime, que dans votre désir avide et brutal de vous prouver qu’il n’y a point de risque à être ce que vous êtes ? est-on moins aveugle dans votre cas que dans le sien ? Et moi, je vous dis que c’est tout le contraire. Un homme qui souhaite un bien avec ardeur, & qui brûle de l’envie de voir qu’il n’y a point de danger à y courir, a bientôt fait son affaire ; cette extrême envie de jouir expedie bien vite les discussions : on n’est pas délicat sur les raisons légitimes de faire une chose, quand on veut absolument la faire : mais l’homme qui, malgré le penchant qu’il auroit à la faire, craint en même temps le péril qu’il peut y avoir à s’y livrer ; oh ! c’est lui qui y regarde de près : & assurément s’il faut de la finesse dans l’examen, ce sera lui qui l’aura, & dans toutes les affaires de la vie, vous vous en fierez tou-jours bien plus à lui qu’à l’autre. Tenez, ôtez la peine qu’il y a à être bon & vertueux, nous le serons tous ; il n’y a que cette peine qui a fait de si sottes Philosophies : les Systêmes hardis, les erreurs les plus raisonnées, tout vient de là. On ne sçauroit croire ce que cette peine-là fait devenir notre pauvre esprit, ni jusqu’où elle le dupe ; & malheureusement pour nous encore, la nature prête, quand nous voulons nous égarer dans nos considérations : elle a de quoi tromper celui qui la veut voir mal, comme elle a de quoi éclairer celui qui la veut voir bien. Mais à propos de considérations, je m’avise de voir que je ne m’en suis pas mal donné ; je ne sçais point comment cela s’est fait ; mais si elles ne sont pas bonnes pour vous, elles ont tout ce qui leur faut pour moi : c’est qu’elles me rendent meilleur : & au surplus si le Japon me venoit en pensée, je parlerois du Japon : eh ! pourquoi non ? me suivre qui voudra. Au reste, quand on a mangé son bien, qu’on n’a plus de commerce avec la vanité de ce monde, & qu’on est vêtu de gue-nilles, enfin quand on ne jouit plus de rien, on raisonne de tout. Les choses vont, & je les regarde aller : autrefois j’allois avec elles, & je n’en valois pas mieux ; parlez-moi, pour bien juger de tout, de n’avoir plus d’intérêt à rien. Autrefois, par exemple, je n’aurois pas pensé si juste sur une chose qui me frappe actuellement. C’est que je vois de ma fenêtre un homme qui passe dans la rue, & dont l’habit, si on le vendoit, pourroit marier une demi-douzaine d’orphelines ; voilà un vrai gibier pour un chasseur de mon espèce : ah ! que j’aurai de plaisir à tirer dessus du grenier où je suis. Voyons, voici un pauvre homme comme moi qui lui tend la main pour avoir quelque chose, & il ne lui donne rien : apparemment qu’il lui dit: Dieu vous bénisse ; & c’est toujours quelque chose que de renvoyer à Dieu une charité qu’on ne veut point faire : parlons à notre homme. Ah ! Monsieur, que vous avez bonne mine ! que vous êtes brillant ! Je cherche un homme, c’est-à-dire, quelqu’un qui mérite ce nom ; par ha-zard ne seriez-vous pas mon fait ? car vous avez grande apparence. Attendez un moment que ma raison vous regarde ; c’est une excellente lunette pour connoître la valeur des choses. Ah ! il me semble que votre habit n’a plus tant d’éclat, votre or se ternit, je le trouve ridicule, qu’est-ce que vous faites de cela sur un vêtement ? on vous prendroit pour une mine du Perou. Eh ! morbleu, n’êtes-vous pas honteux de mettre sur vous tant de lingots en pure perte, pendant que vous pourriez les distribuer en monnoye à tant de malheureux que voici, & qui meurent de faim ? Ne leur donnez rien, si vous voulez, gardez tout pour vous ; mais ne leur prouvez pas qu’il ne tient qu’à vous de leur racheter la vie : n’en voyent-ils pas la preuve sur votre habit ? Eh ! du moins, cachez-leur votre cœur, ôtez cet habit qui le découvre, & qui en montre la dureté ; ôtez cet habit qui insulte à leur misere, & qui n’a ni faim ni soif. Ne sçavez-vous pas bien qu’il seroit barbare de jetter votre argent dans la riviere, pendant que vous pourriez en secourir des affamés qui n’auroient pas de quoi vivre ? Eh bien ! n’est-ce pas le jetter dans la riviere, que de le jetter sur un vêtement qui n’en a que faire, qui n’en devient ni plus chaud pour l’hyver, ni plus frais pour l’été ? Eh ! pour qui le galonnez-vous, ou le brodez-vous tant ? Est-ce pour moi ? Est-ce afin de m’inspirer plus de considération pour vous ? Je ne donne plus dans ce piége-là ; j’ai vécu plus d’un jour : le Marchand ni le Tailleur ne rendent point un homme respectable ; & d’ailleurs je ne sçaurois vous regarder dans cet état-là, sans que les larmes m’en viennent aux yeux. Retirez-vous ; je ne suis point un barbare : je vois des gens qui souffrent, je vois le bien que vous pourriez leur faire, & votre vue m’afflige. Allez, vous dis-je, vous n’êtes point un homme, & j’en cherche un. Si je voulois un tygre, je vous donnerois la préference sur tous les tigres à quatre pattes ; car ils ne sont pas si tygres que vous, puisqu’ils ne sçavent point qu’ils le sont, & qu’il ne tient qu’à vous de connoître que vous l’êtes. Voyons ailleurs. Je vois là-bas bien des hommes, n’y en aura-t-il pas un tel qu’il me le faut ? Attendez; j’en vois un devant qui tout le monde se courbe. Qui est-il ? C’est un homme titré, les conventions l’ont fait un Grand ; c’est-à-dire qu’elles lui ont donné le privilége d’être encore plus petit que les autres. S’en sert-il ? je n’en sçais rien : mais c’est une terrible chose que de n’avoir pas besoin de mérite pour être respecté ; & ceux qui le saluent voudroient bien n’en avoir pas plus besoin que lui : ce n’est pas lui qu’ils saluent, c’est son privilége. Quand ces gens-là se plaignent d’un Grand, quand ils disent qu’il est dur, qu’il est ingrat, qu’il les méprise, laissons-les dire : en vérité, ils ne le méritent pas meilleur ; car ils haïssent moins ses mauvaises qualités, qu’ils ne lui envient la liberté qu’il a de les produire. J’ai connu dans ma vie un homme qui ne pouvoit souffrir l’orgueil des grands Seigneurs ; il n’y avoit rien de plus beau que la morale qu’il débitoit là-dessus : s’il faisoit jamais fortune, ce seroit le plus raisonnable de tous les hommes, disoit-on. Cette fortune lui vint, il fut mis en place : je n’ai ja-mais rien vu de si sot & de si superbe que lui alors ; & d’où vient qu’il avoit paru si different ? c’est que quand un homme est dans une condition médiocre, il n’ose pas donner l’essor à son orgueil : il faut qu’il lui retienne la bride, il faut que notre homme file doux en bon François ; car s’il s’émancipe, on l’humilie, & cela est mortifiant : de sorte que par orgueil prudent il s’humilie lui-même, afin que personne ne s’en mêle. Après cela vous le voyez bon, simple, accommodant, ne pouvant comprendre les grands airs de certaines gens, n’imaginant point comment on peut être orgueilleux, levant les épaules sur tous ceux qui le sont. Ah ! le bon Apôtre : tenez, voici ce qu’il pense : puisque je ne sçaurois montrer mon orgueil, il faut que je m’en venge sur ceux qui ont la liberté de montrer le leur, & qui le montrent. Il faut que je dise qu’ils me font pitié, cela les rendra plus petits aux yeux des autres, & empêchera qu’on ne les voye si fort au-dessus de moi ; car ces gens-là, je ne sçaurois les souffrir, on ne paroît rien auprès d’eux, & je me soulage en les abis-sant. Outre cela, c’est qu’en faisant profession de regarder l’orgueil comme une sottise, on croira que je n’en ai point, & que ce seroit peine perdue d’en avoir avec moi, parce que je le mépriserois sans en être piqué, ou bien que je n’y prendrois pas garde. Hem ! l’entend-il bien notre hypocrite ? Soyez bien sûr qu’il pense tout ce que je lui fais dire, & partout où vous trouverez de ces esprits raisonnables, qui ont tant de pitié de l’orgueil des autres, ayez en toute sûreté pitié du leur : c’est un prisonnier qui voudroit être libre, & qui cherche querelle à tout orgueil qui a ses coudées franches, comptez là-dessus. Mais je m’admire moi, de tout ce que j’ai dit depuis une heure ; je n’en voulois pas dire un mot, j’ai toujours été entraîné, je ne sçais comment. Quand j’ai mis la plume à la main, j’ai cru que j’allois continuer la suite de mon discours de l’autre jour, où il s’agissoit de savoir ce que c’étoit qu’un homme, & de le définir. Point du tout, je l’ai oublié. Oh bien ! que cela vienne à propos ou non, je veux pourtant dire ce que c’est que cet hom-me. Ce n’est ni la naissance ni les richesses qui le font, ce n’est pas non plus celui qui a de l’esprit, ce n’est pas la créature qui pense ; car la pensée & le sentiment & tout ce que vous avez enfin, appartient bien à l’homme : mais cela ne fait pas l’homme: je n’appellerois cela que les outils avec lesquels on doit le devenir. Or qu’est-ce donc encore une fois qu’un homme ? Hélas ! je ne le dirai, j’en suis sûr, que d’après vous-même, & d’après tout le monde qui en iroit bien mieux, si nous en avions quantité, d’hommes. Un homme, c’est cette créature avec qui vous voudriez toujours avoir affaire, que vous voudriez trouver partout, quoique vous ne vouliez jamais lui ressembler. Voilà ce que c’est : vous n’avez qu’à étendre ce que je dis là ; tous les hommes la cherchent cette créature, & par là tous les hommes se font leur procès, s’ils ne sont pas comme elle. Adieu, l’homme sans souci n’y voit plus goute.