Præferat Herodis palmetis pinbuibus ; alter
Dives & importunus, ad umbram lucis ab ortu
Sylvestrem flammis & ferro mitiget agrum ?
Hor. L. ii. Ep. ii. 183.
Mais de dire pourquoi, de deux Freres, l’un préféra le repos, les jeux & une vie délicieuse à tous les Oliviers de la Palestine ; & l’autre, riche & puissant, se tourmentera, depuis le matin jusqu’au soir, à cultiver son champ, à en brûler les mauvaises herbes ?
Spectateur,
« Il y a une chose que j’ai souvent attendue dans vos Discours, & que je m’étonne de n’y avoit pas trouvée jusques-ici, d’autant plus que c’est un sujet tout nouveau, qui n’a jamais été manié par un autre, qu’il me paroît digne de votre plume, & qu’il me semble quadrer le mieux du monde avec votre Dessein : Je veux dire, d’où peut venir que les plus beaux Esprits & les plus vastes Genies, qui ont tous les talens nécessaires pour se bien aquiter de leur devoir, & de outre sorte d’Emplois dans la Vie civile ; qui ont des idées fort justes à cet égard, &
Mon Correspondant n’est pas le seul qui soit frapé de cette bizarrerie de l’Esprit Humain ; on l’a remarquée de tout tems. Horace reflechit là-dessus d’une maniere fort agréable dans le Il est cité au long dans le Caractere qu’il nous donne de
Quoiqu’il en soit, cette inatention de l’Ame, qui se fuit elle-même, entraîne le Prodigue d’objet en objet, & s’il dépense beaucoup plus qu’un autre c’est parce qu’il est affailli d’une plus grande foule de besoins. Mais s’il y a tant d’Hommes qui suivent ce malheureux train de vie jusques à leur dernier soupir, cela vient de ce qu’ils ignorent que les autres les regardent avec mépris, ou plutôt de ce qu’ils ne sont pas méprisez au point qu’ils le méritent. De Officis Lib. ii. c. 18.Ciceron nous dit que c’est un crime de laisser dépérir son Patrimoine.
Peut-être qu’on n’y fait pas beaucoup d’attention ; mais il est de la derniere importance de savoir jouir de la Vie, & la goûter, sans aucun mélange des paillons tumultueuses, ou de quelque apétit criminel. Faute de réfléchir, le Monde est plein de Mangeurs & de Buveurs, & d’une troupe innombrable de Fainéans, qui, pour ne pas demeurer les bras croisez, s’occupent toute leur vie à exercer leur Attouchement, ou leur Goût. Que dirons-nous de la tranquille societé des Fumeurs, & de ceux qui prennent du Tabac en poudre ?
Mon Correspondant a beau s’étonner que les plus lourds Esprits gagnent du bien dans le Monde, & qu’ils s’enrichissent plutôt que les autres ; ils sont taillez pour cela, & ils peuvent attendre, avec patience, un profit éloigné, puis qu’aucune passion violente, ni aucun desir immoderé, ne les détourne jamais de leur but. Pour ceux qui sont adonnez au Plaisir, les Affaires ne sauroient que les interrompre ; mais pour ceux qui ont de l’indifférence à l’égard du premier, les Affaires leur servent d’entretien. & de passe-tems. ’on ne doit pas l’en estimer davantage, puis-qu’il seroit bien embarrassé de sa personne, s’il n avoit quelque chose qui l’occupât.
T.