Philippe Bridel an Hugo Schuchardt (03-01370)

von Philippe Bridel

an Hugo Schuchardt

Lausanne

16. 04. 1898

language Französisch

Zitiervorschlag: Philippe Bridel an Hugo Schuchardt (03-01370). Lausanne, 16. 04. 1898. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2021). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.9761, abgerufen am 28. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.9761.


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Lausanne, 16 Août. 98.

Mon cher Cousin

Vous allez recevoir une nouvelle épreuve de votre brochure. Vos nombreuses observations y ont été prises en considération, par M. Vittoz, tout d’abor, puis par moi, qui ai contrôlé son travail. Je me suis permis de faire encore quelques corrections au point de vue du style, et de proposer une nouvelle traduction de 2 ou 3 passages où M. Vittoz semblait désespérer de pouvoir vous satisfaire. Je ne sais si j’y serai parvenu. Vous |2| allez relire le tout, et, s’il y a encore des passages qui ne rendent pas le sens que vous avez en vue, vous nous les signalerez.

Voici quelques points sur lesquels j’attire votre attention; je les indique d‘après la numérotation des anciens paquets (ceux que vous avez corrigés et qui doivent vous être renvoyés par l’imprimerie).

23, ligne 9. Je ne crois pas qu’on dise “terre de bail“ – oui bien: „prendre une terre à bail“ = „prendre à bail …une terre.“1 L’idée que vous visez ne serait-elle pas suffisamment rendue par „une terre sur laquelle les Allemands ne résident qu’à titre de locataires“? ou bien, si vous tenez au mot bail, ne peut-on l’introduire de la façon que j’ai proposée et que vous trouverez dans la nouvelle épreuve?

|3| 24, ligne 4 du bas. Tenez-vous à une incidente: „à la campagne“, qui me paraît alourdir désagréablement la phrase? Est-ce qu’il ne va pas de soi que ces larges territoires ne peuvent se trouver qu’à la campagne?

35 au bas (votre observation N° 42) je ne suis pas sûr de vous avoir bien compris. Est-ce cela?

36 bas. (note) Hipman doit-il avoir 2 n pour finir?2 Si oui, il faudrait en mettre 2 aussi pag. 33.

37. Toute cette affaire d’orthographe est-elle maintenant correcte? j’ai peur que non; examinez cela de près.

- Notre cousin Louis (prof. de droit à Genève)3 étant ici, il y a peu de jours, je l’ai questionné au sujet de Staatsrecht. Il m’a dit que je m’étais fourvoyé en proposant de traduire par droit constitutionnel; c’est droit public qu’il faut. Il m’a affirmé que cette traduction allait bien dans tous les passages que je lui ai lus. Il me semble qu’il serait inadmissible de laisser ce mot sans traduction.

|4| - Pour Gleichberechtigung, en relisant le tout, il m’a paru qu’on pourrait, sauf 2 ou 3 exceptions sans gravité, employer. ce qui vaut beaucoup mieux, une expression toujours la même: „le droit à l’égalité de traitement“. Avez-vous le sentiment que cette formule rende la chose? en ce cas, nous pourrions éviter de recourir à des traductions diverses.

Vous êtes terribles, vous autres Allemands; vous vous annexez nos mots, pour enrichier votre dictionnaire et puis nous ne savons plus à quoi recourir pour traduire vos vocables originaux. Vous avez Stamm, et vous nous prenez en outre Race! Malgré tout, il faut bien nous contenter, dans le cas présent, de traduire Stämme par races, terme, je le répète, qui comporte des sens plus ou moins étendus, mais toujours en désignant une unité ethnique. Si j’avais à traduire la phrase que vous m’objectez: „der bretonische Stamm ist vielleicht der am wenigsten lebensfähige innerhalb der keltischen Race“ |5| je dirais, je pense: „Les Bretons constituent le rameau le moins vivace de la race celtique“.

Votre observation relative à l’abus des ; et au manque de . est justifiée. Je n’avais pas pris garde de la ponctuation, ayant concentré mon attention sur autre chose. Mais, en relisant l’ensemble, j’en ai été frappé comme vous et j’ai introduit plusieurs coupures. Ce que vous dites … „Die Vorstellung die wir seit Alters von den französischen Sätzen haben, als kurzen, durch Punkte von einander getrennten“ mérite cependant beaucoup à cet égard et surtout variaient beaucoup; si vous voulez voir un Français, classique pourtant, bien éloigné de répondre à ce type, voyez le Discours de la méthode de Descartes; on dirait |6| presque du grec ou de l’allemand, tant il y a de relatifs, de conjonctions enchaînant les uns aux autres les membres de phrases qui ne se coupent que de loin en loin.

Encore un mot. Est-ce que vous ne feriez pas bien de signer votre prénom au complet? H. tout seul fera croire que vous vous appelez Henri.

Vous m’avez beaucoup trop remercié pour la petite part que j’ai faite à la révision de cette traduction. Je l’ai fait avec le plus grand plaisir. J’aimerais beaucoup que nous arrivassions en définitive à faire quelque chose de convenable; et je vous prie de ne pas faire de façons pour signaler ce qui peut vous paraître encore défectueux.

Le portrait du Doyen, jeune, nous a fait un vif plaisir; je vous en remercie bien cordialement4

Veuillez, |7| je vous prie, exprimer à tante Schuchardt et à tante Thérèse nos sentiments d’attachement bien respectueux et me croire, mon cher cousin, votre affectueux

Ph. Bridel


1 terre à bail / prendre à bail über „liegender Klammer“, die hier nicht wiedergegeben werden kann.

2 „Charles Hipman“ ist die korrekte Schreibung.

3 Louis Bridel (1852-1913), Jurist; vgl HSA 01367.

4 Im Schuchardt-Nachlaß nicht verzeichnet; vgl. Wolf, Nachlaß, 619.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 01370)