Philippe Bridel an Hugo Schuchardt (01-01369)
von Philippe Bridel
an Hugo Schuchardt
23. 03. 1898
Französisch
Zitiervorschlag: Philippe Bridel an Hugo Schuchardt (01-01369). Lausanne, 23. 03. 1898. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2021). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.9760, abgerufen am 30. 09. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.9760.
Lausanne, le 23 Mars 1898.
Mon cher cousin,
Vous allez recevoir enfin une nouvelle épreuve. Permettez-moi de vous fournir quelques explications. Mon frère s’est un peu trop pressé en vous envoyant les premières pages, avant que ni M. Vittoz ni moi eussions eu le temps de les examiner.1 Un certain nombre des erreurs que vous avez signalées nous avaient apparu aussi. Toutes vos observations ont, du reste, été |2| recueillies et mises à profit, comme vous pourrez le constater. Il y a cependant deux points sur lesquels je n’ai pas cru devoir obtempérer à vos propositions.
1°. La traduction de Stämme nous a fait réfléchir assez sérieusement, M. Vittoz et moi. Je comprends votre crainte au sujet de „races“; cependant, tout bien considéré, il n’y a rien de mieux. „Peuplade“ a un sens plus ou moins défavorable; c’est un groupe d’hommes vaguement organisé, qui n’est pas parvenu à mériter le nom de „peuple“. Cela réveille l’idée |3| de demi-sauvages. „Tribus“ a à peu près la même acception. Quant à „race“, ce n’est pas nécessairement une grande race; le mot est très élastique. Non seulement, quand il s’agit d’animaux, on dit tour à tour: „la race bovine“, comprenant tous les bœufs, vaches etc., et „la race de l’Emmental“, etc. désignant ainsi: des espèces très limité[e]s et très spéciales. Mais, de plus, quand il s’agit d’hommes, on ne craindra de dire: „les Vaudois forment une race qui n’a guère d’aptitudes commerciales - bien plus un Monsieur quelconque dira: „Je suis de bonne race“, entendant ainsi: ses aieux, sa famille. Des expressions comme; |4| „les imitateurs, race servile“! ou „pharisiens, race de vipères!“ etc. sont des exemples du caractère peu scientifique, élastique, que revêt ce mot. Je vous conseille de le garder.
2°. Dans un passage où il s’agit de l’utilité de telle ou telle langue „pour les relations“ vous désirez ajouter „extérieures“. Cela me semble une correction malheureuse, ce dernier mot faisant penser à la politique: „le Ministère des affaires extérieures“, ou: „des relations extérieures“. Le mot „relations“ employé ici absolument, se comprend très bien, je crois, comme signifiant la conversation, les communications de toute espèce (que des individus ont entre eux quand ils parlent une même lange.
|5| 3° Le mot cumul ne peut s’employer dans l’acception (??)2 que vous proposez: mais: incompatibilité que vous proposez aussi va très bien. Le premier mot suppose décidément un homme qui se charge à la fois de deux fonctions incompatibles. Cela ne peut s’appliquer à des idées, ou à des principes, qu’un même parti ne peut concilier sans une sorte d’inconséquence.
Cela dit, il faut encore que je vous prie de relire les premières pages (que vous avez déjà vues), et voici pourquoi. Quand vous les avez vues, elles n’avaient pas encore subi certaines corrections et améliorations de style que |6| soit M. V.3 soit moi avons proposés, sitôt que nous avons vu la chose „noir sur blanc“. Parmi les changements j’espère qu’il n’y en a pas qui soient des contresens, ou qui puissent vous déplaire. Cependant ils n’ont pas encore subi votre contrôle; veuillez donc y veiller.
J’aurais voulu pour ma part que tout cela marchât plus vite. Mais quand il y a plusieurs mains à la besogne, celle-ci avance moins vite. Hélas! votre patrie d’adoption n’est pas encore pacifiée; votre brochure a le temps de paraître avant |7| que la grosse question que vous traitez – d’une façon que j’ai suivie avec un vif intérêt, – soit arrivée à sa solution définitive.4
Vous voilà donc à Gotha! où j’espère que vous allez pouvoir vous reposer et vous faire beaucoup de bien. Vous voudrez bien présenter à mes chères tantes l’expression de mes sentiments de très respectueuse affection. J’apprends avec chagrin que tante Thérèse5 est malade; j’espère qu’elle n’a pas trop à souffrir et que sa guérison ne |8| tardera pas.
Je vous suis toujours redevable de divers renseignements, que j’ai honte de n’avoir pas encore mis au net por vous; mais aujourd’hui encore je n’en ai pas le temps. Je me borne à vous envoyer l’extrait ci-joint, que mon frère Georges6 m’avait remis il y a déjà longtemps; puis une pièce que vous aviez eu la bonté de nous confier et dont J’ai pris copie. Par le même courrier je voux expédie enfin un exemplaire retrouvé de ma vieille thèse d’étudiant.7 Il va sans dire qu’il ne s’agit pas de lire ce travail de débutant.
Croyez-moi, mon cher cousin,
Votre bien affectionné
Ph. Bridel
1 Es geht um den Druck von Schuchardt, Tchèques et Allemands. Lettre de M. Hugo Schuchardt, Correspondant étranger de l’Institut de France à M. ***, Paris: Welter, 1898. - Die Schrift wurde zwar von Welter in Paris verlegt, aber in Lausanne gedruckt: „LIBRAIRIE-IMPRIMERIE GEORGES BRIDEL & Cie“. - Zu Einzelheiten vgl. den Briefwechsel Georges Bridel-Hugo Schuchardt.
2 Gem. „acceptacion“?
3 Edouard Vittoz (1869-1942), der Übersetzer, war Schweizer Reformpädagoge, vgl. seine Schrift L’École nouvelle de la Suisse romande à Chally sur Lausanne: Préparation aux études classiques et scientifiques; … Education générale conforme aux principes des Landerziehungsheime , Lausanne: Georges Bridel & Cie, 1906.
4 Vgl. z. B. Prof. Ernst Röthlisberger, „Die geistige Produktion der Schweiz“, (Bern 1898).
5 Wohl Therese von Bridel, Tante Schuchardts. Das Adressbuch von Gotha vermerkt letztmalig für 1900-1901 auf S. 180 ihren Namen: „v. Bridel, Therese, Fräulein, Karolinenplatz 1.“ Es handelt sich vermutlich um eine unverheiratete Schwester (oder Halbschwester?) von Schuchardts Mutter Malvine; ihr Name findet sich erstmals im Gothaischen Adreßbuch von 1876, diesmal mit dem Zusatz „Stiftsdame“, wohnhaft in der Schwabhäusergasse 17“. – Allerdings ist keine Korrespondenz mit Schuchardt überliefert.
6 Georges Antoine Bridel (1867-1946), Verleger; vgl. HSA 01352-01366.
7 Philippe Bridel, Les bases de la morale évolutionniste d’après M. Herbert Spencer , Lausanne: A. Immer, 1886 (Petite bibliothèque du chercheur; 8).