Jean-Félix Larrieu an Hugo Schuchardt (07-06252)

von Jean-Félix Larrieu

an Hugo Schuchardt

Montfort l'Amaury

29. 07. 1898

language Französisch

Zitiervorschlag: Jean-Félix Larrieu an Hugo Schuchardt (07-06252). Montfort l'Amaury, 29. 07. 1898. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2020). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.8759, abgerufen am 28. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.8759.


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Montfort l‘Aumary
le 29 Juillet 1898

Bien cher Monsieur,

Je venais de vous adresser à Graz l’édition 4° avec traduction des cantiques souletins, lorsque j’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser. Quoique je ne sache que quelques mots d’allemand (et encore depuis une pérégrination en Russie n’ai je pas eu le temps de reprendre l’étude de cette langue,) je crois avoir compris la première partie de votre lettre. Je pense, comme je vous l’écrivis au commencement de l’année, avoir un traducteur pour ma brochure. Puisque vous voulez bien m’aider à trouver quelqu’un qui puisse la réviser, et que même vous consentez à |2| en parler au professeur Jarisch,1 j’accepte volontiers votre offre. Au moment voulu je prendrai la liberté de vous envoyer un exemplaire de la 3e édition, la traduction allemande que j’aurai fait faire, et une traduction latine pour faciliter la tâche de la personne qui voudra bien se charger de la révision. Peu m’importe que cette personne ait sur la matière des idées diamétralement opposées aux miennes: l’essentiel c’est que la traduction soit fidèle. – Je suis en train de préparer ma nouvelle édition; elle sera triple de la précédente parce que je l’augmente d’une étude de Chimie thérapeuthique du Mercure. |3| Je ne redoute pas la contradiction si l’on veut bien se donner la peine d’appliquer mon traitement: Voilà dix ans qu’il me donne d’excellents résultats, ainsi qu’à d’autres médecins, et d’une façon constante. Où le traitement classique met quatre ans ou trois, je ne mets que six mois en moyenne, et on peut enrayer nettement le mal s’il est pris à son début, sans avoir à craindre le moindre retour offensif. Au reste je compte expliquer avec observations à l’appui pourquoi les traitements actuels sont si longs et donnent en définitive des résultats si aléatoires.

J’ai reçu votre travail sur la grosse question qui divise l’Autriche.2 Je le lirai avec le plus vif |4| intérêt dès que j’aurai fini la révision des chansons basques destinées au volume que la Société d’Anthropologie consacre au Pays Basque.3

La réimpression de Duvoisin (Testament de Berria) a été entreprise par M. l’abbé Haristoy curé de Libourne.4 Elle comprend un certain nombre de corrections que le nouvel éditeur avait trouvées sur l’exemplaire du traducteur lui même et écrites de sa main. Et M. Haristoy a ajouté en note, à la suite de la préface: „les observations qui nous ont été faites au point de vue de la clarté ou même de la doctrine, nous ont fait ajouter ou remplacer quelques mots et |5| modifier certains passages. Ces corrections ont d’ailleurs été rares“. Il me semble vous avoir écrit jadis que je pourrai vous faire parvenir un exemplaire de cette édition. J’en ai deux moi-même, et pour peu que vous y teniez je vous enverrai l’un.

Quant aux explications que vous me demandez sur l’emploi simultané des possessifs, neure, eue; hire, eure; je vous dirai qu’ils s’emploient encore aujourd’hui couramment, dumoins en Labourd et en Basse Navarre pour la 1re personne (neure, eue). Ces deux expressions ne sont pas absolument identiques quant aux dérivés qu’on peut en tirer. L’on dit indifférem- |6| ment neure liburna, eue liburna (littér.t le mien livre ou le livre mien) enetako da, neuretako da (c’est pour moi) – mais on dira seulement neuretu dut, (je l’ai fait mien, j’en ai pris possession.) = Eure n’est que rarement employé dans les mêmes régions et seulement par les vieillards.

Des formes souletines correspondantes, noure, ore, c’est cette dernière qui est la plus employée avec le verbe correspondant, quoique rarement oret ezak (prends, retiens). Elles étaient communes cependant au commencement du siècle.

Je suis à votre disposition pour tous les renseignements dont vous pourriez avoir besoin pour vos Prolégomènes,5 et si je ne puis arriver à vous les donner par moi-même je m’adresserai à bon endroit.

Veuillez agréer, cher Monsieur l’expression de mes sentiments dévoués

Larrieu, d. m. s.


1 Adolf Jarisch senior (1850-1902), österr. Mediziner, Dermatologe in Wien, Innsbruck und (ab 1892) Ordinarius in Graz.

2 Schuchardt, Tchèques et Allemands. Lettre de M. Hugo Schuchardt, Correspondant étranger de l’Institut de France à M. ***, Paris: Welter, 1898.

3 Cent chansons populaires basques [Musique imprimée] / recueillies et notées au cours de sa mission par Charles Bordes, .... ; Textes basques révisés et traduits en français par le D.r J.-F. Larrieu. [Specimen de 5 chansons], Paris : E. Bouillon, [1899].

4 Louis-Lucien Bonaparte (Éd.), Bible saindua edo Testament Zahar eta berria, Duvoisin kapitainak latinezko bulgatatik lehembiziko aldiko laphurdiko eskarara itzulia , London, 1859-65; von Pierre Hariston sind nur regionalgeschichtliche Arbeiten zum Baskenland nachweisbar.

5 Es fällt auf, dass Schuchardt in seinen baskologischen Arbeiten Larrieu nie erwähnt.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 06252)