Antoine Meillet an Hugo Schuchardt (52-06955)
von Antoine Meillet
an Hugo Schuchardt
26. 08. 1926
Französisch
Zitiervorschlag: Antoine Meillet an Hugo Schuchardt (52-06955). Paris, 26. 08. 1926. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2020). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.8648, abgerufen am 02. 10. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.8648.
14/ VIII
Mon cher maître
Cette fois, je crois que vous êtes vraiment « entré dans mon jardin ».1 Mais entendez que la coercition à laquelle je pense n’a rien de rigide ni d’absolu. |2| L’essentiel est que, par son immanente donnée, il y ait une norme, dont le degré de rigueur est du reste variable d’un cas à l’autre.
Bien entendu, ce n’est que en un certain sens que la parenté des langues est absolue. Il y a évidemment un cas où elle comporte des degrés.
Quant au terme parenté, il me déplaît comme à vous, et pas plus que vous je n’y trouve un substitut.
Merci une fois de plus, et croyez moi votre toujours bien fidèlement dévoué
A. Meillet2
1 Schuchardt, „Sprachverwandtschaft II“, Sitzungsberichte der Preussischen Akademie der Wissenschaften 1926, 148-152. Vgl. dazu Meillets Rez. in: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 27(81-83), 1926, 9-10: „Le fait essentiel est l’existence initiale d’une « langue », au sens saussurien du mot, c’est-à-dire une norme dont les sujets parlants ont quelque conscience. - C’est ce que marque M. Schuchardt lui-même dans son nouveau mémoire sur la « Parenté des langues » où il pénètre le fond même de ma pensée. Il y discute le caractère de la « coercition » que, à la suite de Durkheim, j’ai posé comme fondamental pour le fait linguistique. Le degré de cette coercition varie assurément beaucoup d’une communauté linguistique à l’autre ; mais là où il n’y a pas un certain degré d’unité, dû à un certain degré de coercition, il n’y pas vraiment « langue », puisque, sans uns résistance à la diversité, les sujets tendraient à ne plus se comprendre entre eux“.
2 Es ist dies wohl das letzte erhaltene Zeugnis der Korrespondenz Meillets mit Schuchardt. Ein Nekrolog aus seiner Feder konnte nicht gefunden werden, doch könnte an seine Stelle die Besprechung der 2. Aufl. des Breviers (1928) treten, die im BSLP 1930, Rez. 8-9 erschien: „Parue six ans après la première et suivant de près la mort du maître dont elle résume l’enseignement général, cette nouvelle édition comprend plusieurs morceaux qui ne figuraient pas dans la première et, en même temps, fournit une bibliographie corrigée et complète. Elle demeurera comme un monument pour l’histoire de la linguistique“ (9).