Pauline Allamand an Hugo Schuchardt (15-00064)

von Pauline Allamand

an Hugo Schuchardt

Genf

11. 06. 1916

language Französisch

Zitiervorschlag: Pauline Allamand an Hugo Schuchardt (15-00064). Genf, 11. 06. 1916. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2022). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.8154, abgerufen am 29. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.8154.


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11 Juin 19161

Cher Monsieur

Cette année j’aimerais ne pas laisser passer la date de nos tristes souvenirs, sans vous adresser quelques lignes de sympathie.

Veuillez m’excuser si j’ai été silencieuse l’an dernier, mais sans compter cette horrible guerre qui bouleverse tout le monde, j’ai passé par une série de circonstances pénibles

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Au nouvel-an 1915 je perdais le frère cadet de mon père âgé de 93 ans. Il laissait des affaires très embrouillées. Je suis sa seule nièce mais j’ai presque perdu la vue, je ne puis plus lire ni écrire, il a donc fallu que je donne ma procuration à un jeune cousin qui venait sans cesse me consulter, car il fallait prouver que je suis la seule héritière; et sans compter le notaire j’ai un avocat ici à Genève, et non à Paris.

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Vu les événements que nous traversons, tout n’est pas encore terminé, cependant nous approchons je l’espère de la fin. Mais je vous assure que pendant les 6 premiers mois de 1915 j’étais tellement fatiguée que je croyais perdre la tête, et lorsque j’aurai pu vous écrire c’était trop tard. Cet hiver encore la domestique qui me sert fidèlement depuis 16 ans a été dangereusement malade; habituée à ses soins je me suis ressentie de son absence et

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ai été malade à mon tour. Je me sens bien vieille et me réjouis de voir arriver le terme du voyage. Et vous cher Monsieur comment traversez vous ces temps orageux? Il est bien heureux que votre chère mère ne soit plus sur cette terre, car son cœur sensible ne pouvait [ gem. pourrait ??] supporter la vue de tant de souffrances. Si seulement les hommes s’humiliaient devant Dieu confessant leurs péchés, je pense qu’Il suspendrait ses jugements et interviendrait en grâce pour mettre fin à la haine, qui pousse les hommes à se tuer au lieu d’aimer leur prochain.

Que Dieu vous bénisse et fasse prospérer vos fleurs pour lesquelles rien n’est changé.

Votre vieille amie
P Allamand2


1 Wolf, Schuchardt, 96 deutet das Datum als den 11.6.1926; richtig ist jedoch, wie zahlreiche inhaltliche Bezüge lehren, das Kriegsjahr 1916.

2 Die unbeholfene und krakelige Unterschrift zeigt, daß die Absenderin mit vorgerücktem Alter ihre Briefe diktierte.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 00064)