Louis Joseph Albert Mallac an Hugo Schuchardt (07-06818)
von Louis Joseph Albert Mallac
an Hugo Schuchardt
16. 07. 1882
Französisch
Schlagwörter: Romania (Zeitschrift) Baissac, Charles Bos, Alphonse Paris, Gaston
Zitiervorschlag: Louis Joseph Albert Mallac an Hugo Schuchardt (07-06818). Paris, 16. 07. 1882. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2019). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.8008, abgerufen am 03. 10. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.8008.
Paris, 16 Juillet 1882
J’ai bien reçu, mon cher Monsieur, votre très-intéressante lettre du 12 courant, et la petite brochure de Civaudanes-Campeis.1
Je voudrais être plus ferré sur toutes ces questions de philologie au milieu desquelles, vous et les adeptes de cette Science, vous vous jouez avec tant d’aisance, pour pouvoir répondre dignement à votre discussion de certains points du livre de M. Baissac, de l’article de M. Bos et enfin de la réponse de M. Baissac.2
Il me paraît difficile d’établir des règles fixes pour l’emploi alternatif de l’é fermé et de l’é muet. Dans la plupart des cas c’est une question d’euphonie – Les nègres en général ont horreur des consonnes rudes telles que l’r; c’est ce qui fait qu’il les suppriment dans les |2| mots prendre, rendre, coudre etc. Ils disent; prend, rende, coude. Ils disent to va sive li, ou to va sivé li; mais jamais to va sivre lì.
- Je crois que vous avez raison quand vous supposez que l’impératif a été pour beaucoup dans la forme adoptée pour tel ou tel verbe. Le propriétaire d’esclaves employait l’impératif et tutoyait ses gens.
Vous me semblez également dans la vérité, quand vous faites dériver le neque de n’est que ou bien de ne … que. Ce n’est que cela devient tout naturellement neque ça.
J’ai remarqué que le nègre était rebelle à prononcer l‘é (eu); il faut un travail des lèvres, les fermer et les presser en avant en les contractant, qui fatigue sa paresse; alors, partout où il se trouve en présence de cet e il le transforme. De |3| secouer, il fait sacouyé, de besoin, il fait bisoin, de bœuf bef, et ainsi de suite.
En a est la corruption de il y en a. On le voit clairement dans la phrase: Napasyena, où les deux négations ne et pas, au lieu d’être, comme en français, au début et à la fin de la phrase, se trouvent réunis en un seul mot: il n’yenapas, Napas yena.
Par exemple, je ne crois pas que çampec vienne de champêtre. Les mots civandane et çampec me font l’effet d’être d’origine malgache.
Loin de vous en vouloir de vos critiques, Baissac s’en réjouira infiniment, j’en suis sûr. Je lui enverrai votre lettre qui lui sera un vrai régal.
MrParis3 n’a pas fait d’activité pour le livre de Baissac; ni mon ami Guillaume Guizot4 non plus. L’un et l’autre m’avaient promis d’en parler, l’un dans la Romania, l’autre dans le Journal des Débats, et ils ne l’ont pas fait. Mr Léo Quesnel5 a fait paraître un |4| petit article dans la Revue Politique et Littéraire.6
Les lettres pour Maurice quitteront Marseille Dimanche prochain, 23. Elles passeront par le canal s’il plaît aux Bédouins de ne pas ensabler le dit Canal.7
Veuillez recevoir, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs
Albert Mallac
1 Nicht identifiziert; Lesart unsicher.
3 Gaston Paris (1839-1903), franz. Philologe.
4 Guillaume Guizot (1833-1892), franz. Essayist, Übersetzer und Literaturprofessor.
5 Keine Lebensdaten; vgl. seinen Werkkatalog: https://data.bnf.fr/fr/10872556/leo_quesnel/ (1856 bis 1889).
6 L. Q., „Anciennes Colonies françaises: Ile Maurice. Le Patois“, La Revue politique et littérarie III, 3, Juillet 1881 à Janvier 1882, 471-472.
7 Gemeint ist wahrscheinlich der Suez-Kanal. Die Meinung war damals in Europa weit verbreitet, daß man den Arabern den Kanal gebaut hätte, die ihn dann ihrerseits versanden lassen würden.