Louis Couturat an Hugo Schuchardt (29-01987)

von Louis Couturat

an Hugo Schuchardt

Paris

01. 07. 1904

language Französisch

Schlagwörter: Internationale Verständigungssprache Association Internationale des Académies Österreichische Akademie der Wissenschaften (Wien)language Esperantolanguage Englischlanguage Deutschlanguage Russisch Gomperz, Theodor Ostwald, Wilhelm Mach, Ernst Frankreich Wien

Zitiervorschlag: Louis Couturat an Hugo Schuchardt (29-01987). Paris, 01. 07. 1904. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2018). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.7026, abgerufen am 28. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.7026.


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DÉLÉGATION POUR L’ADOPTION D’UNE LANGUE AUXILIAIRE INTERNATIONALE  
SECRÉTAIRE : M. L. LEAU                                                TÉSORIER : M. L.COUTURAT
6, Rue Vavin                                                                         7, Rue Nicole
PARIS (6 e)                                                                            PARIS (5e)
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                                                                                                                 Paris, le 1er juillet 1904.

Monsieur et honoré Collègue,

Un ami m’envoie l’article que M. Gomperz a publié dans la Neue Presse „Zur Frage der Universalsprache“,1 où il prend décidément parti contre nous. Vous en avez sans doute connaissance. Je viens d’écrire à M. Ostwald une longue lettre pour l’inviter à répondre, et lui indiquer quelques arguments de fait qui réfutent certaines des allégations de M. Gomperz. Je regrette assurément qu’un savant aussi renommé prenne parti contre nous, c. à. d. contre le progrès et l’avenir;  |2| mais je regrette surtout qu’il invoque pour nous combattre des arguments aussi mesquins, et fasse appel à des sentiments aussi peu généreux que l’égoïsme ou plutôt l’orgueil national. La L. I. ne serait certes pas „l’abdication des grands devant les petits“, mais tout au plus, comme je l’ai dit, un terrain neutre où toutes les nations pourraient  se rencontrer sur un pied d’égalité. M. Gomperz préfère sans doute l’écrasement des petits par les grands;2 et son rêve paraît être la guerre linguistique étendue à tout l’univers. Il multiple les exemples de relations scientifiques internationales, qui sont contraires à cette rivalité et à cette hostilité des langes entre elles; il oublie que le polyglottisme n’est qu’un symptôme du mal, et n’en est pas le remède.

Il y a une chose que je ne comprends pas dans son article; après avoir consacré 3 |3| colonnes à dire que l’Association des Académies ne doit pas s’occuper de notre projet, que celui-ci serait dangereux pour elle, il arrive subitement à dire: „Himmelweit verschieden von solch einer … gefahrvollen Initiative wäre die Beschäftigung mit dem Problem einer allgemeinen Verständigungssprache …“ et il admet qu’un tel problème serait de la compétence de l’Association. Mais alors, quel autre projet nous attribue-t-il? Le projet d’une lange universelle, c. à. d. unique pour toutes les nations? Ce n’est pas croyable!

Quant aux insinuations malicieuses ou malveillantes relatives à la France, nous ne pouvons que les dédaigner, et plaindre un savant d’avoir recours à de tels arguments.3 Nous avons conscience de travailler, non pour la France, mais pour l’humanité; nous sommes „citoyens du monde“, suivant la belle expression de Kant, |4| et si cette attitude devait être mal comprise ou mal interprétée dans la patrie de Kant, ce serait dommage pour elle. On verrait alors de quel côté est le chauvinisme de l‘ „Engherzigkeit“.

L’article de M. Gomperz m’apprend que c’est à Wien que se réunira en 1907 l’Association des Académies.4 L’honneur qui est ainsi fait à l’Académie de Wien nous fait un devoir de redoubler nos efforts auprès d’elle, auprès des Académies allemandes et du public allemand. Je sais que vous ne pouvez guère répondre directement à M. Gomperz (qui, tout en épluchant les noms français des savants étrangers de notre Liste des signatures, a oublié de citer le vôtre et celui de M. Mach, et de mentionner le rapport dont l’Académie de Wien vous a chargé); mais j’espère que vous trouverez une occasion de plaider notre cause auprès du public autrichien et allemand (comme vous l’avez déjà fait), et de combattre ainsi l’influence défavorable de l’article de M. Gomperz.

Veuillez agréer, Monsieur et honoré Collègue, l’expression de mon respectueux dévouement.
Louis Couturat


1 Neue Freie Presse, Nr. 14308 (Samstag, 25. Juni; Morgenblatt) 1904 [Theodor Gomperz, „Besprechung von Th. Ostwald, Die Weltsprache“], S. 1-4 (jeweils unterer Teil der Seiten). Es handelt sich um einen zwar kritischen, jedoch sachkundig abwägenden Beitrag, der u. a. das Für und Wider der Verständigung der Wissenschaftlichen Akademien als der berufenen Specher der Wissenschaft auf eine einzige Weltsprache erörtert. Hier sei nur ein Satz zitiert (S. 3): „Wenn Nordamerika, wie wir gesehen haben, bei diesem Unternehmen durch seine Abwesenheit glänzt, so kann uns das nicht im mindesten wunder nehmen. Die 80 Millionen Menschen, welche derzeit die Vereinigten Staaten bewohnen, tragen kein Verlangen nach Esperanto oder nach der ,blauen Sprache‘. Das Englische leistet ihnen dieselben und besseren Dienste“.

2 Vgl. HSA 03872.

3 „Die englische Sprache strebt gleich der deutschen und auch der russischen mächtig empor, gewinnt stetig an Ausbreitung und Geltung. Nicht so die Sprache des im Mutterlande stationären, von Kanada abgesehen, auch auswärts sich nicht erheblich vermehrenden französischen Volkes. So steht es um Frankreichs ererbte Sprachsuprematie ähnlich wie um den Glanz eines altadeligen Hauses, der zur Stunde noch kaum merklich gedämpft, aber von der Rivalität erfolgreicher Emporkömmlinge täglich mehr bedroht ist“ (Oswald, op. cit., S. 2, Sp. 2).

4 „Eine eingehende Behandlung des Problems dürfte von den an der Agitation beteiligten Kreisen in der 1907 zu Wien stattfindenden Generalversammlung der assoziierten Akademien versucht weden“ (letzter Satz von Gomperz‘ Rezension).

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 01987)