Michel Bréal an Hugo Schuchardt (02-01322)

von Michel Bréal

an Hugo Schuchardt

Unbekannt

02. 04. 1889

language Französisch

Schlagwörter: Junggrammatiker Reflexion über wissenschaftliche Schulenlanguage Volapüklanguage Nilo-saharanische Sprachen Schuchardt, Hugo (1888)

Zitiervorschlag: Michel Bréal an Hugo Schuchardt (02-01322). Unbekannt, 02. 04. 1889. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2019). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.7002, abgerufen am 08. 10. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.7002.


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2 avril 89

Mon cher Collègue,

Que je vous suis reconnaissant de tout ce que vous m’avez envoyé ! Moi aussi, je vivais dans une sorte de marasme intellectuel, fatigué des anciens linguistes, que j’ai trop lus, et peu satisfait des Junggrammatiker, dont le ton dogmatique m’inquiète et dont la transcription trop savante me jette dans le|2| découragement. Si j’avais pu prévoir que la philologie prendrait un jour cet aspect, j’aurais préféré faire de l’algèbre.

On est heureux de lire un philologue qui pense et qui fait penser. Si, avec cela, on trouve un homme qui sent, et qui parle même quelquefois le langage des dieux, que demander de plus ?

Vous m’excuserez si, parmi le choix varié que vous m’avez offert, j’ai commencé par votre brochure sur le Volapük.1 Je la |3| connaissais déjà un peu : mais je l’ai relue – surtout la première partie – avec grand plaisir. Il est heureux que ces choses soient dites par un Allemand : si elles venaient d’un Français, nous verrions aussitôt la critique déballer ses grands mots – Vernünftelei – Kurzsinn – verstehen nur das Gemachte, nicht das Gewordene – Keinen Sinn für das organisch-nothwendige, etc. etc. Je vous félicite d’avoir gardé votre franc-parler au milieu de ce |4| débordement de phrases creuses, qui intimide les uns et entraîne les autres.

Je ne vous écris aujourd’hui que pour vous annoncer la réception de vos brochures. J’aurai soin de vous les renvoyer à mesure que je les aurai lues.

Ne viendrez vous pas cet été goûter le frais au pied de la tour Eiffel ? Vos amis de Paris, parmi lesquels je me permets de me ranger, seraient heureux de vous revoir.2

Votre tout dévoué
Michel Bréal


1 Schuchardt, Auf Anlass des Volapüks, Berlin: Oppenheim, 1888.

2 In diesem Jahr ist keine Paris-Reise Schuchardts nachweisbar.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 01322)