Louis Couturat an Hugo Schuchardt (08-01966)

von Louis Couturat

an Hugo Schuchardt

Paris

09. 05. 1902

language Französisch

Schlagwörter: Internationale Sprache Österreichische Akademie der Wissenschaften (Wien) Klassische Philologie Association Internationale des Académies Universität Kiellanguage Volapüklanguage Französischlanguage Englischlanguage Deutschlanguage Esperanto Ostwald, Wilhelm Leipzig Wien

Zitiervorschlag: Louis Couturat an Hugo Schuchardt (08-01966). Paris, 09. 05. 1902. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2018). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.6975, abgerufen am 10. 10. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.6975.


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DÉLÉGATION POUR L’ADOPTION D’UNE LANGUE AUXILIAIRE INTERNATIONALE
SECRÉTAIRE : M. L. LEAU                                                TÉSORIER : M. L.COUTURAT
6, Rue Vavin                                                                         7, Rue Nicole
PARIS (6 e)                                                                            PARIS (5e)
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Paris, le 9 mai 1902

Monsieur et très honoré Collègue,

Je vous remercie vivement de votre lettre, et de la démarche que vous comptez faire à l’Académie de Wien, et du conseil que vous nous donnez à ce sujet. J’écris immédiatement à M le Prof Ostwald pour lui demander s’il pourrait faire envoyer mon article aux membres de la classe phil.-hist. de l’Académie, en l’accompagnant d’une lettre de recommandation. J’espère qu’il me répondra favorablement, et que l’envoi pourra être fait. |2| Je regrette que ma brochure ne soit pas encore imprimé en allemand, mais j’attendais une réponse de l’éditeur de Leipzig. – J’espère que votre santé vous permettra d’aller à Wien, et je fais tous mes vœux pour elle. Puisque vous ne pouvez pas faire de communication officielle, vous pourriez décider M Th Gomperz1 à en faire une: il paraît bien disposé en notre faveur.

Tout ce que vous me dites sur la marche à suivre est fort juste, et concorde parfaitement avec nos propres vues. Il y a deux questions bien distinctes, que nous nous efforçons de séparer pour les résoudre méthodiquement et successivement, la question de principe et la question de choix. Celle-ci doit évidemment être réservée à ce „centre autorisé“ et compétent dont vous parlez, et qui se trouve, à notre avis aussi, dans l’Association internationale des Académies.

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Mais l’autre question relève du public, ou tout au moins de la masse de ceux que nous appelons „les intéressés“, et ceux-là ont voix au chapitre, et sont compétents pour exprimer leurs besoins et leurs vœux; et cela est nécessaire pour que les Académies prennent la chose en considération. C’est cet ensemble des „intéressés“ que la Délégation veut représenter aussi complètement que possible, et parmi eux les commerçants ne sont ni les moins „intéressés“ ni les moins „intéressants“. On peut comparer l’élaboration de la L. I. à la construction d’un chemin de fer: tous les habitants du pays ont le droit de donner leur avis sur l’utilité de la ligne et sur le tracé qu’elle doit suivre (en gros); c’est ensuite aux ingénieurs à la construire conformément aux vœux et aux besoins des populations. Les „intéressés“ n’ont pas besoin de savoir comment se fait |4| un chemin de fer (pourvu qu’il soit possible); mais les ingénieurs ne sont pas les meilleurs juges de l’utilité du chemin de fer (à moins qu’ils ne se placent au point de vue du public.) Les ingénieurs, dans notre affaire, ce sont les philologues; avec cette différence, que les ingénieurs et les architectes ne demandent qu’à construire, même sans nécessité, tandis que les philologues (en général) se soucient médiocrement de fabriquer une L. I. C’est pourquoi il faut que le public les pousse. Mais il est évidemment mauvais juge (la preuve en est le succès inexplicable et immérité que le Volapük a remporté passagèrement), et ce n’est qu’à la longue, par l’expérience et par l’usage, qu’il couronnerait le meilleur projet. Il appartient aux savants de devancer son choix instinctif et irréfléchi, et de lui épargner des tâtonnements, des aventures et des déceptions sans nombre.

- Veuillez agréer, Monsieur et très honoré Collègue, l’expression de mon respectueux dévouement.
Louis Couturat

P. S. Je connais le projet de Dietrich;2 il est impraticable. Le projet français auquel vous faites allusion doit être celui de l’abbé Ardouin3 qui propose seulement de simplifier le français comme d’autres ont fait pour l’ anglais ou pour l’allemand. Il n’y a pas à en tenir compte.

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P. S. Je vous serais reconnaissant de me donner les deux renseignements suivants, si vous les possédez (sur une simple carte postale):

1° Quel est le poète auteur de la phrase que vous avez cité: „Was die Sprache gewollt, haben die Sprachen zerstört.“?4

2° M le Prof. Tönnies,5 de Kiel, qui est venu me voir ces jours derniers, m’a affirmé que le „J von Grimm“ qui a écrit à Péra, le 10 janvier 1860, le fameux „programme d’une langue universelle“ ne peut être l’illustre philologue de ce nom. Pourriez-vous me me tirer de l’incertitude?6 Nous aurions besoin d’être fixés sur ce point, car nous comptons publier ledit programme dans notre Histoire de la Langue Universelle (qui est fort avancé). Elle comprend une douzaine de langues a posteriori (Esperanto, etc.) et 7 ou 8 langes mixtes (Volapük et Cie) [Doit-on dire: Hilfs- ou Hülfssprache?]


1 Theodor Gomperz (1832-1912), Klass. Philologe, 1873-1890 in Wien. Vgl. HSA 03871-03874, bes. 03872. Vgl. auch Ernst Mach (Brief 02-06746, 19.4.1902) an Schuchardt: „Wenn Sie der Sache das Opfer bringen wollten, nach Wien zu kommen, würden wir uns alle sehr freuen. Niemand wird ja verlangen, dass Sie zur feierlichen Sitzung oder zum Diner kommen. Ich habe heute mit Gomperz gesprochen; er war eben nicht sehr orientirt über die Angelegenheit, steht derselben aber durchaus nicht ablehnend gegenüber. Vor allem muss Couturat mindestens 10-20 Exemplare des Prospectes senden, damit die Herrn klar werden können, um was es sich handelt“ (vgl. auch die dazu gemachten Anmerkungen von Johannes Mücke).

2 Carl Dietrich (keine Lebensdaten), Interlinguist; Verf. von Grundlagen der Völkerverkehrssprache. Entwürfe für den Auf- und Ausbau einer denkrichtigen, neutralen Kunstsprache als zukünftige Schriftsprache, eventuell auch Sprechsprache für den internationalen Verkehr, Dresden: Verlag von Gerhard Kühtmann, 1902.

3 Nicht nachgewiesen. Er soll der Vertreter eines „Français International“ gewesen sein.

4 Nicht nachweisbarer Schiller-Pentameter. Titel eines Buches von Eugen A. Lauda (Berlin 1888) zum Weltsprachenprogramm .

5 Ferdinand Tönnies (1855-1936), deutscher Soziologe, Ökonom und Philosoph.

6 Vgl. PK 01981. Couturat / Leau, Histoire de la langue, 1903, 121-127 widmen ihm ein ganzes Kapitel und erwähnen ihn auch sonst mehrfach.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 01966)