Victor Henry an Hugo Schuchardt (45-04606)

von Victor Henry

an Hugo Schuchardt

Paris

25. 02. 1904

language Französisch

Zitiervorschlag: Victor Henry an Hugo Schuchardt (45-04606). Paris, 25. 02. 1904. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2019). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.6881, abgerufen am 29. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.6881.


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UNIVERSITÉ DE PARIS
FACULTÉ DES LETTRES
Paris, le  25 février 1904.

Cher collègue et ami,

Vous, de la génération qui s’en est allée! Allons donc, c’est pure coquetterie de votre part.1 Pour se persuader du contraire, il n’y a qu’à voir la façon dont vous instruisez celle qui vient et le soin que vous prenez des relations internationales de celle qui va venir. Vous êtes, à coup sûr, le plus vivant de l’équipage de notre bateau.

Sans entrer dans le détail de vos débats, où je manque de toute compétence, j’ose croire que je vous comprends parfaitement: il est agaçant de ne pas convaincre; mais c’est à quoi il se faut résigner, en songeant que d’ailleurs, si l’on y arrivait, la vie et la science seraient trop plates. C’est la diversité seule des esprits qui fait trouver de |2| l’agrément à la science, comme à un paysage immuable reflété en un miroir cheangeant.

Là, par exemple, où je ne vous suis plus, c’est sur les hauteurs de l’ethno-psychologie. Mes faibles poumons n’y ont jamais trouvé d’air respirable: j’ai une vague idée de que peut être la psychologie d’un individu; mais je ne sais pas ce que c’est que celle d’une nation, et j’en suis venu à l’idée irrévérencieuse que l’ethno-psychologie a été inventée uniquement pour faire des rentes à quelques professeurs … Voyez plutôt, dans le cas actuel.

Vous louez M. S. R.2 d’avoir condamné, quoique Français, l’esprit simpliste.3 Or, moi, qui suis Français de race au moins aussi pure que M. S. R., – car, si ma mère était Alsacienne, mon père était Lorrain des hautes Vosges et ne savait pas un mot d’allemand,4 – j’ai écrit, moi aussi, il y a six mois à peine, dans un article du Journal des|3|Savants sur un ouvrage de M. Alfred Hillebrandt: „Il n’y a rien de simple en matière d’origines,“5 A quoi celui-ci, pour qui je professe, cela va sans dire, la plus affectueuse estime, m’a répondu naturellement: „Dazu stimme ich ganz bei“.

D’autre part, ce même M. S. R., que vous louez et avec lequel je suis cordialement lié, est, sur un point du moins à ma connaissance, l’esprit le plus simpliste qu’on puisse imaginer. Parce que Robertson Smith 6 a démontré, croit-il, – et cette démonstration elle-même est suspecte et einseitig, – que le sacrifice religieux des Sémites procédait du totem, lui, dis-je, M. S. R. enseigne sans sourciller que tout sacrifice procède du totem, y compris celui des Indo-Européens, sur les origines duquel les Vedas fournissent pourtant des documents assez clairs et diametralement contraires à |4| cette périlleuse généralisation.7

En vérité, je vous le dis, tutto ‘l mondo è come la nostra famiglia.

Si vous jetez les yeux sur le n° 8 de cette année de la Revue critique, vous y verrez comment votre science escuara8 y est estimée de celui-là même à qui vous reprochez, avec raison sans doute, de vous avoir lu d’un œil superficiel et flüchtig.

Pardon de cette longue lettre: c’est celle d’un valétudinaire que les beaux jours raniment et qui se sent tout heureux de sourire de nouveau à la vie, à la science, à l’amitié, à mille choses à qui il croyait devoir dire adieu et dont vous, mon excellent collègue, n’êtes pas la moins chère.

V. Henry


1 Vermutlich bezieht sich Henry auf eine Antwort Schuchardts, mit der sich dieser für (ebenfalls nicht überlieferte) Glückwünsche Henrys aus Anlass seines 82. Geburtstags bedankt hatte.

2 M. (Monsieur ?) Salomon Reinach (1858-1932), franz. Religionswissenschaftler.

3 Schuchardt, „Trouver (drittes Stück)“, ZrP 1904, hier S. 53: „Es wäre aber ein Irrtum überall, auch in der Niederung, das Einfache finden zu wollen; l’esprit simpliste n’est pas l’esprit scientifique“. Es ist nicht bedeutungslos, daß das ein Franzose – S.Reinach – gesagt hat, denn gerade bei den Franzosen ist der simplistische Geist sehr verbreitet“.

4 Vom Vater heißt es: „[A] six ans il [=Victor Henry] perdit son père, un des plus anciens maîtres du lycée de Colmar“ (Biographie alsacienne avec portraits en photographie 1884, 39-42, hier 39.

5 Henry, „La Mythologie védique“ , Journal des Savants, Nouvelle série, 1re année, 489-501 [Besprechung von Alfred Hillebrandt, Vedische Mythologie III , Breslau: Marcus, 1892], hier S. 500. In der leider sehr unübersichtlichen Bibliographie am Ende von Puech, Linguistique et Partages, 2004, scheint diese Rezension zu fehlen.

6 William Robertson Smith (1846-1894), schottischer Theologe, Verf. von The Religion of the Semites, First Series: The Fundamental Institutions, 1889, dt. 1899.

7 Salomon Reinach, L'origine des Aryens. Histoire d'une controverse, Paris: Ernest Leroux, 1892; Ders., „Totémisme et exogamie“ , Cultes, Mythes, Religion, Bd. I, Éd. Ernest Leroux, Paris 1905, 79-85 u. a.

8 Meist „euskara“ - Es handelt sich um die Besprechung von Édouard Bourciez, „H. SCHUCHARDT, Die Iberische Deklination. [...]“, Revue critique d’histoire et de littérature 63, N. S. 49, 197, 441-442. – Zu Édouard Bourciez (1854-1946), Gascognist, seit 1893 Ordinarius in Bordeaux, vgl. HSA 01281-01287.

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