Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (508-06115)

von Georges Lacombe

an Hugo Schuchardt

Bayonne

24. 08. 1925

language Französisch

Schlagwörter: Webster, Wentworth Humboldt, Wilhelm von Trombetti, Alfredo Sare Schuchardt, Hugo (1907)

Zitiervorschlag: Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (508-06115). Bayonne, 24. 08. 1925. Hrsg. von Katrin Purgay (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.6201, abgerufen am 18. 04. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.6201.


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Bayonne, le 24 août 1925

Cher et très honoré Maître,

Mille remerciements pour votre dernière lettre, si aimable: je l’ai lue avec le plus vif intéret.

La journée d’Axular, à Sare, aura lieu le 17 septembre : je ne manquerai pas, au début de ma conférence, où j’évoque le souvenir de Materre, d’Harismendi,1 de Webster etc. de transmettre votre salut, dont nous vous sommes reconnaissants.

Au sujet de la question que vous me posez, voici ma réponse: on dit, même pour une femme, chevalier de la légion d’honneur: j’ai vu même imprimer Madame le docteur! Le français est très médiocre dans l’expression du féminin. En allemand, au moins dans certains cas |2| l’usage paraît indécis, puisque l’on trouve par exemple Frau Professor et Frau Professorin.

Il me semble que cette demoiselle G. Webster est bien la fille de notre Webster: Urquijo pourra certainement élucider la chose.

Avez-vous vu le nouveau livre de Philipon,2 paru il y a quelques mois: Les peuples primitifs de l’Europe méridionale Paris, Leroux, 1925. L’auteur persiste toujours dans son point de vue sur les Ibères, mais il a une façon à lui de présenter les choses! On lit p.ex. p. 158: «On a reconnu depuis longtemps la stupéfiante inanité des rapprochements que de Humboldt prétend établir entre le basque et l’onomastique de l’Ibérie; aussi les érudits qui persistent à voir dans les Ibères les ancêtres des Basques |3| ont-ils renoncé à étayer leur système de preuves linguistiques. En désespoir de cause, ils ont fait appel à l’anthropologie et à ce que nous nommons aujourd’hui le folk-lore.» (!!) Et p. 171 (à propos de Pisoraca):3 «Quoi qu’en dise M. Schuchardt (Die iber. Deklin., p. 15), l’origine ibère de ce mot ne fait pas le moindre doute: son p initial ne permet pas d’y voir un mot celtique et la forme du suffixe exclut à la fois l’origine latine et l’origine ligure.» P. 176 : «Les objections soulevées par M. Schuchardt (loc. cit. p. 14) contre la conclusion que je tire du genre du pronom relatif n’ont aucune valeur. Il tombe sous le sens, en effet, que si Pline qui avait longtemps séjourné en Espagne, écrit: Ossigi quod cognominatur Latonitum4 à côté de |4|Ituci quae (cognominatur) Virtus Julia, 5 c’est qu’il savait que dans la langue des Ibères Ossigi était un neutre et Ituci un féminin. Soutenir le contraire, c’est s’inscrire en faux contre l’évidence. » Même page : «Dans son désir d’expliquer le nom du fleuve Illeberis (Pol. 34,10,1) par le basque iri berri «ville neuve», M. Schuchardt en est réduit à soutenir que ce sont les villes qui ont donné leur nom au fleuve qui les traverse (l. c., p. 6), opinion singulière qui fait songer à Calino remerciant la Providence d’avoir fait passer les grands fleuves dans les grandes villes» etc. Dans ce fougueux ouvrage, M. Philipon consacre des chapitres aux Thraces, aux Phrygiens, aux Egéens, Pélasges, |5| aux Hellènes, Illyriens, Ligures, Celtes et consorts.

Je suis en train de lire le livre de Trombetti, mais tellement de langues y sont citées qu’on s’y noie. Si vous vouliez écrire un compte-rendu de cet ouvrage, vous rendriez un grand service à la linguistique.

Demain je pars pour Vichy (Allier) (Villa de Mantes-la-Jolie.) Cette adresse est valable jusqu’au 15 septembre, car je ne quitterai cette station thermale que pour aller à Sare.

Izan bethi, ene nagusi maitea, erne eta biškor!

Zure zerbitzari aphala

G. Lacombe


1 Abbé Christobal d’Harismendi.

2 Édouard Paul Lucien.

3 Et. Name eines Flusses; heute: Pisuerga oder Ort an besagtem Fluss; heute: Herrera de Pisuerga.

4 Lat. ‘Ossigi, das mit dem Beinamen Latonitum versehen ist’.

5 Lat. ‘Ituci, das mit dem Beinamen Virtus Julia versehen ist’.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 06115)