Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (286-06008)

von Georges Lacombe

an Hugo Schuchardt

Paris

15. 12. 1912

language Französisch

Schlagwörter: Bibliothèque Nationale de France Bibliothèque de la Sorbonne (Paris) Revue internationale des études basques Institut de Francelanguage Französischlanguage Baskisch Azkue y Aberasturi, Resurrección María de Uhlenbeck, Christian Cornelius Darricarrère, Jean Baptiste Meyer-Lübke, Wilhelm Meillet, Antoine Urquijo Ybarra, Julio de Baskenland Lacombe, Georges (1914–1915)

Zitiervorschlag: Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (286-06008). Paris, 15. 12. 1912. Hrsg. von Katrin Purgay (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.5711, abgerufen am 29. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.5711.


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Paris, le 15 décembre 1912

Veuillez m’excuser, cher et très honoré maître, de n’avoir pas répondu plus tôt à votre aimable dernière lettre. Je suis en train de mettre un peu d’ordre dans le fouillis des notes que j’ai prises durant les 33 jours que j’ai passés aux Aldudes, où je travaillais presque quotidiennement avec un cultivateur y ayant toujours vécu et ne sachant pas un traître mot de français. J’ai recueilli de sa bouche un grand nombre d’historiettes plus ou moins humoristiques, et le plus de phrases que j’ai pu. A Pâques je retournerai dans le même village et y viderai plusieurs autres sujets. Quand il s’agira d’écrire un livre où seront consignés tous mes résultats, je ne me dissimule pas que la |2| tâche sera rude, car aucun travail de ce genre n’a encore été fait pour le basque, je ne m’en aperçois que trop.

Pour aujourd’hui, permettez-moi de vous signaler un mot à ajouter à ceux signifiant tonnerre: je l’ai recueilli de la bouche d’une femme d’Alsasua fixée aux Aldudes: c’est hostai, ou plutôt jost ai (Azkue donne jostei1 dans un autre dialecte).

Azkue erre toujours à travers le pays basque en quête de chansons. De son dictionnaire il n’a encore paru que 48 pages. C’est regrettable, car si le reste paraissait nous aurions là bien des synonymes et variantes phonétiques dont la réunion est, sans cela, presque impossible à obtenir |3| complète. Je note p.ex:

abandonado: (perezoso) antsibaga (B.), antsigabe (G.), antsikabe (L.) ardurabako (B), arduragabeko (An, G.), arlote (c.), arthagabeko (L.), as̃ulabage (R), baldan (B), G), bandil (B, G.), basi (An.), berton, beerako (B), dandar (B), derden (R), farras (B, G.), narras (An., B., S.), narratz (An.), patar (B), potz (G.), sabar (An. B. G.) tuntun (An. B. N.). Bien qu’il soit peu probable que tous ces mots aient un sens analogue, de semblables listes seraient à désirer. – Comme synonyme de abarka, il donne beze (B., arc.) et zata (An, Bn. G.). – Pour agalla (excrescencia redonda de ciertos árboles), nous avons: arits̃arko, aritz-sagar, ats̃arko, bolints̃a, dants̃ari, dantzalari, dantzari, dardara, gangailota, insaur, |4| kanika-mail̃a, karit̃a, kaskarabar, kaskarabil, kazkarabar, kiskil, kukubala, kukubolants̃a, kukubolints̃a, kukurrats̃a, kukurreta, kukurru, kukurumel, kukusagar, kukutanbel, kurkubio, kurkubita, kurrunbela, kuskuila, kuskuil̃u, kuskulu, kutil̃ maila, pos̃pol, pospolin, tronpo, ts̃ants̃abola, ts̃ants̃anbola, ts̃ants̃anperro, tsants̃il̃ikote, ts̃ants̃il̃ote, ts̃urru. – Le bascophile apparaît toujours: p.ex., sous agosto, nous avons: agorril et dagenil, mais aboztu est omis.

Très prochainement, je me rendrai à la Bibliothèque nationale pour jeter un coup d’œil sur les manuscrits africains d’Ant. d’Abbadie et vous communiquerai le résultat. Quant à la publication de M. Halévy sur le dembia, je n’ai pu encore savoir où ni quand elle a paru. – A la |5| Société philologique, il a été souvent question des langues africaines du temps où y allait Ant. d’Abbadie, et il est arrivé plusieurs fois que le basque a été mêlé à la discussion. Les procès-verbaux des séances étaient à cette époque très détaillés. Si je trouve quelque chose qui puisse vous intéresser, j’aurai l’honneur et le plaisir de vous le transmettre. J’ai ainsi découvert, tout à fait par hasard, des documents sur la langue des Pieds-Noirs que M. Uhlenbeck ne connaissait pas.

M. Uhlenbeck devait subir une opération ces temps-ci. J’espère que sa maladie n’est pas trop grave et fais des vœux pour sa guérison prompte et définitive.

M. Darricarrère m’a envoyé |6| à moi aussi son nouveau travail. Il y cite Meyer-Lübcke et Meillet: malheureusement la méthode de ces deux linguistes ne paraît pas l’avoir beaucoup impressionné.

Vous me rendriez bien service, cher et très honoré maître, si vous vouliez bien m’envoyer deux ou trois exemplaires des tirages à part de vos derniers articles, pour que je puisse les faire relier à part et déposer les autres exemplaires à la Sorbonne et à la Bibliothèque Nationale. Les deux bibliothèques ayant vos œuvres presque complètes, un bibliothécaire m’a dit qu’il serait bon de continuer à y mettre ce que vous publiez dans la Revue. Agréez, je vous prie, mes |7| remerciements anticipés pour cet envoi.

Je vous remercie de la plaquette que vous avez eu la bonté de m’adresser et que j’ai trouvée à mon retour de Bayonne: nul ne s’est réjoui plus sincèrement que moi de votre élection, et je m’étonne avec tout le monde que l’Institut de France ne vous compte que comme correspondant.

Vous avez sans doute appris que l’Académie de Bordeaux s’est attaché J. de Urquijo comme correspondant pour les Basses-Pyrénées (avec de Jaurgain, Dubarat et un autre dont le nom m’échappe en ce moment). Je suis très heureux de ce succès mérité qui contribuera encore |8| à augmenter le zèle bascologique de mon ami.

Veuillez agréer, Monsieur et cher Maître, l’expression des mes sentiments très respectueusement dévoués>

G. Lacombe

J’ai lu plusieurs fois Nub. und Bask. Ces analogies sont vraiment frappantes! Mais par suite de quelles circonstances le verbe être ainsi que les noms de nombre sont-ils si différents dans les deux langues?

A l’instant je reçois une communication du Dr Etchepare. Il s’agit du mot pintšilint(a), signifiant fleur (terme générique) dans le basque de Silveti et villages alentour. C’est toujours un synonyme de plus à lore et lili.


1 En Azkue no se encuentra jostei, sino jost oi.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 06008)