Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (220-05972)
von Georges Lacombe
an Hugo Schuchardt
14. 03. 1912
Französisch
Schlagwörter: Eskualduna Tobler, Adolf Stempf, Victor Baskenland Schuchardt, Hugo (1912)
Zitiervorschlag: Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (220-05972). Paris, 14. 03. 1912. Hrsg. von Katrin Purgay (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.5386, abgerufen am 19. 09. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.5386.
Paris, jeudi 14 mars 1912 (mi-carême!)
Monsieur et cher Maître,
Je vous suis très reconnaissant de la précieuse indication bibliographique que vous avez eu l’obligeance de me donner. Et je compte très prochainement me mettre à l’étude de ce mémoire de Tobler, qui, je n’en doute pas, précisera un peu mes idées en philologie.
J’ai commencé à écrire un petit article intitulé: «Dechepare, Stempf et M. Schuchardt[»]. Je suivrai votre conseil et ferai ressortir les différences et les ressemblances qu’il y a entre le premier texte de Stempf, le second (manuscrit) et le vôtre. Il va sans dire que je serai extrêmement prudent et dogmatiserai |2| le moins possible, car pour faire sur ce sujet un travail vraiment fouillé il faudrait une connaissance intime de l’allemand que je suis fort loin de posséder. Mais si malgré tout j’ai commencé ce travail, c’est que je crois assez bien comprendre Dechepare, qui écrit en cizain.
Je passe à la question importante, la Hauptfrage de ma lettre d’aujourd’hui.
Les efforts que j’ai faits pour mettre sur pied une petite note intéressante sur l’impératif transitif basque en général ont échoué. Aussi vous abandonne-je bien volontiers les matériaux que j’avais recueillis, heureux s’ils peuvent donner lieu à quelques lignes supplémentaires à erraintzac...., ou simplement vous intéresser.
|3| Il me semble me rappeler que je vous ai donné déjà connaissance de la phrase de mon oncle F. de St Jayme: «On dit jakinak par abréviation et j’ai même entendu izkik.... » (S. J. est cizain par son père et mixain par sa mère). En ce qui me concerne, j’ai entendu souvent en Basse-Navarre orientale izak, izan, fais-le, et au pluriel in-zatzik, in-zatzin. – On prononce en réalité jakinaak, mais -aak ne forme qu’une syllabe, si tant est que le concept de syllabe soit quelque chose de bien défini: Cet -aak peut provenir de -e(z)ak ou bien peut être un -ak élargi qu’on emploie pour insister sur l’action.
Voici maintenant ce que raconte le vieil ami Broussain:
«....Voici les verbes les plus usuels:
Errak | Dis-le |
|4| | |
Jazak, jan zak | Mange-le |
Edazak | Bois-le |
Jakizak, jakinzak | Sache-le |
Emak | Donne-le |
Ikusak | Vois-le |
Harrak | Prends-le |
Bilak | Ramasse-le |
Behazak | Regarde-le (1) |
Hunkizak | Touche-le |
Hilak, hilzak | Tue-le |
Pereka zak | Caresse-le |
Jo zak | Frappe-le |
Idekak | Ouvre-le (2) |
Hetsak | Ferme-le (En b.-nav. or. plus souvent zerra zak. – G. L.) |
Ekarrak | Apporte-le |
__________________________________________________
(1) En b.-nav. or., signifie exclusivement entends-le ; regarde-le se dit so izak et mieux so izakok. – G. L.
(2) En b.-nav. or. plus souvent za(b)alzak. G. L.
|5|1 Ces formes-là (et celles-là seules) sont usitées à Hasparren.
Si on dit indifféremment: hilak et hilzak on ne dira jamais en revanche edak ou harzak (Ces 2 dernières formes sont très usitées en mixain, ou edazak paraît inconnu: on dit edaak!)
Pour confirmer mon opinion là-dessus j’ai consulté deux de mes compatriotes qui savent parfaitement notre parler local et qui ne connaissent que celui-là. L’auxiliaire ezak ne s’entend jamais ici.»
-
Cette dernière observation me rappelle que mon grand’oncle maternel, Sauveur de Saint-Jayme, qui est mort il y a 2 ans à 89 ans, disait toujours jan ēzak (il avait passé 80 ans de sa vie dans le pays de Cize). On se moquait beaucoup de cet ezak, mais il disait que les gens de sa génération l’employaient constamment.
|6| Voici maintenant la communication du D r Etchepare (lettre du 15 janvier):
«... Types d’impératifs transitifs:
en k | en ak | en (e)zak |
egik | egizak | |
higik | higizak | |
jakik | jakizak | |
emak | emanzak (peu usité) | |
estalak | estalzak | |
bilak | bilzak | |
jazak, janezak | ||
hilak | hilzak | |
jozak | ||
ithozak | ||
urkazak | ||
adizak | ||
jastazak | ||
hunkizak | ||
|7| | ||
bihurrak | bihurzak | |
aurdikak | aurdikzak (peu usité) | |
harrak | harzak (peu usité) | |
asmazak | ||
salak | salzak | |
erosak | eroszak | |
aldazak | ||
ikusak | ikuszak (peu usité) | |
behazak | ||
itzulak | itzulzak | |
bilhazak | ||
igorrak | igorzak | |
helak | helzak | |
gordezak (1) | ||
motzak | ||
ebak | ebakak | ebakzak |
galak | galzak | |
leherrak | leherzak | |
ukazak | ||
(1) En b.-nar. or. plutôt gordazak G.L. | izizak | |
|8| | ||
urrunak (peu usité) | urrunzak | |
hedazak | ||
salhazak | ||
jostazak | ||
berdinak (peu usité) | berdinzak | |
hutsak | hutszak | |
utzak | utz zak (peu usité) | |
hautsak | hautszak | |
idekak | idekzak | |
hetsak | hetszak | |
jalgik | galgizak» |
J’avais demandé quelques renseignements complémentaires à l’auteur, et voici ce qu’il m’a répondu le 7 fév.:
«.... Jalgik, je ne l’ai entendu qu’une fois, à Mendionde. On dit généralement, au Pays basque français, jalizak, en escamotant le g.
Higik, je ne l’ai, non plus, |9| entendu que deux fois, toujours à Mendionde. Dans les deux cas, il faisait partie d’une phrase de menace: higik, ikusteko! C’était un jeune homme qui défendait à son frère de toucher à un instrument aratoire que ce dernier s’obstinait à remuer. On dit cependant partout: higizak.
Ebak n’est venu à mes oreilles qu’une fois, à Mendionde. Je crois que c’est une forme incorrecte: il faudrait dire ebakak, et c’est ce qu’on fait partout (Je ne crois pas que ebak soit incorrect: on dit idok! egon! ikhus! etc. l’auxiliaire est ici sous-entendu. – G. L.)
Jazak est universellement employé, en escamotant l’n. L’impératif de ce terme n’a pas d’autre forme à cette personne. (Universellement est de trop; Etchepare ne connaît guère que le b.-nav. occ. et le b.-navarro-labourdin qu’emploient plusieurs rédacteurs de l’ Eskualdun(a) G.L.)
On dit utzak, urrunak et non utz-zak, urrun-zak, à moins qu’on ne veuille appuyer sur les syllabes, en cas de |10| menace. De même igurikak, et non igurikzak. Du reste, l’examen de ma liste vous convaincra qu’on se laisse inconsciemment guider par la loi du moindre effort et par l’oreille.»
Voici, pour terminer, ce que j’ai trouvé dans les Chansons pop. du Pays basq. de Sallaberry: beha (soul) regardez (sans auxiliaire) diziplina (soul.) retenez (sans auxiliaire) ez egin (soul.) ne faites-pas (id), erradazu (soul.) dites-le moi, disimüla ezazü, cachez-le, so’giok (soul.) (regarde-le à lui (b. nav. or : so izakok)) khunta ezazü (racontez-le, soul.); pharka! (pardonnez ; soul.) etc. etc. Par parenthèse, je rencontre une forme curieuse, bien qu’il s’agisse probablement d’un lapsus: habilua, va: ce doit être pour habil, hua! – Le bizcaïen serait curieux à étudier au point de vue qui nous occupe (des transitifs)
Veuillez excuser, Monsieur et cher Maître, cette prolixité, et me croire votre bien respectueusement dévoué
G. Lacombe
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