Henri Gaidoz an Hugo Schuchardt (094-03283)

von Henri Gaidoz

an Hugo Schuchardt

Paris

11. 12. 1898

language Französisch

Schlagwörter: Budapesti Hírlap Auerbach, Bertrand (1898) Gaidoz, Henri (1899) Dufourmantelle, Maurice (1898) Wolf, Michaela (1993)

Zitiervorschlag: Henri Gaidoz an Hugo Schuchardt (094-03283). Paris, 11. 12. 1898. Hrsg. von Magdalena Rattey (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.5254, abgerufen am 28. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.5254.


|1|

Paris 11 Déc. 98

Cher Monsieur,

Je suis bien honteux de n’avoir pas encore répondu à votre lettre du 20 Nov. J’ai toujours un peu les mêmes causes d’excuse, misérable état de santé qui me laisse seulement le temps de préparer mes cours et la force de suivre le tread-mill de la vie professionnelle.

Je vous remercie pour votre journal de Graz (avec la prosopopée du vieux génie allemand de l’Autriche). Mais ce sont de vaines récriminations. L’Europe et le monde sont en train de se transformer radicalement comme équilibre de forces. Pour moi, je le regrette d’autant plus que la France descendra de plus en plus, dans le nouvel ordre de choses européen et mondial (pour employer un affreux néologisme)!

Je regrette bien de n’avoir pas pensé à parler de votre brochure à propos d’Auerbach, au moins dans une note, et je verrai si je puis réparer cet oubli.1 J’ai écrit cet article en vacances, ayant emporté seulement dans ma station d’eaux ce livre dont j’avais été forcé de promettre le compte-rendu.

|2| Il ne faut pas vous étonner que les journaux français n’aient pas parlé de votre brochure quoiqu’on la leur ait envoyée 1° On n’a de comptes-rendus dans les journaux que par relations personnelles et camaraderie 2° On y ignore généralement les questions de politique étrangère et on ne s’y intéresse pas 3° Dans les quelques journaux où certains rédacteurs connaissent ces questions, on est prudent pour ménager les opinions, sentiments ou passions du public: or, les Tchèques étant des amis de la France et luttant contre les Allemands, on ne peut que leur donner raison en tout et partout.[1] Le public français ne comprend pas du reste les vexations que signifie la “Parität”: pour lui, public monoglotte, cela n’a aucune signification.

Je m’aperçois du reste à mon cours de l’Ecole des Sciences Politiques comme il est difficile de faire comprendre à des Français, habitués chez eux à l’unité en tout, la complication de l’organisation et des idées en Autriche. Je suis le plus clair et le plus élémentaire possible et pourtant un étudiant croate qui vient quelque fois me parler après le |3| cours, me dit que ses camarades français se font difficilement une idée des choses autrichiennes. Pour lui, Croate, il trouve que je n’entre pas assez profondément dans les questions: mais si je le faisais, - d’abord le temps me manquerait dans la limite de mon cours – et puis les étudiants français s’y perdraient tout à fait. Mon expérience de l’enseignement est qu’il ne faut pas mettre trop de choses dans une leçon.

C’est jeudi prochain que je ferai (en 55 minutes!) la Bohème, la Moravie et la Silésie, origines, histoire, statistique des nationalités, luttes, conflits – sans compter les religions et aussi les Polonais de la Silésie, et devant un public auquel il faut d’abord montrer ces pays sur une carte murale d’Europe, car beaucoup n’en savent pas la situation. - À ce propos pourquoi critiquiez-vous l’expression Ein Keil im Fleische Deutschlands ?2 Elle doit pourtant être d’un géographe allemand – En terminant et pour mieux faire comprendre le côté d’équité de la question germano-tchèque au point de vue de la “parité” des langues, je ferai un parallèle entre Tchèques et Allemands en Bohème d’une part – et Flamands et Wallons (ou Français) en Belgique.

Pour me tenir au courant des questions |4| sud-slaves en Autriche, au moins du côté slave, je viens de m’abonner à la Pensée Slave de Trieste3 – Si vous-même, à l’occasion, vous m’envoyez des journaux allemands ayant des articles instructifs sur ces questions, ils seront les biens-venus.

A ce propos, que signifie la Junctim de vos journaux?4  la récession de la question de la quote avec celle de la douane intérieure (entre Autriche et Hongrie)?

C’est par vous que j’avais appris (cet été) qu’Auerbach avait été mis à l’Index par le Budapesti Hirlap.5

Je vous fais un envoi d’imprimés par cette poste.6

Gustave Meyer a-t-il fini de mourir?7

Bien à vous

HGaidoz

J’ai aussi été étonné de voir paraitre une traduction des mémoires de Lang dans une revue française.8 Cela s’explique sans doute par des relations personnelles nouées au congrès statistique de Bude-Pest.9

[1] Voyez comme Auerbach a été prudent sur la question tchèque–allemande dans son livre10 !


1 Es geht um Gaidoz‘ Artikel zu Bertrands Les races et les nationalités en Autriche-Hongriein den Ann. des Sc. Pol. (Paris: Alcan, 1898), in dem Schuchardts Broschüre nicht erwähnt wird. (Siehe Brief vom 13. November 1898 ( 091-03282): Gaidoz kündigte hier an, er werde diesen Artikel verfassen.

2 Im Feuilleton der Epoche (Prag) (S.1, Sp. 1) vom 11. Juli 1878 (Nr. 25) befindet sich unter dem Titel Alte und Neue Gedanken folgende Stelle mit ebendiesem Zitat: „Ein Volk von mehreren Millionen, dessen ureigenste nationale Existenz selbst unsere Widersacher durch den Ausspruch, daß wir ‚ein Keil in Deutschlands Fleische‘ seien, anerkannt haben, ein solches Volk hat wahrlich das Recht, sich auf sein natürliches Recht zu berufen (…)“ (Vgl. in ANNO/Österreichische Nationalbibliothek abgerufen am 26.08.2021).

3 La Pensée Slave, Journal politique-littéraire, wurde in französischer Sprache von 1898 bis 1902 unter der Herausgeberschaft von Ante Jakić in Triest samstäglich herausgegeben. Die Vorgänger-Zeitung erschien in italienischer und kroatischer Sprache unter dem Namen Il pensiero slavo von 1894-1898, während ab 1903 die Nachfolgezeitung der Pensée SlaveSlavenska Misao in kroatischer Sprache publiziert wurde (vgl. Boaglio 2006: 2306). Gaidoz’ Sichtweise auf das Blatt formulierte er in seinem Artikel Langues d’État et langues nationales wie folgt: „(...) en devenant organe français, la Pensée Slave a voulu devenir l’organe des Slaves en Autriche dans une langue universelle, et même, semble-t-il, l’organe des Slaves en général.“ Im Gegensatz dazu habe der Pensiero Slavo die Rechte der „Slaves de l’Adriatique“ verteidigt (vgl. Annales des Sciences Politiques, 1899, 478).

4 Siehe Brief vom 20. Jänner 1899 (103-SG27) in dem Schuchardt auf diese Frage antwortet. In der Neuen Freien Presse (S. 9, Sp. 1) (Schuchardt las diese Zeitung regelmäßig, siehe Brief vom 31. Dez. 1898 (096-SG22)) vom 19. Nov. 1898 (Nr. 12300) wird das „Junctim“ als „eine Sicherung für eine bessere Quote bei dem Zoll- und Handelsbündnisse“ zwischen Österreich und Ungarn beschrieben. Im Zuge der Beratung über die Gemeinsamkeit des Zollgebietes wurde innerhalb des Ausgleichssausschusses darüber diskutiert (vgl. in ANNO/Österreichische Nationalbibliothek abgerufen am 10.5.2016).

5 Folgendes Buch dürfte auf die „schwarze Liste“ des Budapesti Hirlap gesetzt worden sein: Auerbach, Bertrand. 1898. Les races et les nationalités en Autriche-Hongrie. Paris: Alcan.

6 Es ist möglich, dass Gaidoz damit u.a. die Zusendung einer Rezension von Maurice Dufourmantelle über Schuchardts Broschüre [Archiv-/Breviernummer: 324] im Bulletin mensuel de la société de législation comparée XXIX (August/September 1898) meint (vgl. Wolf 1993: 622).

7 Bezüglich Meyers Zustandes teilt Schuchardt Gaidoz im Brief vom 12. Jänner 1899 (099-SG24) mit: „er vegetirt nur, kennt Niemanden, spricht nicht“. Seine Erkrankung hatte bereits 1897 zur Beendigung seiner Lehrtätigkeit geführt. Am 28. August 1900 starb Meyer an seiner Erkrankung (progressive Paralyse). (Vgl. "Meyer, Gustav" in ÖBL 1815-1950, Bd. 5 (Lfg. 25, 1972), S. 426).

8 Dies dürfte als eine Erwiderung auf Schuchardts geäußerte Verwunderung: „Es wundert mich dass Lángs Artikel in der Revue politique et parlementaire erschienen ist“ im Brief vom 20. November 1898 (093-SG21) gedeutet werden.

9 Der Congrès internationale de statistique fand 1876 in Budapest statt (vgl. dazu Congrès international de statistique: compte-rendu de la neuvième session à Budapest. 1878. Budapest: Impr. de l’Athenaeum, einzusehen in Gallica abgerufen am 26.08.2021).

10 Auerbach, Bertrand. 1898. Les races et les nationalités en Autriche-Hongrie. Paris: Alcan.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 03283)