Charles Bonnier an Hugo Schuchardt (03-01221)
von Charles Bonnier
an Hugo Schuchardt
06. 02. 1894
Französisch
Schlagwörter: Kriegsgefangenenkorrespondenz Lettres de soldat Spitzer, Leo (1921)
Zitiervorschlag: Charles Bonnier an Hugo Schuchardt (03-01221). Oxford, 06. 02. 1894. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.5248, abgerufen am 03. 10. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.5248.
19 Regent Street .Oxford
6 Février 94
Cher Monsieur,
On vient de créer à l’Université d’Edinburgh une ,Lectureship‘ pour la littérature française et les langues romanes. Mes amis d’ici, le Dr Neubauer1 entre autres, m’ont engagé à me présenter. Mais pour cela, il faut ce qu’on appelle ici un testimonial et je me suis décidé en vous en demander un.2
A moins cependant que vous n’ayez un autre candidat à recommander, en ce cas je serais reconnaissant de me prévenir.
J’ai toujour eu le regret d’ignorer votre opinion sinon sur la valeur du livre, au moins sur celle des documents que j’ai insérés dans mes „Lettres de Soldat“.3 Je vous en avais envoyé un exemplaire naturellement et je me suis demandé, d’après votre silence, |2| s’il vous était parvenu.
Dans la nouvelle étude que je prépare sur le „Langage intérieur“4, recherche sur le mélange, j’ai spécialement traité un type ,paysan‘ dans ses rapports avec les différentes influences détérioratrices du patois. J’ai ramassé dans ce but pas mal de lettres d’ouvriers, qui, à mon avis du moins, sont encore plus typiques que celles de soldats car ils ont (leur patois a) à lutter contre des influences fortes et plus variées. Et cependant le patois (langue intérieure, la plus pure du mélange) se tient encore vivace et fait avec la langue artificielle ou apprise une juxtaposition, bien plus qu’un mélange, quoiqu’il faiblisse en beaucoup de places.
Les autres types de langage intérieur que j’ai tenté de dresser appartiennent encore à la philologie, par exemple le polyglotte, en qui l’on assiste à un contact violent entre deux grammaires, ces „croûtes“ du langage, comme dirait Montaigne5.
|3| Enfin, et ceci appartient plus à la psychologie, l’homme littéraire, qui, comme Théophile Gautier a appliqué la forme „le gauffrier“, forme d’une compression intérieure à toutes les autres impressions, et qui a, le plus souvent, la plus complète maîtrise sur la langue.6
Voux voyez que ce livre embrasse pas mal de questions, et pendant que j’y travaille, je serais heureux de voir des esprits, comme Schuchardt, Suchier et vous7 s’intéresser aux questions qu’il soulève, et discuter les idées qu’il représente. C’est que la philologie, sauf en vous et quelques autres, devient de plus en plus l’art de publier des éditions de textes, ,pour le plaisir‘ et que dans la psychologie est à mon avis le seul moyen de salut ,Heilsmittel‘, la seule source de vie pour la philologie.
Je vous prie d’excuser toutes ces longues considérations et ne voir dans ma |4| lettre que ce qui y est réellement, c’est-à-dire le désir de rester toujours avec vous en rapports d’idées.
Veuillez agréer, cher Monsieur,
l’assurance de ma considération
Charles Bonnier.
P.S. Je me mets naturellement à votre disposition pour toutes les recherches à faire dans les bibliothèques d’Oxford.
1 Adolf Neubauer (1832-1907), bekannter Hebraist, im slowakischen Kotešová als Sohn eines Kaufmanns geboren, studierte orientalische Sprachen in München und wurde nach zehnjährigem Aufenthalt in Paris Bibliothekar an der Bodleian Library in Oxford, deren hebräische Handschriften er katalogisierte. In seinen Souvenirs (p. 162) schreibt Bonnier über ihn: „A la Bodleian où je passais tant d’heures à copier des manuscrits, je connaissais Neubauer, le dernier des rabbins avec sa figure à la Rembrandt, sa petite veste rousse, et sa démarche fureteuse. Il était la providence des chercheurs étrangers, ami de Renan et de Paul Meyer. Il me recevait quelquefois chez lui, dans Norham Garden car il était fier de m’offrir du café, qui avait été apprécié et goûté par Mrs Mark Pattison, devenue depuis Lady Dilke. Malgré sa réputation européenne, il ne put être l’élève [wohl falsch gelesen für chief? FRH] librarian, il n’était pas assez gentleman, sans doute pour plaire aux autorités“ (vgl. auch ÖBL 7, 1815-1950, 78-79).
2 Am 3.2. hatte er Suchier (und Gaston Paris) ebenfalls um ein Zeugnis gebeten. In seinem Brief an Suchier präzisiert er: „D’ailleurs je n’ai pas grande espérance, car ce qu’on appelle ,Court of University‘ à l’Université d’Edinburgh se compose d’un certain nombre de légistes, High Chancellors et de Lords et d’un seul linguiste, et encore c’est un Graecisant; ainsi, jugez! Et puis, c’est un peu par curiosité, pour voir ce qui arrivera; si cela ne réussit pas, je resterai ici à Oxford comme devant“ (SBB PK, NL Suchier). Berufen wurde der Belgier Charles Sorolea (1870-1953), der 1912 zum ersten Ordinarius des Fachs in Edinburgh ernannt wurde und den Lehrstuhl bis 1931 innehatte.
3 Lettres de soldat. Etude sur le mélange entre le patois et le français , Halle 1891 (Auszug aus ZrP 15, 1891, 375-428). Dietrich Behrens schreibt dazu in Kritischer Jahresbericht 2, 1896-1897, 227: „CH. BONNIER handelte in anregender und verständiger Weise über die in fünfzehn Soldatenbriefen beobachtete Mischung von Patois und Schriftsprache. Das der Untersuchung zu Grunde gelegte Material hätte etwas umfangreicher sein können, und es bleibt zu wünschen, daß weitere Texte der genannten Art für sprachliche Untersuchungen zugänglich gemacht werden“. Diese dürren Sätze werden der Studie jedoch nicht gerecht, die an zwei frühere Artikel „Critique des chartes de Douai de 1203 à 1275“ (ZrP 13, 1889, 431-462 bzw. 14, 1890, 66-88; 298-343) anschließt. Bonnier bestreitet den mittelalterlichen Urkunden (scripta) mangels genauer Kenntnis der Umstände ihrer Entstehung jeglichen Wert für die Sprachgeschichte. Ganz anders die Soldatenbriefe, von denen er 15 näher untersucht. Sein Beitrag enthält, lange vor Leo Spitzers Italienischen Kriegsgefangenenbriefen (1921), interessante sprachsoziologische Beobachtungen. Was das Grundproblem der Sprachmischung angeht, bezieht er sich auf Schuchardt.
4 Der Buchtitel wurde verändert, vgl. Lfd.Nr. 04-01222.
5 Essais I, 26.
6 Théophile Gautier, Portrait contemporains: „Dût on nous taxer de marinisme et de ,gongorisme‘ nous avouons que cette recherche extrême et pleine de trouvailles nous va mieux que les idées communes coulées comme une pâte baveuse dans le gaufrier du lieu commun“ (149).
7 Er scheint zu vergessen, dass er an Schuchardt schreibt!