Maurice Harriet an Hugo Schuchardt (2-04412)

von Maurice Harriet

an Hugo Schuchardt

Halsou

Unbekannt

language Französisch

Schlagwörter: Baskische Dialekte - Baskische Dialektologie Sprachkontaktforschung/Kontaktlinguistik Lexikographie

Zitiervorschlag: Maurice Harriet an Hugo Schuchardt (2-04412). Halsou. Hrsg. von Bernhard Hurch und Maria José Kerejeta (2016). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.4630, abgerufen am 29. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.4630.


|1|

Halsou le 19 Août 1887

Monsieur,

Je vous suppose rendu à Gratz, et peut-être depuis bien des jours. Si je me suis fait attendre, vous voudrez bien m’excuser. Je viens de relire votre lettre: si je ne me trompe, votre dessein est de rechercher les emprunts que le basque a fait au latin, soit directement, soit par l’intermédiaire des langues néolatines, et les diverses formes que nos différents dialectes ont données aux radicaux empruntés. Vous voulez bien avoir mon avis spécialement en ce qui regarde le dialecte qui se parle ici. Je suis à votre service et vous n’avez qu’à me marquer les mots, ou groupes analogues de mots, sur lesquels vous désirez avoir des éclaircissements; je vous satisferai de mon mieux. Seulement je devrai vous fournir des données plus étendues que celles qui regarderaient le dialecte parlé à Cambo et environs. Les transformations et altérations, que le basque fait sortir aux radicaux étrangers à la langue, ne se renferment pas en quelques localités restreintes, sont communes à plus que quelques sous-dialectes. Je vous avouerai même que la distinction de tant de dialectes et sous-dialectes qu’on a depuis peu attribuée à notre langue, me semble peu justifiée. On a voulu trop spécialiser, et établir des différences de fond |2| où il n’y avait que différences superficielles : on en paraît plus savant et plus exact, on est moins instruit et moins connaisseur… il y a fort à réduire dans ces sous dialectes, pour être dans le vrai.

Dans le travail trop étendu que j’ai entrepris, celui de faire un Dictionnaire basque-français, comprenant les mots que j’ai pu recueillir des dialectes Labourdin, guipuzcoan, biscayen, Souletin, Bas-Navarrais, avec leurs Etymologies et leurs synonimes, le tout appuyé de textes authentiques puisés dans l’usage commun, ou dans les auteurs les plus autorisés. Je me suis convaincu d’une chose qui regarde votre travail, c’est que le basque a peu pris directement du latin, beaucoup de l’espagnol et du catalan, et cela dans tous les dialectes, moins dans le roman ou patois qui en dérivent. Il va sans dire que, dans nos régions cis-pyréneennes, grand nombre d’emprunts ont été faites [sic] au français, comme semblablement à l’espagnol dans les pays transpyrénéens, cela quant aux termes eux-mêmes, et à la forme qu’ils ont subies à leur passage au basque : les régions limitrophes : les régions limitrophes du reste de france et d’Espagne ne se sont pas abstenues d’échanger leurs formes.

Vous le voyez, et plus vous avancerez dans votre travail, plus vous vous apercevrez qu’il demande un long temps.

Je vous aiderai à ce que je puisse, bien que j’aie peu fait dans le genre dont vous paraissez vous occuper. La phonétique basque, dont je n’ai pas construit encore le système, a deux aspects : on la peut considérer soit quant aux diverses altérations qu’elle subit de mot basque à mot basque, soit quant à celles qu’elle subit de mot adventice à mot indigène : Ces deux aspects semblent les mêmes, et cependant différent l’un de l’autre bien qu’ils aient des points communs.

Mon dictionnaire n’en dit rien jusqu’à présent: c’est une question plutôt grammaticale, je n’y ai que des notes |3| que je rédigerais si mon âge m’en permettait l’espérance. C’est bien assez que je tâche à terminer mon Dictionnaire, et sert peu à supposer vu l’étendue que je lui donne. Quest mon désir c’est de le laisser fini et manuscrit. Quant à l’imprimer, je n’y pense pas, content de rassembler et de mettre en ordre les notes que j’ai commencé à prendre il y a plus de 25 ans, et que personne autre que moi ne pourra même lire.

Voilà pour répondre à ce que vous voulez bien m’en dire dans votre lettre. Eh ! oui, il est vrai, nous n’avons que des vocabulaires pour cette ancienne et philologiquement, même historiquement, importante langue. Larramendi lui-même, notre premier et plus solide explorateur, a laissé un dictionnaire très incomplet, plein de termes de son invention, et ne reproduisant qu’insuffisamment les mots d’autres dialectes que le sien, qu’il connaissait imparfaitement.

Je vous renouvelle, Monsieur, mes offres de servir tel quel, et l’expression de mes sentiments très distingués.
L’Abbé Mce Harriet, à Halsou
Canton d’Ustaritz, Bses Pyrénées.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 04412)