Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (127-05928)
von Georges Lacombe
an Hugo Schuchardt
03. 07. 1911
Französisch
Schlagwörter: Eskualduna Urquijo Ybarra, Julio de Vinson, Julien Azkue y Aberasturi, Resurrección María de Finck, Franz Nikolaus
Zitiervorschlag: Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (127-05928). Paris, 03. 07. 1911. Hrsg. von Katrin Purgay (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.4025, abgerufen am 18. 09. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.4025.
Paris, le 3 juillet 1911
Monsieur et cher Maître,
J’ai reçu ce matin votre lettre, votre article et les deux cartes postales. J’ai contrôlé toutes les citations, qui sont exactes. J. de Urquijo pourra donc faire mettre sous presse le tout.
Depuis mon article sur eskuaraz mintzatu gira il en a paru deux autres, anonymes bien entendu. Dans l’un on se rallie à ce que j’avais dit: l’auteur appelle a « arhin» celui de eskuaraz indéfini et a « zaphatu » celui de eskuaraz défini. Dans l’autre on contredit mes conclusions et l’on affirme que pour «en basque» il faut dire eskuarez, l’auteur ajoute même que ce suffixe ez (!) est spécial pour quand il s’agit de langues. Je lui fais remarquer que l’on doit dire pourtant urduz, bengaliz mintzatu |2| gira. Mais il ne voudra vraisemblablement rien entendre. Ce que c’est que de s’enfermer dans l’a priori!
Il va sans dire que je suis entièrement à votre disposition pour votre Einführung. Il est évident que de semblables travaux ne peuvent pas être d’une clarté absolue, mais qu’y faire? Les écrits des savants ne sont pas faits pour ceux qui ménagent leur peine et voudraient tout pouvoir lire comme un roman. Et je tiens de mon très éminent maître en philosophie Henri Bergson que la clarté, que nous tenons du classicisme grec, n’est pas de mise partout, car vouloir expliquer par des formules trop simples ce qui est la complexité même, c’est fatalement déformer l’objet à étudier, et, partant, passer à côté des vrais questions. - Puisque |3| vous me parlez de M. Vinson, je vous dirai que je lui ai dit bien des fois à lui-même que les remarques rapides qu’il sème sur le basque lui font du tort, car pour savoir ce qu’il pense sur telle ou telle question, on est forcé de feuilleter la collection entière de la Revue de ling., et même après cela on se demande quelles sont les opinions qu’il a abandonnées et quelles sont celles qu’il conserve, et, en outre, de quelle façon il résout certains problèmes qu’il n’a fait que mentionner. Je sais que M. V. projette de publier un Manuel de la langue basque, et cela depuis longtemps, mais ce travail n’est pas encore, que je sache, seulement commencé.
|4| Je prends la liberté d’attirer votre attention sur deux petits problèmes:
1°. - Broussain me signale un mot, qui n’est pas chez Azkue: baiz. Il s’emploie à Hasparren, mais très peu; il s’emploie davantage dans le pays de Cize. Il est usité dans deux cas:
a) Vous avez répondu bai à une personne qui vous a posé une question. Mais elle insiste: vous dites alors baiz (le z se prononce fortement et continûment); et cela équivaut au français «mais oui, je vous dis que oui»
b) Baiz veut dire aussi oui certes, ah, oui, par exemple! Ex: Juan zintazkea oinez Bordalerat ehun mila liberaren idabazteko? ‒ Baiz! ‒ Ce mot est-il une contraction de baietz, une syncope |5| de bai araiz (très usité en Cize pour arauez ou arauz), ou bien est-il simplement une variante de *bait qui selon vous est la forme primitive de bai?
2°. ‒ Nikechi est employé en Soule, et, paraît-il, à Uhart-Mixe, avec le sens de «de ma part»: errakozu nikechi. Je ne vois guère d’hypothèse pour l’explication de ce vocable ( nik-(e)-z ?)
L’ouvrage de Venedey dont je vous avais parlé, est, en outre de l’humour dont il est plein, fort intéressant et instructif. Je compte en résumer quelques parties dans l’Eskualduna et vous le communiquerai ensuite très volontiers.
|6| Vous connaissez sans doute un ouvrage qui vient de paraître, qui n’est pas à vrai dire très complet ni très scientifique, mais qui a à mes yeux un mérite très grand, celui de compléter Finck sur un point essentiel car il contient 16 cartes. Je veux parler de l’
Atlas philologique élémentaire
Essai de classification géographique des langues actuellement parlées (Imprimerie de l’Orphelinat de T’Ou-Sè-Wè Zi-Ka-Wei (près Chang-hai), par Henry Dugout (père jésuite)[)]. En attendant mieux (car il y a de nombreuses lacunes même dans les cartes) on |7| peut toujours l’utiliser.
Veuillez, Monsieur et cher Maître, me croire votre très respectueusement dévoué
G. Lacombe
P.S. - Y a-t-il quelque inconvénient à admettre que diot, diok, dio etc. aveclesens de je dis, tu dis etc. sont des formes de jo frapper?