Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (107-05923)

von Georges Lacombe

an Hugo Schuchardt

Paris

27. 11. 1910

language Französisch

Schlagwörter: Anthropologische Gesellschaft in Wien

Zitiervorschlag: Georges Lacombe an Hugo Schuchardt (107-05923). Paris, 27. 11. 1910. Hrsg. von Katrin Purgay (2017). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.4004, abgerufen am 28. 03. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.4004.


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Paris, le 27 novembre 1910

Monsieur et cher maître,

Il m’arrive une aventure bizarre. Il y a quelque temps, un ami m’écrivait pour me demander si je croyais que le flor et la sizette étaient des jeux de cartes basques. Je lui répondis et ajoutai quelques mots sur le mus. A ma grande stupéfaction, il publia, sans me prévenir, ma réponse (voir document n° 1). – Cette note provoqua une lettre (document n° 2). Mis en cause, je crus devoir donner quelques explications et crus pouvoir aussi in fine citer en les traduisant quelques lignes de vous (document n° 3). Et voici qu’on reprend la question en des termes d’ailleurs assez peu corrects. |2|

J’ai tenu à vous adresser ces documents puisque vous y êtes pris à partie. Si vous jugez bon de dire un mot là-dessus, je traduirai avec plaisir ce que vous m’enverrez. Dans le cas contraire je ferai passer un petit entrefilet au cours duquel je vous mettrai absolument hors de cause.

Avec mes remerciements anticipés je vous prie, Monsieur et cher Maître, de me croire toujours votre très respectueusement dévoué

G. Lacombe

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|4|Flor, Sizette, Muss1

En réponse à une triple question posée par nous, voici l’opinion de notre jeune et docte collaborateur M. Georges Lacombe :

1°. – Le flor est bien un jeu Espagnol importé en Pays Basque. Ce n’est donc pas un jeu proprement euskarien comme a l’air de le croire Sallaberry (de Mauléon) qui en parle dans l’appendice de ses Chants populaires du pays Basque. Les Espagnols l’ont emprunté aux Arabes (ainsi que tous leurs autres jeux de cartes).

2°. – Quant à la Sizette, c’est un ancien jeu français ainsi nommé parce qu’il se jouait (ou se joue encore peut-être) à six. Sa description figure notamment dans le Tome II de l’Académie universelle des Jeux (édition de 1810).

3°. –  Puisque nous sommes sur ce chapitre, le muss le fameux muss n’a lui non plus rien de Basque : c’est tout bonnement l’antique jeu français de2 la mouche.

(Le Journal de Saint-Palais du 13 novembre 1910)3

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Saint-Jean-Pied-de-Port4

St-Jean-Pied-de-Port, le 14 novembre 1910.

Monsieur le Directeur,

Je ne voudrais pas être désagréable à notre compatriote l’érudit M. Georges Lacombe, mais d’où, diable, tire-t-il que le jeu de muss (on prononce mouss) dérive de l’antique jeu Français « la mouche » ? Serait-il, victime d’une quasi-analogie des mots mouche et muss ?

Pourvu, mon Dieu qu’il nous laisse le muss et ne prenne  pas la mouche !

Ces diables de savants !!!

Veuillez agréer, etc…….

Norothe

(Le Jal de St Palais du 20 novembre 1910)5

|6|Mouche et Mus6

Un lecteur de ce journal désire savoir d’où je « tire » que le jeu de cartes appelé par les Basques mus est d’origine française. Je consens volontiers à le lui faire connaître.

En basque il n’y a pas de mots terminés en us, sauf bien entendu ceux qui sont aliénigènes. Et le français mouche ne peut, habillé à la mode basque, donner autre chose que mus (avec s supradentale). En outre, ce jeu, dont la description détaillée se trouve dans l’Académie universelle dès le XVIIe siècle ne se joue pas avec des cartes basques. Il faudrait donc, pour croire à son Euskaricité, admettre :

1° Qu’après avoir été inventé par les Basques il ait changé de nom.

2° Qu’on ait délaissé les cartes originales pour se servir de cartes espagnoles.

Au reste, je suis heureux de donner ici l’opinion du plus grand des Baquisants qu’on ait encore vus, M. Hugo Schuchardt, qui, au cours d’une communication faite en 1901 à la Société anthropologique de Vienne s’exprimait ainsi : « Lorsque en pays Basque j’appris de mon maître en eskuara, fort habile cordonnier, le jeu de mus avec son hordago et ses clignements d’yeux, ses keinuak je me sentis en plein dans l’âme populaire basque ; et j’éprouvai un vif regret quand j’appris plus tard, que ce jeu n’était autre chose que la mouche, connue même dans mon pays natal allemand. »

G. Lacombe

(le Jal de St Palais du 27 novembre 1910)7

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1 Im Nachlass unter Nr. 05924 verzeichnet.

2 Von Lacombe handschriftlich ergänzt.

3 Von Lacombe handschriftlich hinzugefügt.

4 Im Nachlass unter Nr. 05924 verzeichnet.

5 Von Lacombe handschriftlich hinzugefügt.

6 Im Nachlass unter Nr. 05924 verzeichnet.

7 Von Lacombe handschriftlich hinzugefügt.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 05923)