Émile Trouette an Hugo Schuchardt (12-11856)
von Émile Trouette
an Hugo Schuchardt
01. 02. 1883
Französisch
Schlagwörter: Kreolsprachen Schuchardt, Hugo (1882)
Zitiervorschlag: Émile Trouette an Hugo Schuchardt (12-11856). Paris, 01. 02. 1883. Hrsg. von Martina Pelz (2016). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.3644, abgerufen am 07. 12. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.3644.
Paris, le 1er février 1883
Monsieur,
Je reçois l’épreuve que vous m’avez adressée ;1 je vois, par certaines coquilles typographiques, que la correction n’en a pas encore été faite ; je puis donc peut-être arriver à temps pour quelques observations.
Page 1ère ligne 2. Il faut non pas d’un nègre mozambique, mais du nègre, ou plutôt du noir mozambique, dans le sens général que le pluriel des nègres pourrait exprimer.
Ligne 24. Non pas pét-être, mais p’t’et’, pit’êt’
Ligne 16. Non pas Li en vét –à moi, mais li en vé à moi.
La cace son patte ; pour quoi ne |2| pas écrire casse, si c’est le sens de casser. Dans le sens de cacher, ce serait caciette.
Fait gagne, plutôt que faire.
Ligne 19. Malhér l’arrivé, plutôt que l’a arrivé.
Ligne 20. Fait bouille, non faire.
Ligne 20. La couisse, non la cuisse qui est trop correct, trop français.
Page 2, ligne 1. Marmite et li ta tumbé, supprimer et.
Dans li fé, dire dann’ li fe’
Ligne 2. Cende, plutôt que cendre.
Ligne 4. Il me paraît douteux que le diable soit pour le Mozambique un esprit tentateur ; c’est seulement un monstre effrayant, un gros bébête.
Ligne 7. Les noirs du Mozambique pourrait signifier les noirs qui habitent le Mozambique. Dire : Noirs mozambiques.
Ligne 16. Pilime, quirié, tourouvé |3| appartiennent au créole des campagnes, à l’influence mozambique. En ville, les noirs disent plime, crié, trouvé.
28e ligne. Li l’entend. J’ai beau consulter mes souvenirs, je ne me rappelle pas avoir entendu dire li l’entend par un noir ; mais je l’ai très-souvent entendu dire par des blancs, par des Européens qui voulaient reproduire une phrase prononcée par un noir. Les noirs disent : Li y entend, ou li entend ou bien y entend li : Même observation pour zaut l’arrive, de la ligne 31e. Remarquez que, si on ne dit pas zaut’ l’arrive, on dit très-bien zaut l’arrivé pour le pané ils sont arrivés
Ligne 32. Je ne saisis pas le sens de cette ligne.
Ligne 35. Si jamais ne me semble pas créole.
Ligne 37. On dit y voit li.
|4|Page 3, Ligne 3. On dit zaut y sava .
Ligne 12. Partout ailleurs non, car c’est dans le mozambique seulement que ni se trouve, il me le semble, des moins.
Lignes 26, 27, 28. Je dirai plutôt : Moin nana, li nana, zaut’nana
Page 4. Ligne 9. Quiqui çoze, pour moi, n’est jamais prononcée chojo mais toujours çoze.
J’ai déjà dit qu’il ne fallait pas compter sur M. Cerisier.
Je vous aurai de Bourbon les Esquisses africaines.
Page 5 ; ligne 14. Je me demande si on a jamais dit moi l’enraze.
Ligne 21. Mi dit, ni dit, vi dit se trouvent plutôt dans la bouche des femmes et des enfants. Un gros cafre, un gros mozambique diront moui dit, moin y dit.
6 février Je réponds maintenant à la lettre du 30 janvier, que j’ai reçu il |5| il y a quatre jours.2
Pour moi, plus j’y pense, plus je crois que l’et y n’ont que la valeur que nous leur donnons. Quel motif autorise à les détacher, à les écrire séparément ? Pourquoi n’écrirait-on pas mi manze, ti manze, li manze, noui manze, voui manze, et même zoti manze, puisque Cafres ni Malgache n’ont jamais su, en prononçant zoti manze s’ils prononçaient un mot, ou deux, ou trois, que même l’idée de mot valeur est jamais entrée dans la tête ? Cet i de zoti ne serait qu’un i euphonique, comme l’i du τouτονι des Grecs. Nos habitudes grammaticales ne nous disposent-elles pas à donner aux sauvages de l’afrique et de Madagascar des intentions qu’ils n’ont jamais eues ?
Je conjuguerais ainsi :
1. Présent3
|6||7||8||9|M’y manze | les femmes et les enfants |
M’y manze |
s’y manze | |
nous y manze | |
vous y manze | |
zot y manze |
2. Présent
(je mange dans le moment
en anglais : I am eating)
m’y l’est après manzé | jamais |
t’y l’est après manzé | jamais |
l’y l’est après manzé | |
nous l’est après manzé | oui |
vous l’est après manzé | |
zot l’est après manzé |
Rem. L’y disparait au pluriel
dans les temps composés.
Passé simple (en mauricien : me té manzé = je
mangerai, mangerais)
n’existe pas
Passé absolu
(j’ai mangé)
m’y l’a manzé – | jamais hors de la maison civilisée |
t’y l’a manzé – | jamais ou rarement |
l’y l’a manzé – | oui partout |
nous l’a manzé – | oui partout |
vous l’a manzé – | oui partout |
zot l’a manzé – | oui partout |
Passé simultané
(je mangerais au moment où)
m’y l’été après manzé jamais hors de la maison
t’y l’eté - - jamais ou rarement
l’y l’été - - | |
l’y l’été - - | |
nous l’été - - | Oui |
vous l’eté - - | |
zot l’eté - - |
Passé récent
(je viens de manger)
m’y l’a fini manzé | |
t’y l’a fini manzé | |
l’y l’a fini manzé | |
nous l’a fini manzé | |
vous l’a fini manzé | |
zot l’a fini manzé |
Futur prochain
(je vais manger, je suis
sur le point de manger) Futur simple
(je mangerai) n’existe pas M. Baissac y ajoute : qu’en dit M. Trouette ? cette lacune me semblerait invraisemblable si le futur (dit prochain) ne suffisait partout.
Futur antérieur
m’y va manzé | |
t’y va manzé | |
t’y va manzé | |
nous va manzé | |
vous va manzé | |
zot va manzé. |
m’y l’aurai fini manzé | Jamais hors des femmes et des |
t’y l’aura ---------------- | enfants de la maison civilisée |
l’y l’aura --------------- | |
nous l’aura ---------------- | Oui partout |
vous l’aura ----------------- | |
zot l’autra ------------------ |
Conditionnel
m’y manzeré | |
t’y manzeré | |
l’y manzeré | Jamais nulle part |
nous y manzeré | Oui partout |
vous y manzeré | |
zot y manzeré |
Conditionnel passé
m’y l’auré fini manzé | Dire: Moin l’auré fini |
t’y l’auré -- | Zoné l’auré fini |
l’y l’auré -- | |
nous l’auré – | Oui |
vous l’auré – | |
zot l’auré -- |
Impératif
manze | |
fesse à li manzé | Très bien |
allons manzé |
manzé ------- Par d’accent même au pluriel manze à zot
lesse a zot manzé – Très bien.
4À l’egard de m’y l’est etc. j’ai des soupcons. Il est vrai, on donne comme exemple : lesse à moin tranquille donc, m’y l’est après manzé.
Mais la même personne écrit : quoiq’un ‘y manze plein vent’, moin l’est content ; dans le paradigme m’y là manzé et à côté comme exemple : moin l’a manzé la zoa gras, dans le paradigme, m’y l’été après manzé et à côté moin l’été après manzé quenqu’ mon fem’ l’a dit dans le paradigme m’y la fini manzé et à côté moin la fini manzé l’a l’hère la même ; dans le parad. m’y l’aura fini manzé et à côté : quanq’moin (m’y est biffé) l’aura etc.
De même, il m’est invraisemblable qu’on dise m’y va manzé, mais nous va manzé au lieu de nous y va manzé. |12|
Qu’est-ce que ca veut dire :?
l’y l’est maig’ maig’ : brèdes chond’ chinc ensemb’la mori.
Je ne connais pas cette locution ; mais elle doit signifier : Il est maigre, parce qu’il a pour toute nourriture des brèdes de Choux de Chine et de la morue. Cette nourriture, en effet, n’est pas propre à engraisser.
Le chou de chine est une sorte de moutarde dont la feuille se mange en brède, c’est à dire cuite avec de la graine, du sel, de l’oignon et du piment, dans de l’eau.
1 Schuchardt hatte offensichtlich eine Druckfahne seiner Publikation Sur le créole de la Réunion (Schuchardt 1882) geschickt. Die hier von Trouette angemerkten Fehler wurden für die Publikation nicht mehr korrigiert, Schuchardts Arbeit wurde bereits in der 1882 erschienenen Ausgabe 11 der Romania publiziert.
2 Im betreffenden Brief scheint Schuchardt insbesondere Fragen zur Konjugation im Kreolischen gestellt zu haben. Ab S. 9 findet sich im vorliegenden Dokument eine Flexionstabelle, die vermutlich von Schuchardt an Trouette gesandt wurde und von diesem kommentiert zurückgeschickt wurde. Die anschließenden Ausführungen Trouettes zum Verbalparadigma sind vor diesem Hintergrund zu sehen.
3 Siehe Anmerkung 2. Ab hier beginnt Schuchardts durch Trouette kommentierte Auflistung des Verbalparadigmas.
4 Der im folgenden Abschnitt mit roter Tinte verfasste Text stammt vermutlich von Schuchardt, die Antworten mit schwarzer Tinte vermutlich von Trouette.