Émile Trouette an Hugo Schuchardt (02-11846)
von Émile Trouette
an Hugo Schuchardt
08. 10. 1882
Französisch
Schlagwörter: Sprachprobe Übersetzung Sprachvergleich Phonologie Französischbasierte Kreolsprache (Réunion)
Französischbasierte Kreolsprache (Mauritius) Baissac, Charles (1880) Chaudenson, Robert (1981)
Zitiervorschlag: Émile Trouette an Hugo Schuchardt (02-11846). Paris, 08. 10. 1882. Hrsg. von Martina Pelz (2016). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.3611, abgerufen am 29. 09. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.3611.
Paris, le 8 octobre 1882
Monsieur le docteur Hugo Schuchardt
Professeur à l’université de Gratz Autriche
Monsieur le docteur,
Voici l’histoire du Chat botté,1 en créole de la Réunion, que je vous ai annoncée. C’est un peu long ; mais j’ai cru devoir suivre M. Baissac,2 pour que la comparaison des deux patois fût plus complète.3 J’ai cependant supprimé certaines choses qui m’ont paru fastidieuses, ou appartenant à des idées que les noirs n’ont pas habituellement, mais que M. Baissac a pu avoir raison de mettre, parce que les noirs de Maurice sont plus futés (I)
(I) qui vient peut-être d’affûter (aiguiser), et signifie fin, pénétrant, rusé, adroit, habile.
|2| que les nôtres.
Avant tout, il importe de se faire à la prononciation ; le patois prononcé paraîtra tout différent de ce qu’il parait écrit. Les diphthongues et les voyelles finales s’abrègent, s’élident même à peu près complètement devant un mot commençant par une voyelle ; cette abréviation est très sensible même devant un mot commençant par une consonne, mais laisse subsister un son très faible qui rappelle le son de la syllabe précédente, ou devance le son de la syllabe qui va suivre. Ainsi Avec sa bourrique donnera : Avéquéson bouriquou ou bien : Avéquou son bouriquou. Ce qui n’empêchera pas de dire : Avéqui son bouriquou ; de même que son bouriquou pourra être son bouriqui. Tout cela se comprend chez des gens qui n’ont aucune règle. Quelquefois l’élision n’a pas lieu, le débit lourd et traînant, du Cafre surtout, laissant un assez grand intervalle entre une finale et le mot suivant. |3| Comme le dit très bien mon beau frère, le créole a été fait par les Malgaches ;4 les Cafres l’ont pris tout fait.5 Que nous reste-t-il des mots apportés de la côte d’Afrique ? Si peu que rien, et cela se comprend. Le Cafre nouveau, nouvellement introduit, était pris de nostalgie, s’isolait au travail, pleurait dans son boucan (sa case), près de son feu, et ne parlait pas. Puis plus tard à sa nouvelle existence, il pouvait, s’il était jeune et employé dans la maison, reprendre sa gaité, mais il avait appris déjà, dans la maison, une autre langue bien propre à lui faire négliger la sienne. Le Malgache, au contraire, content de lui, rusé, même voleur, facilement acclimaté, à l’aise dans un milieu où il trouvait un grand nombre des siens, où il se créait une famille, continuait les habitudes des loquacité particulières à sa race. Le Cafre était aux champs, à la bande ; le Malgache et sa femme, à la maison, |4| en rapport, dès le premier jour, avec la famille du maître, lui enseignant leur langue, l’enseignant surtout aux enfants dont la femme avait la garde, tandis que le Cafre, même francisé, refusait obstinément de livrer quelques mots de la sienne. Il est donc resté, dans le créole, beaucoup plus de traces du malgache que du cafre ; mais dans sa lutte avec le français, le malgache ne pouvait guère l’emporter que là où le français s’abstenait, là où il s’agissait de végétaux importés de la Grande terre avec des noms tout faits, d’ustensiles du pays, ou de localités de la Colonie où le marron pénétrait avant l’Européen et qu’il s’empressait de dénommer. C’est ainsi que nous avons tous ces mots que vous a donnés mon beau frère6 et qui se sont fait accepter par leur grâce, leur harmonie, et auxquels j’ajoute : Mouffia, tanghin, tacahamaca, affouche, andrèze (noms de végétaux), caïman, sorte de |5| crocodile ; papangue, oiseau de proie ; rabane, tissu ; vouve, une nasse ; tondre, un briquet ; dzèze, un instrument de musique, rampangue, la portion du riz qui brûle au fond de la marmite ; simbou, lamba, pagne, canezou, des vêtements ; langouti, le plus simple des vêtements, plus simple encore que la feuille de oigne d’Adam ; sagaie (prononcez sagaille, comme bataille) une arme ; lancine, trompe retentissante formée d’une coquille percée d’un trou ; et ces noms de nos localités Manapani, Cilaos, Salayes, Cimandef, Mafate, Bénoune, Bécabo, j’ajoute Marzaze, afin de protester contre ce que mon cher beau-frère a dit de ce mot. Marzaze, formé de deux mots malgaches, marou et zaza x, signifiant, le premier, beaucoup et le second enfant, est le nom d’une propriété située dans le cirque de Salazie, près de la source thermale ; cette habitation (comme nous disons pour domaine rurale) appartenait à un de nos vieux colons, M. Charles Adam, |6| de Villiers, qui avait chez lui ses enfants et ses petits enfants en grand nombre ; de là le nom de Marou-zaza prononcez Marzaze. Marzaz est si peu l’origine de Marmaille, que le mot de Marmaille existait dans la langue française avant la découverte de Madagascar (Voir le Dictionnaire de Littré).7 Je ne crains pas que ceci puisse altérer la vive affection, le profond attachement que mon frère et moi nous avons l’un pour l’autre, mais je renseignerais envers et contre tous celui qui, comme vous, Monsieur, poursuit une étude consciencieuse.
Je vous renouvelle, Monsieur le docteur, l’assurance de tout mon dévouement.
E.L Trouette
x Pour petite fille on dit zazaquel.
33, boulevard Henri IV, Paris.
|7| II
Le Chat botté
[Long -
Bref ̆
Très bref ̆̆ presque élidé]
Zĭssĭtoīră̆ aīnĕ̆ çāttă qui mēttĕ’ bōttŏ.
Histoire un chat mot bottes
Boūnoŭ foūā boūnoŭ foūā lăvĕ aīn vīē boŭlān lăvĕ toūrōnā zen̄fan̄ts.
Bonne fois il y avait un vieux blanc avait trois enfants.
Li lavé aīné moūlin, aīnĕ̆ bourīquoŭ̆ avec aīné çatta.
Il avait une bourrique
Aīné zoūrou, ça vīé bounhoūmou-là y gaīngn‘ ain gārand malāda
Un jour ce bonhomme il gagne une grande malade (pour maladie)
pou li a mōro mēme.
Pour lui mort (pour mourir)
Ali appellé soun touroud zenfants ; y di à zantes :
Il ses il eux
Mou zenfants, avla moin pou moro telhéré.
Mes voilà moi pour mort tout à l’heure.
Na pas bizoin zaute y appellé zavoucats pou fé paritaza ;
Il n’y a pas besoin que vous appeliez des avocats pour faire le parlage
moin mêmé y paritaza.
Moi je partage
Toué, Paulo, à causo pili vié
Toi Paul à cause que plus vieux
moin donn’ à toué mou moulin ;
moi toi
toué, Batissi, moin y donne mou bouriquou ;
Baptiste je donne ma
toué, Zozéphé, qui pili pitit moin y donno mou çatta.
plus
Avlà coumou li encō apiré causé,
Voilà que comme il encore après causer
son lizié y férémé, a li a mōro même.
Ses yeux se ferment il meurt
Ça pitit là qui gaigné çatta, ali çaghirin ;
Ce chagrin
ali y dit : Mou garand firéré la gaigné moulin ;
frère
ali moudou di bilé, ali gaigné larizent ;
moudre du blé de l’argent
Batissi va çarrié la farini avecqué son bouriquou ;
charrier farine avec
ali gaigné larizent ; zauto dé na pas quérévé la faim :
eux deux ne pas crever de la faim
a moin là qu’la gaigné ring’ainé çatta, quouquou mou a fé ?
rien qu’un chat qu’est-ce que je ferai ?
Moua tié a li,
Il tue (pour tuerai) lui
moua coutou sou la viana,
je cuit (pour cuissai) son la viande (chair)
moua mandjié à li;
mangé (pour mangerai)
apiré ça quouquou moua fé?
après cela qu’est ce que je ferai
Moua quérévé la faim.
je crevé pour crèverai
Ali plaindé coumou ça, çatta la douroumi dissis li lit.
Pendant qu’il se plaint comme cela chat là dormi
|8| [2]8
[Quer : A Si toutefois l’idée d’avocat est jamais entrée dans la tête d’un cafre
B. Apirécausé, après causer ne veut pas dire : après qu’on a causé, mais : pendant que l’on cause
C. Ici apiré, après a bien le sens de aprèrs, après cela.]
Avla son dé garand firéré y di à li :
Voilà que ses deux grands frères disent à lui :
Arranz’ à toué ; quérévé la faim, si toué countent, quouqou ca y fe’ à nous ?
Arrange toi crève de faim si tu es content qu’est-ce que cela fait à nous.
si cela te plaît
M’en fou pas mal. Avla zauto dé y sava.
Je m’en f…. Voilà que ces deux s’en vont.
Quanq’ zauto dé fini pariti, çatta lévé la têté dissï lit.
Quand ces fini de partir lève la tête
sont partis
Ali parl’, ali; ali di coumou ça: Mou pitit metté, açout’ a moin.
Il parle, lui il comme cela Mon petit maître écoute moi
N’a pas bizoin vous çaghirin. Si vous y acoute à moin, vous vini rīci, rīci mêmé.
devenu riche
(pour deviendrez)
Sou metté y dit à li : quouquou tou a fé ?
maître tu vas faire
Ain pitit çatta coum’ a toué, toué cacaba gaigné mandjié pou de di mounou ?
comme toi tu capable manger pour deux mondes
deux personnes
N’a pas fouti.
Tu n’es pas capable.
Catta-la entêté. Ali di : Mou metté, doun ‘a
Mon maître donne á
moin quiquiçozo moua dimand’ a vous ;
moi quelque chose que je demande
ou demanderai
apéri ça ou a tourouvé. Sou mett’y dit à li :
après cela vous allez trouver. maître
Eh ben ! quouquou tou y vé ? – Moin y vé botto avecqué sacca. –
qu’est-ce que tu veux Je veux des bottes et sac
Sou mett’y doun’ a li çaqua li dimandou.
donne à lui ce que ce qu’il demande
Catta y metté sou botto danou sou li pīé. Ali priend sou sacca,
met ses bottes dans ses pieds Il prend son sac
y amarra dana sou léreins soument bertélé; apéri ça li mārăçă̆, li mārăçă̆,
il amarre dans ses reins comme bretelle après cela il marche il marche
sur dos
li arrivi dann’ ain garad la pilaine nana boucoup liévé.
il arrive dans une grande plaine où il y a beaucoup de lièvres.
|9| [3]
[Quer :
E Lasteron en créole, laiteron en français sonchus oleraceus.
F Vétyver, graminee, andropogon muricatus. ]
Ali tiri sou sāccă danou sou zipaulo, y metté la didans ain paquet lassoutouron, E9
Il tire dans épaules il met dedans lasteron
(rote) (pour de)
apéri ça y ouvou la guélé sāccă. Aguett’ ain pé sou malici ci-çatta-là!
après cela ouvre gueule du sac Regarde un peu sa malice à ce chat là
Li amarr’ ain pitit cōdŏ bien lōngŏ avecqué la guélé sacca ; apéri ça y arighile,
Il amarre corde longue gueule recule
tiombo touzou la cōdŏ y cacietté doussous feille, sou lizié tout sélé dinoz, mou y dit à ou.
tient bon toujours la corde cachette sous des feuilles ses yeux tout seuls dehors je le tis à vous
(se cache) je l’affirme
Avla ain papa liévé sourti ainé touffou fitifer. F10
Voilà que un gros lièvre sort d’une touffe de vétyver.
Ali lévé la têté, ali aguetté, sou zoreillé y brénné brénné coumou ça.
il lève il regarde ses oreilles remuent remuent comme ça
Ali senti lassoutouron dani sacca ;
il sent dans
ali vīen̄t, ali sauto, y sauto, y arrivi drété li sacca. La guélé sacca garand ouvert;
saute droit devant le sac
lassoutouron là didans. Liév’y rente pou mandjié. Çatta, m’nami !
entre manger mon ami
y hala ain coup la cōdŏ ; sacca férémé ; liévé là didans soūquē.
tire corde ferme dedans pris
se ferme
Ali quiriē : Garaçā, pāpā çāttā, gārāçā boundiē soūpoūlḗ.
il crie Grâce bon Dieu, s’il vous plaît.
Ali sacoūyoŭ sacca pou li souriti. Çatta n’a pas couté.
il secoue le sac pour sortir
s’agite dans le sac
La tié, ali ; apéri ça y amarou sou li pied, y ouvou sou ventĕ,
il a tué lui après ça il amarre ses il ouvre son ventre
y metté ain pitit mourouceau di bois là didans,
met morceau de bois dedans
y mett’ali danou sou bouroussacca, apiré ça y sava dana la casa lé roi
met lui dans boursac, havresac il s’en va maison du roi
|10| [4]
[Quer : G Faye, failli, faible, sans importance.]
Çatta y vé rentiré ; solidat qui gadien la pōtŏ y empêcĕ ali.
veut entrer soldat gardien porte empêche
Catt’ y entêté ; ali sipiti.
dispute
Lé roi y entend di mounou causé fō danŏ sou la potŏ, ali dit :
du monde fort dans porte il
Me’ qui ça qui sipiti, sipiti coumou ça dano mou la poto donc ? Soulidat y arripond :
répond
Ça ain faye G11 çatta q’li vé pāl’ avecquouou. Mou y di à li rentiti pas ;
qui veut parler avec vous Je de ne pas entrer
ali fourountésipiti, sipiti pou li rentiré. – Le roi y dit : Eh bien ! laiss’ à li rentiré.
lui effronte
Catta y rentiri, y tiri sou liévé danou sou bouroussacca, y dit le roi:
tire dans, de
Avla ain liévé mou mété moussié Carabas la te’ la cassa pou à ou.
a été à la chasse pour vous
La dit à moin donn’a ou ça liévé la : Lé roi bien countent ; li dit commou ça :
à vous content comme
Dis garand merici moussié Carabas.
merci
Catta y sava.
Le chat s’en va
Lendimain bo’ matin, çatta y sava dann’ainé garand carreau di bilé.
Le lendemain de bon matin grande pièce de blé
Sou sacca là jamé quitté. Ali coumenc’ encō ; y métḗ sou sacca à terré,
jamais Il commence encore
y ouvou sou la guélé, y mettḗ la didans ain bon paquet la farine maï,
maïs
y amarr’ ain pitit-la code bien longo avecqué la guélé sacca, apéri ça
|11| [5] li cacietté dana fitifer, dani li boridazi li carreau.
se cache dans vétyver dans le bordage du
Avlà ain caillé y viréviré pou mandjié ça farini là ; ali allounzou sou la becque’,
caille vire vire elle allonge son bec
tourne et vire
ali tourounou sou la tête, pou guetté si n’a point rien là pou fé per à li.
tourne pour faire peur
Çatta la malinbougou boudjié pas dana filifer. Caill’y rentiré dana sacca.
malin bougre ne bouge
Aïe ! aïe ! aïe! Çatta y hal’ ain coup sou la codo ; aillé soŭquē’.
hale corde la caille est prise
Çatta y auréné sou cailla la caza li roi. Li dit comou ça : Avlà ain cailla mou metté moussié
porte
Carabas la dit à moin donn’ à ou dana outou la main mêmé. Lé roi bien countent ;
dans votre content
y appellé sou doumistiqui , y di à li coumou ça : Donn’ à moi nain coup di sequé ça catta là.
domestique Donne moi un coup de sec à ce chat
un verre de rhum
Çatta là y boira. Quand qui li fini boira, li fouroto sou lestomac, li dit coumou ça:
boit frotte estomac
Grand mérici à ou lé roi ; li bon ça ; y fe’ çaud la didans. Apéri ça li sava.
chaud Après cela il s’en va
Avla coumou li discend lissicalīer, en bas perron la varangou,
descend l’escalier varangue
verendah
ali tourouvou ain bellébellé calessé avecqué quata çouval. Y dimandé cocé :
trouve très belle calèche cheval Il demande au cocher
chevaux
Eh ! à qui féré ça calessé là don ? Cocé y arripond : Ça vouétiri-la le’ roi y sava
à quoi faire répond voiture s’en va
|12| [6] pourominé avecqué sou mamizélé, garand cimin là bas pouroce la riviéré.
promener demoiselle chemin proche
Catta y tendi ça, y couri la casa sou mété, y couri, couri même, n’a pas rêté.
entend court maître arrêté
Quandquou li arrivi, li dit sou mété : Si ou y acout’à moin, zouridi la mêmé à ou vini rici, rici
quand vous écoutez moi aujourd’hui vous devenez riche
mêmé. Sou meté y dit à li : Ah ! oui, va, moua coute à toué, à causo moin conné ton fitḗ.
je t’écouterai à cause que je connais fute
accroit
adresse
Çatta y dit : Eh ben ! Annons-nous.
allons
Li améné sou mété boro la rivièré; li di à li: Tiri vouti linzi, rentă̆ danĭ̆ di leau firé là ?
au bord Tirez votre linge rentrez dans l’eau
ôter
– Çatta y dit: Rentă, moua y di à vu ; n’a pas li temps causé acethéré.
à cette heure
Sou métt’ y rentă dani dileau ; çattă y ramassă touti linzi, y caciette’ doussous rōcŏ.
le cache sous une roche
Y dit coumou ça : A ou récitez-là, n’a pas boudjié ; aspère à moin vini cass’a vu.
vous, restez là bouger espère que je vienne chercher vous
(attends)
Ali quitté sou mété dani di leau, y moutou là haut rempara,
monte sur un rempart
escarpement,berge
pou li guetté calessé le roi quandqui li vini.
calèche quand elle vient, viendra
Avla quandqui li assisi là, calessé vini. Ali lévé diboutou, ali quirié:
il est assis là se lève debout crie
Ah! boun Dié, boun Dié
bon Dieu
|13| [7]
[Quer :
I Je demande pardon pour l’expression fils de putin ; mais elle est bien dans les habitudes du noir, pour dire rusé, perfide menteur.
H Après baigner, pendant qu’il se baigne.]
soupoulé, voulérou la voulé toutou linzou mou mété apiré H baingé dani di leau.
s’il vous plaît voleur a volé tout linge mon après
– Arrouah! Li mêmé fidipitin la caciétte’ linzou doussous roço.
Mais, beh ! c’est lui-même, fils de putin, qui a caché
– Lé roi y entend ça, y fe’ arrête’ sou calessé. Ça même’ çatta y countent. Ali arrivĭ poroçŏ le’
proche
roi, y dit commoŭ ça : Le’ roi, le’ roi, mou mété, moussié Carabas, à ou conné ça qui toujou
vous connaissez toujours
envoy’avou liév’ ensemblou cailla, ali baigné dani di leau,
ensemble avec
avla voulerou la voulé toutou sou linzou. Le’ roi y dit sou doumissitiqui :
domestique
Couri mou caza, appoto linzou pou moussié Carabas,
Cours apporte
pendgara li gaigné la rhimĕ dani di leau firé la :
prends garde un rhume fraîche
de peur que
Avl’a moussié Carabas metté linzé lé roi. Moua di a ou tout dou boun même,
tout de bon
à foço li vini zouli, sou fi lé roi, y guétt’ à li. Çatt’y guett’ à zantes en missouquoi ;
à force joli sa fille du roi regarde eux en dessous
ali mazine dani sou têté, ali ri, ali dit pas rien.
imagine, pense sa tête il rit
Li nana encō quiquiçozo dani sou têté pou li fé
Il a encore quelque chose pour lui faire / quelque chose à faire.
Ali couri divant calessé, y tourouvou ain garand bandă noiră apiré cassă maïs ;
devant trouve grande bande de noirs occupés à casser du maïs
y dit à zautŏ ; Acout’ à moin , m’nami. Si lé roi
eux Ecoutez moi mes amis
|14| [8] y dimand’ à zauto qui-ça garand bitachion-là,
vous à qui grande habitation
propriété
di à li ça-garand bitachion-là moussié Carabas.
dites-lui
Si zauto n’a pas dit commou ça, moua fé mou souricié avecqui zauto ;
je ferai mon sorcier avec, contre vous
ma sorcellerie
n’a pas haine diboutou dimain matīn ; toutou la fouti.
par on ne restera debout vous serez tous […]12 (perdus)
Arranz’ a zauto. Toutou ça noira-la la péré.
arrangez-vous tant pis pour vous tous ces noirs là ont peur
Avla lé roi y arrivé, y guetté bitachion-là, y appelle ça noira là qui apiré cassa maï, y di commou ça : Eh ! vzautŏ, à qui-ça ça-la terré-là, hein ?
vous autres
Zauto y arripond commou – ça : Ça la terré-là, ça moussié Carabas ça. Lé roi n’a pas dit à rien ; ali maziné.
imagine, pense
Çatta divant calessé toujou. Ali tourouvou encō. Y dit commou ça :
trouve encore
Si zauto y di pas lé roi ça-canna-là moussié Carabas, mou couné quouquou
moi connais que’est-ce que
mou a fé, pend gar’ à zauto ; toutou li fouti dimain. Arranz’ à zauto.
je ferai prenez garde à vous ; tous sont perdus demain
Lé roi y arrivi, y diman’ à qui-ça ça-la terré là. Zautoŭ toutoŭ y quiriye ensembou :
Eux tous crient ensemble
Ça la terré-là, moussié Carabas-ça. – Lé roi dana sou calesse y di coumou ça : Ah ! m’nami, |15| li rici mêmé ça-moussié Carabas-là !
Çatta couri touzou divant calesse ! Ali arrivi divant ainĕ̆ la casa garand comment lighilise ;
une église
ali rentiré ; ça là caza là yangă̆, ainé bébêté.
entre gagne une bête
Miçan, mandjié di mounou. Ali dit coumou ça : Yangcu, moin passé divant la caz’ à ou, moin
méchante qui mange le monde
rentiré pou di à ou bouzou. Yang’ y dit à li : Moin countent, mou pitit. Avla zauti dé y causo.
bonjour
Çatta y di yanga : Nana dimounou y di à moin commou ça d’où cacabe çanzou vou li cō pou
Il y a du monde vous capable de changer votre corps
des gens
vini lion ou ben zalphant, ça qui voutou li quéré li countant. N’a pas menti li ? – Yang’ y di :
éléphant ce que votre cœur est content N’a-t-on pas menti
Tou a vir, mou pitit. Coumou li parală coumou ça, li çanz’ aine coup sou li cô,
Tu vas voir parle un coup son corps
tout à coup
li vini ain gros lion, la guèlé ronfilé, pilain li dents. Çatta y tourouvou ça, y sauto la finété,
gueule ronfle pleine fenêtre
à foço li la pèré ; ali assisi dissis barideaux. Yangă y di à li : N’a pas péré, mou pitit ; mou y
à force qu’il a peur il s’assied sur les bardeaux (le toit) n’aie peur
fe’ pas mal à toué ; discends à terré. Catta y discend ; y di commou ça : Manman !ça y appellé
descends Maman ! ça s’appelle-t-il
|16| [10] péré ça qui moin la té péré la ! Mé, yangou, vou la çanzé voutoŭ li cô pou vini lion, à
une peur cette peur que j’ai eue là ? Mais vous avez changé votre corps pour devenir
vous cacabou çanze encō pou vini le’ rat ? Yangou y dit commou ça : Moua cacabou, mou
capable
pitit ; aguetté ! Avla li çanzé ain coup sou cô, li vini lé rat qui couri, couri à Terre ! Çatta, m’nami, y sauto dissis li, y souquoi sou la tête’ mêmé, y tié à li, y mandjié à li.
souque saisit le tue
Avla’ commou li la fini mandjié le rat, calessé lé roi vini- ali dit le roi: Discend à vous;
descends
ça la casa-la ça mou metté moussié Carabas; vini pourouméné; ou a oir comment li zouli.
vous allez voir jolie
Avla lé roi pourouméné, pourouméné, li guetté, li guetté, li dit pas rien. Quandquou zauto fini
guetté toutou ça qu’nana dana la casa, çatta y ame’n’a zauto dana ain garand salla où ça
il y a salle
qu’nana ain garan tabou tout plein bonbons, darazées, gâteaux, dissiqui ; la vé di vin,
table chargée du sucre il y avait
m’nami ! ça divin ça ! n’a point commou ça.
Acithéré zauto toutou y assisi ; ça qui mandjié y mandjié, ça qui boir’ y boira. Avlà lé roi y
à cette heure eux tous s’assiedent ceux qui mangent mangent ceux qui boivent boivent
goutou ça di vin-là. Aïe ! aïe ! aïe ! Ali dit |11| moussié Carrabas : Acoutou, moussié
goûte Ecoute
Carabas ; quandquou vou y vé marié, moūa donn’ à vous mou fi ; ali mêmé fame à vous.
voudrez vous marier fille
|17|moussié Carabas bien countent
content
Zauto y lévé, y sava lighilize pou mariaze. Lé roi y dono garand diné, la fé assisi çatta à côté
li, comou ain garand boulan. Quanquou fini soupé, avla çatta y sava dana sou sambou pou li
blanc chambre
douroumi ; moin y siv’ali pou tiri sou botto. Botto fini tiré, li fou à moin garand coupidpié, la
suis tirer ses bottes coup de pied
zett’à moin ici pou moua zacount’à zauto ça zissitoira la.
jette
Ça même zissitoira çatta qui metté botto.
1 Hierbei handelt es sich um eine Übersetzung von Charles Perraults „Gestiefeltem Kater“ in die Kreolsprache La Réunions.
2 Auch Charles Baissac übersetzte Perraults Märchen „Le chat botté“ in die Kreolsprache von Mauritius. Sie ist zu finden in: Baissac, Charles (1880): Étude sur le patois créole mauricien, Nancy, Imprimerie Berger-Levrault et cie.
3 Trouette hat für Schuchardt das Märchen Le chat botté aus Baissacs Übersetzung in die Kreolsprache Réunions übersetzt. Die Übersetzung folgte also aus dem Mauritiuskreol und nicht aus dem Französischen.
4 Für weitere Informationen zur Genese des Réunionkreols und der Bevölkerungsgruppen, siehe: Scherer, André (1974): Histoire de la Réunion , Paris, Presses universitaires de France. ; Vaxelaire, Daniel (1999): Le grand livre de l’histoire de la Réunion , Sainte-Clotilde, Orphie.
5 Im 18. Jahrhundert wurden zahlreiche Sklaven für den Kaffeeanbau auf La Réunion benötigt. Hierfür wurden in erster Linie Sklaven aus Afrika (Cafres), Indien und Madagaskar (Malgaches) auf die Insel geholt, deren Muttersprachen auch die weitere Entwicklung des Réunionnais beeinflussten. Nach Trouettes Auffassung ist der Einfluss des Madegassischen hier besonders hervorzuheben.
6 Siehe Briefwechsel Auguste Vinson – Schuchardt (Bibl.Nr. 12440-12443). Vinson erwähnt in Brief-Nr. 12440 seine erste, veröffentlichte Fabel. Sie ist jedoch nicht im Briefwechsel enthalten. Vinson hat insgesamt nur zwei Fabeln veröffentlicht. Daher könnte es sich hierbei entweder um die Fabel Les deux voyageurs oder La trouille et la caille handeln (vgl. Chaudenson 1981 : 57f.)
7 vgl. Littré, s.v. marmaille.
8 Die eckigen Klammern, z.B. [2], bezeichnen die handschriftliche Zählung Trouettes für das Märchen Le chat botté.
9 Hier wird mit dem E auf die Notiz E verwiesen, die sich am linken oberen Seitenrand befindet.
10 Hier verweist Trouette mit F auf die Zusatznotiz am linken Rand des Briefes, der sich in der Transkription am Beginn der Seite befindet.
11 An dieser Stelle verweist er auf seine Fußnote G am linken Rand des Briefes, die hier zu Beginn der Seite eingefügt wurde.
12 Unleserliches Wort. Es könnte sich um fichu handeln.