Charles Baissac an Hugo Schuchardt (23-00440)
von Charles Baissac
an Hugo Schuchardt
20. 12. 1886
Französisch
Schlagwörter: Kreolsprachen Baissac, Jenny Mauritius Baissac, Charles (1884) Anon, (1885)
Zitiervorschlag: Charles Baissac an Hugo Schuchardt (23-00440). Port Louis, 20. 12. 1886. Hrsg. von Elisabeth Steiner (2009). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.13, abgerufen am 17. 09. 2024. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.13.
Printedition: Steiner, Elisabeth (2010): 'L'approbation d'un juge come vous est de celles dont on a le droit d'être fier': Der Briefwechsel zwischen Schuchardt und Baissac. In: Grazer Linguistische Studien. Bd. 74., S. 7-62.
Port-Louis, 20 Décembre 1886.
Mon cher Monsieur Schuchardt,
Qu’il y avait longtemps que je n’avais reçu un mot de vous! Aussi votre billet du 25 Octobre m’a-t-il fait un bien vif plaisir; non pas que j’eusse un seul instant mis en doute votre sympathie affectueuse, mais je vous croyais malade; et me voilà rassuré.
Je vous suis vraiment reconnaissant de votre démarche pour me procurer à Downing Street le patronage de votre ami Mr. Robert Curt1. Il a du moins la franchise de refuser catégoriquement de s’employer en ma faveur. Je le regrette sincèrement, mais ne songe pas un seul instant |2|à lui en vouloir. Que si je m’appelais ou Baissacsmith ou Baissacson! Mais on n’a pas tous les bonheurs.
Quant à mon malheureux manuscrit, il n’a pas encore trouvé preneur; mais je ne désespère pas de le voir en l’an 87 plus heureux qu’en l’an 86, quem semper acerbum.
Mes ‘Récits Créoles’ ne jettent pas davantage le manche après la cognée. Humiliés de l’inqualifiable indifférence du publie qui leur refuse l’honneur d’une seconde édition, les voilà qui reviennent à la charge avec un faut nez: ils se découpent en petits volumes illustrés, se font dorer sur tranche, habiller d’étoffes voyantes, et s’offrent bravement comme livres de prix aux institutrices amoureuses de bon |3| français relevé de petites images. Seulement, comme les travestis coûtent cher, mon éditeur, Mr. Oudin2, m’offre comme droits d’auteur, l’espérance de me rhabiller en livre d’étrennes pour le 1er Janvier 1888. Je n’ai rien à refuser à un homme qui m’atiffe et me pomponne avec tant d’amour.
Si ‘L’évangil St. Mathié’3 me vaut quelques lignes de vous, je lui en serai reconnaissant. Mais nous ne connaissons ici que ‘l’évanzil’, et j’ai bien peur que nous ayons encore affaire ici au pseudo-créole d’un brave méthodiste qui, trois mois après son arrivée à Maurice se figure qu’il écrit du f parce qu’il ne sait pas écrire du français. Quoi qu’il en soit, je suis bien à vos ordres.
A bientôt, n’est-ce pas? mon cher Monsieur Schuchardt.
Doudou et moi, nous vous envoyons |4|nos meilleurs souhaits de nouvel an. Portez-vous bien surtout, et conservez ceux qui vous aiment.
A vous, de cœur,
C Baissac
1 Robert Curt war Briefpartner von Schuchardt in London.
2 Oudin (Paris) verlegte 1884 Baissacs Récits Créoles.
3 Eine Ausgabe des Evangeliums befindet sich in Schuchardts Nachlass unter der Nummer B.11.21.1.6. in der UB Graz: L’évangil Sélon S. Matthié (dan langaz créol Maurice).The gospel according to St. Matthew (in Mauritian Creole). London: British and Foreign Bible Society 1885.