Charles Baissac an Hugo Schuchardt (12-00429)
von Charles Baissac
an Hugo Schuchardt
Unbekannt
Französisch
Schlagwörter: Kreolsprachen Englisch
Französisch
Deutsch Baissac, Eugène Jean Denis Seychellen Paris Frankreich Baissac, Charles (1880) Baissac, Charles (1884) Baissac, Charles (1888)
Zitiervorschlag: Charles Baissac an Hugo Schuchardt (12-00429). Port Louis. Hrsg. von Elisabeth Steiner (2009). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.127, abgerufen am 27. 09. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.127.
Printedition: Steiner, Elisabeth (2010): 'L'approbation d'un juge come vous est de celles dont on a le droit d'être fier': Der Briefwechsel zwischen Schuchardt und Baissac. In: Grazer Linguistische Studien. Bd. 74., S. 7-62.
Port-Louis 25 Janvier 1884.
Mon cher Monsieur Schuchardt,
Votre bonne lettre du 9 Décembre m’a enfin porté votre photographie. Je vous en remercie, et je n’avais pas attendu l’arrivée de votre carte pour recommander au cousin Eugène de vous faire parvenir la mienne. Il me semble que nous causerons maintenant avec plus d’abandon; je vous croyais pour ma part beaucoup plus vieux que vous n’êtes, et le jeune homme que j’ai là me met singulièrement à l’aise. Je sais gré à votre brave Haïtien de vous avoir imposé par réciprocité le costume de gala: la brochette vous sied, et c’est l’avis de Mademoiselle Doudou1.
Mais où prenez-vous, mon cher Monsieur, que le cant anglais se soit acclimaté chez nous. Français nous avons été, Français nous sommes et Français nous serons jusqu’à la consommation des siècles; ‘improper’ et ‘shocking’ ne sont pas de notre vocabulaire.
Si donc le cœur vous en dit, faites la cour à Doudou par dessus les trois mille lieues d’eau qui vous séparent; je lui remettrai vos poulets, dont je veux être pendu si j’arrache jamais une seule plume. Et la demoiselle en vaut la peine, ce dont vous vous convaincrez de visée si |2| vous en venez à échanger vos images. Elle vous envoie, en attendant, sa dernière ou ses dernières petites nouvelles2.
Je vous renvoie vos textes seychellois où je ne relève absolument que deux mots qui n’aient pas cours ici: mazinga, nous dirions yangue3; et reinque, nous dirions néque. Les 3 proverbes, les 5 énigmes sont nôtres.
Vous seriez curieux de renseignements de toute nature sur les Seychelles? Ce que j’en ai lu de plus complet est une notice dans l’Univers pittoresque, volume des îles de l’Afrique; vous pourriez sans doute vous procurer facilement l’ouvrage.
J’ai de plus à Paris un correspondant, Théodore Lauzier, 152 Boulevard Haussmann, avec lequel vous pourriez avoir intérêt à entrer en relations. C’est un bibliophile; et, des créoles établis en France, c’est probablement celui qui possède le plus de documents sur nos îles. Si le cœur vous en dit, recommandez-vous de moi auprès de lui; il vous ferait accueil, j’en suis sûr.
Vous avez enfin reçu les Récits Mauriciens. Mon ami Larchey m’affirme qu’il en pense encore plus de bien qu’il n’en dit dans son avant-propos. A ce point qu’il veut que je mette, ou fasse mettre, en anglais ‘Montagnette4, la Poupée de Marie5 et Minet rouge6’ pour en faire un volume illustré par Kate Greenaway et Giacomelli. Pourquoi une version anglaise plutôt qu’une allemande par exemple? Estimez-vous qu’on aurait des lecteurs outre-Manche ou bien outre-Rhin?
Quant aux origines du conte créole que je vous ai envoyé, je les crois, comme vous, Européennes. J’ai même souvenance d’un conte russe qui aurait avec celui-ci de frappantes analogies. Le balai, la sagaye et l’œuf7, la sagaye surtout, viennent à changer, mais le fond est le même en Russie comme en Bretagne où le conte se |3| retrouve. Mon recueil ne grossit guère; on ne me procure rien et je n’ai pas les matériaux d’une publication qui valût la peine d’être faite. J’attends; la patience du moins ne me fait pas défaut.
Avez-vous reçu dans le temps les ségas et leur musique?
A bientôt, mon cher Monsieur; n’oubliez pas que vous avez à Paris dans mon cousin un homme qui sera heureux de vous obliger, et à Maurice un homme qui en sera plus heureux encore
Votre cordialement dévoué
C Baissac
Dites-moi, s’il vous plait, si de tous les patois à base française qui se parlent aux Antilles, le patois de Haïti n’est pas celui qui ressemble le plus au Mauricien?
1 Spitzname von Baissacs Tochter Jenny Baissac.
2 In Schuchardts Nachlass finden sich unter der Nr. B.11.21.1.4. einige Kurzgeschichten von Jenny Baissac.
3 „C’est le sortilége au sens général“ (Baissac 1880: XXXIV)
4 Voyage de Montagnette au pays des Coqs (Baissac 1884b: 31-98).
5 La poupée de Marie(Baissac 1884b: 313-323).
6 Minet rouge(Baissac 1884b: 149-157).
7 Die Histoire de l’œuf, du balai et de la sagaïe (Zistoire dizeif, balié av sagaïe) findet sich in Baissac 1888: 162-179.