Edouard Monod an Hugo Schuchardt (01-07459)

von Edouard Monod

an Hugo Schuchardt

Paris

23. 01. 1868

language Französisch

Schlagwörter: language Französisch Deutschland

Zitiervorschlag: Edouard Monod an Hugo Schuchardt (01-07459). Paris, 23. 01. 1868. Hrsg. von Frank-Rutger Hausmann (2024). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.12498, abgerufen am 16. 11. 2025. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.12498.


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Paris, le 23 Janvier 1868
(lisez Genève)

Cher Docteur et Ami,

Je vous écris sur une vieille feuille du papier officiel de mon defunt journal. C’est une innocente manie, que j’ai conservée depuis sa mort. Comme les mères en deuil aiment à se servir de tous les bibelots qui ont appartenu à leur pauvre mioche envolé, comme elles les retournent sans cesse entre leurs doigts, ainsi, mon cher, moi qui avais enfanté ce journal révolutionnaire et sentimental, maintenant que l’on me l’a tué, je trouve une âcre volupté à me servir de son papier-à-tête. |2| Je vous demande pardon de ce long préambule. C’est une ruse innocente (comme mes manies), pour causer plus longtemps avec vous.

Je vou-s dois bien des remerciements, d’abord, pour votre aimable et spirituel „baragouin“, – comme vous appelez votre excellent français. Si nos pauvres méridionaux qui viennent errer pendant quatre ou cinq ans autour de la vieille cathédrale genevoise pour apprendre un peu d’exégèse, savaient leurs français comme vous, il ferait bon lire leurs sermons. Mais ce que nos Français savent le moins, c’est le français. Félicitez-vous, mon cher, d’avoir reçu le don des langues. – Ensuite je vous dois bien des excuses pour la lenteur de ma réponse. J’ai eu énormement de choses à faire, et je ne pouvais me résoudre à vous remercier de vos quatre pages par un de ces griffonnages que l’on griffonne |3| en dix minutes.

Votre relation de voyage est charmante.1 Elle ferait un article du Figaro. – Quel dommage que je ne vous aie pas connu quand je rédigeais „En Avant“. Il y aurait eu dans mon journal un peu moins d’idées rouges et beaucoup plus d’esprit. – Mais il y a un passage de votre lettre qui m’a fait encore plus de plaisir que ces trois pages humoristiques: c’est quand vous me dites qu’il règne un peu de sympathie entre nous. Ah! certes, il en règne beaucoup, si je juge de vous par moi-même. Je vous ai tout de suite aimé. Vous étiez le premier homme intelligent que j’eusse rencontré depuis longtemps, je crois vous l’avoir dit un soir avec un peu de brusquerie, et combien je souffrais de cette pénurie d’hommes d’esprit. On ne peut pas vivre sans pain: on ne peut pas non plus vivre sans gens d’esprit, et encore faut-il que ces gens d’esprit soient vos amis. Vous pensez donc si j’attache du prix à votre amitié. – Oui, nous nous reverrons quelque jour, quelque part … Vous serez alors un professor comme il y en a très peu: spirituel et savant; ce que je vous dis là est un peu brutal, mais c’est ainsi. Quand il me faudrait faire un long voyage, si j’ai du temps et de l’argent, j’irai vous trouver, au cœur de l’Allemagne, au pied même de votre chaire!

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– Mlle Blanvalet2 ne tarit pas en éloges sur vous … „Major e longingquo reverentia“.3 La pauvre Chaboux4 est sérieusement malade. – Tout le monde vous envoie mille amitiés. Je laisse une demie page à Montet5 , qui veut vous écrire quelques lignes. Les Mümpelgardais6 ont été reçus brillamment à leur examen de Janvier. – Voici l’adresse d’Andreæ.

M. Andreæ, (de Londres) – aux soins de Messieurs Jean Goll et fils. Francfort-sur-le-Mein.7

Croyez-moi, mon bien cher ami, tout à vous.

Edouard Monod

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Il parait, mon cher ami, que Monod a eu bien du plaisir à causer avec vous, car le cher homme oublie que je n’ai point la concision de Traite et me laisse juste de Quoi vous donner le bonjour.

C’est ce que je fais bien cordialement en vous envoyant l’assurance de toute mon amitié
Eug. Montet


1 Diese Reisebeschreibung scheint tatsächlich verloren.

2 Vermutlich eine Tochter von Henry Blanvalet de Schmitz (1811-1870), vgl. HSA 01031.

3 „Größer ist die Verehrung aus der Ferne“.

4 Édouard Chaboux (1846-1878); vgl. HSA 01607,

5 Eugène Montet (1811-1887), prot. Geistlicher. Vgl. das Ende des vorliegenden Briefs.

6 Einwohner von Montbéliard, das zeitweise zu Württemberg gehörte.

7 Keine weiteren Hinweise.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 07459)