Gaston Paris an Hugo Schuchardt (95-08602)

von Gaston Paris

an Hugo Schuchardt

Avenay

11. 09. 1890

language Französisch

Schlagwörter: Romania (Zeitschrift) Dietrich, Adolphe Kovačevič, David Avenay Dietrich, Adolphe (1891) Schuchardt, Hugo (1891)

Zitiervorschlag: Gaston Paris an Hugo Schuchardt (95-08602). Avenay, 11. 09. 1890. Hrsg. von Ursula Bähler, Bernhard Hurch und Nicolas Morel (2023). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.11803, abgerufen am 18. 06. 2025. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.11803.


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Avenay (Marne), ce 11 septembre 90

Mon cher ami,

N’ayant pas ici l’adresse de M. A. Dietrich, je vous envoie, avec son manuscrit, l’épreuve que je viens de recevoir de son article et je vous prie de la lui faire tenir1. Le dit ms. m’a donné beaucoup de mal au point de vue de la correction grammaticale et de la disposition typographique. Après en avoir commencé courageusement la révision, je me suis lassé et j’ai à peine regardé la fin. Il en est à peu près de même de l’épreuve, qui a encore bien besoin d’être attentivement revue. Votre jeune ami, comme vos compatriotes en général, se soucie peu de la commodité du lecteur; l’emploi des différents caractères d’imprimerie lui offre en vain des ressources qu’il néglige. J’ai un peu éclairci sa mise en œuvre, et l’imprimeur a suivi mes indications; mais il y a encore pas mal à faire. Je vous prie de lui recommander à tout le moins une rigoureuse uniformité de procédés, c. à. d. que quand il emploie |2| par exemple les guillemets ou l’italique dans un cas donné, il les emploie toutes les fois que le même cas se présente. Je trouverais bon aussi qu’il marquât de mettre en caractères gras les lettres b, m, etc., qui indiquent des groupes de textes consultés. Ses alinéas sont trop multipliés et mangent une place énorme; je l’invite à les raréfier. Enfin je vous serais très reconnaissant de jeter sur son travail, quand il l’aura revu, le coup d’œil du maître compétent par excellence. C’est vous qui me l’avez fait prendre, et je le trouve intéressant; je désire que tous les lecteurs de la Romania soient mis en état de l’apprécier le mieux possible.

Je vous remercie de ces bonnes dispositions pour Kovaczevicz , qui est un garçon intelligent. Mais pourquoi vous moquez-vous toujours de moi? Vous savez bien ce que je pense de notre valeur respective et relative en philologie (pour ne parler que de cela); j’ai la chance d’être un borgne dans le royaume des aveugles2, mais vous qui avez vos deux yeux vous n’êtes pas charitable en vous moquant de mon sceptre de roseau. Merci de vos épreuves et d’avoir mis à ma portée le friand morceau qui m’alléchait3. Quant à andare, que voulez-vous ? |3| j’ai un instinct qui me dit que vous n’avez pas tout à fait raison; mes raisons ne me sont connues à moi-même que confusément; un jour ou l’autre j’essaierai de m’en rendre compte. Mais quand je ne suis pas de votre avis, je le regrette toujours et j’ai une vague notion que je dois me tromper.

Je suis toujours bien triste, et bien dénué d’intérêt pour tout ce qui n’est pas le travail, ou plutôt la lecture, car je ne travaille guère sérieusement. J’ai perdu une vie après laquelle toute autre est difficile à vivre. Milles amitiés cordiales

GParis


1 Dietrich 1891.

2 Voir l. du [début janvier 1882] (GP 38-08650).

3 Schuchardt 1891b.

Faksimiles: Universitätsbibliothek Graz Abteilung für Sondersammlungen, Creative commons CC BY-NC https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ (Sig. 08602)