Wentworth Webster an Hugo Schuchardt (49-012689)

von Wentworth Webster

an Hugo Schuchardt

Sare

23. 04. 1900

language Französisch

Schlagwörter: Weltausstellung Kaiserliche Akademie der Wissenschaften (Wien) Volkskundemuseum Wienlanguage Baskisch Leiçarraga, Ioannes Mendiburu, J. B. Webster, Thekla Sare Saint-Jean-de-Luz Paris Spanien Südafrika Oxford Urte, Pierre D' (1900) Lespy, Désiré/Raymond, Paul Lechien (1887)

Zitiervorschlag: Wentworth Webster an Hugo Schuchardt (49-012689). Sare, 23. 04. 1900. Hrsg. von Bernhard Hurch und Patricio Urkizu (2022). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.10759, abgerufen am 03. 10. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.10759.


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Sare
par St Jean de Luz
23 Avril 1900

Cher M. le Professeur,

Je regrette beaucoup d’apprendre que votre santé vous a laissé tant à désirer cet hiver, et que vous avez été forcé à demander votre retraite. J’espère que quand vous serez libre des devoirs et des ennuis du professorat, que votre santé va s’améliorer, et que vous pourrez toujours poursuivre vos études de prédilection.

Je croyais votre Leiçarrague déjà terminée et je comptais le voir annoncé comme un des trésors du Basque à l’exposition de Paris.1

J’ai corrigé il y a longtemps les épreuves de la Grammaire de Pierre d’Urte; mais je n’ai pas encore reçu aucun exemplaire. L’ouvrage est rempli des fautes. Je n’ai pas pu voir le MS original. J’ai fait toute l’impression d’une copie seulement.

Quant aux trois questions que vous me demandez pour (1) Mon voisin M. Mendiboure me dit qu’il n’a jamais vu une faucille dentée à Sare (ni Mlle Diharassarri non plus): Moi, je les ai vues souvent en Angleterre, eta je crois en d’autres pays. Chambers Encyclopedia dit: “The edge is sometimes serrated.” Je ne crois pas qu’il y a là aucun caractère ethnographique.2

|2|(2) Les Alpargatas. Selon Eguilaz le mot est arabe. “Aunque de ordinario se hacía de esparto esta suerte de calzado entre los moros granadinos las había de terciopelo e de cuero.”

Captain John Stevens, Spanish-English Dict. “ Alpargate a sort of schooe or buskin made of packthread or sometimes of rushes used by the Moors, and formerly by the poor mountain people of Spain.”

Mais nous avons aussi l’abarca, la sandale de cuir, qui date au moins du Xe Siècle de temps de Sancho Abarca de Navarre et probablement long-temps avant. Larramendi qui écrivit sa Corografía de Guipúzcoa vers 1757, dit de la chaussure Basque p. 180: “Hombres y mujeres en las caserías conservan el calzado antiquísimo que notó Séneca en Córcega, como propio de los cántabros, que son las abarcas, y es el calzado mejor para montes y cuestas, espécialmente en los tiempos de lluvias y nieves.”, dans les villes se visten medias y zapatos.

D. Guillermo Bowles, Introducción à la Historia Natural y a la Geografía Física de España. Madrid 1775, p. 299, “El trage de hombres y de mugeres en los lugares reunidos de Vizcaya y|3| Guipúzcoa es comúnmente el de Castilla; pero en la población dispersa los labradores usan el antiguo del país, que se parece algo de los Catalanes. …“Son el calzado particularmente en hibierno abarcas hechas con prolixa curiosidad y muy propias para un país montuoso, donde llueve mucho y es el terreno resbaladizo” p. 302 “Los antiguos Brogues (de Irlanda) son las abarcas de los Vizcainos.”

L’Espy Dictionnaire Béarnais “Espargate, sandale: Habe lou[?] diable a l’espargate, locution proverbiales qui s’emploie au sens de “avoir le diable au corps”.3

De tout ceci je crois que nous pouvons conclure que les Basques à la fin du siècle dernier faisait usage de l’abarca c.a.d. une espèce de sandale tout-à-fait de cuir et pas de Alpargatas, d’espadrilles, d’espargates, fait de chanvre et de toile, sans aucun morceau de cuir. Cette espèce de chaussure est devenu général parmi eux seulement dans ce siècle, mais il y a eu plusieures petites variations de forme et de mode. Ces variétés dependent du matériel dont la chaussure est faite. Nous avons vu que les Alpargatos furent faits de Esparto, de velours, de cuir. Je crois que la forme aura dû différer un peu |4| selon ces materiaux. L’abarca apparemment fut toujours de cuir - l’espadrille ou espargate d’aujourd’hui, dans mon opinion, n’est que l’Alpargate, ou l’abarca, (je les ai vues portées quelquefois comme l’abarca avec des attaches croissées jusqu’a mi-jambe) adapté à un nouveau matériel, le chanvre et la toile, et ainsi le meilleur marché, et plus repandu.

(3) Pour le Berret ou Boina. Je crois que cela vient du Béarn, et qu’il fut introduit en Béarn de l’Écosse vers la fin du dernier siècle; par quelque Français qui a été prisonier en Ecosse. Telle est la tradition en Béarn. La fabrique est la même comme pour le Bonnet en Écosse. “Ils sont tricotés, foulés, à Nay, à Oloron” (et quelquefois à S. Palais.) On ne voit jamais le boina ou berret sur les Basques dans aucune gravure du dernier siècle. J’ai eu des dessins faits des vieux chapeaux Basques, lesquels qui sont tout-à-fait différents. Le nom ‘berret’ est certainement plus ancien. Despourins m. 1759 dit “Qu’aimé mey moun berret tout espelat. Que nou pas lou plus bêt Chapèu bourdat ».4 Mais berret vien de biretta, el s’applique à toutes les variétés successives du biretta.

En général je crois que c’est avec des habits |5| instruments, modes, etc, comme avec les contes du Folk-lore. On croyait à une époque qu’ils fussent particuliers à certains peuples, certaines races; à present il est reconnu qu’il n’y en a que quelques types, dont toutes les races n’ont fait que des variations. Mois je crois que c’est à peu près la même chose avec les institutions, mœurs, etc, dans les conditions semblables de climat, d’état, ou d’étage, de civilisation dans un semblable environment, les hommes ont produit partout des institutions semblables sous des conditions semblables.

Dans un livre de l’année dernière “Monografía de Asturias” por F. de Aramburu y Zuloaga, Oviedo 1899, p. 88 on décrit el “hórreo ó horro” un espèce de grenier “sobre cuatro pilotes ó pogollos”, comme tout-à-fait particuliers aux Asturias et aux habitants. Je les connais très bien en Angleterre dans les propriétés de plusieurs de mes parents et amis.

Je ne crois pas que ni dans (1) la faucille dentée (2) ni dans les alpargates ou espargates (3) ni dans le béret ou boina il y a rien qui a le moindre rapport avec l’ethnologie ou l’ethnographie des Basques.

Voilà tout ce que je puis vous dire sur le sujet sans des recherches speciales, que mon âge et ma sante m’empêchent |6| de faire. Je quitte très rarement maintenant la maison et le jardin. La mémoire me fait grand défaut, et toutes mes facultés s’abaissent. Il vous faut donc bien m’excuser si vous trouvez cette réponse bien insuffissante.

Toute ma famille va bien. Deux de mes filles sont en Sud-Afrique. Thekla dans le Transvaal, Maud dans le Cap Colonie - mon fils, Erwin, est étudiant à Oxford.

Croyez moi toujours votre serviteur devoué

Wentworth Webster


1 Weltausstellung in Paris vom 15. April bis 12. November 1900. Bezeichnenderweise hat sich umgekehrt Schuchardt immer darüber echauffiert, dass sich das akademische Frankreich nie für die Förderung der Edition von Leiçarraga interessiert hat, und die Kosten schließlich von der Wiener Akademie der Wissenschaften getragen und der Band dort veröffentlicht wurde.

2 Schuchardt beschäftigt sich in diesen Jahren unter ethnologisch-linguistischen Gesichtspunkten mit Sicheln, speziell auch mit gezähnten Sicheln, und verfaßt dazu zwei Veröffentlichungen (Schuchardt 1901, Brevier/HSA Nr. 385 und 1902, Brevier/HSA Nr. 409). Außerdm sammelt er Sicheln, die heute im Volkskundemuseum Wien liegen; vgl. das Kooperationsprojekt des HSA mit dem Museum https://www.volkskundemuseum.at/schuchardt_hugo.

3 Lespy, V. & P. Raimond (1878) Dictionnaire béarnais ancien et moderne. Montpellier: Imprimerie Centrale du Midi; Lespy (1880) Grammaire Béarnaise suivi d’un vocabulaire Béarnais-Français. Paris : Maisonneuve.

4 “m. 1759” meint das Todesjahr, also mort 1759. Cyprien Despourins war bearnesischer Liederdichter, Musiker und Komponist. Das Stück, in dem das genannte Zitat vorkommt, heißt “Là-haùt sus la mountagno”, 6. Strophe.

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