Wentworth Webster an Hugo Schuchardt (48-012688)
an Hugo Schuchardt
14. 04. 1899
Französisch
Schlagwörter: Société Ramond Baskisch
Latein
Arabisch
Romanische Sprachen
Englisch Sayce, Archibald Henry Stempf, Victor Leiçarraga, Ioannes Urte, Pierre d´ Webster, Thekla Sare Saint-Jean-de-Luz Schuchardt, Hugo (1899) Giacomino, Claudio (1898) Sayce, Archibald Henry (1877) Stempf, Victor ([o. J.]) Urte, Pierre D' (1900)
Zitiervorschlag: Wentworth Webster an Hugo Schuchardt (48-012688). Sare, 14. 04. 1899. Hrsg. von Bernhard Hurch und Patricio Urkizu (2022). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.10758, abgerufen am 26. 09. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.10758.
Sare,
par S. Jean de Luz
Basses Pyrénées
14 Avril 1899
Cher Professeur
Je vous donne mil remerciments de l’envoi de votre étude si intéressant Zum Iberischen, Romano- baskischen, Ibero-romanischen.1 Je n’ai pas eu connaissance du tout de l’interpretation de Sr. Giacomo2 de l’Inscription de Castellon. Sa version me parait bien plus probable que celles de Sayce3, ou de Stempf4. Sayce ne tient pas du [tout] à son essai de déchiffrement comme définitif. Stempf, selon moi, s’est tout-à-fait égaré. Je lui ai fait la même observation que vous indiquez comme ‘specialement important’ p. 179. Je lui ai montré des mots empruntés au Latin, à l’Arabe, aussi aux langues Romanes dans ses versions. Il m’a répondu qu’il croyait que la langue de ces inscriptions et les inscriptions elles-mêmes, sont d’une date bien plus recent que n’on admette pas ordinairement !
Je suis très content d’apprendre que quelqu’un d’une plus grande competence et d’une méthode |2| plus scientifique s’occupe de ces inscriptions.
Je regrette de ne pas pouvoir accepter votre raisonnement, p. 185, sur nava et navis. Je connais que des mots que signifient ‘plaine’, ‘bassin’ etc., peuvent s’appliquer à un Navire; mais je ne vois pas comment ces mots, comme parties d’un navire, peuvent s’appliquer à la topographie d’un pays. En Anglais nous parlons du ‘hold’ d’un navire; le mot selon Skeat est tiré de ‘hola’, ‘ hollow’. Les ‘holas’et les ‘hollows’ mots et choses, existaient long-temps avant les navires - ainsi ‘deck’, decken - 'le pont’ ou ‘plancher’, couverture d’un navire, les mots decken, deck, thatch existaient je crois avant les navires. Si le mot nava avait de rapport avec navis, et en fut derivé, nous devons trouver les nombreux composés de ‘nava’ plutôt près de la mer, mais c’est tout-à-fait le contraire.
Je ne suis pas du tout convencu que nava veut dire plaine; la topographie des lieux me semblent indiquer quelque chose comme ‘clearance’ le premier ou un endroit preparé pour la cultivation dans un pays de forêts et de montagnes; mais |3| je n’ai aucun fait linguistique à l’appui.
corzo p. 189. Si vous allez aussi loin que la Hollande pour la derivation «kurz », pourquoi ne dépasser pas la Manche, et comparer les mots Anglais ‘course’, courser, corsair = cheval de course ou de combat ? On prononce corse, corser or coarser: il n’y a pas de différence quant à la prononciation entre ‘courser’ ‘coarser’et ‘corser’. Il va sans dire que courser derive de currere, curso, cursor – l’animal qui court.
Peut-être il y a quelque violation des lois phonétiques qu’il empêche l’acceptation de cette dérivation. Je n’y tiens pas du tout.
Je suis bien aise de voir les premières pages de votre réimpression de Liçarrague. Quand est-ce qu’il sera terminé ?
L’impression de la Grammaire d’Urte par la Société Ramond va un peu plus vite depuis quelques semaines, environ 8 pages par semaine.
L’ouvrage est rempli de fautes de toutes sortes. D’Urte n’observe aucun ordre, il se repète souvent d’autre fois il donne des renvois agaçants. Son ortographe, et surtout son usage des accents |4| de toutes sortes, dont tout-à-fait fantaisistes. Je ne corrige pas. Je tâche seulement de mettre le lecteur comme s’il avait le MS même devant ses yeux. Je ne crois pas que la science y gagne. Ce ne sera qu’une curiosité philologique.
Je serai bien content lorsque ce travail sera fini. Je suis tout-à-fait vieillard, et incapable de faire quelque chose de bien.
J’espère que vous vous portez bien. Mme Webster vous rappelle à ses souvenirs.
Croyez moi toujours votre devoué
Wentworth Webster
P. S. J’avais fini ma lettre, lorsque le courrier m’a apporté votre carte si agréable. Je suis très content d’avoir de vos nouvelles. J’espère que le beau temps de l’été fera du bien à votre venérée mère, qu’elle y trouvera des forces pour rester quelque temps encore avec vous; pour le bonheur de tous. Je suis bien sûr que vous ne resterez pas longtemps sans entreprendre quelque nouveau travail d’importance quand le Liçarrague sera terminé.
1 Schuchardt (1899), Brevier/HSA Nr. 336.
2 Recte: Giacomino, Claudio (1898).
3 Sayce, A. H. (1877) La inscripción de Castellón de la Plana, Academia I: 237 (Madrid, 15 abril 1877).
4 Stempf, Victor (1897) Essai de déchiffrement d'une inscription ibère dite de Castellon. Revue de linguistique et de littérature comparée 30: 97-111.