Hugo Schuchardt an Julien Vinson (17-HSJV06)
von Hugo Schuchardt
30. 03. 1888
Französisch
Schlagwörter: Königlich Preußische Staatsbibliothek Berlin Baskisch
Französisch Bonaparte, Louis Lucien Eys, Willem Jan van Humboldt, Wilhelm von Paraige, Gaston Wien Nizza Baskenland Schuchardt, Hugo (1887) Schuchardt, Hugo (1888) Voltoire, (1642)
Zitiervorschlag: Hugo Schuchardt an Julien Vinson (17-HSJV06). Montreux, 30. 03. 1888. Hrsg. von Bernhard Hurch (2022). In: Bernhard Hurch (Hrsg.): Hugo Schuchardt Archiv. Online unter https://gams.uni-graz.at/o:hsa.letter.10095, abgerufen am 04. 10. 2023. Handle: hdl.handle.net/11471/518.10.1.10095.
Montreux, Pension Visinand
30 mars 1888
Cher Monsieur,
Je vous réponds d’ici, où je resterai encore deux semaines.
Il est bien flatteux pour moi que vous me demandiez ce que je pense des différentes théories qu’on a émises sur le verbe basque. Je suis encore assez loin d’être bien orienté dans ce labyrinthe qui s’appelle la conjugaison basque; mais il va sans dire que même comme novice on ne peut pas résister à la tentation d’avoir sa propre opinion, et je pousserai la hardiesse jusqu’à publier dans la suite de mon Romano-baskisches1 mes idées sur quelques points dont les basquisants se sont occupés de préférence. En attendant, je vous dirai que je n’accepte nullement la théorie du Prince Bonaparte (au = pronom démonstratif), ni |2| celle de M. van Eys en tant qu’il réduit les formes transitives avec le régime indirect à eroan, ni la vôtre en tant qu’il s’agit d’expliquer dut etc. par ukhan. Je ne me rappelle pas pour le moment, n’ayant pas avec moi mes notes comment vous expliquez les formes daro-, derau-, drau-, dau- etc. qui à coup sûr présentent des difficultés sérieuses.
La lecture des travaux de M. van Eys ne me donne pas un plaisir très pur; je ne parle pas de son engouement pour tout ce qui est de lui, et de son mépris pour les assertions des autres, mais la manière dont il raisonne, dont il développe ses théories, ne me paraît pas assez concise, assez claire, assez habile. Il s’embrouille facilement. À côté de bonnes choses il y en a |3| assez de mauvaises et ce qui me choque surtout, c’est qu’il traite assez cavalièrement les « lois phonétiques », dont il affiche pourtant un grand respect et qu’il prétend même d’avoir découvertes pour le basque. Selon moi, il n’est pas phonologue du tout.
Quel dommage que vous n’ayez pas réussi, résumé, complété vos recherches sur la langue basque sous formes d’une grammaire ou d’un ouvrage d’un plan plus vaste. J’ai lu presque tout ce que vous avez écrit là-dessus et je ne saurais qu’un seul point vraiment important à l’égard duquel il me n’est pas possible de me ranger à votre opinion. C’est la théorie ibérienne. Aussi dans un petit article critique où j’ai|4| à dire quelques généralités sur les basques et le basque, je vous fais un peu d’opposition.2 Vous êtes un homme équitable et vous ne m’en voudrez pas. Ce ne sont pas les étymologies de Humboldt qui m’éblouissent, mais des arguments d’un ordre bien différent, (surtout le parallélisme qui existe entre la phonétique basque et espagnole) lesquels me paraissent avoir assez de poids. Je vous enverrai l’article en question, aussitôt qu’il sera imprimé – en me recommandant d’avance à votre indulgence.
Je continuerai mes recherches sur les livres basques se trouvant dans les bibliothèques allemandes; et je vous ferai avoir la copie complète des titres des deux livres de la bibliothèque de Berlin.
Est-ce que vous avez vu |5| le Trésor de 1642 de Vienne? Comment savez-vous que c’est une réimpression de Voltoire? Quand vous écriviez votre notice bibliographique, vous n’en étiez pas encore sûr.
La philippique contre M. Berdoly, que vous m’avez envoyée, est écrite dans un bas-navarrais bien nourri. Moi aussi, j’ai un peu en grippe M B. La comtesse Chambon que j’ai connue à Nice, m’avait donnée une recommandation pour son cousin M. Gaston Paraige3 à Orthez; celui-ci me recommanda à M. Berdoly. Je ne le trouvai pas chez lui, à son château près de Saint-Palaye4; je lui écrivis, mais il ne daigna pas de prendre notice de mon existence5. Comme il est difficile de trouver dans |6| le pays basque des personnes capables et en même temps disposées à vous donner des renseignements au fond très simples sur le basque!
Pourquoi les Basques écrivent-ils caseta pour gazette? Le son de l’s et z fr. devrait maintenant toujours être représenté par z en basque.
Je crois avoir trouvé que les mots commençant par t sont aussi d’origine étrangère. Quant à k, je trouve des mots qui semblent être vraiment basques, comme khendu, ôter, khe fumée.
Dans mon article sur p6 il y a quelques fautes typographiques (trilingue au lieu de trilingüe – Goyetche j’ai pensé à M. Pierre – au lieu de Goyhetche; et même ce qui est dit sur les significations cis- et transpyrénéennes de gozo, je l’avais corrigé dans la dernière épreuve, mais on n’y a pas fait attention.)
Bien à vous
H. Schuchardt
1 Schuchardt (1887), Brevier/HSA 200.
2 Wahrscheinlich Schuchardt (1888), Brevier/HSA 217.
3 Im Nachlass von Schuchardt befindet sich eine Visitenkarte von Paraige.
4 Heute: Saint-Palais.
5 M. Berdoly dürfte auch später nicht geantwortet haben, im Nachlass ist kein Zeichen von ihm zu finden.
6 Schuchardt (1887), Brevier/HSA Nr. 200.
Faksimiles: Die Publikation der vorliegenden Materialien im „Hugo Schuchardt Archiv” erfolgt mit freundlicher Genehmigung von: Azkue Biblioteka (Euskaltzaindia) (Sig. HSJV06)