Sugestão de citação: Anonyme (Claude de Crébillon) (Ed.): "N°. 5.", em: La Bigarure, Vol.9\005 (1751), S. 35-40, etidado em: Ertler, Klaus-Dieter / Hobisch, Elisabeth (Ed.): Os "Spectators" no contexto internacional. Edição Digital, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.4966 [consultado em: ].
Nível 1►
N°. 5.
Nível 2► Carta/Carta ao editor► A Beau Prêcher à qui n’a cœur de bien faire. C’est, comme vous le scavez, Monsieur, un de nos vieux Proverbes, dont nos Pasteurs, Predicateurs, Directeurs, &c. éprouvent, tous les jours, avec nous, la verité. Au-reste nous ne sommes pas les seuls ; & j’entends dire depuis un tems la même chose de ces Messieurs. Peut-être le direz-vous aussi vous même, lorsque vous aurez lu la piéce suivante, qu’on vient de me communiquer, & qui m’a paru mériter que je vous en fisse part. C’est un espece de petit sermon en Vers, moitié serieux, & moitié badin, dans le quel il y a beaucoup à profiter pour nos Ecclesiastiques, mais dont je gagerois bien (& mille autres personnes avec moi) qu’ils ne profiteront pas plus, que nous ne faisons des leur. . . . Pourquoi cela ? . . . C’est que, comme je viens de le dire, A beau Prêcher à qui n’a cœur de bien faire.
epitre
a nos seigneurs du clergé de france.
Nível 3► Au fond de mon triste manoir
Si je veux reposer le soir,
Ma Muse aussitôt me harcelle.
« Comment donc, faquin, me dit-elle,
Tu prétens dormir sans souci
Lorsque tout le monde est transi,
Que chacun, exerçant sa plume,
Sur son avis dresse un Volume
[36] Pour le grand Procès du Clergé
Qui dans peu doit être jugé ?
Et toi, plus nouri qu’un Chanoine,
Plus paresseux vingt fois qu’un Moine,
Plus grave qu’un vieux Magistrat,
Tu restes là comme un Beat !
Rougis ; car cette indifférence
Est de la plus grande indécence.
Jadis on t’a vu des neufs Sœurs
Un des plus zèlez Serviteurs ;
A present froid comme un Hermite
Claquemuré dans sa guérite,
Veut-on travailler avec toi ?
Tu réponds : chacun vit pour soi. »
Contre les efforts de ma Muse
Je tiens bon, long-tems je m’excuse,
De peur d’aller mal à propos
Me faire inscrire au rang des sots.
A la fin lassé de l’entendre
Me cajoler, puis m’entreprendre,
Je mis au net cet Argument
Sur le present événement
A Messieurs du Clergé de France
Nível 4► Salut. Le Roi par Ordonnance,
Sans aucune condition,
Exige Declaration
De vos Biens fonds, Terres, & Rente ;
Voilà ce qui met l’épouvante
Dans vos cœurs, timides Prelats,
Qui tremblez tous pour vos Ducats.
Vous voyez plus ferme qu’un Buste,
Après avoir calculé juste,
Le fin Contrôleur-Général
Se déclarer votre rival.
Vis à vis d’un tel adversaire
Rarement on gagne une affaire ;
Et vous aggraverez vos torts
En faisant de nouveaux efforts
[37] Pour vous exemter du Vingtième
Que vous devez payer, de même
Que la Noblesse, en vérité,
Pour raison de Vassallité.
Vous mettez avec suffisance
En avant votre Conscience,
Votre honneur, la Religion.
Cette nouvelle invention
Ne vous servira pas d’un zeste.
Mais approfondissons le reste ;
Car vous touchez presque au moment
Qu’on vous parlera clairement.
Primo, de la Munificence
De nos Rois, de leur bienveillance,
Vous tenez les Immunitez
Qu’ici fortement vous citez :
C’est donc une lourde méprise
D’en faire une Loi de l’Eglise ;
Retranchez déja cette Erreur
Dont l’intérêt seul est l’auteur.
Secundo, des biens de la France
Ayant supputé la finance,
Il se trouve qu’un tiers & plus
Compose tous vos revenus.
Ne prétextez point de faux titre ;
Prenez le Bon-sens pour Arbitre,
Vous trouverez ces mêmes fonds
Sujets aux Contributions.
Messieurs du Clergé, l’artifice
Ne peut rien contre la justice
Qui vous oblige ainsi que moi
De payer le Vingtieme au Roi.
Tertio, dans le Diocèze
Où vous Décimez à votre aise
Ce n’est pas toujours l’Equité,
Qui regle la Totalité.
Les pauvres Curés, qui vous craignent,
A voix basse souvent se plaignent.
Je vais d’un calcul odieux
Mettre l’exemple sous vos yeux.
[38] Un Evêque, dont les pratiques
Revoltent les moins Satiriques,
Sur son Clergé peut, tous les ans,
Tirer quarante mille francs.
Ses Decimes à vingt cinq mile
Sont fixés ; mais cet homme habile
A de bon quinze mille francs
Dont il entretient ses parents.
D’autres Prelats, au vrai très riches,
A six francs, Decimes postiches,
Sont taxés ; & le bas Clergé
Est écrasé, foulé, grugé.
Pour éviter tout ce désordre,
Rien de mieux que le nouvel ordre
Par le quel vous êtes tenus
De déclarer vos revenus.
Alors sur l’état des receptes,
Pour liquider le fond des dettes,
Le Roi, par un bon reglement,
En ordonnera le payement.
Vous vous recriez tous, de même,
Sur les mots d’Impôts, de Vingtieme ;
Ils blessent vos immunitez ;
Et sur cela vous nous citez
Un exemple pris dans la Bible
Où vous lisez (preuve sensible !)
Que les Levites autrefois
Ne payoient point d’impôts aux Rois.
A ceci je vais vous repondre
Verité qui doit vous confondre.
Le Levite avoit pour tout bien
La charité du Citoyen.
Le revenu du Ministere
Est exemt du droit Tributaire ;
Contentez vous de celui-là ;
Ne recherchez rien au delâ.
Reduisez-vous tous à l’Aumône ;
Le Fidelle a l’ame assez bonne
Pour prevenir vos vrais besoins,
Et vous rendre de justes soins.
Il est sûr que votre équipage
[39] Feroit un peu moins d’étalage ;
Mais dans le fond seroit-ce un mal
Qu’un Prelat fût simple & frugal ?
Ne me forcez pas à médire,
Et pour éviter ma Satire,
Faites au Roi la soumission
De votre declaration.
Je sçai bien qu’un grand Archevêque,
A la tête de maint Evêque,
De vos droits zèlé protecteur,
Les deffendit avec vigueur.
Il le pouvoit, s’étant d’avance
Taxé lui-même en conscience.
Si vous vouliez en faire autant
La chose iroit tout autrement.
Du bon Prelat de Carcassonne,
Que la Providence vous donne,
Je crois que les expedients
Termineront vos différents ;
Mais, surtout, fuyez les allures
De ceux qui parlent de Censures,
Et qui mettent, dans leur esprit,
Tout le Royaume en interdit.
Il me reste sur cette affaire
Une réflexion à faire.
Dans le nombre des combattants
Sur l’intérêt les plus ardents,
Dites, qui est-ce qui recule ? . . . .
Ce sont les amis de la Bulle . . . .
A l’un d’eux (belle invention !
Digne en effet d’attention !)
L’an passé, dans son Diocèze,
S’adresserent Paul & Therese
A dessein de se marier.
« Afin de vous Sanctifier,
Dit ce Prelat, signez la Bulle.
Les Curez sans cette formule
Ont deffense de vous unir. »
Dites moi si ce Fanatisme
Est Vertu, Devoir, Zèle, ou Schisme.
[40] S’agit-il, par ordre du Roi,
De signer une juste Loi,
Il vous dit avec élégance
Qu’il ne le peut en conscience.
Messieurs, voici la Verité
J’en fais juge votre Equité.
Ce certain Prélat Janseniste
Que l’on traite de Rigoriste,
Qui n’employe son autorité
Qu’avec justice & dignité,
Qui du nouveau n’est point avide,
Qui n’a que l’Equité pour guide,
Qui deffend avec majesté
L’interêt de la Verité,
Qui parle vrai, qui sçait se taire
Sur les Vices d’un adversaire,
Qui depuis quarante ans Prélat
Fut l’honneur de l’Episcopat,
Le voyez-vous, de l’Ordonnance,
Qui retranche un peu sa finance,
Se plaindre, gronder, murmurer ?
Il se retranche, & veut payer. *1
Je voudrois que sur ce modèle
Chacun de vous reglat son zèle.
J’ai dit mon Avis en Chretien,
En Sujet, en bon Citoyen.
Si les Prélats, en consequence,
Sur le devoir, sur la Prudence,
Reglent enfin leur différent,
Je suis heureux, je suis content. ◀Nível 4 ◀Nível 3
J’ai l’honneur d’être &c.
Paris, ce 9 Avril 1751.
◀Carta/Carta ao editor ◀Nível 2
Le Jeudi, 15. Avril 1751.
◀Nível 1
1* M. de Caylus, Evêque d’Auxerre, en Bourgogne. Ce Prelat, qui a près de quatre vingt dix ans, & qui est un des plus respectables Membres de l’Episcopat, est aussi le seul Evêque de France, Apellant, que la Mort ait respecté jusqu’à ce jour. Il vient de donner, sur cette matiere, un Ouvrage au quel il est impossible de repondre, tant il est solide & convainquant.