C’est
à vous que
j’offre cet Ouvrage, à vous qui avez les richesses, le crédit, &
le cœur assez bon pour souhaiter de faire du bien. Vous existez sans
doute, mais je ne vous connois pas ; je vous cherche, & voudrois
vous trouver. Consultez votre cœur, examinez-vous ; voyez si vous
êtes capable de mépriser l’ingratitude, sans abandonner les
malheureux ; de donner des exemples de vertu, sans haïr ceux qui
dédaigneront de les suivre ; de vous distinguer par la bienfaisance,
sans exiger l’admiration ; de régner sur
une famille soumise, sans lui ravir la liberté ; de
vivre avec une épouse chérie, sans oublier ses droits, ni mefuser
des vôtres ; d’être grand, sans hauteur ; riche, sans faste ;
vertueux, sans rudesse ; & généreux, sans orgueil : voyez si
vous êtes cet homme : si vous l’êtes, c’est à vous que j’offre cet
Ouvrage : le tribut vous en est dû ; l’humanité me l’inspira, &
fais aujourd’hui mon obligation envers vous.