Le Nouveau Spectateur (Bastide): Discours Premier
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Ebene 1
Discours III.
Ebene 2
Allgemeine Erzählung
Un Courtisan disgracié étoit à la
Bastille. Là sans Livre, sans occupation, en proie à l’ennui
& à l’horreur de la prison, il s’avise d’apprivoiser une
araignée ; c’étoit la seule consolation qui lui restoit dans
son malheur. Le Gouverneur de la Bastille, par une
inhumanité commune aux hommes accoutumés à voir des
malheureux, écrase cette araignée. Fait tiré du Livre de
l’Esprit, & rapporté antérieureent par vingt différens
Auteurs.
Metatextualität
Ecoutons leur justification.
Allegorie
Ils ont vécu six mois dans un
antre ; réduits aux carrotes, au lard ranse, à la lueur pâle
d’une lampe, à la société de quelques êtres infortunés comme
eux ; le plaisir est venu frapper à leur porte, & leur a
dit : Suivez-moi, sur mes traces vous trouverez une grande
maison, beaucoup de valets pour vous servir, un homme riche,
décoré, aimable, caressant, dont vous deviendrez les amis,
qui vous dira des nouvelles, vous associera à ses amis
illustres, vous nourrira des meilleurs mets, vous abbreuvera
des meilleurs vins. Pouvoient-ils résister, pouvoient-ils
être sourds, & calculer les inconvéniens du plaisir ? La
misere, la soif, la faim ne leur ont pas permis de les
connoître. Ils ont suivi ce guide enchanteur, ils ont trouvé
tout ce qui leur avoit été promis, mais à la fin du jour on
leur a signifié de tenir des cartes ; c’étoit un
ordre, un ordre exprès ; ils ont pâli & balancé, mais
ils ont compris que leur résistance alloit les bannir pour
jamais d’un lieu enchanté : eh ! comment sacrifier à un
malheur incertain, un bonheur assuré ? Ils espéroient
d’ailleurs qu’on proportionneroit le combat à leur force ;
ils n’ont connu tout leur danger que lorsque l’action étoit
engagée ; ils ne pouvoient plus reculer. . . .
Metatextualität
Je fus témoin hier de l’horreur que je dépeins.
Allgemeine Erzählung
Une femme dans la même
circonstance où je viens de placer les deux objets que j’ai
mis sur la scene, réduite à ne pas manger de tout le jour,
fut réduite à emprunter de sa domestique le seul écu qu’elle
eût, pour faire subsister son mari impotent. Je dirai
pourtant à cette femme, & à quoiconque s’expose, comme
elle, à tomber dans une si grande extrêmité, que, quoiqu’une
fatale séduction ait rendu presqu’inévitable la docilité qui
lui arrache aujourd’hui des larmes, on est en
droit de la condamner en la plaignant. Il falloit qu’elle
opposât une résistance noble à l’ordre qu’on lui
signifioit : elle en auroit eu le courage, si elle avoit
voulu s’y condamner ; mais le plaisir, la vanité, la
gourmandise furent consultés : la vanité surtout. Eh !
quelle petitesse n’y a-t’il pas à attacher de la gloire à
voir des gens dont on est la ressource dans l’ennui, &
la victime dans le plaisir ? Le motif de la gourmandise
seroit moins condamnable ; c’est du moins une foiblesse sans
illusion ; il n’y a ici que la raison qui la condamne, &
il y a moins à rougir d’un défaut de prudence, que d’une
petitesse d’esprit. Cependant l’une & l’autre sont
très-dignes de censure, quand l’effet qui s’enfuit, peut
devenir si digne de pitié. On les mépriseroit en soi, on
sçauroit leur résister, si l’on avoit le bon sens, la
noblesse d’ame que fit autrefois admirer
l’Anglois respectable dont parle l’Auteur du Livre de
l’Esprit.
Ebene 3
« La Cour
d’Angleterre, dit-il, ayant intérêt d’attirer un
Seigneur dans son parti, M. Walpole va le trouver. Je
viens, lui, dit-il, de la part du Roi, vous assurer de
sa protection, vous marquer le regret qu’il a de n’avoir
encore rien fait pour vous, & vous offrir un emploi
plus convenable à votre mérite. Milord, lui répliqua le
Seigneur Anglois, avant de répondre à vos offres,
permettez-moi de faire apporter mon soupé devant vous.
On lui sert au même instant un hachis fait du reste d’un
gigot, dont il avoit dîné. Se tournant alors vers M.
Walpole : Milord, ajouta-t’il, pensez-vous qu’un homme
qui se contente d’un pareil repas, soit un homme que la
Cour puisse aisément gagner ? Dites au Roi ce que vous
avez vu ; c’est la seule réponse que
j’aie à lui faire. »