Référence bibliographique: Pierre Carlet de Marivaux (Éd.): "XX. Feuille", dans: Le Spectateur français (Marivaux), Vol.1\020 (1752), pp. 265-282, édité dans: Ertler, Klaus-Dieter (Éd.): Les "Spectators" dans le contexte international. Édition numérique, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1245 [consulté le: ].
Niveau 1►
Vingtiéme Feuille
Niveau 2► Metatextualité► J’apprends qu’il a paru dans le public une Feuille intitulée, un Spectateur François, où l’on fait une Critique d’Inès, Tragédie de Monsieur de la Motte. Quelques personnes trompées par le Titre auront pu me l’attribuer, & je crois devoir avertir qu’elle n’est point de moi, que je ne sçais d’où elle part, & même que je ne l’ai point lue. Ce n’est point parce qu’elle [266] critique l’Ouvrage d’un homme Illustre, que je prens soin d’avertir qu’on ne s’y méprenne pas, & qu’elle ne m’appartient point ; il est vrai que j’estime infiniment Monsieur de la Motte, & Niveau 3► Autoportrait► je serois d’un esprit bien peu sensé, si je n’étois pas dans ce sentiment-là : mais en qualité de Spectateur des hommes, tel que je suis, Monsieur de la Motte, avec tout son mérite & sa réputation, ne m’effraïe point, & devient à mes yeux un homme comme un autre, c’est-à-dire, un simple sujet d’observation, de même que l’homme dont on ne parle point & qui se perd dans la foule. ◀Autoportrait
Récit général► Il n’y a ni petit, ni grand homme pour le Philosophe : il y a seulement des hommes qui ont de grandes qualités mêlées de défauts : d’autres qui ont de grands défauts mêlés de quelques qualités : il y a des hommes ordinaires, autrement dit, médiocres, qui valent bien leur prix, & dont la médiocrité a ses avantages ; car on peut dire en passant que c’est presque toujours aux grands hommes en tout genre que l’on doit les grands maux & les grandes erreurs : s’ils n’a-[267]busent pas eux-mêmes de ce qu’ils peuvent faire, du moins sont-ils cause que les autres abusent pour eux de ce qu’ils ont fait. ◀Récit général ◀Niveau 3
Mais pour revenir à mon sujet, je n’avertis que la Critique d’Inès n’est point de moi, que parce qu’elle n’en est point. Si elle est bonne, que le véritable Auteur en soit loué, je ne veux le bien de personne : si elle est mauvaise, j’ai assez de mes fautes, sans me charger de celles d’autrui : en fait de critique ou d’éloge, je suis bien aise que personne n’en fasse pour moi ; je m’en tiens au peu que je sçais faire, & je veux avoir tort ou raison par mes propres Oeuvres.
Je ne ferai plus qu’une attention là-dessus : la Critique d’Inès est intitulée, un Spectateur François. Je n’ai rien à dire à l’Auteur qui a pris mon Titre : mais si j’avois été homme à faire valoir exactement le Privilége de mon Livre, l’Imprimeur de cette Critique mise sous mon Titre n’auroit pas trouvé son compte avec moi : passe pour cette fois, où je me contente de dire que cette Feuille anonime ne m’appartient point : mais si on y revenoit, [268] je prendrois les mesures convenables en pareil cas, & je ne souffrirai plus une confusion de titres, dont le moindre inconvénient seroit de me faire ou plus d’honneur, ou plus d’injure que je n’en mérite, & qui avec cela pourroit me charger de l’iniquité de tout homme dangereux & hardi, qui voudroit écrire sans être connu, & par-là, livreroit mon caractere & l’innocence de mes mœurs à la discrétion de son audace.
Puisqu’il s’agit ici d’Inès, & qu’il m’a fallu discontinuer la suite des sujets que j’ai coûtume de traiter dans mes Feuilles, je vais donner la moitié d’une Lettre qu’un de mes amis m’écrit de Paris, à la campagne où je suis : je l’avois prié de me dire ses sentimens sur cette Tragédie, & voici comment il s’explique. Les réflexions qu’il fait dans sa Lettre me tiendront lieu d’un Spectateur ordinaire.
Niveau 3► Lettre/Lettre au directeur► Après vous avoir informé de tout ce que vous vouliez sçavoir, je vais à présent vous satisfaire sur le chapitre d’Inès : le Public a déjà fait son éloge par la grande avidité qu’il a marquée pour la voir, & moi qui vous [269] parle, j’étois de ce public-là, & même de la portion de ce public la plus avide. Ainsi c’est déja vous dire en gros ce que je pense de l’Ouvrage. Je n’ai pas le tems d’en faire le détail, & je vous en dirai ce que je pourrai, sans ordre, & suivant que les choses me viendront.
Je trouve d’abord qu’il regne un extrême interêt dans cette Tragédie : mais de cet interêt rare qu’il n’appartient qu’à peu d’Auteurs de jetter dans ces sortes d’ouvrages ; interêt qui vient moins des faits, que de la maniere de les traiter ; interêt encore plus semé, plus répandu, que marqué seulement en quelques endroits.
Dans les Tragédies ordinaires, paroit-il une situation interessante ? elle frappe son coup : & voilà qui est fini jusqu’au moment qu’il en revienne une autre.
Ici chaque situation principale est toujours tenue présente à vos yeux, elle ne finit point, elle vous frappe partout, sous des images passageres qui la rappellent sans la répeter, vous la revoyez dans mille autres petites situations momentanées, qui naissent [270] du dialogue des personnages, & qui en naissent si naturellement que vous ne les soupçonnez point d’être la cause de l’effet qu’elles produisent ; de façon que dans tout ce qui se passe actuellement d’interessant réside encore, comme à votre insçu, tout ce qui s’est passé : de-là vient que vous êtes remué d’un interêt si vif, & si soutenu, & qui est d’autant plus infaillible, que hors les endroits extrêmement marqués, vous ne distinguez plus les instans où il vous gagne, ni les ressorts qui le contiennent.
Et certainement c’est ce qu’on peut regarder comme le trait du plus grand maître ; on auroit beau chercher l’art d’en faire autant, il n’y a point d’autre secret pour cela que d’avoir une ame capable de se pénetrer jusqu’à un certain point des sujets qu’elle envisage. C’est cette profonde capacité de sentiment qui met un homme sur la voye de ces idées si convenables, si significatives ; c’est elle qui lui indique ces tours si familiers, si relatifs à nos cœurs ; qui lui enseigne ces mouvemens faits pour aller les uns avec les autres, pour entraîner avec eux [271] l’image de tout ce qui s’est déja passé ; & pour prêter aux situations qu’on traite ce caractere séduisant qui sauve tout, qui justifie tout, & qui même exposant des choses qu’on ne croiroit pas régulieres, les met dans un biais qui nous assujettit toujours à bon compte ; parce qu’en effet le biais est dans la nature, quoiqu’il cessât d’y être, si on ne sçavoit pas le tourner : car en fait de mouvemens, la nature a le pour & le contre, il ne s’agit que de bien ajuster.
Récit général► Par exemple, le Prince malgré la convention faite avec sa maîtresse de cacher leur amour, à cause du danger qu’il y a de le découvrir, l’avoue pourtant par une vivacité qui le prend, aussi-tôt qu’on l’en accuse.
Un génie borné auroit fait son personnage plus discret, il n’auroit pas même imaginé qu’on pût se conduire autrement, & sans jetter les yeux plus loin, il s’en seroit tenu au parti qui avoit d’abord la mine la plus raisonnable, & qui étoit que le Prince se tût là-dessus ; & c’est justement avec cet esprit-là qu’on fait des Ouvrages si froids : tous les Poëmes dramatiques qui sont [272] médiocres, sont pleins de ces régularités glacées ; mais il y a une conduite sensée d’un ordre superieur, & c’est celle que tient un Auteur qui sçait qu’il y a des occurrences, où c’est agir judicieusement que de mettre une étourderie apparente à la place d’une action qui se présente d’abord, & qui seroit dans l’ordre ordinaire de la raison ; qu’enfin il y a des instans où la passion fournit à un homme des vues subites, ausquelles il est impossible qu’il résiste, fussent-elles étourdies, & qui doivent l’emporter sur tout ce qu’il avoit auparavant résolu de faire, & qu’il avoit cru le plus sage : car tout passionné qu’il est cet homme-là, il compare rapidement ce qu’il sent alors, à ce qu’il avoit projetté, & peut-être n’a-t-on jamais le sens ni plus droit, ni plus vif que dans ces momens-là. La passion est souvent meilleure ménagére de ses interêts qu’on ne pense, & je croirois que la raison même dans de grands besoins la secoure de tout ce que ses lumieres ont de plus sûr : car l’homme est ainsi fait, que tout ce qu’il a lui sert, & vient à lui quand il le faut. ◀Récit général
[273] Mais je m’écarte, revenons au Fils d’Alphonse ; en vertu de quoi étoit-il convenu avec sa maîtresse de ne pas avouer leur amour ? en vertu de ce qu’il croyoit que cet amour n’étoit encore connu de personne : mais il voit que la Reine l’a pénetré, cela change la these : elle l’en accuse devant son pere ; n’en eût-elle encore qu’un soupçon, c’est tout de même pour Inès que si elle en étoit sûre. Cette amante n’en sera pas moins l’objet de ses fureurs, quoiqu’ objet douteux. Il seroit donc inutile pour le Prince de s’en tenir à la négative ; bien plus, il va devenir dangereux de nier : car dans l’état où sont les choses, c’est priver Inès de la seule défense qui peut lui rester contre la Reine ; & cette défense, c’est l’aveu franc & hardi que le Prince fera de son amour pour elle : on pourra respecter, ou du mois ménager une fille de qualité, chérie d’un Prince héritier présomptif de la Couronne, d’un Héros qui fait lui-même les délices de tout un Peuple. Ajoutez à cela je ne sçais quoi de courageux que sent un homme dont l’ame est haute, qui le dégoûte bien-[274]tôt de toute prudence craintive, & qui lui dit qu’on n’oseroit le braver, & le pousser à bout dans une chose à laquelle il a déclaré qu’il s’intéresse.
Voilà donc tout ce que le Prince envisage, dans le détroit où il se voit ; voilà les idées en conséquence desquelles sa passion inquiette lui fait négliger une convention qu’un Auteur ordinaire auroit cru sacrée.
Eh bien : cette hardiesse ne lui réussit pas ; le Roi n’en menace pas moins Inès, & quelques personnes voudroient même qu’il la fît soustraire, comme si le Prince qu’il s’agit de gagner en devoit par-là devenir plus docile : mais passons cela : le Roi, dis-je, n’en menace pas moins Inès, il la fait même prisonniere de la Reine, dont il ne connoît ni la malice, ni la noirceur. Oh ! pour lors le Prince se taira, n’ayez pas peur qu’il parle : il croyoit servir Inès en avouant qu’il l’aimoit, il s’est trompé ; il va croire qu’il l’assassineroit en avouant qu’il est marié avec elle : & voilà bien la passion qui promene toujours nos idées d’une extrémité à l’autre, & quelquefois c’est les mener bien ; ainsi c’en est [275] fait, jamais il ne dira son mariage, & pour tirer Inès de péril, il n’y sçait plus rien que de l’enlever : c’est ce qu’il tente & qui ne leur réussit pas non plus ; il est vrai qu’Inès lui fait manquer son coup, & se refuse à une action violente & rebelle. Et que ne la force-t-il à le suivre, dira-t-on ? c’est son Epouse. Oui : mais une Epouse à qui le mystere de leur union a conservé tous les droits d’une Amante : elle hait le crime, son Epoux en fait un qui n’est pas consommé, & cette Epouse vertueuse veut lui en sauver l’énormité qu’y joindroit un succès coupable, & se sacrifie elle-même à ce peu d’innocence qu’elle peut encore lui conserver : car pour le Prince, il ne court aucun risque ; son pere sera son Juge, & ce pere ne se vengera que sur Inès de la violence de son Fils repentant. Que j’aime alors à voir la passion de ce Prince, toute fougueuse qu’elle est, connoître pourtant les égards les plus tendres, & n’en relever pas moins de la tendre vertu d’Inès ! Que cela peint bien les sentimens d’un Epoux qui ne l’est jusqu’ici que sous la figure d’un Amant [276] qu’on favorise, qui n’ose être heureux qu’en tremblant, & qui voit encore la pudeur de son Epouse s’allarmer du bonheur secret qu’il obtient.
Pendant qu’Inès lui représente tout ce que son action a de criminel envers son Roi, ce Roi, dont le Prince vient de forcer la garde, arrive, & trouve son Fils, l’épée à la main. Cherches-tu à m’ôter la vie, lui dit-il ? ou quelque chose de semblable. Ces mots désarment le Prince, il jette son épée avec une promptitude, qui exprime tendrement à son pere tout l’abandon qu’il lui fait de sa personne, toute l’horreur qu’il a lui-même de l’idée qu’on lui impute, & toute l’étendue de son innocence à cet égard.
On démêle bien que le pere sent toute la force de son geste & du discours qui le suit, il continue pourtant de paroître irrité, & je pense que c’est dans cet endroit-là que le Prince outré de se voir toujours plus malheureux, & sa maîtresse toujours plus exposée, retombe dans un transport de passion qui me semble admirable. Si l’on ne ménage [277] Inès, dit-il, il fera tout périr, il tuera tout. En l’entendant parler ainsi, vous croiriez qu’il ne connaît plus personne. Point du tout, il est en lui un caractere génereux qui tient la main à son emportement. Du milieu de ces projets de vengeance, & de cette fureur aveugle, il sort machinalement une exception génereuse en faveur de son pere qui le maltraite, & en faveur de Constance, à laquelle le Spectateur ne pense pas alors, & dont on se rappelle tout d’un coup la douceur & la vertu, que l’on voit bien être les seules causes de cette exception que le Prince fait pour elle, & pour elle qu’on veut qu’il épouse malgré lui : je ne sçais rien de si beau que cela. Mais à propos de Constance, de cette Princesse rejettée du Prince qu’elle aime, & qui ne sert, pour ainsi dire, qu’à mettre le hola par tout, qui, de quelque côté qu’on la considere, fait un personnage comme disgracié, d’ailleurs assez uniforme, & qui semble ne devoir pas lui attirer une grande attention, avez-vous rien de plus piquant qu’elle dans cette Tragédie ? perdez-vous un instant ses [278] intérêts de vue ? combien ne vous les recommande-t-elle pas, par le sacrifice qu’elle en fait elle-même, par la douleur qu’il lui en coûte en les négligeant, par la contrainte où elle tient cette douleur, afin que son injure en frappe moins la Reine & le Roi même, par la sensibilité qu’elle éprouve aux malheurs du Prince & de sa maîtresse, par ce secours affectueux qu’elle leur prête sans qu’ils le sçachent, & qu’elle leur offre ensuite ; & tout cela sans faste, sans insinuer aucune de ces ostentations Romaines, qui gâtent ce qu’on fait de génereux en le vantant, & qui humilient ceux qu’on oblige ? oui, je l’avoue, Constance m’a charmé, c’est un caractere absolument neuf, on oublie de l’admirer, à force de l’aimer. Sa douceur & sa simplicité nous dérobent ce qu’il a de grand ; je n’y sens rien de cette vertu affectée au Théâtre, & avec laquelle peut-être seroit-on insupportable dans le monde. Constance est comme une personne qui vivroit parmi nous, qui vaudroit mieux que nous tous, & dont nous sentirions avec plaisir la supériorité, sans [279] y réfléchir avec l’étonnement qu’elle mériteroit.
Avez-vous remarqué ce que vaut l’aveu qu’elle fait au Roi de l’amour qu’elle a pour son Fils ? que les sentimens d’un cœur qui se choisit un pareil confident sont respectables ! que ce choix est bien garant d’une ame dont les foiblesses mêmes n’enfanteront que des actions vertueuses ! Pour la Reine sa mere elle ne l’aime point. Mon sentiment est que Monsieur de la Motte s’est trompé dans ce caractere : cette femme-là déplaît moins, parce qu’elle est méchante, que par sa maniere de l’être. Une Reine comme elle doit être plus décemment sensible à ces affronts, & laisser aux femmes du commun cet éclat humiliant qu’elles font des leurs. Je voudrois donc qu’elle dissimulât sans en valoir mieux ; que ses emportemens n’apprissent pas que c’est elle qui a empoisonné Inès, & qu’elle ne fût soupçonnée de ce coup qu’à cause de l’interêt qu’elle auroit eu à le faire.
Après cela je conviens que sa méchanceté va au profit des autres per-[280]sonnages : le malheur d’Inès en est plus touchant, la vertu de Constance plus sensible, le Roi moins libre de se dissimuler les torts de son Fils, & plus obligé de le punir, quand ils le rendent criminel. La passion du Prince en est plus exercée, son silence obstiné sur son mariage en est plus raisonnable : car il y a apparence que, soit qu’il meure ou qu’il vive, l’aveu qu’il en feroit, perdroit Inès, à qui l’on ne peut jusques ici rien reprocher, sinon qu’il l’aime ; enfin cette méchanceté nous amene ce bel endroit, où le Roi, après avoir condamné son Fils par une rigueur qui n’est point dans nos mœurs à la vérité, mais que la Loi bien exactement observée ne désavoueroit point, où le Roi, dis-je, parlant à la Reine, qui a poursuivi la mort du Prince, lui dit : eh ! pourquoi jugiez-vous sa mort si nécessaire ? en ajoutant après : je vois bien que mon Fils n’a plus de mere.
Cet endroit-là me fera encore remarquer une chose, c’est cette connoissance intime & réciproque, qu’au milieu de leurs divisions le Pere & [281] le Fils dans toute la Piéce ont, de l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre : jamais ils ne s’aiment plus, ils ne se le font jamais plus entendre que dans leurs actions qui le démontrent le moins ; & pour surcroît de peine, il faut qu’ils gênent leurs sentimens, l’un dans la crainte que son Pere ne s’en serve pour le gagner, l’autre dans la crainte que son Fils n’arrache à la nature une grâce que la justice lui refuse.
Voilà de grandes sources d’intérêt : mais c’est bien dommage que le Prince aille mourir.
Aussi le Conseil que le Roi tient pour le juger me blesse-t-il en partie ; sa tournure ingénieuse ne me console pas de l’Arrêt qu’on y prononce ; le Juge qui absout le Prince, tout son rival qu’il est, je l’estime d’abord : mais quand l’autre le condamne politiquement, après avoir cité les obligations qu’il a à ce Prince, oh ! je suis son serviteur : sa justice s’explique d’une façon trop bizarre ; le paralelle que j’en fais avec les obligations qu’il cite me la rend odieuse, toute louable qu’elle est dans le [282] fond : outre cela, je m’apperçois tout d’un coup qu’on a voulu contraster trop spirituellement les avis de ces deux Juges : l’Auteur est trop là-dedans, lui qui ne paroît nulle part que là ; & je sens malgré moi que cela ne s’accorde pas avec l’interêt sérieux & de bonne foi qui m’occupe : peut-être ai-je tort de penser comme cela ; mais il est comme impossible de ne pas tomber dans ce tort-là, & par-là mon tort est celui de l’Auteur.
Metatextualité► Je ne sçais pourquoi je n’ai presque rien dit du personnage d’Inès, qui contribue de tout son Rôle au plaisir que donne cette Tragédie, & dont les discours dans le dernier Acte surtout, emportent le cœur. Adieu, mon ami, le papier me manque. Vale. ◀Metatextualité ◀Lettre/Lettre au directeur ◀Niveau 3 ◀Metatextualité ◀Niveau 2 ◀Niveau 1