Zitiervorschlag: Anonym (Hrsg.): "IV. Semaine", in: La Spectatrice, Vol.1\004 (1728), S. 77-98, ediert in: Ertler, Klaus-Dieter (Hrsg.): Die "Spectators" im internationalen Kontext. Digitale Edition, Graz 2011- . hdl.handle.net/11471/513.20.1273 [aufgerufen am: ].
Ebene 1►
Quatriéme Semaine
Ebene 2► Allgemeine Erzählung► Le Monde me donne quelquefois la Comedie à mes dépens. J’entendois un de ces jours dans un Caffé raisonner sur la Spectatrice. Ebene 3► Dialog► L’un disoit. Je m’attendois à trouver dans ce petit Ouvrage des avantures réjoüissantes, & je n’y vois que des réflexions : Cette femme n’est que Philosophe, un peu égayée à la verité ; mais cela n’est pas assez di-[78]vertissant. Vous vous mocquez disoit un autre, ce n’est point une femme : Vous ne trouverez dans cet Ouvrage, ni la maniere de penser, ni un style de femme. ◀Dialog ◀Ebene 3 Enfin chacun dit son mot, & c’est toûjours me faire un honneur que plus d’un Auteur m’enviera. Mais je ne sais pas à ces Critiques celui d’approuver leurs fantaisies, Metatextualität► & voici ce que j’ai à dire à chacun des hommes qui ne raisonnent pas bien à mon sens. ◀Metatextualität ◀Allgemeine Erzählung
Lecteur, voïez par vos yeux tant qu’il vous plaira sans consulter les yeux des autres, mais ne jugez point par votre seul jugement. Doutez. Qui vous a dit que vous avez en ceci plus de raison qu’un autre qui juge de mon Sexe autrement que vous, & qui a autant d’esprit que vous ? C’est moi qui le dis, répondrez-vous peut-être. Est-ce-là votre raison ? Vous ne meritez pas [79] une replique ; mais je suis bonne, & je veux vous traiter un moment en personne raisonnable.
La nature donne à de certains hommes des visages de femme : à quelques autres, elle en donne les inclinations. Au contraire elle donne à quelques femmes, ou le visage, ou la taille, ou la force des hommes, ou leur caractere d’esprit, ou des inclinations viriles, ou enfin des vices d’hommes. Elle a ses jeux, ses caprices, qui rendent plusieurs femmes égales à vous par l’envie ou par la maniere de penser & de philosopher. Metatextualität► Qui empêcheroit que je ne fusse de celles-là & que je n’écrivisse comme je pense ? Voilà pour les pensées & le stile de la Spectatrice. ◀Metatextualität
Quant aux avantures, je n’ai encore gueres vû d’évenemens assez interessans dans le goût que la nature m’a donné ; c’est pourquoi je [80] n’en ai point encore écrit. Ne vous fais- je pas honneur en ne vous donnant que ce que je trouve bon pour moi ? Metatextualität► Je vous promets pourtant quelques avantures quand il s’en presentera. Si vous n’êtes pas contens de cela, passez-vous de mon Livre, que je ne vous ai pas prié de lire, comme je me passerai des Lecteurs à qui il ne plaira pas.
Voilà une petite Preface disgracieuse. C’est que je suis de mauvaise humeur à cause d’un équipage de femme complet dont quelques raisons de biensèance m’obligent aujourd’hui à me harnacher. Sur tout, le maudit panier m’en déplait. Pour vous dédommager des sotises que je vais peut-être dire, je vous promets d’écrire la Semaine prochaine dans l’équipage d’homme & d’exciter ma belle humeur par quelque objet plus agréable que ce que je vis hier, & dont les idées qui [81] me sont restées dans la tête feront le sujet de cette speculation. ◀Metatextualität
Allgemeine Erzählung► J’étois a dîner chez un Traiteur qui me regale quelquefois de ses bons ragoûts & de ses pensées joviales que j’estime d’avantage. Trois hommes se sont trouvez de la partie, gens bien nourris & friands. Une femme bien faite & de bon air est venuë chercher un de ces sans souci qui étoit son mari & qu’un domestique n’avoit pû tirer de ce lieu. Elle paroissoit inquiéte, apparemment pour quelque affaire pressante, dont le mari ne jugeoit pas a propos d’être embarassé, & il avoit bien la mine d’être de ces gens qui ne se mêlent jamais du ménage, pas même de ce qu’il faudroit faire pour l’entretenir. La vûe de sa femme a esté un rabat-joïe pour lui, quoiqu’elle lui ait parlé avec une moderation qu’il ne paroissoit pas mériter. Ebene 3► Dialog► Monsieur, [82] lui a-t-elle dit, je suis fâchée d’être obligée de venir vous chercher, comme une femme d’artisan : il est arrivé quelque chose qui m’y a obligée : ◀Dialog ◀Ebene 3 Vous devinerez facilement ce que c’est. Il nous a semblé qu’il ne le devinoit que trop, il s’est levé, a jetté un profond soûpir en regardant la table, & a disparu, sans nous parler, tant il étoit penetré. Sa femme plus polie nous a fait une reverence fort honnête, mais d’un air melancolique qui m’a touchée & m’a ôté l’appetit. Voilà ce que c’est que d’être tendre. J’ai feint un mal de tête & je suis allée sur le cours dont j’étois proche, donner à mon esprit un repas de réflexions sur ce que je venois de voir, qui m’en inspiroit beaucoup. Contentez-vous, Lecteur, de ce repas, & me pardonnez si je ne vous fais pas meilleure chere. ◀Allgemeine Erzählung
La sotise d’une femme qui peut [83] se passer de mariage ; & qui se marie pour faire comme les autres, est toûjours pour moi une chose nouvelle & miserable. Le joug du mariage n’est un joug que pour nous, à cause de la superiorité des hommes, & parce que nous sommes faites precisément comme il falloit pour y être presque toûjours seules malheureuses quand nous nous laissons gouverner par notre sensibilité. Pour la plûpart des hommes, une épouse est une femme engagée, enrôllée pour se charger des détails qu’ils méprisent. Débarassez de ces détails, ils n’y pensent plus, ni à ce qu’ils coûtent à leurs femmes. Celles-ci demeurent sensibles à ce qui interesse leurs compagnons, & s’endurcissent aux miseres domestiques & à l’insensibilité des maris. Par-là elles sont toutes propres, & peut-être destinées à partager toutes les pei-[84]nes de ces hommes qui méprisent & traitent de petitesses celles de leurs femmes, & à porter dans un ménage les plus penibles charges des besoins de l’humanité.
Quelle condition pour les femmes ! Quand j’en vois tant de malheureuses, je me demande : Est-ce que les femmes seroient plus faites pour les hommes, que les hommes pour les femmes ? Je trouve cette idée humiliante, si elle est vraie ; & je crains bien qu’elle ne le soit ; sur tout quand je vois la pauvre figure qu’elles font presque toutes ; combien elles sont duppes de cette qualité de leur cœur, que les hommes appellent foiblesse, & donc ils sçavent si bien profiter ; combien elles sont faciles à surprendre par un amour, ou affecté pour les tromper, ou qui, quand il est veritable, est si different du nôtre, si bassement interessé & de si peu de du-[85]rée, qu’il ne mérite gueres ce nom. C’est pourtant de cet amour & de notre foiblesse que nous sommes si duppes, & en mariage & en amour quand nous sommes assez sotes pour les croire.
Mais laissons le mariage qui est si connu pour un engagement trop serieux, & renfermons-nous dans l’amour.
Les hommes, dont nous n’avons moins à nous plaindre en amour qu’en mariage, que parce que dans l’un nous sommes leurs maîtresses, au moins pour un tems, & dans l’autre leurs esclaves pour toûjours ; ces hommes, ces honnêtes gens se plaignent de nous pour se disculper & pour s’affranchir de ce qu’ils nous doivent.
Ils ne peuvent accuser nôtre cœur, ils accusent nôtre temperament : ils le chargent faussement de ce bas interêt qui dégrade l’a [86] mour & qui domine si fort en eux ; & ils mettent presque toûjours sur le compte de la foiblesse naturelle de nôtre sexe, ce qui très souvent n’est dû qu’à nos bontez : heureuses quand ils ne nous donnent pas la passion, l’emportement, & les besoins qui gouvernent leur amour. A les en croire, ils sont nôtre felicité quand nous faisons leur bonheur. Ils ne se tromperoient gueres sur cet article s’ils l’entendoient d’une manière digne de la délicatesse de quelques femmes.
J’ai vû des hommes se faire d’étranges idées du temperament de femme, & j’en connois un qui vit dans le désordre & n’ose se marier à cause de ces idées qui se sont emparées éminemment de son esprit. Ridicule prévention, qui le fait penser pitoïabement sur nôtre sujet. On en jugera par les raisonnemens : Allgemeine Erzählung► Que faisoit-il il y a quelques [87] jours cet homme qui est un Chevalier de ne sai quel Ordre, on nous racontoit une petite Histoire qui vient assez bien à ce sujet & Metatextualität► dont je vais faire part aux Lecteurs. ◀Metatextualität
Ebene 3► Allgemeine Erzählung► Une fille d’honnête famille & bien élevée, mais d’un temperament à se mettre violemment en colere quand elle en avoit quelque grand sujet, fut assez malheureuse pour tuer un de ses freres qui l’avoit outragée, & pour être obligée á se sauver de la maison paternelle. Comme elle étoit résoluë, elle se déguisa en homme, s’enrôla & servit bien & sagement pendant plusieurs années. Leonor, (c’est le nom qu’a donné l’Historien à cette fille,) avoit pour son malheur une belle phisionomie, un je ne sai quoi plus aimable que la beauté. Un soldat de sa Compagnie aussi enfant de famille, & dont les manieres étoient fort au-dessus de [88] la soldatesque, sentit un grand penchant pour elle, sans savoir qu’elle fut fille. Il étoit bien fait, & de bonne mine. La sympatie se forma. Elle fut reciproque, ils devinrent fort unis, mais ce n’étoit que de l’amitié.
Quoiqu’elle cachât son sexe avec beaucoup de soin, il le découvrit par hazard. Voilà l’amitié changée en amour. Elle s’en apperçut par un changement de conduite dans son ami, & l’ami devina en remarquant des manieres plus reservées dans cette fille, qu’elle avoit penetré sa découverte. La reserve de Leonor augmenta l’amour du soldat. Il lui rendit des soins d’un nouveau stile, & lui fit une déclaration tendre, accompagnée des assûrances parfaites de toute la consideration qu’elle meritoit.
Leonor convaincuë du malheur d’être fille, l’avoüa de bonne gra-[89]ce au jeune homme, lui conta son histoire, en changeant son crime & le nom de ses parens & le conjura de lui garder le secret, & de se contenter de son amitié.
Mais l’amour des hommes n’est ni si complaisant ni si délicat. Si tôt qu’il peut se prévaloir de quelque disgrace ou de quelque besoin, il devient mercenaire. Tel fut celui du soldat. Il garde le secret, mais ses désirs augmenterent, & son amour devint pressant. Cependant comme il n’étoit pas brutal, sa conduite fut moderée, il fit voir à Leonor tout l’amour qu’il avoit, & il seignit une sorte de respect qu’il n’avoit pas : adresse ordinaire des hommes pour corrompre les personnes sages. C’est un piége pour les attraper, & elles y donnent d’autant mieux, que le respect qui semble un effet de l’amour délicat est ce qu’il y a de plus opposé au [90] desir de les tromper.
Le jeune homme parut se faire d’extrêmes violences. Il offrit d’épouser, & fit des promesses de mariages qui furent déchirées. Il persevera & toucha enfin le cœur de Leonor en se rendant le plus aimable qu’il pût & en lui persuadant qu’il avoit de bonnes intentions : & peut-être ne mentoit-il pas.
Si-tôt qu’une fille touchée croit aux bonnes intentions, elle est perduë, si elle ne se sauve. Leonor ne se sauva pas, elle se perdit donc. Une promesse de mariage fut acceptée & il y parut. Cela se suit assez naturellement entre jeunes gens qui s’aiment.
Si le soldat eût vécu il auroit eû de quoi se repentir ; mais il fut tué dans une action. Leonor désolée méditoit un coup de désespoir, quand il lui vint dans l’esprit de tenter la generosité de son Capi-[91]taine. Elle lui fit le même recit qu’au soldat & y ajoûta celui de sa derniere disgrace. Il étoit homme d’honneur & galant homme. Il la plaignit, lui donna son congé & de l’argent pour se retirer. Penetrée de reconoissance, elle partit & crût ne pouvoir mieux faire que d’aller accoucher secretement chez une parente, dont le peu de discretion lui donna de nouvelles inquiétudes, elle y mourut de chagrin de ses disgraces passées, & de la crainte de celles à venir. ◀Allgemeine Erzählung ◀Ebene 3
Cette Histoire toucha plusieurs personnes de la compagnie, à l’exception du Chevalier dont j’ai parlé. Ebene 3► Dialog► Voilà, dit-il, une sotise bien adoucie par le recit. Comment voudroit-on, continua-t-il, qu’une fille aussi exposée que Leonor demeurât sage ? Ce sexe est trop foible pour de telles épreuves, ajoûta-t-il de l’air d’un homme qui fai-[92]soit honneur au sexe masculin. ◀Dialog ◀Ebene 3
Je fus piquée de cette présomption, mais la dissimulant & faisant le personnage d’homme dont j’avois l’habit ; Ebene 3► Dialog► il est vrai, dis je, qu’on accuse les femmes d’être plus foibles que nous. Est-ce que vous en doutez, reprit-il. J’en doute quelquefois, lui répondis-je. Ah ! repliqua-t-il en riant, vous faites vôtre cour aux Dames en grand politique puisqu’il n’y en a point ici. Sachez, Monsieur, continua-t-il, que le cœur de la femme la plus sage & la plus ferme, est toûjours prêt à faire une folie, si-tôt qu’il se presentera un homme assez aimable pour lui plaire jusqu’à un certain point. Je crois cela veritable, lui répondis-je, mais je prétends, que la fermeté du plus grand homme doit être exactement sur le même pied. Et si Monsieur, me dit-il, vous dégradez l’homme par de tel-[93]les comparaisons. Monsieur, interrompis-je, si l’on faisoit une armée de femmes ; qu’un homme des plus fermes s’y enrôlât, bien déguisé en femme, (il faudroit qu’il fut jeune & blond pour cela,) & qu’il eût de grandes raisons d’y être sage ; croïez-vous qu’il le fut plus constamment pendant quelques années que la pauvre Leonor ? Oüi, je le crois, répondit-il d’un ton vigoureux, & d’un air un peu embarassé. Ces Messieurs, repris-je, en parlant de ceux de la compagnie, n’en croïent rien ; car ils rient de vôtre réponse : je n’en crois rien non plus, & je vous dis que vôtre homme y succombera si-tôt qu’il verra une femme assez aimable pour lui plaire jusques à un certain point : & la raison de cela, continuai-je, faisant toûjours le garçon, est que nôtre sagesse ressemble à celle des femmes que vous a-[94]vez définie. Elle n’est forte que jusqu’à son renversement. Souvenez-vous de celle de Salomon & de tant d’autres, & remarquez qu’en amour nos chûtes sont plus pitoïables que celle des femmes. En voici la raison. Il est plus aisé d’abattre une tour en l’affoiblissant peu à peu, que tout d’un coup. La sagesse d’une femme s’humanise insensiblement avec nos soins, nos services, nos respects, nôtre perseverance, enfin avec nôtre amour qui a souvent une vertu communicative. En s’humanisant, elle s’affoiblit peu à peu, nous nous fortifions par l’adeur de vaincre, & nous vainquons, mais ce n’est que par dégrez. La sagesse du plus grand homme, quand vous y joindriez de la fermeté, de l’orguëil & de la dureté, qui peut être ne conviendront pas trop mal à son caractere ; sa sagesse, dis-je, tombe [95] interieurement à la vûë de deux yeux, qui ont tout ce qu’il faut pour lui donner beaucoup d’amour. Il met alors toute sa grandeur à dissimuler, mais il est défait ; & il ne cache sa défaite que pour mieux méditer celle de l’objet qui l’a causée. ◀Dialog ◀Ebene 3
Mon argument fut applaudi de quelques-uns. Le Chevalier fut un des négatifs, & je m’en tins-là. S’il y eût eû des femmes, quelle vive reconnoissance ne leur eût pas inspiré mon procedé que l’habit d’homme rendoit si beau, si genereux, mais le Chevalier n’auroit pas manqué d’attribuer la force de leur ressentiment à la foiblesse du Sexe. ◀Allgemeine Erzählung
Je ne puis m’accoûtumer à ce mépris d’un sexe pour l’autre. Il est peut-être fondé sur ce que j’ai dit, que les femmes semblent plus faites pour les hommes, que les hommes pour les femmes. Cruelle réflexion ! mais qui m’appaise un [96] peu quand j’y pense, & qui m’humilie plus qu’elle ne m’appaise, par la fatalité attachée à nôtre sexe. Il n’y a pas jusqu’aux bêtes, qui ne s’en sentent, & qui n’en fussent humiliées comme moi, si elles faisoient des réflexions. Leurs femelles n’ont-elles pas, comme nous, le principal lot des miseres naturelles ? Sans entrer en de grands détails, ne sont-elles pas chargées de porter, de mettre au monde, de nourrir leurs petits, de leur apprendre leur métier, ce qui est leur donner l’éducation ? Ma chate apporte à ses enfans des souris à demi mortes, pour leur apprendre à les attraper. Combien d’exemples prouveroient la même chose ? Mais combien d’autres bêtes sont encore plus chargées de besoins, & de besoins étrangers ? Allgemeine Erzählung► Témoin une ânesse avec laquelle j’ai marché ce matin de compagnie. On la menoit chez un vieux garçon que je connois, dont [97] la poitrine est dessechée pour avoir vêcu plus voluptueusement que cette pauvre bête maigre l’épuisement que lui causent ses deux nourrissons ; car on lui a laissé son ânon qui la suit, avec une museliere pour l’empêcher de teter ce qui est destiné à son frere de lait. Il n’a que le reste de l’étranger. Ces miserables m’ont fait grande pitité. Qu’ils sont heureux de ne point faire de ces réflexions ! La mere gêmiroit d’être ânesse plûtôt qu’âne, comme nous gemissons quelquefois nous autres femmes de n’être pas hommes. ◀Allgemeine Erzählung Selbstportrait► Je suis de ce nombre : je n’en fais point la fine ; mais je n’en ferai pas la duppe : ◀Selbstportrait J’imiterai ces maîtresses filles qui renonçent aux titres onereux de femme & de mere. Quelques sots me mépriseront en qualité de vieille fille. Mais qu’est-ce que le mépris des sots ? la plûpart des femmes qui me connoîtront m’envieront ce persona-[98]ge, sinon comme bon, ou moins comme le moins mauvais. Qui ne peut choisir de deux biens le meilleur, doit éviter de deux maux le pire. Je dis la plûpart des femmes ; car il y en a qui savent prendre les roses du mariage & en laisser les épines. J’en connois une qui a trouvé se secret, d’autant plus excellent, qu’il paroîtra chimerique, tant qu’on ne le devinera pas. Mais je dirai ce que c’est la premiere fois. Entre les avantages qu’à conservez cette femme qui a du merite, je compte pour beaucoup celui de n’avoir presque point perdu de sa dignité. Elle en a pourtant perdu un peu. Il y en a plus à rester fille, quand on le peut, que se mettre sous le joug, & à dépendre d’un homme, qui est toûjours un homme, comme un singe est toûjours un singe. A bon entendeur, salut & bon soir. ◀Ebene 2
F I N ◀Ebene 1