Avant-Propos Jean-François de Bastide Moralische Wochenschriften Klaus-Dieter Ertler Herausgeber Hannah Bakanitsch Mitarbeiter Michaela Fischer Mitarbeiter Karin Heiling Mitarbeiter Elisabeth Hobisch Herausgeber Sabine Sperr Mitarbeiter Sarah Lang Gerlinde Schneider Martina Scholger Johannes Stigler Gunter Vasold Datenmodellierung Applikationsentwicklung Institut für Romanistik, Universität Graz Zentrum für Informationsmodellierung, Universität Graz Graz 02.07.2018 o:mws.6947 Bastide, Jean-François de: Le Monde publié par M. de Bastide. Tome Troisieme. Amsterdam et Paris: Bauche, Duchesne et Cellot 1761, 7-8 Le Monde 3 000a 1760-1761 Frankreich Ebene 1 Ebene 2 Ebene 3 Ebene 4 Ebene 5 Ebene 6 Allgemeine Erzählung Selbstportrait Fremdportrait Dialog Allegorisches Erzählen Traumerzählung Fabelerzählung Satirisches Erzählen Exemplarisches Erzählen Utopische Erzählung Metatextualität Zitat/Motto Leserbrief Graz, Austria French Autopoetische Reflexion Riflessione Autopoetica Autopoetical Reflection Reflexión Autopoética Réflexion autopoétique France 2.0,46.0

Avant-Propos de l’editeur.

Le but qu’on se propose dans cet Ouvrage est de donner l’exemple du véritable esprit philosophique. On espere y parvenir par des maximes & des avantures, dont les unes instruisent sans paroître trop séveres, & les autres amusent sans être trop frivoles. On est très-éloigné de vouloir censurer toujours. Le Monde est-il si laid qu’il n’offre absolument rien de beau ? celui qui le croiroit mériteroit notre pitié, & la peine d’un exil éternel : mais ne croyons pas qu’il y ait des êtres réellement de cette nature. On se fait par vanité ou par humeur plus méchant, plus fou, plus intolérant qu’on n’est, Mais cet excès criminel qui ne devroit occasionner qu’un peu de bruit, enfance malheureusement beaucoup de mal. Frappé de ce mal dont l’humanité souffre & murmure, on a formé le projet de représenter le Monde comme il est véritablement, afin que les bons esprits puissent discerner quelques objets dignes de leur estime & de leur affection, parmi tant d’êtres méprisables & funestes qui surchargent la terre.

On n’aspire point ici à l’honneur d’être généralement utile, on espere encore moins d’être généralement applaudi ; on fait que les grands projets trouvent de grands obstacles ; on fait d’ailleurs qu’il y a des obstacles réels qu’on n’est point en droit d’imputer à l’envie. On fera cependant tous ses efforts pour contenter les esprits les plus difficiles, & l’on sera encore plus rigide qu’eux. La critique excitera le zele, & l’indulgence ne sera pas prise pour la louange. Si l’on parvient à plaire au plus grand nombre, un succès si flateur sera tous les jours justifié par de nouveaux efforts. La critique produira le bien, la louange produira le mieux, la satyre seule ne produira rien ; on se sent capable de la mépriser.

Avant-Propos de l’editeur. Le but qu’on se propose dans cet Ouvrage est de donner l’exemple du véritable esprit philosophique. On espere y parvenir par des maximes & des avantures, dont les unes instruisent sans paroître trop séveres, & les autres amusent sans être trop frivoles. On est très-éloigné de vouloir censurer toujours. Le Monde est-il si laid qu’il n’offre absolument rien de beau ? celui qui le croiroit mériteroit notre pitié, & la peine d’un exil éternel : mais ne croyons pas qu’il y ait des êtres réellement de cette nature. On se fait par vanité ou par humeur plus méchant, plus fou, plus intolérant qu’on n’est, Mais cet excès criminel qui ne devroit occasionner qu’un peu de bruit, enfance malheureusement beaucoup de mal. Frappé de ce mal dont l’humanité souffre & murmure, on a formé le projet de représenter le Monde comme il est véritablement, afin que les bons esprits puissent discerner quelques objets dignes de leur estime & de leur affection, parmi tant d’êtres méprisables & funestes qui surchargent la terre. On n’aspire point ici à l’honneur d’être généralement utile, on espere encore moins d’être généralement applaudi ; on fait que les grands projets trouvent de grands obstacles ; on fait d’ailleurs qu’il y a des obstacles réels qu’on n’est point en droit d’imputer à l’envie. On fera cependant tous ses efforts pour contenter les esprits les plus difficiles, & l’on sera encore plus rigide qu’eux. La critique excitera le zele, & l’indulgence ne sera pas prise pour la louange. Si l’on parvient à plaire au plus grand nombre, un succès si flateur sera tous les jours justifié par de nouveaux efforts. La critique produira le bien, la louange produira le mieux, la satyre seule ne produira rien ; on se sent capable de la mépriser.