N°. XLIII. Anonym [Jean Rousset de Missy / Nicolas de Guedeville] Moralische Wochenschriften Klaus-Dieter Ertler Herausgeber Hannah Bakanitsch Mitarbeiter Karin Heiling Mitarbeiter Elisabeth Hobisch Herausgeber Veronika Mussner Mitarbeiter Sarah Lang Gerlinde Schneider Martina Scholger Johannes Stigler Gunter Vasold Datenmodellierung Applikationsentwicklung Institut für Romanistik, Universität Graz Zentrum für Informationsmodellierung, Universität Graz Graz 27.04.2018 o:mws.6433 Anonym: Le Censeur ou Caractères des Mœurs de la Haye. La Haye: Henri Scheurleer, 1715, 337-344 Le Censeur ou Caractères des Mœurs de la Haye 1 043 1715 [1714] Frankreich Ebene 1 Ebene 2 Ebene 3 Ebene 4 Ebene 5 Ebene 6 Allgemeine Erzählung Selbstportrait Fremdportrait Dialog Allegorisches Erzählen Traumerzählung Fabelerzählung Satirisches Erzählen Exemplarisches Erzählen Utopische Erzählung Metatextualität Zitat/Motto Leserbrief Graz, Austria French Frauenbild Immagine di Donne Image of Women Imagen de Mujeres Image de la femme Männerbild Immagine di Uomini Image of Men Imagen de Hombres Image de l'homme Netherlands The Hague The Hague 4.29861,52.07667 France 2.0,46.0 Netherlands Amsterdam Amsterdam 4.88969,52.37403 Italy Rome Rome 12.51133,41.89193

N°. xliii.

Le Lundi 31. de Décembre 1714.

Monsieur,

« Je crois qu’il n’y a qu’à vous que je puisse avoir recours ; Vous faites profession d’équité : de grace mettez-la en pratique dans cette conjoncture. Un Esprit de travers vient de me chercher noise, & en moi il fait un Procès à tout mon Séxe. Il s’agit entre lui & moi de savoir lequel est le plus Noble de l’Homme ou de la Femme. Peut-on croire qu’un galant Homme soit capable d’agiter une semblable question. C’est cependant, ce qui est arrivé, & même dans une Assemblée assez nombreuse ; mais où il ne s’est pas trouvé d’autre Homme assez téméraire pour juger d’un différent qui intéresse les deux moitiez du Genre humain, & nous sommes tous convenus qu’on s’en raporteroit à vos lumiéres. Je ne vous dis pas toute la confiance que j’y ai, de peur qu’on ne die <sic> que je veux corrompre votre intégrité par mes louanges ; mais je ne puis m’empêcher d’avouër que j’ai ressenti je ne sais quel mouvement d’une joïe secréte, lors que j’ai vû qu’on vouloit s’en raporter à vous, & je suis convaincuë que la bonne cause triomphera du Ridicule de l’agresseur, & que vous voudrez bien me croire, &c. »

He † Belote.

Un Historien raporte qu’il se trouva à Rome une Femme veuve de son vingt-deuxiéme Mari, & un Homme qui venoit de perdre sa vingt-deuxiéme Femme, que le Peuple & le Sénat les engagérent à se marier ensemble, & que la Femme étant morte la premiére, tous les Hommes & les Garçons, jusqu’aux petits Enfans, assistérent à ses funérailles, portant chacun une branche de Laurier en main pour marque de la Victoire que leur Séxe venoit de remporter sur l’autre. Il ne s’agissoit là que de la durée de l’âge, & il faut avouer que la dispute étoit infiniment plus aisé à terminer que celle qui s’est élevée dans la Société de Bélote, où il y va de la dignité & de l’excellence de l’un des deux Séxes sur l’autre : & les difficultez augmentent, parce qu’il n’y a personne qui puisse juger, qui ne soit intéressé dans la cause. Ainsi, je n’ai garde de l’hazarder. Mais pour satisfaire aux solicitations de celle qui écrit la Lettre, je raporterai ce que la Raison dicte, & je laisserai la liberté au Lecteur de juger.

Nous trouvons d’abord que l’Auteur de l’éxistence de l’Homme & de la Femme a porté un Arrêt qui ordonne, que la Femme sera sujette à l’Homme. Mais on a coûtume de répondre que c’est une punition, & qu’il en étoit par conséquent tout autrement avant le Péché, ou que du moins ils étoient égaux. Ceux qui tiennent contre la plus aimable moitié du Genre humain, oposent que la punition du Serpent, qu’il remperoit sur terre, ne supose pas qu’il eût des pieds avant qu’il eut fait pécher la premiére Femme, & que le Créateur ne fit que convertir en peine ce qui étoit naturel. Ils ajoûtent une considération bien injurieuse au Séxe, c’est qu’après qu’elle eut été formée, Dieu ne dit pas d’elle comme de ses autres Ouvrages, qu’elle étoit bonne. Ils veulent même conclure, que les Femmes n’ont pas d’Ame, de ce que le Créateur, après avoir bâti la Femme, ne lui soufla pas res-piration de vie, comme à l’homme. D’où l’on conclut, que si la Femme agit comme l’Homme, c’est par imitation, c’est par coûtume, c’est machinalement, comme le reste des Animaux, dont l’Ame est dans le sang. On continuë les réfléxions sur la premiére Femme, & on trouve qu’Adam étoit à peine éveillé, qu’il étoit encore tout endormi, lors qu’il épousa Eve, & qu’il fit dans ce moment, sans réfléxion, ce à quoi sans doute il auroit eu bien de la peine à se résoudre, s’il eut été maître de ses sens. Quand on objecte à cès Ennemis de la Prééminence du Séxe, l’utilité de ce Séxe pour la conservation de l’espéce, ils ne manquent pas de répondre, qu’on n’a pas eu tort d’apeller la Femme un mal nécessaire, & ils étalent une longue énumération de maux causez par le Séxe qu’ils oposent à cette utilité.

On recourt ensuite à ce que la plus saine Antiquité a pensé du Séxe, & on cite Platon & Aristote, l’un traite les Femmes de Monstres, & l’autre doute s’il doit les nommer des Etres raisonnables. Comme si toutes ces recherches n’étoient pas sufisantes, on consulte la nature même ; une Femme enceinte d’une Fille, dit-on, n’a-t-elle pas le visage tout changé, tout défiguré, n’est-elle pas sujéte à un dégoût qu’elle ne sent pas à un pareil dégré lors qu’elle doit devenir Mére d’un Garçon ; ce n’est pas encore tout, un Fils qui né à sept mois de terme vit pour l’ordinaire, au lieu qu’une Fille doit naître au bout des neuf mois, ou elle perd la vie en voïant le jour ; c’est, dit-on, que la Nature cache sa faute le plus long tems qu’elle peut. Enfin, après avoir soûtenu qu’on trouve bien moins de vigueur dans les actions des Femmes, que dans celles des Hommes, on veut s’en raporter à la Sagesse de Salomon. Ce grand Prince, qui connoissoit si-bien la nature de toutes choses, & à qui son abandonnement au Séxe doit avoir découvert tout ce qu’il y a de plus secret dans ses mœurs, s’écrie, « qui poura me trouver une Femme prudente ! & ensuite les comparant à un abîme il conclut, que toute malice est à suporter, pourvû que ce soit pas la malice d’une Femme, & même que la malice de l’Homme vaut mieux que la bonté d’une Femme. »

Après un tel entassement de reproches & d’acusations, on diroit que les défenseurs du Séxe dévroient se condamner d’eux-mêmes au silence. Pour moi, qui ai toûjours été d’avis qu’un honnête Homme ne doit jamais mal parler des Femmes, je suis obligé aujourd’hui d’ajoûter, que si elles ont tant de défauts qui semblent les placer au dessous de nous, nous devons reconnoître que nous en sommes la cause ; Clorine, & Emilie, seroient-elles les plus Coquétes de la Ville, si Cliton, Alidor, Notisi, & cinq ou six autres Personnes du premier rang ne les louoient, ne les cajoloient, ne les aplaudissoient sans cesse sur leur bon air, sur leur habit, sur leur jeunesse, & sur leur beauté ? Si les Coquétes n’étoient regardées qu’avec les yeux de mépris, si tout le monde étoit persaudé que les Coquétes portent toutes sur leur front les marques infaillibles des mauvaises dispositions de leur cœur, on ne trouveroit pas une Femme qui le voulût être. Mais on s’est mis sur le pié d’avoir cent complaisances pour ces sortes de Personnes, de leur rendre mille soins, & de vivre avec elles avec défiance ou distinction : ainsi on peut dire que ce sont les Hommes qui rendent en éfèt les Femmes Coquétes, & que s’ils avoient avec elles une autre conduite, on n’en verroit aucune.

Si on blame les Femmes de ce qu’elles sont Joueuses ? N’ont-elles pas de quoi se disculper & se justifier ? La plûpart des Hommes les y engagent, les en louent, & leur en donnent l’éxemple ; elle se réglent sur eux, ils sont leur modèle.

Ainsi, il est aussi aisé de justifier le Séxe sur le Vice que sur le précédent, & de prouver que c’est contre les Hommes qu’il faut crier & s’emporter, puis que ce sont eux qui aprouvent cette vie molle & oisive, qui l’aiment, & qui la persuadent aux Femmes, ils sont les premiers à dire, qu’une Femme qui ne jouë point & qui ne sait pas son monde, ne mérite pas qu’on la considére.

Ce que je viens de dire de ces deux défauts, on le peut dire de tous les autres : & ce qu’on peut dire à l’avantage des Talens par lesquels les Hommes veulent l’emporter sur les Femmes, peut s’apliquer aux Femmes mêmes. On a coûtume, par éxemple, de vanter le Savoir, la Sience, l’éloquence, comme propre aux Hommes ; y a-t-il quelque Art où quelque Femme n’ait excellé. La Sience des Langues a eu les Desroches, les Gournais, les Dauchis, les Daciers. La Philosophie a eu les Aspasies, les Rohans, les Aubeterres. l’Astrologie une Hipatie, l’Art Oratoire une Cornelie Mére des Graches, & une Tullie Fille de Cicéron. La Poësie une Sapho, trois Corines, deux Deshoulliéres. La Peinture, une Calipso, une Irenée. Enfin, ne voïons-nous pas parmi nous une du Noyer, la gloire de son Siécle. En un mot, si les Femmes s’étoient aproprié, comme les Hommes, le droit d’écrire les Histoires, peut-on douter qu’on ne lût bien plus de grandes Actions faites par les Femmes que par les Hommes. J’en demeure-là, laissant au Lecteur à porter son jugement, content de n’avoir pas quité la plume sans avoir pris le parti d’un Séxe dont les charmes & les agrémens méritent toute notre estime.

Fin.

A la Haye,

Chez Henri Scheurleer.

Et à Amsterdam chez Jean Wolters.

N°. xliii. Le Lundi 31. de Décembre 1714. Monsieur, « Je crois qu’il n’y a qu’à vous que je puisse avoir recours ; Vous faites profession d’équité : de grace mettez-la en pratique dans cette conjoncture. Un Esprit de travers vient de me chercher noise, & en moi il fait un Procès à tout mon Séxe. Il s’agit entre lui & moi de savoir lequel est le plus Noble de l’Homme ou de la Femme. Peut-on croire qu’un galant Homme soit capable d’agiter une semblable question. C’est cependant, ce qui est arrivé, & même dans une Assemblée assez nombreuse ; mais où il ne s’est pas trouvé d’autre Homme assez téméraire pour juger d’un différent qui intéresse les deux moitiez du Genre humain, & nous sommes tous convenus qu’on s’en raporteroit à vos lumiéres. Je ne vous dis pas toute la confiance que j’y ai, de peur qu’on ne die <sic> que je veux corrompre votre intégrité par mes louanges ; mais je ne puis m’empêcher d’avouër que j’ai ressenti je ne sais quel mouvement d’une joïe secréte, lors que j’ai vû qu’on vouloit s’en raporter à vous, & je suis convaincuë que la bonne cause triomphera du Ridicule de l’agresseur, & que vous voudrez bien me croire, &c. » He † Belote. Un Historien raporte qu’il se trouva à Rome une Femme veuve de son vingt-deuxiéme Mari, & un Homme qui venoit de perdre sa vingt-deuxiéme Femme, que le Peuple & le Sénat les engagérent à se marier ensemble, & que la Femme étant morte la premiére, tous les Hommes & les Garçons, jusqu’aux petits Enfans, assistérent à ses funérailles, portant chacun une branche de Laurier en main pour marque de la Victoire que leur Séxe venoit de remporter sur l’autre. Il ne s’agissoit là que de la durée de l’âge, & il faut avouer que la dispute étoit infiniment plus aisé à terminer que celle qui s’est élevée dans la Société de Bélote, où il y va de la dignité & de l’excellence de l’un des deux Séxes sur l’autre : & les difficultez augmentent, parce qu’il n’y a personne qui puisse juger, qui ne soit intéressé dans la cause. Ainsi, je n’ai garde de l’hazarder. Mais pour satisfaire aux solicitations de celle qui écrit la Lettre, je raporterai ce que la Raison dicte, & je laisserai la liberté au Lecteur de juger. Nous trouvons d’abord que l’Auteur de l’éxistence de l’Homme & de la Femme a porté un Arrêt qui ordonne, que la Femme sera sujette à l’Homme. Mais on a coûtume de répondre que c’est une punition, & qu’il en étoit par conséquent tout autrement avant le Péché, ou que du moins ils étoient égaux. Ceux qui tiennent contre la plus aimable moitié du Genre humain, oposent que la punition du Serpent, qu’il remperoit sur terre, ne supose pas qu’il eût des pieds avant qu’il eut fait pécher la premiére Femme, & que le Créateur ne fit que convertir en peine ce qui étoit naturel. Ils ajoûtent une considération bien injurieuse au Séxe, c’est qu’après qu’elle eut été formée, Dieu ne dit pas d’elle comme de ses autres Ouvrages, qu’elle étoit bonne. Ils veulent même conclure, que les Femmes n’ont pas d’Ame, de ce que le Créateur, après avoir bâti la Femme, ne lui soufla pas res-piration de vie, comme à l’homme. D’où l’on conclut, que si la Femme agit comme l’Homme, c’est par imitation, c’est par coûtume, c’est machinalement, comme le reste des Animaux, dont l’Ame est dans le sang. On continuë les réfléxions sur la premiére Femme, & on trouve qu’Adam étoit à peine éveillé, qu’il étoit encore tout endormi, lors qu’il épousa Eve, & qu’il fit dans ce moment, sans réfléxion, ce à quoi sans doute il auroit eu bien de la peine à se résoudre, s’il eut été maître de ses sens. Quand on objecte à cès Ennemis de la Prééminence du Séxe, l’utilité de ce Séxe pour la conservation de l’espéce, ils ne manquent pas de répondre, qu’on n’a pas eu tort d’apeller la Femme un mal nécessaire, & ils étalent une longue énumération de maux causez par le Séxe qu’ils oposent à cette utilité. On recourt ensuite à ce que la plus saine Antiquité a pensé du Séxe, & on cite Platon & Aristote, l’un traite les Femmes de Monstres, & l’autre doute s’il doit les nommer des Etres raisonnables. Comme si toutes ces recherches n’étoient pas sufisantes, on consulte la nature même ; une Femme enceinte d’une Fille, dit-on, n’a-t-elle pas le visage tout changé, tout défiguré, n’est-elle pas sujéte à un dégoût qu’elle ne sent pas à un pareil dégré lors qu’elle doit devenir Mére d’un Garçon ; ce n’est pas encore tout, un Fils qui né à sept mois de terme vit pour l’ordinaire, au lieu qu’une Fille doit naître au bout des neuf mois, ou elle perd la vie en voïant le jour ; c’est, dit-on, que la Nature cache sa faute le plus long tems qu’elle peut. Enfin, après avoir soûtenu qu’on trouve bien moins de vigueur dans les actions des Femmes, que dans celles des Hommes, on veut s’en raporter à la Sagesse de Salomon. Ce grand Prince, qui connoissoit si-bien la nature de toutes choses, & à qui son abandonnement au Séxe doit avoir découvert tout ce qu’il y a de plus secret dans ses mœurs, s’écrie, « qui poura me trouver une Femme prudente ! & ensuite les comparant à un abîme il conclut, que toute malice est à suporter, pourvû que ce soit pas la malice d’une Femme, & même que la malice de l’Homme vaut mieux que la bonté d’une Femme. » Après un tel entassement de reproches & d’acusations, on diroit que les défenseurs du Séxe dévroient se condamner d’eux-mêmes au silence. Pour moi, qui ai toûjours été d’avis qu’un honnête Homme ne doit jamais mal parler des Femmes, je suis obligé aujourd’hui d’ajoûter, que si elles ont tant de défauts qui semblent les placer au dessous de nous, nous devons reconnoître que nous en sommes la cause ; Clorine, & Emilie, seroient-elles les plus Coquétes de la Ville, si Cliton, Alidor, Notisi, & cinq ou six autres Personnes du premier rang ne les louoient, ne les cajoloient, ne les aplaudissoient sans cesse sur leur bon air, sur leur habit, sur leur jeunesse, & sur leur beauté ? Si les Coquétes n’étoient regardées qu’avec les yeux de mépris, si tout le monde étoit persaudé que les Coquétes portent toutes sur leur front les marques infaillibles des mauvaises dispositions de leur cœur, on ne trouveroit pas une Femme qui le voulût être. Mais on s’est mis sur le pié d’avoir cent complaisances pour ces sortes de Personnes, de leur rendre mille soins, & de vivre avec elles avec défiance ou distinction : ainsi on peut dire que ce sont les Hommes qui rendent en éfèt les Femmes Coquétes, & que s’ils avoient avec elles une autre conduite, on n’en verroit aucune. Si on blame les Femmes de ce qu’elles sont Joueuses ? N’ont-elles pas de quoi se disculper & se justifier ? La plûpart des Hommes les y engagent, les en louent, & leur en donnent l’éxemple ; elle se réglent sur eux, ils sont leur modèle. Ainsi, il est aussi aisé de justifier le Séxe sur le Vice que sur le précédent, & de prouver que c’est contre les Hommes qu’il faut crier & s’emporter, puis que ce sont eux qui aprouvent cette vie molle & oisive, qui l’aiment, & qui la persuadent aux Femmes, ils sont les premiers à dire, qu’une Femme qui ne jouë point & qui ne sait pas son monde, ne mérite pas qu’on la considére. Ce que je viens de dire de ces deux défauts, on le peut dire de tous les autres : & ce qu’on peut dire à l’avantage des Talens par lesquels les Hommes veulent l’emporter sur les Femmes, peut s’apliquer aux Femmes mêmes. On a coûtume, par éxemple, de vanter le Savoir, la Sience, l’éloquence, comme propre aux Hommes ; y a-t-il quelque Art où quelque Femme n’ait excellé. La Sience des Langues a eu les Desroches, les Gournais, les Dauchis, les Daciers. La Philosophie a eu les Aspasies, les Rohans, les Aubeterres. l’Astrologie une Hipatie, l’Art Oratoire une Cornelie Mére des Graches, & une Tullie Fille de Cicéron. La Poësie une Sapho, trois Corines, deux Deshoulliéres. La Peinture, une Calipso, une Irenée. Enfin, ne voïons-nous pas parmi nous une du Noyer, la gloire de son Siécle. En un mot, si les Femmes s’étoient aproprié, comme les Hommes, le droit d’écrire les Histoires, peut-on douter qu’on ne lût bien plus de grandes Actions faites par les Femmes que par les Hommes. J’en demeure-là, laissant au Lecteur à porter son jugement, content de n’avoir pas quité la plume sans avoir pris le parti d’un Séxe dont les charmes & les agrémens méritent toute notre estime. Fin. A la Haye, Chez Henri Scheurleer. Et à Amsterdam chez Jean Wolters.