Finem animo certum, miserisque viatica canis.
Cras hoc fiet. Idem cras fiet? Quid, quasi magnum,
Nempe diem donas? Sed cùm lux alrera venit,
Jam cras hesternum consumpsimus : ecce aliud cras
Egerit hos annos, & semper paulùm erit ultra.
Nam, quamvis propete, quamvis temone sub uno
Vertentem sese, frustra sectabere canthum,
Cùm rota posterior currat, & in axe secundo.
v. 64.-72.
Apprenez de là (je parle aux vieillards aussi-bien qu’aux jeunes gens) apprenez le but & la fin que vous devez vous proposer ; faites provision des vertus & des bonnes qualitez, qui doivent vous servir à passer doucement les fâcheuses & tristes années de la vieillesse. Nous y penserons demain. Demain ! Vous serez demain tout comme aujourd’hui. At-tendez un peu, nous ne vous demandons qu’un se jour : est-ce si grande chose? Mais quand demain sera venu, ce jour-ci sera passé comme celui d’hier : il viendra ensuite un autre demain, & puis encore un autre après ; cela ne finira point : vous passerez ainsi toute votre vie. Prenez garde aux roues d’un Chariot ; celles de derriere sont sur la même ligne que celles de devant, & attachées au même timon : Quand le Chariot roule, les roues de derriere roulent en même temps ; mais parce-que celles de devant roulent aussi, il est impossible qu’elles s’attrapent.
An vingt-neuviéme du Regne de indéterminée. Indéterminées. C’est à dire, m’a écrite : C’est un Homme fort agréable en Compagnie, ami de la Bouteille, & qui s’est enfin marié avec une de ces
An trente, uniéme de mon Amour. J’attens de vous là-dessus une Epître congratulatoire, ou une Epithalame, si vous nous en croïez dignes. Je serai toute ma vie le très humble serviteur de ma chere
Pour bannir de la Societé un Mal, qui ne cause pas seulement de grandes inquiétudes aux Particuliers, mais qui peut avoir une dangereuse influence sur le Public, je tâcherai de faire voir le ridicule de cette Humeur indéterminée, par deux ou trois
i. Je souhaiterois en premier lieu que les Belles fissent une attention serieuse à la brieveté de leurs jours. La vie n’est pas assez longue pour donner le loisir à une Coquette de mettre en jeu tous ses artifices. Une Dame craintive tombe dans sa Fosse, avant qu’elle ait déliberé sur le parti qu’elle doit prendre. Si les Hommes atteignoient aujourd’hui à l’âge de nos Peres avant le Déluge, une Dame pourroit sacrifier une cinquantaine d’années à un petit scrupule, & demeurer indéterminée l’espace de deux ou trois Siecles. Si elle avoit neuf cens années de vie, elle pourroit atteindre la Conversion des Juifs avant qu’elle jugeât à propos de se déclarer. Mais helas! elle doit jouer son rôle bien vîte, si elle pense qu’il lui faudra quiter la Scène tout d’un coup, & ceder sa place à d’autres.
2. En deuxiéme lieu, je voudrois que les Filles considerassent, que si le terme de la Vie est court, celui de la Beauté l’est infiniment davantage. Le plus beau visage se ride en peu d’années, & perd si-tôt la fraîcheur & l’éclat de son coloris, qu’à peine avons nous le tems de l’admirer. Je pourrois illustrer mon sujet par l’exemple des Roses, de l’Arc-en-Ciel, & diverses Comparaisons de cette nature ; mais peut-être y reviendrai-je une autre fois.
3. Enfin, une Indéterminée doit penser au danger qu’elle court de se rendre amou-d’arriere Saison Printanniere, s’il m’est permis d’employer ce terme, qui envahit quelquefois le cœur d’une Vieille, & qui la rend le plus grotesque objet du Monde. C’est à quoi je souhaiterois que les Indéterminées voulussent réfléchir.
Cependant on auroit tort de croire que je veuille décourager, dans le Sexe, cette Modestie naturelle, qui ne leur permet pas de recevoir les premieres offres d’un Amant, & qui fait accompagner leur refus d’un air agréable & civil. Tout le but que je me propose, est de les avertir, que si la Raison & l’Inclination se trouvent de la partie, elles ne doivent balancer qu’autant que les Formalitez & la Bienseance l’exigent. Une Fille vertueuse doit rejetter du premier coup un Mariage qu’on lui offre, comme un honnête Ecclesiastique refuse un Evêché ; mais je ne conseillerois point, ni à l’un ni à l’autre, de perseverer dans le refus de ce qu’ils souhaitent avec ardeur.
L.