XXV. Discours Anonym Moralische Wochenschriften Klaus-Dieter Ertler Herausgeber Michaela Fischer-Pernkopf Herausgeber Katharina Jechsmayr Mitarbeiter Stefanie Lenzenweger Mitarbeiter Martin Stocker Mitarbeiter Sarah Lang Gerlinde Schneider Martina Scholger Johannes Stigler Gunter Vasold Datenmodellierung Applikationsentwicklung Institut für Romanistik, Universität Graz Zentrum für Informationsmodellierung, Universität Graz Graz 24.05.2019 o:mws.385 Anonym: Le Spectateur français ou le Socrate moderne. Paris: Etienne Papillon 1716, 146-152 Le Spectateur ou le Socrate moderne 2 025 1716 Frankreich Ebene 1 Ebene 2 Ebene 3 Ebene 4 Ebene 5 Ebene 6 Allgemeine Erzählung Selbstportrait Fremdportrait Dialog Allegorisches Erzählen Traumerzählung Fabelerzählung Satirisches Erzählen Exemplarisches Erzählen Utopische Erzählung Metatextualität Zitat/Motto Leserbrief Graz, Austria French Politik Politica Politics Política Politique Política Andere Länder Altri Paesi Other Countries Otros Países Autres Pays Outros países France 2.0,46.0

XXV. Discours

Ne pueri, ne tanta animis assuescite bella : Neu patriæ validas in viscera vertite vires.

Virg. Æneid. vi. 832.

Ne vous accoutumez pas dès l’enfance à di si cruelles Guerres, & n’emploiez pas vos forces à ruiner votre Patrie.

Lorsque mon Illustre Ami le Chevalier & moi nou snous <sic> entretenons de la malice des Partis, il se rapelle souvent une Avanture qui lui arriva lors qu’il étoit encore fort jeune, & qu’il y avoit une haine implacable entre les Parlementaires & les Roïalistes. Voici le Fait : Il devoit aller dans la Ruë de Sainte Anne, & sur ce qu’il en demanda le chemin à un Homme ; celui-ci, au lieu de répondre à sa question le traita de petit Chien de Papiste, & lui demanda qui avoit canonisé Anne? Pour éviter le même reproche, il voulut demander à un autre, où étoit la Ruë d’Anne? Mais celui-ci l’apella petit chien galeux, &, sans lui montrer le chemin, ajouta qu’elle étoit Sainte avant qu’il fût né, & qu’elle continueroit à l’être après qu’il seroit pendu. Alors le Chevalier crut qu’il ne devoit plus repéter la même Question, & à l’entrée de chaque Rue du voisinage il demanda comment on l’appelloit. Cet artifice ingenieux lui servit à trouver l’endroit où il vouloit aller, sans choquer aucun des Partis. Quoiqu’il en soit, il ne raconte presque jamais cette avanture, qu’il n’y ajoute des reflexions sur les maux que les Partis causent ; sur ce qu’ils ruïnent toute sorte de bonne correspondance entre les Voisins ; qu’ils animent les honêtes Gens les uns contre les autres ; qu’ils préjudicient à la Taxe sur les terres, & qu’ils servent à la ruïne du Gibier & des Bêtes fauves.

Il n’y a pas de Jugement si terrible au Monde que cet Esprit de Division, qui sépare un Peuple en deux Corps & les rend plus opposez l’un à l’autre, que s’ils formoient au pié de la lettre deux Nations diferentes. Les suites d’une pareille Discorde sont ruineuses au suprême dégré, non seulement à l’égard des avantages qui en reviennent à l’Ennemi commun, mais aussi à l’égard des maux qu’elle produit dans le cœur de presque tous les Particuliers. L’influence en est fatale pour les mœurs & les opinions de tous les Hommes : elle renverse les idées de la Vertu, & détruit même le Sens commun.

Un violent Esprit de Parti, lors qu’il éclate dans toute sa force, produit les Guerres civiles & le Carnage ; & lors qu’il est retenu dans ses plus grandes bornes, il ne fait aucun scrupule des Mensonges, des Médisances, des Calomnies, ni des Injustices. En un mot, il remplit une Nation de Fiel & de Rancune, & il étouffe jusques aux semences de la Bonté, de la Compassion & de l’Humanité.

Plutarque dit très-bien, « qu’on ne doit pas se permettre de haïr même ses Ennemis, parce, ajoute-t-il, que si vous en venez là une fois, cette Passion s’elevera ensuite d’elle-même dans votre cœur ; si vous haïssez vos Ennemis, vous contracterez une méchante habitude, qui tournera insensiblement au préjudice de vos Amis, ou des Personnes qui vous sont indifferentes. » Je pourrois démontrer ici que ce Précepte de Morale, qui attache la malignité de la Haine à la Passion même, & non pas à son Objet, quadre admirablement bien avec cette grande Maxime qui fut dictée aux Hommes plus d’un Siècle avant que ce Philosophe écrivît ; mais au lieu d’insister sur cet accord qui saute aux yeux, je remarquerai, plein d’une vive douleur, qu’il y a bon nombre d’honêtes gens parmi nous que les Principes de Parti animent les uns contre les autres, & les aigrissent d’une maniere, qui me paroît incompatible avec les lumieres de la Raison ou les préceptes de l’Evangile. Il n’y a rien de si spécieux que le zèle pour la Cause du Public, ni qui soit plus propre à nourrir, dans le Cœur des Personnes vertueuses, certaines Passions, que leur intêret particulier n’y auroit jamais excitées.

Si cet Esprit de Parti a un si mauvais effet sur les Mœurs, il a de même une influence très-maligne sur l’Entendement. Nous voïons souvent qu’une miserable Feuille volante, ou qu’une Brochure insipide est élevée jusqu’aux nues, par ceux qui sont dans les Principes de l’Auteur, qu’une excellente Piece est quelquefois ravalée jusqu’à terre, par ceux qui sont d’un Parti opposé à celui de l’Ecrivain. Tout Homme animé de cet Esprit est presque incapable de discerner les Fautes ou les Beautez réelles. Un Homme de mérite, qui a d’autres Principes que nous, ressemble à un Objet qu’on regarde à travers differens Milieux, & qui paroît courbe ou rompu, quoiqu’il soit bien droit & entier en lui-même. De là vient qu’il n’y a presque pas une seule Personne de marque dans la Grande Bretagne, à qui l’on n’attribue deux Caractères aussi opposez l’un à l’autre que la Lumiere & les Ténèbres. Le Savoir & l’Erudition souffrent sur-tout de ce malheureux Préjugé, qui regne aujourd’hui entre les Personnes de tous les Rangs & de tous les Ordres dans la Nation Britannique. Si les Hommes se rendoient autrefois illustres dans les savantes Societez, dont ils sont Membres, par leurs talens extraordinaires, ils s’y distinguent aujourd’hui par la chaleur & la violence avec laquelle ils épousent leurs differens Partis. On estime les Livres par les mêmes considérations : Un Ecrit chargé de grosses injures & de fades railleries passe pour une bonne Satyre, & l’on traite d’éloquent & de bien tourné un Amas confus des Idées qui régnent dans un certain Parti.

Il y a une espèce de Sophisme qui est mis en usage des deux côtez, & qui se réduit à prendre pour une Vérité incontestable tout ce qu’on a jamais raporté de scandaleux à l’égard d’une Personne, & à bâtir là-dessus des Spéculations aussi mal fondées. Des Calomnies, dont on n’a jamais donné aucune preuve, ou qu’on a souvent refutées, sont les Demandes ordinaires de ces infames Barbouilleurs, sur lesquelles ils procedent comme sur des Axiomes que tout le monde admet, quoiqu’ils sachent dans le fond de leur ame qu’elles sont fausses, ou, pour le moins, très douteuses. Lors-qu’ils ont jetté ces ridicules fondemens, on ne doit pas s’étonner que l’Edifice qu’ils y élevent leur quadre si-bien à tous égards. Si cette indigne pratique de nos jours dure plus longtems, la Gloire & l’Infamie ne seront plus des Motifs qui engagent les Hommes à s’aquiter de leur devoir.

Tous les Gouvernemens ont de certains Périodes, où cet Esprit d’inhumanité prévaut. L’Italie se vit long-tems déchirée par les Guelphes & les Gibelins, & la France par les Amis & les Ennemis de la Ligue : Mais un Homme est bien malheureux d’être né dans une Saison si pleine d’orages & de tumulte. Il y a de certains Esprits ambitieux, turbulens & rusez, qui causent toutes ces Factions, & qui sous le beau prétexte de l’intérêt du Public, entraînent dans leur Parti un grand nombre de Personnes bien intentionnées. Combien d’honêtes Gens ne voit-on pas, qui nourrissent des pensées peu charitables & inhumaines, par un zéle mal-entendu en faveur de l’Etat? Quelles cruautez & quelles avanies n’exerceroient-ils pas contre ceux d’un Parti opposé, qu’ils honoreroient de leur estime, si, au lieu de les envisager sous l’idée qu’on leur en donne, ils les connoissoient tels qu’ils sont en eux-mêmes? C’est ainsi que des Hommes de la plus grande probité embrassent des erreurs criminelles & de honteux préjugez, & qu’ils deviennent méchans par le plus noble de tous les principes, je veux dire l’Amour de la Patrie. Je ne saurois m’empêcher de raporter ici le Proverbe Espagnol, qui dit, Que nous serions tous d’accord, s’il n’y avoit ni Fous ni Fripons dans le Monde.

Pour moi, je souhaiterois de bon cœur que tous les honêtes Gens se voulussent liguer ensemble, pour se maintenir contre les éforts de ceux qu’ils regardent comme leurs Ennemis capitaux, à quelque Parti qu’ils se joignent. S’il y avoit un tel Corps de bonnes Troupes reglées, on ne verroit jamais les plus scélerats de tous les Hommes élevez à de grands Emplois, parce qu’ils sont utiles à un Parti ; ni les plus illustres negligez, parce qu’ils sont au dessus de toutes ces indignes Pratiques qui les rendroient agréables à leur Faction. Alors nous discernerions le moindre Galeux qu’il y auroit dans le Troupeau, & nous lui donnerions la chasse, quelque terrible & robuste qu’il parût : D’un autre côte, nous mettrions à couvert l’Innocence opprimée, & nous défendrions la Vertu, quoi qu’exposée au Mépris ou à la Satire, à l’Envie ou à la Calomnie. En un mot, nous ne traiterions plus nos Concitoïens de Whigs ou de Toris ; mais l’Homme de mérite seroit notre Ami, & le Perfide notre Ennemi.

C.

XXV. Discours Ne pueri, ne tanta animis assuescite bella : Neu patriæ validas in viscera vertite vires. Virg. Æneid. vi. 832. Ne vous accoutumez pas dès l’enfance à di si cruelles Guerres, & n’emploiez pas vos forces à ruiner votre Patrie. Lorsque mon Illustre Ami le Chevalier & moi nou snous <sic> entretenons de la malice des Partis, il se rapelle souvent une Avanture qui lui arriva lors qu’il étoit encore fort jeune, & qu’il y avoit une haine implacable entre les Parlementaires & les Roïalistes. Voici le Fait : Il devoit aller dans la Ruë de Sainte Anne, & sur ce qu’il en demanda le chemin à un Homme ; celui-ci, au lieu de répondre à sa question le traita de petit Chien de Papiste, & lui demanda qui avoit canonisé Anne? Pour éviter le même reproche, il voulut demander à un autre, où étoit la Ruë d’Anne? Mais celui-ci l’apella petit chien galeux, &, sans lui montrer le chemin, ajouta qu’elle étoit Sainte avant qu’il fût né, & qu’elle continueroit à l’être après qu’il seroit pendu. Alors le Chevalier crut qu’il ne devoit plus repéter la même Question, & à l’entrée de chaque Rue du voisinage il demanda comment on l’appelloit. Cet artifice ingenieux lui servit à trouver l’endroit où il vouloit aller, sans choquer aucun des Partis. Quoiqu’il en soit, il ne raconte presque jamais cette avanture, qu’il n’y ajoute des reflexions sur les maux que les Partis causent ; sur ce qu’ils ruïnent toute sorte de bonne correspondance entre les Voisins ; qu’ils animent les honêtes Gens les uns contre les autres ; qu’ils préjudicient à la Taxe sur les terres, & qu’ils servent à la ruïne du Gibier & des Bêtes fauves. Il n’y a pas de Jugement si terrible au Monde que cet Esprit de Division, qui sépare un Peuple en deux Corps & les rend plus opposez l’un à l’autre, que s’ils formoient au pié de la lettre deux Nations diferentes. Les suites d’une pareille Discorde sont ruineuses au suprême dégré, non seulement à l’égard des avantages qui en reviennent à l’Ennemi commun, mais aussi à l’égard des maux qu’elle produit dans le cœur de presque tous les Particuliers. L’influence en est fatale pour les mœurs & les opinions de tous les Hommes : elle renverse les idées de la Vertu, & détruit même le Sens commun. Un violent Esprit de Parti, lors qu’il éclate dans toute sa force, produit les Guerres civiles & le Carnage ; & lors qu’il est retenu dans ses plus grandes bornes, il ne fait aucun scrupule des Mensonges, des Médisances, des Calomnies, ni des Injustices. En un mot, il remplit une Nation de Fiel & de Rancune, & il étouffe jusques aux semences de la Bonté, de la Compassion & de l’Humanité. Plutarque dit très-bien, « qu’on ne doit pas se permettre de haïr même ses Ennemis, parce, ajoute-t-il, que si vous en venez là une fois, cette Passion s’elevera ensuite d’elle-même dans votre cœur ; si vous haïssez vos Ennemis, vous contracterez une méchante habitude, qui tournera insensiblement au préjudice de vos Amis, ou des Personnes qui vous sont indifferentes. » Je pourrois démontrer ici que ce Précepte de Morale, qui attache la malignité de la Haine à la Passion même, & non pas à son Objet, quadre admirablement bien avec cette grande Maxime qui fut dictée aux Hommes plus d’un Siècle avant que ce Philosophe écrivît ; mais au lieu d’insister sur cet accord qui saute aux yeux, je remarquerai, plein d’une vive douleur, qu’il y a bon nombre d’honêtes gens parmi nous que les Principes de Parti animent les uns contre les autres, & les aigrissent d’une maniere, qui me paroît incompatible avec les lumieres de la Raison ou les préceptes de l’Evangile. Il n’y a rien de si spécieux que le zèle pour la Cause du Public, ni qui soit plus propre à nourrir, dans le Cœur des Personnes vertueuses, certaines Passions, que leur intêret particulier n’y auroit jamais excitées. Si cet Esprit de Parti a un si mauvais effet sur les Mœurs, il a de même une influence très-maligne sur l’Entendement. Nous voïons souvent qu’une miserable Feuille volante, ou qu’une Brochure insipide est élevée jusqu’aux nues, par ceux qui sont dans les Principes de l’Auteur, qu’une excellente Piece est quelquefois ravalée jusqu’à terre, par ceux qui sont d’un Parti opposé à celui de l’Ecrivain. Tout Homme animé de cet Esprit est presque incapable de discerner les Fautes ou les Beautez réelles. Un Homme de mérite, qui a d’autres Principes que nous, ressemble à un Objet qu’on regarde à travers differens Milieux, & qui paroît courbe ou rompu, quoiqu’il soit bien droit & entier en lui-même. De là vient qu’il n’y a presque pas une seule Personne de marque dans la Grande Bretagne, à qui l’on n’attribue deux Caractères aussi opposez l’un à l’autre que la Lumiere & les Ténèbres. Le Savoir & l’Erudition souffrent sur-tout de ce malheureux Préjugé, qui regne aujourd’hui entre les Personnes de tous les Rangs & de tous les Ordres dans la Nation Britannique. Si les Hommes se rendoient autrefois illustres dans les savantes Societez, dont ils sont Membres, par leurs talens extraordinaires, ils s’y distinguent aujourd’hui par la chaleur & la violence avec laquelle ils épousent leurs differens Partis. On estime les Livres par les mêmes considérations : Un Ecrit chargé de grosses injures & de fades railleries passe pour une bonne Satyre, & l’on traite d’éloquent & de bien tourné un Amas confus des Idées qui régnent dans un certain Parti. Il y a une espèce de Sophisme qui est mis en usage des deux côtez, & qui se réduit à prendre pour une Vérité incontestable tout ce qu’on a jamais raporté de scandaleux à l’égard d’une Personne, & à bâtir là-dessus des Spéculations aussi mal fondées. Des Calomnies, dont on n’a jamais donné aucune preuve, ou qu’on a souvent refutées, sont les Demandes ordinaires de ces infames Barbouilleurs, sur lesquelles ils procedent comme sur des Axiomes que tout le monde admet, quoiqu’ils sachent dans le fond de leur ame qu’elles sont fausses, ou, pour le moins, très douteuses. Lors-qu’ils ont jetté ces ridicules fondemens, on ne doit pas s’étonner que l’Edifice qu’ils y élevent leur quadre si-bien à tous égards. Si cette indigne pratique de nos jours dure plus longtems, la Gloire & l’Infamie ne seront plus des Motifs qui engagent les Hommes à s’aquiter de leur devoir. Tous les Gouvernemens ont de certains Périodes, où cet Esprit d’inhumanité prévaut. L’Italie se vit long-tems déchirée par les Guelphes & les Gibelins, & la France par les Amis & les Ennemis de la Ligue : Mais un Homme est bien malheureux d’être né dans une Saison si pleine d’orages & de tumulte. Il y a de certains Esprits ambitieux, turbulens & rusez, qui causent toutes ces Factions, & qui sous le beau prétexte de l’intérêt du Public, entraînent dans leur Parti un grand nombre de Personnes bien intentionnées. Combien d’honêtes Gens ne voit-on pas, qui nourrissent des pensées peu charitables & inhumaines, par un zéle mal-entendu en faveur de l’Etat? Quelles cruautez & quelles avanies n’exerceroient-ils pas contre ceux d’un Parti opposé, qu’ils honoreroient de leur estime, si, au lieu de les envisager sous l’idée qu’on leur en donne, ils les connoissoient tels qu’ils sont en eux-mêmes? C’est ainsi que des Hommes de la plus grande probité embrassent des erreurs criminelles & de honteux préjugez, & qu’ils deviennent méchans par le plus noble de tous les principes, je veux dire l’Amour de la Patrie. Je ne saurois m’empêcher de raporter ici le Proverbe Espagnol, qui dit, Que nous serions tous d’accord, s’il n’y avoit ni Fous ni Fripons dans le Monde. Pour moi, je souhaiterois de bon cœur que tous les honêtes Gens se voulussent liguer ensemble, pour se maintenir contre les éforts de ceux qu’ils regardent comme leurs Ennemis capitaux, à quelque Parti qu’ils se joignent. S’il y avoit un tel Corps de bonnes Troupes reglées, on ne verroit jamais les plus scélerats de tous les Hommes élevez à de grands Emplois, parce qu’ils sont utiles à un Parti ; ni les plus illustres negligez, parce qu’ils sont au dessus de toutes ces indignes Pratiques qui les rendroient agréables à leur Faction. Alors nous discernerions le moindre Galeux qu’il y auroit dans le Troupeau, & nous lui donnerions la chasse, quelque terrible & robuste qu’il parût : D’un autre côte, nous mettrions à couvert l’Innocence opprimée, & nous défendrions la Vertu, quoi qu’exposée au Mépris ou à la Satire, à l’Envie ou à la Calomnie. En un mot, nous ne traiterions plus nos Concitoïens de Whigs ou de Toris ; mais l’Homme de mérite seroit notre Ami, & le Perfide notre Ennemi. C.