L’ouvrage que nous publions aujourd’hui sous le titre de Nouveau Spectateur, ne paroît annoncer rien de nouveau du côté de l’objet & de l’exécution : il est cependant digne par-là même d’exciter la curiosité du Public. L’Auteur se propose de remplir un projet qu’il regarde comme à peine conçu jusqu’à présent, quoique M. Adisson & Stéele se soient acquis beaucoup de réputation par les huit volumes qu’ils ont donnés sous le titre de Spectateur Anglois, & que M. de Marivaux ait répandu depuis, dans son Spectateur François, tout l’intérêt & tout Spectateur. Si les célebres Anglois qu’on vient de nommer, ont répandu dans plusieurs de leurs feuilles la variété dont le génie est capable, dans beaucoup d’autres il regne une monotonie qui va jusqu’à étonner : d’ailleurs un Observateur des mœurs Angloises, est, à bien des égards, un moraliste très-étranger en France. Chaque Nation a ses principes, ses usages, son génie qui la caractérisent ; il faut l’offrir à elle-même en spectacle ; il faut qu’elle puisse s’appliquer les réflexions qu’elle lit ; sans cela elle ne lira que pour son Spectateur consiste autant en Anecdotes de vingt-cinq pages, qu’en Lettres de douze lignes, & autant encore en sujets du grand monde, qu’en traits particuliers de la vie privée : c’est ce que notre Auteur se propose de faire. Nous osons assurer que son plan, quoiqu’étendu & difficile à effectuer, lui fera encore plus d’honneur par la fidélité de l’exécution, qu’il ne doit lui en faire par la sagesse des vues, & l’on n’en douteroit pas s’il nous étoit permis de le nommer.
On a cru convenable de mettre le Public à portée de juger de cet Ouvrage, par la lecture de son commencement : en conséquence les Libraires en ont sacrifié volontiers un certain nombre d’Exemplaires ; mais ils prient ceux qui désireront s’en procurer la suite, de faire payer ce premier Cahier en envoyant prendre le second qui paroîtra le 10 Septembre, & ainsi de suite à l’avenir, tous les dix jours. On vendra chaque cahier 12 sols ; les personnes qui voudront les retenir pour le courant d’une année, en faisant payer 21 liv. 12 sols d’avance, chez l’un des Libraires, les recevront exactement chez elles, à Paris. A l’égard de celles qui désireront l’avoir en Province par la Poste, elles donneront 8 liv. de plus pour 36 cahiers, & on les leur enverra francs de port partout le Royaume. Ces 36 Cahiers formeront 6 volumes, qui paroîtront dans l’espace d’un an.