un tel Poёte parut après un
tel, on le verra bien assez par la suite des portraits ; voici
celui de
A peine hold par ces mots.
De vos talens vous jugez mal,
Si votre Muse, au-lieu de rire, Mord
& déchire,
Ce n’est pas tout pour être égal
A
Il n’y a que
Génoît peu le Poёte à sa verve livré,
Régnier, décréditant cette
libre manie,
Puisa l’art de rimer dans son rare génie ;
Il prête à sa satyre un air
original.
Le sel de son esprit, & l’aigreur de sa bile,
Dans
ses écrits sensés font un mélange utile.
Faloit-il que ses Vers,
truchemens de son cœur,
En termes débordés prêchassent la
pudeur ;
Et que d’après ses mœurs nous dépeignant le vice,
Des
crimes qu’il censure, il fût souvent complice ?
Le Patron des Poëtes Latins fit alors avancer
.
A peine ces vers furent-ils récités, qu’il se leva un murmure entre les
Défenseurs de l’Antiquité, qui savent plutôt alléguer vingt Auteurs
qu’une seule raison, & chez qui une sottise, qui subsiste depuis
deux mille ans, obtient par prescription la place de quelque chose de
joli. Ils se mirent enfin à crier tous d’une voix, répliqua aussi-tôt,
J’en veux croire plutôt
Pendant que ces Messieurs étoient aux prises, j’étois en délibération
s’il faloit mettre
Qui par son stile polisson,
Au sérieux faisant la guerre,
Fit son
plus grand bonheur d’égayer le Parterre.
Bien souvent il y
réussit,
Et ses burlesques traits ne manquent pas d’esprit.
Mais
se bornant à faire rire Il ne se pique point d’instruire.
Par les
discours du
Jamais lâche marine se vit corrigé ;
Et
le bisarre sort du
Dans
l’esprit diverti ne laisse point de trace.
Si sur cet Auteur
turlupin,
Il faut qu’en un mot je m’explique,
Poisson fut très
petit Comique,
Et très excellent Tabarin.
d’.
Du tendre
Pour couronner son
front les Muses réunies.
Font trouver en lui seul cent Poёtes
divers.
Qu’il fait bien desarmer les rigueurs d’une
Amante !
Quel cœur ne voudroit pas partager son amour ?
Mais sa
tendre douleur paroit trop éloquente,
Il prête à ses soupirs trop
d’esprit & de tour.
En Systême il a su réduire l’Art de
plaire.
L’Amour même l’écoute avec docilité,
Des leçons, dont
lui-même il sentit la bonté.
Qu’il enfle avec succès Trompette
Héroïque,
Quand d’Ajax & d’Ulisse il peint le démélé ;
J’ose
le soutenir ; aucun Poёme Epique
A cet essai hardi n’a droit d’être
égalé.
La cadence prévient tout effort de sa veine,
Set mots
harmonieux courent pour s’arranger.
Cependant ses écrits, ennemis de
la peine.
Ne laissent au travail aucun mot à changer.
Souvent
trop amoureux d’une belle pensée,
Il se plaît à l’offrir de
différent côtés ;
Il prodigue l’esprit ; l’attention
lassée
Succombe sous ses Vers trop chargés de beauté.
Je cherchois en-vain parmi les Poёtes François un
compagnon digne d’
Dans l’embarras où je me trouvois, j’aperçus une très aimable Femme, qu’à
son air dégagé & libre je reconnus pour
Du mépris de l’homme trop vain ;
Par ton cœur délicat, ton esprit,
tes lumiéres,
Tu peux seule égaler cet illustre Romain.
D’abord
qu’
Tu sais de la même rime,
Sans
offenser la raison,
Vingt fois répéter le son.
Tu sais sur un ton
sublime,
Jusqu’au Ciel porter le nom,
Dans une tendre
Chanson.
Que tu dépeins bien l’abîme,
Où la douce
illusion
D’une aimable passion
Précipite sa victime !
Qui
voudroit de la Raison
Goûter la rude leçon,
Quand ta délicate
rime
Plaide pour le rendre crime
D’un sensible cœur,
qu’opprime,
Dans sa prémiére saison,
La force d’un doux
poison.
Ton style aisé fait capot
L’esprit même de Marot.
A tes Idyles
plaintives,
Les Nayades attentives,
Avec toi d’un tendre
Amant,
Redoutent le changement.
Qui ne te croiroit
Lorsque dans une Ode L’Ode à de Mr. à nos yeux,
.
Et bientôt affranchi, cet illustre Africain
A sa
veine asservit le superbe Romain.
Ceux qui d’un jeu de mots sont
l’agrément Comique,
Ne sauroient dans ses Vers goûter le sel
Attique :
Mais il est de ce sel par-tout assaisonné,
Pour qui
chérit au vrai l’agréable enchaîné.
Qu’il fait bien d’un sujet
saisir le caractére !
Lui-même il devient Fils, Maîtresse, Esclave,
Pére ;
C’est un Pére grondeur, un Fils mal avisé,
Une Maîtresse
avare, un Esclave rusé.
Il glisse en badinant ses maximes utiles.
Heureux !
si ses Ecrits purs, sages, châtiés,
Rouloient sur des sujets avec
art variés ;
Et si trouvant son Pére, une Fille exposée
N’y
démêloit toujours l’intrigue trop usée.
.
Il devança bientôt son Rival respecté.
Le quolibet Bourgeois,
l’infame obscénité,
Avant lui de la Scéne arbitres
despotiques,
S’enfuirent à l’aspect de ses Ecrits pudiques,
Il
dédaigna des Sots les cris aplaudissans,
Son Théâtre devint l’Ecole
du Bon-sens,
Le Vice peu touché d’être dépeint horrible,
Y fut
couvert de honte en paroissant risible.
Le Jargon précieux craignit
de se montrer,
Le Marquis à l’excès n’osa plus se parer.
Bientôt
montrée un doigt l’orgueilleuse Pédante,
N’étala qu’en tremblant sa
sottise savante.
Cotin impunément ne prôna plut ses Vers,
Le
Bourgeois Gentilhomme abjura ses faux airs.
Osant braver le Ciel
l’Hypocrite exécrable
De
A ses traits délicats toujours surs d’atraper
Nul
risible défaut n’eut l’art de s’échapper,
est tombée avec lui par sa chute
entrainée.
.
Ouvre au Poëme Epique une route nouvelle :
Par des motifs humains le
Héros dans ses Vers
Bouleverse le Monde, enchaîne
l’Univers.
Sans attendre des Deux sortis d’une machine,
Par sa
propre venu Caton se détermine.
Qu’
Terrasse de leurs mains
Répand de rang en rang
l’horreur & le carnage ;
Sans que
Sans que
Sa prudente valeur remporte la victoire,
Il combat en
péril & triomphe avec gloire.
Pour
faire en tout leur jour paroître ses Héros :
A son stile élevé son
sujet sert de guide :
Et sa Muse eût peut-être effacé
l’Enéide,
Si l’Aveugle divin, par
N’eût point fixé le goût du Lecteur entêté.
Il ne me fut pas possible de choisir parmi nos Auteurs un Poёte du génie
de