Hor. L. I.
Epist. II. 43.
Il coule & il coulera jusqu’à la fin du
Monde.
Spectateur,
« Il n’y a point de vos Discours
qui me plaisent davantage que ceux qui roulent sur l’Infini &
l’Eternité. Vous avez déjà consideré cette partie de l’Eternité qui
est passée, & je souhaiterois que vous voulussiez nous expliquer
celle qui est à venir.
Peut-être que vos Lecteurs seront plus satisfaits de cette vûe de
l’Eternité
D’ailleurs, nous pouvons facilement concevoir qu’il est possible
qu’une Durée successive ne finisse jamais ; quoi que, comme vous
l’avez très-bien observé, cette Eternité qui n’a jamais eu de
commencement soit tout-à-fait incomprehensible : C’est-à-dire que
nous pouvons concevoir une Eternité qui peut
être, & non pas celle qui a
été ; ou, pour me servir de termes philosophiques, nous pouvons
nous former quelque idée d’une Eternité potentielle & non pas d’une actuelle.
Cette notion d’une Eternité à venir, qui est naturelle à l’Esprit
Humain, prouve d’une maniere invincible qu’il est destiné à en jouïr
sur tout si l’on considere qu’il est capable de Vertu ou de Vice ;
qu’il a des Facultez qui peuvent croître à l’infini, & que, par
leur bon ou leur mauvais usage, il peut se rendre heureux ou
malheureux dans toute l’Eternité. Il est vrai que cette Idée n’est
ni fixe ni complette ; mais qu’elle croît & s’étend sans cesse
vers son Objet, qui
Du reste, je vous laisse le soin de manier ce difficile sujet, persuadé que vous le mettrez dans un si beau jour ; que vos Lecteurs y trouveront de quoi s’instruire & s’entretenir agréablement.
Act. V. scen. I.
Cato
solus, &c.
C’est-à-dire On suit ici
l’Original Anglois de Mr. « Il faut que cela soit
ainsi,
A travers combien de manieres diférentes d’exister, de nouvelles
Scénes & de métamorphoses ne sommes-nous pas obligez de passer !
Leur vaste étenduë sans bornes s’ofre à mon Esprit ; mais elle est
couverte d’ombres, de nuages & de ténébres. Je m’en tiens donc à
ceci. S’il y a un Pouvoir suprême, (& c’est ce que toute la
Nature nous crie à haute voix dans tous ses Ouvrages,) il faut qu’il
se plaise à la Vertu, & que tout ce qu’il aime soit heureux.
Mais quand sera-ce, ou en quel endroit ? Ce Monde a été fait pour
Cesar. Je suis las de tant de
conjecture. (il met ici sa main sur son Epée)
Il faut que cet Instrument y mette fin.
C’est ainsi que je suis doublement armé ; la Mort & la Vie, le
Poison & l’An-