Hor. A. P. v. 417.
Malheur à celui qui est un pitoïable
Ecrivain.
Je n’eus pas plûtôt entendu raisonner cet Homme sur mes petits
Exercices, que je pris une Minute de sa Critique, & que je
résolus d’abord de donner plus d’étendue à mon Dessein. Pour en
venir à bout, j’avertirai ici toute sorte de Gens, de tout Ordre
& de tout Sexe, que, s’ils veulent bien m’envoïer quelques
Discours, avec leurs Noms & celui des Lieux où ils demeurent,
afin que je puisse être sûr de l’authenticité de ces Ecrits, je ne
manquerai pas de les inserer dans mes Feuilles volantes. Il sera de
plus grande conséquence pour un Jeune Aprenti de savoir par quels
moïens & quelle industrie un tel est devenu Londres. C’est un Magistrat, qu’on
crée tous les ans, & dont les fonctions répondent à peu
près à celles du Prevôt de l’Isle en France.Sherif
de Londres, que de voir un Homme de sa
Profession representé dans une Enseigne avec un Cœur de Lion à
chaque main. Il est vrai que les Exploits Romanesques &
incroïables frapent tout le monde, & qu’on néglige le chemin
batu qui conduit à l’abondance & à la prosperité dans les
affaires ordinaires de la Vie. Un jeune Homme pourroit-il mieux
emploïer son tems aujourd’hui, qu’à étudier l’histoire de nos Fonds
publics, & à dé-Allée de la Bourse ? Il
n’y auroit sans doute rien de plus utile, que d’être bien instruit à
esperer ou à craindre avec raison ; à se défier lors que les autres
chantent victoire, & à pouvoir acheter gaiement lors que les
autres s’empressent à vendre. J’invite donc tous ceux qui sont en
état de donner quelque Information avantageuse au Public, à venir
occuper tour à tour ma Feuille volante : Ils y seront les très-bien
venus depuis le célebre & dernier Inventeur des Longitudes
jusques à l’humble Apréteur des Cuirs propres à passer les Rasoirs.
Si donner les moïens de conduire les Vaisseaux à bon Port, si venir
au secours de ceux qui se trouvent batus de la tempête, sans
connoitre le parage où ils sont, si leur indiquer les Rochers qu’ils
doivent éviter, & la Côte où ils doivent se rendre dans un péril
extrême ; si tout cela, dis-je, est un Service des plus signalez,
& une Invention qui mérite une Statue ; il faut avoüer en même
tems que celui qui a trouvé le moïen d’afiler, ou d’adoucir
l’Instrument qui sert à polir notre Visage, à le rendre moins
hideux, & à donner ainsi bon air à toute la Personne, est digne
de quelque espéce de bonne reception : Si les choses de la der-
Pour diversifier ces Avis salutaires, on n’y doit pas oublier la
conduite des Femmes : Celle, dont les Vertus domestiques font que
tout le monde respecte son Mari, doit recevoir les éloges qu’elle
mérite, & celle qui a dissipé tout le fruit des travaux du sien
doit être regardée avec indignation. Lors qu’on en seroit venu de
cette manière à la Vie domestique, pour exciter les Hommes à veiller
au Point essentiel & à ne le perdre jamais de vûe, il ne seroit
pas mal
Ceux qui lisent l’Histoire se plaignent de ce que la description des
Batailles y est presque inintelligible. Ce défaut vient sans doute
de l’Ignorance des Historiens, qui ne savent pas de quelle maniere
on doit ranger une Armée, faire les évolutions, se battre en
retraite, ou venir à la charge, & qui n’entendent point l’Art
militaire. Mais
T.