Parcere subjectis, & debellare
superbos.
Virg. Æneid. L. VI. 854, 855.
C’est-à-dire, Souvenez-vous de suivre toutes
ces maximes ; d’établir des Loix qui procurent la Paix ; de faire
grace a ceux qui la demandent avec soumission, & d’abattre
les mutains & les orgueilleux.
Oxford,
& qui me vient de la part d’un Homme, qui est Membre d’une
Societé composée de gens de cette espèce. La voici mot pour mot.
Monsieur,
J’avouë d’abord qu’il n’y a que trop Assemblée hebdomadaire :
Notre Président doit servir, en cette qualités, du moins une année,
& quelquefois même quatre ou cinq. Nous sommes tous des Gens
graves, serieux, & qui roulons de nobles desseins dans la tête ;
nous croions qu’il est de notre devoir d’empêcher, autant qu’il dépend
de nous, que l’Etat ne souffre aucun dommage, Ne quid
detrimenti res capiat publica ; de censurer les dogmes
& les actions, les Personnes ou les choses, que nous
n’approuvons pas ; de regler les affaires de la Nation au dedans,
& de pousser la Guerre au dehors, par tout où nous le jugeons à
propos, & de la maniere qui nous paroît la plus convenable. Si
les autres ne sont pas de notre avis, nous ne saurions l’empêcher ; mais
il vaudroit mieux qu’ils en fussent. D’ailleurs, nous avons de tems en
tems la complaisance de diriger à quelques égards, les petites affaires
de notre Université.
Sans mentir, Mr. le Spectateur, France : Une ou deux
Bouteilles d’excellent Vin de Portugal, moileux
& corroboratif, que nous bûmes l’autre soir chez l’honnête George, nous mit tous de belle humeur &
bannit toute sorte de reserve. Mais ce maudit Vin rouge de France nous coutera plus d’argent, & nous
ferra moins de bien : Si nous avions été informez du Projet de cet Acte,
avant qu’on l’eût pousse trop loin, soiez assüré, que nous aurions
présenté Requête, pour demander qu’on nous admît à y faire nos
oppositions. Mais il n’en faut plus parler, puisqu’il n’y a point de
remede.
Je vous avertirai en même tems, mon cher Monsieur, que nous ne saurions
approuver la marche d’un certain Prince du Nord, de concert avec les
Troupes des Infidelles ; que c’est une innovation très dangereuse, quoi
qu’en dise Mr. Palmquist, & que nous ne
sommes pas encore trop sûrs qu’il n’y ait au fond de tout ceci quelque
intrigue secrete de certaines Gens. Du moins, les avis particuliers, que
j’ai là-dessus, d’un de mes Amis qui a beaucoup de pénétration, donnent
lieu à un Politique, bien versé dans les affaires de cette nature, à le
soupçonner.
Nous croions avoir enfin reduit les Mécontens de Hongrie, & en venir bientôt à une Paix avec eux.
Flandres, non plus
que la manœuvre de deux ou trois Princes ; mais nous attendons avec
impatience l’arrivée du Manuscrit de Fameux Nouvelliste de M.
Nous apprîmes en dernier lieu que la brave Milice de Londres, avoit fait la patroüille toute la nuit dans les ruës
de cette grande Ville. Nous ne pouvions pas à la verité, en concevoir le
sujet, nous n’en avions pas eu le moindre soupçon d’avance, &
nous n’étions en rien du secret ; il nous paroissoit même absolument
impossible que les Bourgeois de cette Ville & leurs Apprentifs
travaillassent ou qu’ils fissent aucun devoir les jours de Fête. Mais le
Manuscrit de Mr. Dyer étoit si positif là-dessus,
& s’accordoit si bien avec les Lettres de quelques autres
Personnes, qui disoient tenir la nouvelle de quelques-uns qui l’avoient
apprise de ceux qui en pouvoient être informez, que le President du
Comité, que nous avions établi pour examiner cette affaire, nous
rapporta, qu’il Dominique
& Slyboots, deux de mes bons amis & Voisins,
viennent d’arriver dans ma Chambre, où le Caffe nous attend. Je suis,
&c. »
Abraham ’EcumeFroth.
Prince
Breton, ce fameux Poëme, qui parut sous le regne de Charles II, & que les beaux Esprits de sa
Cour appelloient à juste titre incomparable,
devoit sa naissance à un Genie aussi heureux que celui dont nous
parlons. Entre plusieurs endroits que j’en pourrois alléguer &
qui nous en fourniroient de bonnes preuves, je n’en rapporterai qu’un
seul, où le Poëte nous dit, Que le Prince
Voltager étoit orné d’une Veste bigarrée, dont
son grand-Pere avoit dépouillé un Picte qui alloit tout
nud.
Si l’Auteur n’avoir pas été aussi vif que stupide, il n’auroit jamais
oublié, malgré l’ardeur & la fougue de son galimatias, que le
Prince Voltager, ni son grand-Pere ne pouvoient
ôter un Pourpoint à un Homme nud ; mais un autre Fou, d’une constitution
plus froide, auroit eu la patience d’écorcher le Picte, & de faire un
Quoi qu’il en soit, je souhaiterois qu’on conclût de toutes ces
remarques, que nous devrions suivre l’exemple de ces sages Nations, où
chaque Homme apprend un Métier. Ne seroit-ce pas un fort joli exercice
pour un Damoiseau, si au lieu de badiner éternellement avec sa
Tabatiere, il emploïoit quelques heures de son loisir à en faire une ?
Cette pratique seroit très-avantageuse pour le Public, en ce qu’elle
tendroit tous les Hommes bons à quelque chose ; alors il n’y auroit pas
un seul Membre de la Societé civile, qui n’eût quelque Espece de droit à
y tenir un certain grade ; comme celui qui vint l’autre jour au Le rendez-vous des beaux
Esprits.Caffé de
R.